avenir d'une offensive

Dossier Egypte 6

11-01-31 - Tahrir


11-01-31 - Libération -- «Le mur de la peur a sauté»

31/01/2011 à 00h00

«Le mur de la peur a sauté»

Interview

Tewfik Aclimandos, chercheur au Collège de France, estime que tout est désormais possible :

Par ALEXANDRA SCHWARTZBROD

Tewfik Aclimandos est chercheur au Collège de France, spécialiste de l’histoire de l’Egypte.

Vous qui connaissez bien le pays, voyez-vous clair dans ce qui se passe aujourd’hui en Egypte ?

La stratégie du pouvoir est très claire : on enterre l’option du fils, Gamal Moubarak, autant que faire se peut, on s’efforce de jouer la montre et on fait peur aux classes moyennes, et on met en avant l’armée. Le déploiement militaire semble en effet plus agressif qu’aux premiers jours. Ce qu’on voit bien, aussi, c’est que les militaires ont forcé la main de Moubarak. Qu’il ait attendu samedi pour nommer un nouveau vice-président [Omar Souleiman, ndlr] et un nouveau Premier ministre [Ahmed Chafik] alors qu’il était intervenu publiquement vendredi soir montre que, soit il a hésité, soit on lui a forcé la main. Notamment pour la nomination d’un vice-président. Quand on sait que c’est une mesure qu’il n’avait jamais voulu prendre, on voit bien que c’est une grosse concession qu’il a faite.

Moubarak peut-il encore se maintenir au pouvoir ?

Je pense que les gens ne veulent plus de Moubarak et je suis enclin à dire qu’il est intervenu trop tard. Il aurait dû faire monter Souleiman bien plus tôt. Car celui-ci fait partie, avec Shafik, des deux personnes les plus populaires, ou plutôt les plus respectées de l’establishment. Souleiman est assimilé à l’Etat, c’est le maître du sublime secret, il est prestigieux. Mais si les Egyptiens continuent à manifester, l’armée sera contrainte soit de sacrifier Moubarak, soit de tirer dans la foule, et elle ne veut ni de l’un ni de l’autre.

Et les Frères musulmans ? Pour l’instant ils se sont montrés assez discrets. Pourquoi ?

Les canaux de transmission n’ont pas été rompus entre les Frères musulmans et le pouvoir. Simplement, on leur a «demandé» de rester discrets de façon plus ou moins menaçante. Dans les premiers jours de la révolte, ils étaient assez peu présents, puis ils se sont montrés un peu plus, notamment dans les villes de province. Ils sont en train de tester jusqu’où ils peuvent aller. Ils sont très sensibles aux menaces que peut leur lancer le pouvoir. C’est un parti qui a une mémoire. Ils ont autrefois lancé des offensives contre le régime qui ont été réprimées dans le sang. Il y a aussi l’élément clé de Camp David. Ils n’ont pas envie de respecter ces accords de paix avec Israël, mais en même temps, s’ils ne le font pas, c’est la guerre ! Ils marchent donc sur des œufs.

On dit que tout est entre les mains de la classe moyenne…

Ce sont les fils des classes moyennes qui ont lancé le mouvement, remplacés ensuite par les plus pauvres. Aujourd’hui, le pouvoir s’efforce de faire peur à cette classe moyenne afin de la rallier à lui. C’est là où Moubarak a fait quelque chose qui n’est pas très propre, il a lâché la pègre en ville. On l’a bien vu avec les scènes de pillage, les évasions de prison… tout cela ressemble à quelque chose de voulu. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, entre l’interruption d’Internet, des réseaux de téléphonie mobile et l’incendie du Caire, la classe moyenne a peur.

Mohamed el-Baradei peut-il représenter une alternative ?

L’opposition peut le mettre en avant, il est assez prestigieux, il veut des élections libres. Mais il ne change pas le rapport de forces. Son grand problème, c’est qu’il n’a pas de troupes.

Comment voyez-vous les jours à venir ?

C’est la crise la plus sérieuse que l’Egypte ait jamais connue. Sur le papier, le régime peut tenir. Mais dans la réalité, il s’est passé un truc énorme depuis la révolution tunisienne, le mur de la peur a sauté. Tout est donc possible. La grande question, c’est l’armée. Le fait qu’elle soit entrée dans le jeu est un aveu de faiblesse du régime. L’armée est là pour protéger l’Etat, mais cela ne veut pas dire protéger le régime !

11-01-31 - Libération -- Chafik, un képi premier ministre

31/01/2011 à 00h00

Chafik, un képi premier ministre

Portrait

Le nouveau Premier ministre est l’une des rares personnalités du gouvernement sortant à pouvoir se targuer d’un bilan plutôt positif. Cet ancien général de l’armée de l’air, 69 ans, qui fut major de l’aviation entre 1996 et 2002, est une personnalité respectée y compris dans les rangs de l’opposition. De nombreux analystes avaient évoqué son nom pour éventuellement succéder au président Moubarak en cas de vacance du pouvoir. Né en 1941 dans une famille cairote il a suivi le cursus typique de nombreux officiers de l’armée de l’air et avait un moment servi sous les ordres d’Hosni Moubarak. C’est un technocrate qui dispose de très bonnes entrées à Washington, au point d’être appelé parfois le «candidat des Américains», mais aussi à Paris où il a été plusieurs années en formation. Il bénéficierait de la confiance de l’armée tout en rassurant la vieille garde du Parti national démocrate au pouvoir et pilier du régime.

11-01-31 - Libération -- L’armée, clé de la crise du régime

31/01/2011 à 00h00

L’armée, clé de la crise du régime

Analyse

Les militaires, populaires auprès des manifestants mais piliers du système égyptien, reprennent la main.

Par CHRISTOPHE AYAD

Des militaires accueillis comme des héros, dimanche au Caire. (REUTERS)

C’est désormais l’armée qui tient entre ses mains l’avenir de l’Egypte. Descendue en force dans les rues du Caire, elle a complètement remplacé la police, honnie de la population, responsable de plus d’une centaine de morts en six jours et totalement débordée par les événements. Que vont faire les militaires, qui jouissent encore de la sympathie de la population, mais sont aussi les piliers d’un régime qui les a couverts de privilèges ? C’est désormais la question centrale des heures et jours à venir.

«Blanc-bec». Très affaibli par une contestation violente et concentrée sur sa personne, Hosni Moubarak a dû se résoudre, ce week-end, à se tourner vers la «grande muette», dont il est issu, comme tous les chefs d’Etat en Egypte depuis 1954. Il a donc pratiqué une manœuvre audacieuse bien que peut-être trop tardive : l’autocoup d’Etat. Après avoir annoncé la démission du gouvernement, vendredi soir, le raïs a nommé samedi après-midi deux haut gradés - respectivement Omar Souleiman vice-président et Ahmed Chafik Premier ministre - pour reprendre la situation en main. Ce faisant, il met définitivement fin aux ambitions dynastiques de son fils cadet Gamal Moubarak, un jeune homme d’affaires, poussé par sa mère Suzanne et entouré d’affairistes détestés d’une population épuisée par l’inflation et le chômage. Progressivement, Gamal Moubarak avait pris le contrôle du Parti national-démocrate (PND, au pouvoir), suscitant le mécontentement d’une partie des caciques du pouvoir. Il avait aussi fait nommer un proche au poste de Premier ministre, Ahmed Nazif, présenté comme un technocrate réformiste, qui n’a ni gouverné efficacement ni réformé. Les militaires non plus ne voyaient pas d’un bon œil l’ascension de ce «blanc-bec» n’ayant même pas terminé son service militaire. Exit Nazif et Gamal Moubarak donc, représentants d’une bourgeoisie libérale et pro-occidentale. C’est d’ailleurs cette dernière qui a lancé la contestation du régime via Facebook…

Contraint ou de son propre chef, Moubarak vient d’opérer un retour aux fondamentaux. La police discréditée, le parti attaqué par les manifestants, il ne lui restait plus que l’armée comme soutien. Reste à savoir si cela suffira à le remettre en selle. La solution de la répression massive paraît écartée. Les soldats qui se sont déployés - des militaires d’active et non pas des conscrits - ont volontiers fraternisé avec les manifestants, comme le fait remarquer l’intellectuel Mahmoud Hussein: «Le message est clair, ils ne tireront pas», assure-t-il, malgré les démonstrations de force comme le passage à basse altitude d’hélicoptères et de chasseurs F-16, probablement destiné à effrayer les habitants du Caire.

La popularité de l’armée égyptienne repose en fait sur une immense ambiguïté. Elle est perçue par l’opinion comme une institution «propre», exempte des magouilles des hommes d’affaires qui gravitent dans l’entourage de Gamal Moubarak. Dans la réalité, l’armée égyptienne est - grassement - payée pour ne pas se battre. «C’est le deal passé au moment des accords de paix de Camp David avec Israël, en 1979», explique une source diplomatique connaissant bien l’Egypte. En échange de sa passivité face à l’Etat hébreu, l’armée égyptienne reçoit, depuis trente ans, un milliard de dollars par an des Etats-Unis. Cet argent lui a permis de s’équiper et de développer un complexe militaro-industriel qui lui rapporte beaucoup d’argent et assure une aisance certaine aux officiers, qui jouissent d’avantages non négligeables. L’armée égyptienne est en effet le premier producteur de pain du pays…

La «grande muette» n’a donc aucun intérêt à une démocratisation véritable ou à un changement du système. Mais participer à la répression lui ferait perdre la légitimité et le prestige dont elle jouit. Elle marche donc sur la corde raide. D’autant que, Souleiman et Chafik, jugés tous deux trop proches de Moubarak, risquent de ne pas incarner une vraie rupture…

Mesures fortes. Malgré la diminution du nombre de manifestants, hier, Moubarak est plus que jamais l’objet du ressentiment populaire. Tel le pharaon tout-puissant, il incarne tous les maux du pays : l’absence de démocratie, de projet politique et économique, la brutalité d’une police qui recourt à la torture et l’arbitraire, l’état d’urgence en place depuis son arrivée au pouvoir il y a vingt-neuf ans… Il y a de fortes chances que les manifestations ne cessent pas tant que le raïs ne partira pas ou n’annoncera pas des mesures fortes comme la suppression de l’état d’urgence, l’annulation des législatives de novembre, entachées de fraude massive, voire une élection présidentielle anticipée et réellement ouverte. Sinon, l’armée égyptienne, qui ne voudra pas couler avec le raïs, pourrait finir par le débarquer, malgré sa tradition légitimiste.

11-01-31 - Libération -- L’onde de choc fait trembler les pays arabes

31/01/2011 à 00h00

L’onde de choc fait trembler les pays arabes

Du Yémen à la Mauritanie, des marches de contestation et des immolations par le feu ont lieu pour protester contre les difficultés économiques et les dictatures.

Par JEAN-PIERRE PERRIN

Risque immédiat de contamination, voire de contagion. C’est la lecture par les dictatures arabes des événements de Tunisie quand elles ont vu que ceux-ci avaient entraîné la chute du président Ben Ali. D’où des mesures prises rapidement dans plusieurs capitales arabes pour tenter de l’empêcher de se répandre. «On a prédit que la révolution du jasmin répandrait son parfum sur son voisinage. C’est chose faite et il semble que ses effluves aient atteint l’Egypte», écrivait hier l’éditorialiste du journal tunisien le Quotidien. Mais il n’y a pas que l’Egypte à être percutée par l’onde de choc tunisienne. Et la révolte égyptienne risque à son tour d’être un exemple, d’autant que ce pays est regardé par les populations des pays voisins comme la mère des nations arabes.

Jordanie. La contestation a débuté dès le 14 janvier, lorsque des milliers de personnes ont manifesté contre la politique économique. Plusieurs autres défilés ont eu lieu à Amman, malgré l’annonce de nouvelles mesures sociales. Le 28, plusieurs milliers de Jordaniens sont descendus dans la rue à l’appel des Frères musulmans, réclamant un changement de gouvernement et des réformes. Depuis plusieurs jours, le roi Abdallah II multiplie les initiatives pour tenter d’apaiser la grogne populaire.

Yémen. Les manifestations antirégime se multiplient depuis la mi-janvier. Le 27, elles ont pris de l’ampleur avec le défilé de milliers de personnes à Sanaa pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978. Samedi, il y a eu des heurts entre opposants et partisans du régime. Le gouvernement a annoncé une augmentation des salaires. Au moins trois tentatives d’immolation par le feu et un décès ont eu lieu en quelques jours.

Algérie. Début janvier, cinq jours d’émeutes contre la vie chère ont fait cinq morts et plus de 800 blessés. Le mouvement de protestation a pris fin après l’annonce d’une baisse des prix des produits de base. Une marche «pour la démocratie» a été empêchée le 22 par la police, une autre pour demander le «départ du système» est prévue le 12 février à l’appel de la toute nouvelle Coordination nationale pour le changement et la démocratie. Deux décès par immolation et sept tentatives ont eu lieu depuis le 14 janvier.

Soudan. Les tensions politiques et les difficultés économiques ont provoqué des manifestations ces dernières semaines, et au moins un homme s’est immolé par le feu. Début janvier, des heurts avaient déjà opposé la police à des étudiants protestant contre la hausse des prix. Ils ont repris à Khartoum.

Mauritanie. Dès le 13 janvier, une marche et un meeting ont réuni plusieurs milliers de personnes à Nouakchott, à l’appel de l’opposition, et des lycéens ont manifesté contre la hausse des prix. Un homme d’affaire s’est immolé le 17. Face à la montée en flèche des prix, les autorités ont annoncé le 20 janvier une baisse de 30% sur les produits de première nécessité.

Maroc. Trois personnes ont tenté de s’immoler par le feu le 21 janvier, une autre le 25. Les autorités ont lancé des appels d’offres pour l’achat d’importantes quantités de céréales, afin d’éviter des pénuries.

Oman. Quelque 200 personnes ont manifesté le 17 janvier à Mascate pour protester contre la cherté de la vie et la corruption.

Syrie. Visiblement, la révolution du Nil n’a pas atteint l’Euphrate. Le régime de Damas, l’un des plus policiers du monde arabe, demeure néanmoins sur le qui-vive. Il a augmenté les subventions sur le fuel, resserré le contrôle sur Internet et un tribunal spécial a condamné à sept ans de prison un opposant pour avoir contesté le pouvoir absolu du parti Baas. Pourtant, la crise agricole est terrible. La mauvaise gestion de l’eau a transformé l’est du pays en désert et, selon un rapport des Nations unies, 800 000 personnes sont gravement affectées par cette pénurie. Mais les nombreuses minorités, le clientélisme, l’omniprésence des services secrets, l’érosion de la classe moyenne et le pauvre niveau d’éducation rendent difficile l’émergence d’une contestation.

11-01-31 - Libération -- Place Tahrir, Le Caire espère

31/01/2011 à 00h00

Place Tahrir, Le Caire espère

Reportage

Malgré le couvre-feu, les Egyptiens ont continué à manifester et à réclamer le départ de Hosni Moubarak sous l’œil de l’armée.

Par CLAUDE GUIBAL Le Caire, de notre correspondante

Le Caire. Dimanche. 8 heures. Il est hagard, appuyé contre le mur de son immeuble. A côté de lui, il a posé une barre de fer, arme dérisoire. La nuit, il l’a passée dans la rue, au pied de son immeuble de Garden City, tout près de cette place Tahrir devenue depuis mardi le symbole du soulèvement égyptien, sous le ronron lancinant de l’interminable ballet des hélicoptères. Il s’appelle Mahmoud, il est comptable, à la retraite. Samedi soir, les voisins sont venus frapper à sa porte, expliquant que des bandes de pillards erraient dans Le Caire, qu’il fallait s’organiser, s’armer. Au pied de l’immeuble, il a retrouvé l’islamiste du premier étage, armé d’une chaîne en acier. Le bawab, le concierge, avec sa galabeya tachée et une machette. L’ingénieur du bout de la rue, venu avec son attirail de chasse, le médecin, équipé de longs couteaux. Et, comme partout à travers le pays, les hommes ont attendu toute la nuit dans la rue que les pillards s’approchent.

Prisonniers évadés. Dans l’après-midi, on a vu monter avenue Kasr el-Eini une petite centaine d’hommes, au regard vitreux, cicatrices au visage, pour certains équipés de tuyaux de fer. Depuis deux jours, les Cairotes ne parlent que de ces détenus qui se seraient échappés des prisons. Et des forces sécuritaires ont confirmé l’information, disant qu’un millier se seraient évadés de la prison de Wadi Natroun, plantée dans le désert, entre Le Caire et Alexandrie. Des islamistes, a-t-on précisé. Mahmoud lève les yeux, exaspéré. «Qui peut y croire ? Je les déteste, mais c’est trop facile d’en faire les boucs émissaires du chaos.»

Depuis le début du soulèvement, c’est eux que l’Etat pointe du doigt. Mais dans les manifestations, peu de slogans religieux. Et si les islamistes participent aux rassemblements, leurs barbes sont noyées derrière les visages plein de colère d’Egyptiens ordinaires, dépolitisés, désespérés par leurs conditions économiques et sociales. «Du pain, du travail, un avenir», crient certains. «Moubarak, le peuple veut que tu t’en ailles», hurlent des jeunes, juchés sur le terre-plein de la place Tahrir. «Liberté, liberté», scande la foule. «Les barbus ? Ils sont comme nous, des Egyptiens qui en ont marre», rit une jeune femme en pantalon moulant, filmant, émerveillée, avec son téléphone portable, la masse rassemblée. Hier, elle est montée sur les blindés qui ont pris position à travers la ville. Elle a amené des bonbons aux soldats, et a posé à leurs côtés.

Tout le week-end, l’armée a été acclamée, célébrée, comme la seule garante de l’intérêt national. Un homme pleure de joie : c’est un militaire à la retraite. «L’armée est avec le peuple, jamais elle ne se retournera contre lui. Si le Président aime l’Egypte, il doit s’en aller.» Sur un tank, un graffiti «Moubarak, go away !» La liesse laisse à Mahmoud un sentiment amer. «L’armée est au coin des rues, mais elle ne fait rien. Et Moubarak ? Il s’agrippe à son pouvoir.» La preuve, explique-t-il, la nomination samedi à la vice-présidence d’Omar Suleiman, le tout-puissant chef des services de renseignement, l’ombre de Hosni Moubarak qui lui voue une éternelle confiance depuis qu’il lui a sauvé la vie, en 1995, lors d’une tentative d’assassinat à Addis-Abeba. Le poste de Premier ministre a échu à Ahmed Chafik. Lui aussi un militaire, donné encore récemment, tout comme Omar Suleiman, parmi les possibles successeurs du raïs. La nomination d’Omar Suleiman assombrit davantage le visage creusé de Mahmoud : «On ne veut plus de militaires. Ça dure depuis 1952 et le pays n’a fait que s’enfoncer davantage. On est 80 millions de civils, n’y en a-t-il pas suffisamment parmi nous qui soient capables de prendrelarelève ?»

Depuis vendredi, la police a totalement disparu des rues du pays. Samedi et jusqu’à hier matin, des manifestants ont tenté de prendre d’assaut le bâtiment du ministère de l’Intérieur. Des jeunes, nez enfoui dans leur foulard pour échapper aux gaz lacrymogènes. Mais rue Falaki, ce sont les tirs qui les ont accueillis. Des tirs nourris, résonnant, terribles, sur les façades. Aux balles en caoutchouc ont succédé les balles réelles. «Regardez ! hurle, en anglais, un jeune, une main en sang. C’est la police qui tue les Egyptiens !» Un corps passe, porté à bout de bras. Il y aurait eu au moins trois victimes. Symbole de l’appareil répressif policier, le ministère de l’Intérieur focalise, depuis longtemps, la colère des Egyptiens, terrifiés par la puissance aveugle d’Amn el-Merkazi, la fameuse sécurité centrale, forte de plus d’un million d’hommes et dirigée par le puissant Habib el-Adly, ministre de l’Intérieur. La nuit précédente, le quartier de Mahmoud a vécu au rythme des tirs de lacrymogènes, et des affrontements. Des distributeurs automatiques ont été fracassés.

A l’angle de la rue, le commissariat Kasr el-Nil a ses portes ouvertes à tous les vents. Les pièces sont dévastées, piles de papiers envolées à travers les couloirs. Au sous-sol, les portes aux barreaux métalliques ouvrent sur des cellules maculées. Un chat s’est allongé sur une casquette ornée d’un écusson doré. «Ils sont où, hein ? Ils ont terrorisé le pays pendant trente ans, et maintenant, ils ont disparu !» crache un voisin. Le magasin de téléphonie mobile de son frère a été vandalisé. Bravant le couvre-feu, son cousin, plus riche, a quitté la ville avec sa famille en voiture, des piles de bagages entassés sur le toit.

106 MORTS. 11 heures, hier. Le long du Nil, des barrages filtrants. Les comités de quartier qui ont veillé la nuit, en coordination avec les militaires, organisent la circulation. Sur cette corniche d’ordinaire congestionnée, les rares véhicules filent, fluides, sous les flamboyants dépouillés. Au lycée français, l’ambassadeur de France, Jean Félix-Paganon, répond aux questions de la communauté, forte de plus de 10 000 personnes. Situation insurrectionnelle, convient-il, mais encore sous contrôle. Les choses, reconnaît-il, pourraient évoluer, mais la France, pour l’heure, n’évacue pas ses ressortissants, tout en les exhortant à limiter leurs déplacements et à respecter le couvre-feu imposé à partir de 16 heures sur l’ensemble du pays. Mais, alors que, depuis mardi, les communications restent erratiques, les rumeurs enflent. Les Etats-Unis proposent à ceux qui le souhaitent de quitter le pays. La Turquie annonce l’envoi d’avions pour ses ressortissants. Pendant que les parents bombardent le consul de questions, les enfants jouent sur la pelouse. Au loin, de temps en temps, des tirs résonnent.

14 heures, carrefour de l’Université, un uniforme noir s’approche du groupe de jeunes réglant la circulation. «La police !» s’exclame un chauffeur de taxi. Plus tôt dans la journée, des rumeurs contradictoires annonçaient le départ du ministre de l’Intérieur. «Des compromis pourraient être passés pour maintenir en partie les structures du système», se hasarde un bon connaisseur du pays, tout en se disant dépassé par la tournure des événements. Sur Tahrir, au même moment, la foule commence à grossir. Devant la radio-télévision, contre les murs noirs de cendre et de suie du bâtiment du Parti national démocratique du président Moubarak, incendié vendredi, tête drapée dans leur turban blanc et rouge, des théologiens d’Al-Azhar, principale référence de l’islam sunnite, prient en mémoire des 106 personnes tuées depuis le début du soulèvement.

«Du pain !» «Si les militaires consolident le pouvoir, sans rien donner en échange au peuple, ça va être la catastrophe», se crispe Tamer, ingénieur. Tout le week-end, sur Tahrir, cet adepte de Facebook et sympathisant du Mouvement du 6 avril, à l’origine des manifestations de protestation, a échangé avec une autre Egypte. Celle de Youssef, fonctionnaire, qui gagne 70 euros par mois, primes comprises, et ne peut pas se marier, incapable de rassembler suffisamment d’argent pour acheter l’appartement réclamé par sa belle-famille. Celle d’Ali, vieil homme édenté et droit dans sa galabeya grise, venu avec Khadiga, sa petite-fille de 12 ans, «réclamer du pain». Celle d’Ashraf, aux petites lunettes d’intellectuel, qui a participé, des heures durant, au bouclier humain destiné à protéger le musée égyptien des pillards, qui, samedi, se seraient infiltrés, par le toit, détruisant plusieurs œuvres (lire page 4).

15 h 45 . Le ciel hurle sur Le Caire. Frôlant les toits de la capitale, deux avions de chasse font des boucles autour de la capitale. Message assourdissant, probablement destinés à intimider ceux qui se hasarderaient à violer le couvre-feu, décrété dès 16 heures. Mais ni les F-16 ni le défilé des hélicoptères ne parviennent à stopper la foule s’approchant de Tahrir. Les tanks ont les canons tournés loin de la foule. 19 heures, l’opposant Mohamed el-Baradei arrive sur la place. «Une nouvelle ère s’ouvre pour l’Egypte. Ce que nous avons initié ne peut plus faire marche arrière.»

11-01-31 - Libération -- Si on arrive à tenir jusqu'à vendredi, Moubarak a perdu

31/01/2011 à 11h46

Place Tahrir au Caire: «Si on arrive à tenir jusqu'à vendredi, Moubarak a perdu»

De notre envoyée spéciale

Par Elodie Auffray, envoyée spéciale au Caire

Place Tahrir, dimanche. (Reuters)

Ce lundi matin, les manifestants sont toujours présents sur Tahrir, malgré les rumeurs d’évacuation. Les policiers, invisibles depuis vendredi ont commencé à se redéployer. Place Taalat Hard, tout près de la place Tahrir, les manifestants les ont entourés, leur chantant et leur criant de partir. Les policiers ont fini par quitter la place et les manifestants continuent de faire eux-mêmes la circulation, assez dense ce matin. Un hélicoptère de l’armée survole très régulièrement le centre-ville.

Quelques heure plus tôt, dans la nuit de dimanche à lundi, Tahrir avait des allures de festival populaire. En dépit du couvre-feu, ils étaient encore nombreux, peut-être 2000, sur la «Place de la Libération», au centre du Caire. Quelques tentes ont été montées, des feux de camp allumés, ça et là. Beaucoup de jeunes, filles et garçons, mais aussi des couples, des vieux, des familles, des enfants qui jouent. Le moindre porte-voix - journalistes qui passent, conversations qui s’emballent, tribuns qui haranguent la foule - suscite l’attroupement, l’emballement.

«Moubarak, l'avion t'attend à l'aéroport»

Une sono a été apportée, et des centaines de personnes chantent et répètent les slogans anti Moubarak. L’un des plus repris: «Le peuple veut la chute du régime». L’un des plus drôles: «L’avion t’attends à l’aéroport, pour t’emmener en Arabie saoudite», là où a fui l’ex-président tunisien Ben Ali. «On restera jusqu’à ce qu’il parte», crie Ahmed, 47 ans, la voix éraillée. «On va essayer de rester toute la nuit», explique Tarek, «parce que si l’on s’en va, la télé égyptienne va diffuser en boucle des images de la place avec 200 ou 300 personnes, et elle dira que ce sont les Frères musulmans.» Quelques minutes plus tard, le jeune homme s’éloigne pour répondre au coup de téléphone maternel, lui intimant de rentrer parce que la télé dit que l’armée va tirer.

Au troisième jour consécutif de mobilisation, les occupants de la place Tahrir se disent «pas fatigués». «Ça doit être l’adrénaline, sourit Wael, 35 ans. Si je suis fatigué, je rentre, et d’autres viendront me remplacer». D’ailleurs poursuit-il, sur ces cinq amis présents à Tahrir, dans la journée, trois sont rentrés au bercail cette nuit, prêts à venir prendre le relai des noctambules au matin.

«Aujourd’hui, c’est un jour de folie, c’est le jour on l’on dit: on peut faire quelque chose», s’enthousiasme Wael. «Pour la première fois depuis trente ans il [Moubarak, ndlr] écoute ce que l’on dit, même si l’on n’est pas d’accord sur le vice-président qu’il a choisi». «Nous sommes puissants, nous sommes plein de fierté, nous sommes confiants, et nous sommes déterminés», enchaîne ce père de trois enfants.

«Dans mon quartier, les musulmans protègent les églises coptes»

«Ce sont les meilleurs jours de notre vie», explique quatre jeunes filles assises en rond près d’une tente. «Les gens ont changé. Ils sont solidaires, nous donnent de la nourriture, nous proposent de nous héberger pour la nuit», détaille Alyaa, 19 ans. Cette détermination, «ça veut dire que Moubarak va tomber» juge cette future ingénieur. A ses côtés Amira, doctoresse de 22 ans, est en rage «il doit partir, on insiste!» s’énerve la jeune femme qui raconte avoir vu mourir quelqu’un dans ses bras, vendredi. Mais, «pour la première fois, je peux dire que c’est mon Egypte».

Et l’Egypte de ces protestataires n’est pas celle des Frères musulmans, ni celle des divisions entre chrétiens et musulmans. Muhammed nous accroche: «Ce n’est pas la révolution des Frères musulmans, c’est la révolution des Egyptiens! dites-le, s’il vous plaît, car Internet est coupé, on ne sait pas ce qui se dit.» «Dans mon quartier, les musulmans protègent les églises coptes, parce que la police est partie», témoigne Ahmad. «Les frères musulmans ne prendront pas le pouvoir, chaque partie de la société a son rôle, et ne le dépassera pas», souligne, philosophe Muhammed, 70 ans, imam en retraite.

«Nous avons atteint un point de non retour»

Devançant une question que nous n’avons même pas évoquée, Ahmed, crie qu'«un nouveau président ne remettra pas en cause les accords de paix signés avec Israël». L’objectif, dans un premier temps: «tenir jusqu’à vendredi», explique Marawan, 21 ans, la mine grave, «si on arrive à tenir jusque-là, Moubarak a perdu. On se réunira tous, comme vendredi dernier pour la prière, et la police ne pourra pas nous en empêcher». Ils n’ont rien à perdre disent-ils «la Bourse a perdu le tiers de la sa valeur, j’y ai perdu toutes mes économies: qu’elles meurent!» s’emporte Yasser, 43 ans, qui manifeste pour la première fois de sa vie.

Le retour de la police dans les rues, annoncée ce lundi ne les effraient pas «nous n’avons plus peur, assène Marawan, vendredi nous avons affronté la mort plein de fois». «Nous avons atteint un point de non retour, juge le jeune homme. Nos gouvernants vivent comme des pharaons, ils règnent en demi-dieu, nous ne voulons plus revenir à ces temps de despotisme pharaonique».

11-01-31 - Le Monde -- Egypte la révolte continue, la confusion règne

Egypte : la révolte continue, la confusion règne

Le Monde.fr | 30.01.2011 à 19h45 • Mis à jour le 31.01.2011 à 12h15

Les opposants à Hosni Moubarak ont passé une nouvelle nuit dans le centre du Caire lundi et ont promis de manifester jusqu'au départ du président égyptien, dont le sort semble désormais dépendre de l'armée. "L'armée doit choisir entre l'Egypte et Moubarak", affirmait une banderole déployée sur la place Tahrir, dans le centre de la capitale, où les manifestants partageaient de la nourriture avec les soldats déployés pour rétablir l'ordre.

Appel à la grève générale. Les violentes protestations qui se déroulent depuis six jours en Egypte ont fait plus de cent morts et les deux camps se trouvent désormais dans une impasse. Plus la contestation dure et plus la situation de Moubarak paraît intenable. Les nominations d'un premier ministre et d'un vice-président n'ont pas été jugées comme des réponses suffisantes par les manifestants, qui réclament simplement le départ du président au pouvoir depuis trente ans. Ses promesses en faveur de réformes économiques, visant à contenir l'inflation, créer des emplois et réduire le fossé entre riches et pauvres, n'ont pas eu l'effet escompté. Les manifestants ont appelé à une grève générale lundi et ont annoncé une marche baptisée "manifestation des millions" mardi afin de faire aboutir leurs exigences en faveur de la démocratie.

"Rétablir la confiance". Dans une déclaration lue à la télévision dimanche soir, M. Moubarak, 82 ans, a réclamé "de nouvelles mesures, durables, pour plus de réformes politiques, constitutionnelles et législatives par le dialogue avec toutes les parties", a appelé le nouveau gouvernement à "rétablir la confiance" dans l'économie et à "lutter de manière décisive contre toutes les formes de corruption".

Maintien de la pression. Au sixième jour de la révolte populaire en Egypte, la rue a maintenu la pression sur le président Hosni Moubarak, et l'armée, déployée dans le pays, n'arrive pas à faire respecter le couvre-feu. Des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées, dimanche 30 janvier, sur la place Tahrir du Caire, pour demander le départ du président Hosni Moubarak. Faisant fi du couvre feu et des menaces de l'armée, les Cairotes ont commencé à affluer à la mi-journée sur la place.

Dans la matinée, l'armée s'était déployée en masse dans les rues du Caire alors qu'aucun policier n'était visible – ils étaient jusqu'alors omniprésents. Une fois que la place s'est remplie, des hélicoptères et des avions de chasse ont survolé à très basse altitude la place. Selon une journaliste du Monde présente sur place, l'armée à tiré sur la foule, touchant plusieurs personnes qui ont été évacuées par une ambulance. Elle n'a pu savoir si elles étaient blessées ou tuées.

D'autres grandes villes ont connu des manifestations importantes, à Alexandrie, à Suez, à Mahalla ou Ismaïlya. Le rôle de l'armée continue de susciter des interrogations et les informations qui circulent sont contradictoires. A-t-elle reçu l'ordre de tirer sur la foule ? A-t-elle refusé de le faire ? 

>> Lire : le récit des manifestations et des événements en Egypte dimanche

Le résultat des législatives pourrait être revu. Le président de l'Assemblée, Fathi Sorour, a assuré, dimanche, que les résultats des élections de décembre 2010, largement truquées selon l'opposition, seront "corrigés". "Des voix se sont élevées pour demander la dissolution de l'Assemblée, et cette question fait actuellement l'objet d'une enquête de la Cour de cassation", a déclaré M. Sorour. L'Etat de droit "demande le respect de l'ensemble des décisions de justice, et mieux vaut pour l'Assemblée de corriger sa composition en respectant les décisions judicaires" plutôt que de voir sa légitimité "mise en cause", a-t-il ajouté. L'Assemblée avait pour pratique courante de récuser les demandes de la justice en ce domaine en estimant qu'elle était au dessus des demandes des juges. Mohamed ElBaradei et de nombreuses autres formations de l'opposition avaient appelé au boycottage de ces législatives, estimant qu'elles étaient truquées d'avance.

Hosni Moubarak a par ailleurs demandé au premier ministre désigné, Ahmad Chafic, de faire du "rétablissement du calme sa priorité", au cours d'une réunion d'une heure et demie avec le nouveau premier ministre en présence du nouveau vice-président, Omar Souleiman, rapporte l'agence officielle MENA. La composition du nouveau gouvernement n'a toujours pas été annoncée.

Mohamed ElBaradeï prend la tête de l'opposition. En fin d'après-midi, l'opposant Mohamed ElBaradeï s'est rendu sur la place Tahrir et s'est exprimé devant la foule. "Je vous demande de patienter, le changement arrive", a-t-il déclaré aux manifestants qui scandaient : "Le peuple veut la chute du président !"

Un peu plus tôt dans la journée, il avait affirmé que M. Moubarak devait quitter le pouvoir "aujourd'hui" afin que lui soit substitué un gouvernement d'union nationale. "Chacun en Egypte le dit de manière forte et claire : Moubarak doit partir aujourd'hui", a déclaré l'ancien directeur général de l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans une interview accordée à la chaîne CNN.

Il a également indiqué qu'il disposait d'un mandat populaire et politique pour négocier la formation d'un tel gouvernement. Un dirigeant de la confrérie des Frères musulmans a annoncé un peu plus tôt que plusieurs forces d'opposition s'étaient mises d'accord pour appuyer M. ElBaradeï afin qu'il négocie avec le gouvernement du Caire.

>> Lire : L'opposant ElBaradei : "Moubarak doit partir aujourd'hui"



image: http://s1.lemde.fr/image/2011/01/30/534x267/1472780_3_8bf7_l-opposant-elbaradei-sur-la-place-tahrir-dans.jpg

L'opposant ElBaradei sur la place Tahrir, dans la soirée du 30 janvier. DR / Al Jazeera

La chaîne Al-Jazira interdite en Egypte. La chaîne Al-Jazira est empêchée d'émettre en Egypte et dans une partie du Maghreb, la diffusion ayant été suspendue sur le satellite Nilsate.

Le ministre de l'information, qui a démissionné samedi en même temps que le reste du gouvernement, a retiré sa licence à la chaîne. Les journalistes n'ont plus l'autorisation de travailler, leurs accréditations ayant été annulées. La télévision d'information en continu basée au Qatar a consacré, ces derniers jours, une large partie de son antenne à la situation en Egypte. Elle est extrêmement suivie depuis le 25 janvier, premier jour de manifestation

Les journalistes de la chaîne présents en Egypte ont décrit une situation complexe, mais ont tenté de poursuivre leur couverture des événements. Al-Jazira a continué, après une courte interruption, à diffuser des images en direct de la manifestation du Caire, avec un matériel de secours. Mais ses correspondants ne diffusent plus d'images d'Alexandrie ou de Suez. "Ne vous inquiétez pas, Al-Jazira a l'habitude d'être interdite par les gouvernements. Nous trouverons une manière de faire sortir les informations pour vous", a résumé Dan Nolan, envoyé spécial  de la chaîne au Caire, sur Twitter.

>> Lire : La chaîne Al-Jazira interdite en Egypte

Internet est toujours coupé dans le pays. Le dernier fournisseur d'accès à Internet qui fonctionnait, Noor,  a été un temps arrêté, mais il était de nouveau accessible dimanche soir. Il est utilisé par la Bourse du Caire, les banques et les grandes entreprises. Les téléphones portables fonctionnent partiellement mais pas les SMS.

Une diplomatie timide. Alors que les avions de chasse – des F-16 américains – survolaient Le Caire, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a haussé le ton face à M. Moubarak. Intervenant sur plusieurs chaînes de télévision, elle a sommé le raïs d'organiser des élections équitables. "Nous comptons sur une transition ordonnée pour que personne ne vienne combler un vide, pour qu'il n'y ait pas de vide (mais) un plan bien élaboré pour l'avènement d'un gouvernement démocratique participatif". Dans la nuit de samedi à dimanche, Barack Obama a réuni une réunion consacrée aux événements en Egypte. Le secrétaire à la défense Robert Gates et le plus haut gradé américain, l'amiral Mike Mullen, se sont entretenus au téléphone avec leurs homologues égyptiens de la crise en Egypte, a-t-on appris dimanche auprès du Pentagone.

Le roi Abdallah II de Jordanie a contacté dimanche le président égyptien pour "s'enquérir de la situation".

Pékin s'est dit préoccupé par la situation en Egypte.

Silencieux jusqu'alors, Nicolas Sarkozy a réagi à la situation samedi soir. Le président français, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le premier ministre britannique, David Cameron, ont publié une déclaration conjointe dans laquelle ils se disent "vivement préoccupés par les événements" en Egypte : "Nous appelons le président Moubarak à éviter à tout prix l'usage de la violence contre des civils sans armes et appelons les manifestants à exercer leur droit pacifiquement."

Quant à la secrétaire d'Etat à la jeunesse, Jeannette Bougrab, qui avait demandé, samedi, le départ du président Moubarak, elle a été rappelée à l'ordre par le premier ministre, François Fillon. Elle a diffusé un communiqué dans lequel elle rappelle que "la position de la France [avait] été exprimée par le président de la République et le premier ministre".

Israël a fait parvenir un message confidentiel aux Etats-Unis et à des pays européens leur demandant de soutenir la stabilité du régime égyptien d'Hosni Moubarak en butte à une vague de contestation, a indiqué lundi le quotidien Haaretz. Dans ce message, les responsables israéliens soulignent qu'il est de "l'intérêt de l'occident" et de "l'ensemble du Moyen Orient de maintenir la stabilité du régime en Egypte", a ajouté journal.

>> Lire : La communauté internationale exerce une timide pression sur Moubarak

Un soldat égyptien passant devant les manifestants du Caire sur la place Tahrir, pendant leur prière, le 30 janvier. AP/Tara Todras-Whitehill

La France ne rapatrie pas ses ressortissants. En Europe, hormis la Grèce, les gouvernements n'ont pas appelé à quitter l'Egypte ou organisé de rapatriement. Les voyagistes français ont indiqué que les départs étaient suspendus jusqu'à jeudi, au minimum. Quant aux touristes sur place, ils pourront terminer leur séjour ; les charters partiront de France à vide pour qu'ils puissent rentrer. Les Etats-Unis se préparaient à évacuer à partir de lundi leurs ressortissants, sur une base volontaire.

Le groupe français Lafarge a annoncé dimanche son intention de rapatrier ses expatriés et leurs familles présents en Egypte, ainsi que le le Crédit agricole. France Télécom rapatrie également ses expatriés et leurs familles d'Egypte, soit une vingtaine de personnes, a indiqué lundi une porte-parole du groupe.

La Libye, l'Inde, la Grèce, la Turquie, l'Irak, le Japon, l'Arabie saoudite et l'Azerbaïdjan, dont un citoyen a été tué samedi au Caire, ont dépêché des avions pour assurer le rapatriement de leurs ressortissants. Israël a rapatrié les familles de ses diplomates en poste, Vienne essayait d'organiser le retour des Autrichiens qui le veulent et l'Australie a recommandé à ses citoyens de quitter le pays.

Les autorités égyptiennes ont fermé dimanche le point de passage avec la bande de Gaza alors que les manifestations en Egypte se propageaient à la zone frontière et après la fuite dans le territoire palestinien de cinq activistes palestiniens évadés d'une prison du Caire, ont rapporté des responsables.

>> Lire : Ambassades et voyagistes : entre mesures d'urgence et de prudence

Craintes de nouveaux pillages. Alors que la police avait déserté les grandes villes, samedi soir, les habitants se sont organisés en groupes pour défendre leurs quartiers, armés de couteaux et de bâtons. Selon plusieurs témoignages, l'armée aurait distribué des brassards blancs à ces groupes de vigilance pour les identifier face aux pilleurs. Plusieurs journalistes présents au Caire et un responsable de l'ONG Human Rights Watch (HRW) affirment que des policiers étaient mêlés aux pillards samedi soir.

Après six jours de révolte qui ont fait au moins cent vingt-cinq morts et des milliers de blessés, le gouvernement a ordonné dimanche soir à la police de retourner dans les rues du pays, qu'elle avait subitement désertées vendredi.


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/01/30/egypte-la-revolte-continue-la-confusion-regne-au-caire_1472775_3218.html#OC5Cy4D8TqgpIweQ.99



11-01-31 - Le Monde -- Egypte nouveau gouvernement, largement inchangé

Egypte : nouveau gouvernement, largement inchangé

Le Monde | 31.01.2011 à 15h15 • Mis à jour le 31.01.2011 à 15h36

Face à la pression de la rue, le président égyptien, Hosni Moubarak, a annoncé, lundi 31 janvier, la formation d'un nouveau gouvernement. Mais le nouveau cabinet reste très proche du précédent, nommé samedi.

Selon la télévision officielle égyptienne, citant un décret du président, le ministre des affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, est en effet reconduit, de même que celui de la défense, le général Mohamed Hussein Tantaoui, qui exercera en outre les fonctions de vice-premier ministre.

NOUVEAU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

Seul changement important : le remplacement du ministre de l'intérieur, Habib Al-Adli, dont les manifestants réclamaient le départ, par un général. Il s'agit de Mahmoud Wagdi, qui a dirigé les services d'enquête criminelle du Caire et l'administration pénitentiaire du pays.

Autres évolutions, le gouvernement ne comprend aucune personnalité du milieu des affaires, considéré comme proche du fils du président Hosni Moubarak, Gamal. Le ministre des finances Youssef Boutros-Ghali a pour sa part été remplacé par Samir Mohamed Radouane.

Le président Hosni Moubarak est contesté dans la rue depuis près d'une semaine par des milliers de manifestants réclamant son départ après quasiment trente ans d'exercice du pouvoir. A sa demande, le précédent gouvernement a démissionné samedi dernier. Un nouveau premier ministre avait été nommé en la personne d'Ahmed Chafik, ministre sortant de l'aviation civile et ancien commandant de l'armée de l'air. Dans le même temps, Moubarak avait pourvu le poste de vice-président, vacant depuis son accession au pouvoir en 1981, en nommant Omar Souleimane chef des services de renseignement.


11-01-31 - Libération -- L’armée lâche Moubarak

31/01/2011 à 20h08

«Hit the Road, Hosni»

De notre envoyée spéciale

Par ELODIE AUFFRAY Envoyée spéciale au Caire

Au troisième jour d’occupation de la place Tahrir, au centre du Caire, les manifestants commencent à se roder. Jour après jour, le mouvement de contestation se structure.

Premier signe: les banderoles. Elles sont de plus en plus nombreuses. Beaucoup brandissent de simples feuilles de papier imprimées, certains peignent leurs cartons sur un bout de trottoir, à même le sol.

De plus en plus de pancartes sont écrites en anglais, voire en français, comme autant d’adresses à l’attention de l’occident. «We don’t need you anymore, Moubarak» ou alors «Game over», «Get out», «Dégage», «Leave», «Pars et laisse-nous voir la lumière», «Hit the road, Hosni» ou encore «America is supporting our clown».

Un calicot a été tendu entre deux poteaux sur une pelouse autour de la place. C’est aussi sur ce carré que se dressent quelques tentes et qu’un point d’eau a été déterré, les manifestants viennent s’y abreuver, s’y tremper le visage.

Beaucoup de drapeaux égyptiens ont fait leur apparition. Des grands, des petits, des énormes. Et puis la figure présidentielle fait l’objet de détournements. Hosni Moubarak est tantôt grimé en Hitler, tantôt tagué avec des yeux à faire peur plus vrai que nature.

Distributions de biscuits et de journaux

La place Tarhir a désormais sa scène quasi officielle où viennent parler des figures du mouvement: des leaders des Frères musulmans, des acteurs, des universitaires, des artistes. Une baffle a été accrochée à un poteau. En guise d’estrade, le trottoir. Sur la bouche d’aération des métros, en surélévation, des jeunes viennent mégaphone à la main scander des chants anti-Moubarak repris par la foule.

Pour les besoins du quotidien (journaux, boissons, nourriture), des vendeurs à la sauvette se sont installés. «Moubarak part d’Egypte», affiche l’un de ces petits commerçants sur son stand de douceurs égyptiennes. Même un cireur de chaussures est installé là.

Dans une rue un peu plus loin, un vendeur de drapeaux égyptiens a pris place. D’autres tournent sur l’esplanade distribuant des gâteaux, de l’eau en gobelet, des dattes. «Je fais ça parce que j’aime mon pays, parce que je refuse la corruption et qu’on a besoin de liberté», dit l’un de ces approvisionneurs en eau. «Des gens nous apportent des tentes, de la nourriture, de quoi boire, du pain. Même de la “Vache qui rit” française», plaisante un manifestant en plein pique-nique.

Quelques collectes sont organisées, elles permettent d’acheter des biscuits par paquets de cent distribués ensuite gracieusement. Ainsi, le siège s’organise parce qu’ «on n’arrêtera pas avant que Moubarak soit parti», rappelle un manifestant. L’un des seuls signes de fatigue qui se fait ressentir parmi cette foule qui semble heureuse de se libérer un peu plus jour après jour c’est celle des voix éraillées d’avoir trop criées.

11-01-31 - Le Monde -- Egypte la mobilisation ne faiblit pas, l'économie s'essouffle

Egypte : la mobilisation ne faiblit pas, l'économie s'essouffle

Le Monde | 31.01.2011 à 13h30 • Mis à jour le 31.01.2011 à 22h46

Au septième jour d'une contestation sans précédent en Egypte, lundi 31 janvier, des dizaines de milliers de manifestants se sont à nouveau rassemblés sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, en scandant "Moubarak dehors !" et en chantant l'hymne national.

Une journée qui s'est terminée par l'intervention télévisée d'Omar Souleïmane, nommé ce week-end vice-président égyptien, qui a annoncé qu'Hosni Moubarak lui avait demandé d'engager un dialogue avec tous les partis politiques. Il a précisé que ce dialogue porterait notamment sur des réformes constitutionnelles et législatives, une des exigences des manifestants.

Dans la capitale paralysée par un appel à la grève générale, les militaires ont regardé la foule rejoindre ceux qui avaient campé durant toute la nuit sur la place en appelant l'armée à choisir "entre l'Egypte ou Moubarak". En fin d'après-midi, les soldats, qui n'ont pas esquissé le moindre geste pour disperser les protestataires, ont annoncé qu'ils n'utiliseraient pas la force contre les manifestants, jugeant "légitimes" leurs revendications.

Lire : Revivez les événements de la journée et L'armée juge "légitimes" les revendications du peuple égyptien

Les habitants mobilisés. Les opposants à Hosni Moubarak ont annoncé une "marche d'un million" de personnes mardi pour pousser vers la sortie le chef de l'Etat, au pouvoir depuis près de trente ans. Les manifestants comptent sur le bouche-à-oreille pour diffuser leur appel, Internet restant en grande partie bloqué et les services de messagerie mobile perturbés.

En parallèle des manifestations, les habitants continuent à s'organiser pour défendre leurs quartiers. Des groupes d'autodéfense avaient en effet été formés lorsque les policiers avaient mystérieusement disparu au cours des deux derniers jours, laissant la ville en proie aux pillards et aux détenus échappés des prisons.


Lire : A Zamalek, la bourgeoisie du Caire défend ses biens et prend ses distances avec le régime

Hosni Moubarak nomme un nouveau gouvernement. Face à la pression maintenue de la rue, Hosni Moubarak avait appelé, dimanche, à "de nouvelles mesures, durables, pour plus de réformes politiques, constitutionnelles et législatives, par le dialogue avec toutes les parties". Lundi, il a annoncé la formation d'un nouveau gouvernement. Le ministre de l'intérieur, Habib Al-Adli, dont les manifestants réclamaient le départ, est notamment remplacé par le général Mahmoud Wagdi, qui a dirigé les services d'enquête criminelle du Caire ainsi que l'administration pénitentiaire du pays.

Mais le nouveau cabinet reste très proche du précédent, nommé samedi : le ministre des affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit, est reconduit, de même que celui de la défense, le général Mohamed Hussein Tantaoui, qui exercera en outre les fonctions de vice-premier ministre. M. Moubarak a aussi nommé le général Mourad Mowafi, ancien gouverneur du nord du Sinaï, à la tête des services de renseignement. Il remplace l'influent Omar Souleïmane, promu samedi vice-président, une fonction abolie il y a trente ans et qui pourrait ouvrir la voie à une transition.

Lire : Nouveau gouvernement, largement inchangé

Le mouvement pèse sur l'économie. Les cours du pétrole ont dépassé, lundi, à Londres le seuil des 100 dollars le baril, qui n'avait plus été franchi depuis plus de deux ans. Le secrétaire général de l'OPEP, Abdallah El-Badri, a estimé que les tensions en Egypte pourraient affecter le passage stratégique du canal de Suez et générer une "pénurie" de pétrole.

Au septième jour de manifestations, le pays est en partie paralysé. Les banques et la Bourse sont closes pour une deuxième journée d'affilée et la plupart des distributeurs de billets sont vides. En deux jours, après le début des manifestations le 25 janvier, les Egyptiens et les investisseurs étrangers avaient déjà transféré des centaines de millions de dollars hors d'Egypte. L'agence de notation Moody's a dégradé, lundi, d'un cran la note de l'Egypte et envisagé de l'abaisser encore à moyen terme.

Lire : La situation égyptienne inquiète les marchés

Les rapatriements de touristes et salariés s'accélèrent. Les Etats-Unis, le Canada, l'Arabie saoudite, le Liban, le Japon, l'Australie ainsi que certains pays européens ont ainsi affrété des vols pour évacuer les expatriés. Du côté des touristes, de nombreux voyagistes ont suspendu leurs départs et organisaient leur évacuation.


Signe d'une inquiétude grandissante, certaines entreprises étrangères ont annoncé la suspension de leurs activités, comme le géant maritime et pétrolier danois A. P. Moller-Maersk, le cimentier français Lafarge et le constructeur automobile Nissan. D'autres, telles que Saint-Gobain ou le Crédit agricole, France Télécom, avaient auparavant décidé d'évacuer les familles de leur personnel expatrié et tout ou partie de leurs salariés.

Lire : Les rapatriements de touristes et salariés s'accélèrent

Les pays étrangers s'inquiètent. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a agité lundi le spectre d'un régime à l'iranienne en Egypte, dans le cas où "un mouvement islamiste organisé prendrait le contrôle de l'Etat" à la faveur du "chaos". L'Union européenne a, de son côté, appelé le président égyptien à engager sans délai avec l'opposition de vraies réformes démocratiques et à tenir des élections libres.

Lire : Israël craint un scénario à l'iranienne


11-01-31 - Al Jazeera Blogs -- Live blog 31_1 - Egypt protests

Live blog 31/1 - Egypt protests

From our headquarters in Doha, we keep you updated on all things Egypt, with reporting from Al Jazeera staff in Cairo, Alexandria, and Suez.

Last modified: 31 Jan 2011 01:08

Sleeping protester at Tahrir Sq. with signs: "people decide for themselves" and "down with the head of the gang" [Reuters]

From our headquarters in Doha, we keep you updated on all things Egypt, with reporting from Al Jazeera staff in Cairo, Alexandria, and Suez.  Live Blog: Jan28 - Jan29 - Jan30 - Jan31 - Feb1 - Feb2 - Feb3

The Battle for Egypt - AJE Live Stream - Timeline - Photo Gallery - AJE Tweets - AJE Audio Blogs 

(All times are local in Egypt, GMT+2)

11:37pm Basheer Nafi, a historian, tells Al Jazeera:

My feeling is that we are witnessing a second wave of the Arab liberation movement ... In the first wave, the Arabs liberated themselves from colonial powers and foreign domiantion. I think now, the very heart of the Arab world, the backbone of the Arab world, is leading the move towards freedom and democracy and human rights.

11:28pm Tariq Ramadan tells Al Jazeera from London that he believes Obama is applying a win-win strategy for Egypt. But he says that the West should be very cautious during the last days of Mubarak's regime. Ramadan summarizes the bottom line of the protest movement: "We are expecting democracy, transparency, and freedom of expression".

11:18pm President Hosni Mubarak is still refusing to step down, amid growing calls for his resignation. Protesters continue to defy the military-imposed curfew. Thousands remain gathered in Cairo's Tahrir Square and hundreds have marched through Alexandria. Egyptian State TV has actually changed its stance and is now airing much more video of the protests, as seen in this still image from our broadcast:

10:57pm One of our web producers on the ground in Cairo heard a protester named Hamza speaking to the crowd gathered at Tahrir Square say, "Long live Al Jazeera ... the Arab world is watching Egypt".

Internet access across Egypt is still shoddy according to most reports. Khadija Sharife wrote in the Huffington Post that Egyptians can still connect "via traditional phone lines using the following instructions: FDN (Free World Dial up) to access the Internet anonymously at the following number: 33172890150 with login: toto and password: toto."

We are wondering how many Egyptians are actually connecting via this old-school proxy technique.

10:38pm Amid a growing media crackdown, one of our Al Jazeera correspondents on the ground in Egypt just tweeted:

Difficult day for aljazeera crew. it was hard to film anything. will keep trying! #jan25 #egypt

10:31pm Egypt's vice president has promised dialogue in order to push through constitutional reforms. Protesters may not be satisfied with this pledge, as preparations are being made for massive Cairo demonstrations tomorrow.

10:13pm Twitter reports from this evening say that four large screens have been installed by protesters in central Cairo to show Al Jazeera Arabic and Al Jazeera Mubasher (Live) to the crowds gathering around.



9:26pm Protesters remain camped out in Tahrir Square from a variety of political and demographic groups. Despite the insecurity and danger prevalent in Egypt's capital, an Al Jazeera correspondent on the ground says that the sense of community feels like a "giant sleepover in the square in the middle of Cairo".

9:12pm In reaction to the White House announcment, Martin Indyk at Brookings tells Al Jazeera that the bottom line for the US is a peaceful transfer of power:

But you have to read in between the lines. The White House does not want to be seen as leading the charge here - pulling the rug out from under [Egyptian President Hosni] Mubarak

9:06pm The White House says that the Egyptian government must engage with its people to resolve current unrest. Press Secretary Robert Gibbs says the crisis in Egypt "is not about appointments, it's about actions ... They have to address freedoms that the people of Egypt seek".

8:37pm A reminder to check out our special coverage on Anger in Egypt with newly updated news, blogs, videos, and more. Al Jazeera continues to provide TV and web reporting from across the embattled country.

7:35pm An Al Jazeera correspondent in Cairo has just left some updates on Twitter:

* Similar # of protesters in Tahrir Square as last night; tanks have mostly left, army presence is reduced.

* Police not redeployed yet. At Cairo/Giza interior ministries earlier, saw dozens loading up in trucks; but still not visible in many areas.

* Token numbers of police directing traffic at major intersections, but otherwise streets still controlled by army + ordinary citizens.

7:13pm Opposition groups continue to call for a "million man march" and a general strike on Tuesday to commemorate one week since the protest movement began. Meanwhile, the military has reiterated that it will not attempt to hurt protesters.

As 250,000 gathered around Cairo's Tahrir Square on Monday, President Mubarak asked his new prime minister, Ahmad Shafiq, to start talks with the opposition. It has yet to be seen whether the broad coalition of Egyptian opposition groups - students, web activists, leftists, liberals, and Islamists -  will manage to come together.

6:45pm Despite severe internet service disruptions, Al Jazeera's correpsondents continue to post blog entries about Egypt's uncertainty, the disconnect between analysts and street protesters, and Cairo's critical moments.

6:05pm The clique of online activists behind several WikiLeaks revenge attacks, as well as Tunisia anti-censorship operations, has thanked Al Jazeera for its Egypt coverage. Here's some of what Anonymous said today in an open letter:

As the protests escalated, so did the amount of people across the world watching Al Jazeera. The free, 24 hour, online stream has become an invaluable tool for coverage of real time news. In addition to thanking you for providing this great resource, we would like to thank all of your reporters throughout Cairo, Suez, Alexandria, and the rest of Egypt. They demonstrated courage and passion standing amongst the protesters in the face of regime thugs and fear mongers....The ideals of freedom and human rights are sought after throughout the globe. Starting with Tunisia and spreading as far as Yemen, Jordan, and Algeria,  these protests represent a historic change in the history of mankind.

5:58pm The EU is now calling for free and fair elections in Egypt. More details to come...

5:26pm In light of the Egyptian government's detention of six Al Jazeera journalists earlier today, the Middle East coordinator for the Committee to Protect Journalists tells Al Jazeera that the Egyptian government has not been able to control the media effectively during recent protests.

Egypt has a long and atrocious record of suppressing the media...that Egyptian state TV is showing cooking shows today is an indication of the level of denial...but frankly no one is watching Egyptian state TV...the government seems intent on shooting the messenger and blaming the victim...I urge the Egyptian authorities to learn something from Tunisia...the media blackout is not working.

5:18pm Worldwide investors continue withdrawing significant capital from Egypt amid rising unrest. Read more on the looming financial crisis affecting the country in crisis.

4:43pm: Thousands of people have gathered in Cairo's Tahrir Square, ignoring a curfew that has been in place for more than an hour now.

Mubarak is still in power, and has named his new cabinet on state television, among them, Mahmoud Wagdi, who has been sworn in as the new interior minister.

4:16pm: Our correspondent tweets after being released by Egyptian security forces:

We're okay, they held us for 3 hours, we've been released, took cameras, laptops and phones #Egypt #Jan25

3:44pm: Egypt releases the six detained Al Jazeera journalists in Cairo. 

3:21pm: Reaction to the arrest of our journalists in Cairo from US state department spokesman PJ Crowley:

We are concerned by the shutdown of #Al-Jazeera in #Egypt and arrest of its correspondents. Egypt must be open and the reporters released.

3:20pm: Two of our producers are still in Cairo tweeting and filing audio reports. One of them writes:

Six members of AJE team detained, equipment confiscated. We are still out here with access. Latest audio report http://ow.ly/3NcCu #jan25

He explains what  happened in the audio report below. For all of our team's audio reporting click here.

2:40pm: Our correspondent tweets:

Unsure if arrested or about to be deported. 6 of us held at army checkpoint outside Hilton hotel. Equipment seized too. #Egypt

2:11pm BREAKING NEWS: Six Al Jazeera journalists arrested in the Egyptian capital, Cairo. 

Our correspondent there just  tweeted this: 

4 soldiers entered room took our camera. Wr  ae under military arrest #Egypt #jan25

2pm: Egyptian film star Omar Sharif, known for his role in Lawrence of Arabia, has added his voice to those calling for Hosni Mubarak to step down, Reuters reports.

"The president should have resigned," Sharif told France Inter radio from his home in Cairo. "Given that the entire Egyptian people don't want him and he's been in power for 30 years that's enough."

1:48pm: Al Jazeera's correspondent in Cairo has more on the appointment of new interior minister Mahmoud Wagdy, saying the retired police officer's last position was as head of all prison affairs in the country. 

He is a well-decorated minister, who served in very high security posts in the government of Minya, our correspondent reported.

1:40pm: With the internet blackout still hindering access for most people in Egypt, a new service could help circumvent those obstacles. Now, people inside Egypt can call a number to post a "voice tweet"

Call +16504194196, +390662207294 or +97316199855 to leave a tweet and hear tweets.

1:25pm: Egypt has named a new interior minister - retired general Mahmoud Wagdi,  the former head of Egypt's prisons department, sources in the country report.

12:41pm: Friends are expressing their concern for the whereabouts of Egyptian blogger Wael Ghonim, who has been missing since Thursday, Global Voices reports. It says Ghonim, head of marketing at Google's UAE office, had tweeted his intent to join the January 25 protests:

Despite all the warnings I got from my relative and friends, I'll be there on #Jan25 protests. Anyone going to be in Gam'et Dewal protest?

Ghonim was also a recent guest speaker at an Al Jazeera forum on internet freedom in Doha.

12:18pm: One of our correspondents in Cairo tweets about the hardships of being in a city "under seige":

Food prices rising v quickly now. So too petrol & phone cards. But yet to find an ATM in Cairo that has any money left #Egypt

and later:

No ATM's making life hard for all but at least we have credit cards. Most Egyptians use cash. Many feeling v much under siege #Egypt 

12:14pm: Our producer in Cairo reports police redeployment appears limited so far, with civilians directing traffic and checkpoints. Curfew has been announced for 3:00 this evening with the army planning to enforce it more strictly tonight.

12pm: Military tanks are on the streets and helicopters are circling overhead as Egypt braces for another day of protests. 

Our correspondent in the Zamalek neighbourhood of Cairo says he sees shops open and many citizens picking up the garbage that has been collecting on the streets in the last couple of days.

11:45am: Al Jazeera's producers in Cairo confirm that police have redeployed on the streets of the capital, as security is stepped up across the city.

Listen to the audio report below, and as a reminder you can hear all of our audio reports by clicking here.


11:20am: On a lighter note, an eight-year-old girl in Saudi Arabia has made her own plea to Egyptian president Hosni Mubarak to step down.

11:11am: Efforts are underway to find those who have gone missing in Egypt's protests. Twitter users are circulating a Google docs spreadsheet with the names of those believed missing, where they were last seen and a contact reference. The document is open to all.

10:15am: This Youtube video of praying protesters being bombarded with water canons has been making the rounds on Facebook and blogs. Al Jazeera can't independently vouch for its veracity, but you can view the raw footage here:

 

Meanwhile, one of our other correspondents, reporting from a roundabout a few kilometres away from Tahrir said that after three nights of anarchy, looting and insecurity, people have been  "greeting the police as long-lost friends".

"It's almost as if the population of Cairo is suffering from selective amnesia. We saw one small boy carrying a tray a of tea to a group of policemen. Another man got out of his car, kissed and hugged the policemen." 

10am: Former US president Jimmy Carter calls the unrest in Egypt an "earth-shaking event", and says he guesses Hosni Mubarak "will have to leave", the US Ledger-Enquirer reports. 

This is the most profound situation in the Middle East since I left office,” Carter told a crowd of 300 people at a church in the US state of Georgia, adding that he has been watching the events unfold via Al Jazeera's coverage online.

9:19am: Huge protest planned in Egypt: opposition movement calls for a million people demonstration on Tuesday in bid to topple Mubarak.

9:12am: Two of Al Jazeera's producers have managed to find a reliable internet connection out of Cairo, where they're keeping us updated with tweets.

"Back up with internet this morning in Cairo. Heavy smog over the city, don't know if fires have anything to do with it. Army blocked off Tahrir Square with barbed wire & restricting access. Tank on busy 6th of October bridge leaves one lane open," one writes.

The other tweets: 

"Tahrir Square closed this morning, barbed wire wrapped around the area; army officer told me it'll be shut all day/night. Banks closed too, more tanks on the street, police also being redeployed. Egyptian gov't trying to reassert itself." 

8:45am: Israel urges the world to tone down Mubarak criticism amid Egypt unrest to preserve stability in the region, the Haaretz newspaper reports, citing senior Israeli officials.

Senior Israeli officials ... said that on Saturday night the Foreign Ministry issued a directive to around a dozen key embassies in the United States, Canada, China, Russia and several European countries. The ambassadors were told to stress to their host countries the importance of Egypt's stability. In a special cable, they were told to get this word out as soon as possible, the paper reports.

8:00am: The state-imposed curfew in Egypt is lifted. Al Jazeera's correspondent in Cairo reports the military is setting up roadblocks around the capital.

7:45am:  Al Jazeera's Imran Garda blogs about the apparent "templates for responding to the excesses of a US ally": When an ally  mows down peaceful protesters in the streets calling for change, here is the template:

“We continue to monitor the situation and are very concerned about recent events in ______. We call for restraint on both sides. We urge President/Prime Minister/King ______ to facilitate dialogue and provide concrete steps towards a peaceful resolution.”

6:20am: NPR's All Things Considered reports that a Tunisian poem has become a rallying cry in both Tunisia and Egypt. The poem, as read by an Al Jazeera journalist, is among the most famous works of an early 20th century Tunisian poet named Abu al-Qasim al-Shabi.

Click here to listen to 'To the Tyrants of the World' on NPR.

6:10am: We're not naming our reporters in Egypt for safety and security reasons. But one of our correspondents sent in this update from the streets of Cairo early on Monday, where she said about 200 people haven't budged from the city's central Tahrir square.

"They've been chanting throughout the evening. There've been poetry readings. It seems as if they're saying 'It's early in the morning but we're here to stay. We're not going anywhere'."

She said that seems to be the message of the military as well, which has been repositioning its forces across the roads. Our correspondent said there are signs of police also trickling back onto the streets.

5:45am: Chasing Gamal Mubarak: The Egyptian president's younger son is thought to have fled to London after protests began in Egypt.  As Al Jazeera's Paul Brennan reports from London, Gamal hasn't been seen there, but he likely would not be welcome if he did appear:

5:30am: The HuffingtonPost.com reports: Canadian television viewers looking for in-depth coverage of Egypt have the option of tuning into Al Jazeera English. Many US viewers, however, can not.

5:15am Protesters are still camped out in central Cairo. "The army has to choose between Egypt and Mubarak," one banner reads in Cairo's Tahrir Square, where demonstrators share food with soldiers.

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12:48am New York-based Palestinian-American writer Ismail Khalidi makes an apt social media joke on Twitter: #U.S. and #Israel change relationship status with #Egypt to "It's complicated" on facebook.

Another Twitter user, Rubadubadu, has offered essentially the same message, but has added: #Lebanon, #Syria & #Palestine 'like' this.

12:40am Mona Eltahawy, an Egyptian journalist, tells Al Jazeera: "What has happened in Egypt is a turning point in our history...the more [President Mubarak] insists on clinging to power, the more Egyptians will go out into the street and say 'we want you to go'".

12:23am The atmosphere in central Cairo remains chaotic, according to a tweet from one of the Al Jazeera correspondents in Cairo:

Tense in Tahrir Square tonight. Random gunfire nearby; some people in the square are blaming the army for it, verbally confronting soldiers.

12:14am President Mubarak tells his new prime minister, Ahmad Shafiq to keep government subsidies and cut prices.

11-02-07 - Le Nouvel Observateur -- [HEURE PAR HEURE] Les manifestations en Egypte

Lundi 31 janvier 

23h50 - New-York Le groupe internet américain Google a annoncé qu'il avait coopéré avec Twitter durant le week-end pour mettre en place un système permettant aux Egyptiens d'envoyer des messages sur le site de microblogs par téléphone, en contournant le blocage d'internet.

23h15 - Le Caire Le dernier fournisseur d'accès à internet encore en fonctionnement en Egypte, le groupe Noor, a été bloqué lundi, coupant le pays du reste du monde en pleine crise politique, a indiqué le site américain Renesys spécialisé dans la surveillance du web.

21h05 - Le Caire Le vice-président égyptien Omar Souleimane a annoncé lundi soir lors d'une brève allocution télévisée avoir été chargé par le président Hosni Moubarak d'ouvrir un dialogue immédiat avec l'opposition, au septième jour d'une contestation sans précédent contre le régime.

20h40 - New-York Les prix du pétrole ont connu une nouvelle envolée lundi, le soulèvement populaire en Egypte ayant contribué à porter le baril à de nouveaux plus hauts depuis deux ans à New York, en hausse de 2,85 dollars à 92,19 dollars et à Londres, à plus de 100 dollars.

20h20 - Paris  "La France redoute l'arrivée de flux migratoires en provenance de Tunisie et d'Egypte", a déclaré le président de l'Office de l'immigration et de l'intégration, Dominique Paillé, sur LCI.

20h10 - Washington La Maison Blanche se dite satisfaite de la "retenue" dont ont fait preuve jusqu'à présent les forces égyptiennes, et appelle au calme à la veille de manifestations de masse prévues dans le pays.

20h10 - Le Caire Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé à une "transition pacifique" en Egypte.

19h05 – Le Caire Les forces armées jugent "légitimes" les revendications du peuple égyptien, selon un communiqué officiel.

19h05 – Le Caire Les réformes économiques et démocratiques promises par le président Hosni Moubarak en réponse à la contestation populaire sans précédent sont "une bonne nouvelle" qui bénéficiera aux investisseurs, selon le magnat égyptien des télécoms Naguib Sawiris.

19h – Le Caire Les forces armées égyptiennes assurent qu'elles n'utiliseront pas la force contre les manifestants, selon la télévision d'Etat.

18h20 – Le Caire Les Frères musulmans appellent à la poursuite des manifestations jusqu'à la chute du régime du président Hosni Moubarak.

18h20 – Jerusalem Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyaou agite le spectre d'un régime à l'iranienne en Egypte dans le cas où "un mouvement islamiste organisé prendrait le contrôle de l'Etat" à la faveur du "chaos".

18h15 – Ankara La Turquie demande à l'Egypte de répondre aux "demandes légitimes" du peuple tout en mettant en garde contre une instabilité prolongée dans le pays.

18h05 - Le Caire Les Frères musulmans rejettent le nouveau gouvernement 

17h45 - Ramallah Un haut responsable du Fatah, parti dirigeant de l'Autorité palestinienne, accuse les Etats-Unis de "cynisme" sur les droits de l'Homme, qu'ils défendent en Egypte mais dénient selon lui aux Palestiniens.

17h40 – Beyrouth Le Hezbollah libanais, critique du régime de Hosni Moubarak, salue le peuple égyptien "combattant et résistant" qui mène depuis une semaine une révolte sans précédent contre son président.

17h30 – Londres Les cours du pétrole dépassent à Londres le seuil des 100 dollars le baril poussés par les inquiétudes persistantes sur la situation en Egypte.

16h50 - Bruxelles L'Union européenne réclame des élections "libres et justes" en Egypte 

16h30 - Johannesburg L'Afrique du Sud exhorte le régime du président égyptien Hosni Moubarak et ses opposants à chercher "une solution pacifique" à la crise.

16h25 – Le Caire Une "Marche d'un million" de personnes prévue mardi à Alexandrie, selon un membre du comité de soutien à l'opposant Mohamed ElBaradei.

16h15 - Nicosie La première vague d'Américains évacués d'Egypte est arrivée dans l'île méditerranéenne de Chypre et une dizaine de vols sont encore attendus en provenance du Caire.

16h15 – Ottawa Le premier vol charter affrété par le Canada pour évacuer ses ressortissants d'Egypte a atterri dans ce pays.

16h10 – Gaza Six Palestiniens, dont plusieurs membres du Hamas, évadés d'une prison près du Caire à la faveur des troubles, sont arrivés dans la bande de Gaza.

15h35 – Le Caire La compagnie nationale Egyptair annule tous ses vols intérieurs et extérieurs prévus entre 15h et 8h, à partir d'aujourd'hui et jusqu'à nouvel ordre, précisant que les horaires de certains vols seraient modifiés en fonction des heures du couvre-feu.

15h05 – Copenhague Le géant maritime et pétrolier danois A.P. Moeller-Maersk cesse provisoirement ses activités en Egypte à cause de l'aggravation de la situation dans le pays, même si ses navires continuent à emprunter le canal de Suez.

15h – Bruxelles Les ministres des Affaires étrangères européens décident de geler les avoirs de l'ex-président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali et de son épouse.

14h55 – Milan Le cimentier italien Italcementi, qui revendique la place de numéro un sur le marché égyptien, suspend provisoirement la production de ses cinq usines dans le pays en raison des troubles.

14h45 - Doha Les six journalistes du canal anglophone de la chaîne qatarie Al-Jazira libérés après avoir été brièvement arrêtés au Caire et leur caméra a été confisquée, annonce la télévision. 

14h35 – New-York Les Etats-Unis demandent la libération des reporters d'Al-Jazira en Egypte

14h30 - Paris Les tour-opérateurs n'en sont pas encore à évacuer leurs clients d'Egypte mais ils seront capables de le faire si le besoin s'en faisait sentir, selon le président de l'Association nationale des tour-opérateurs.

14h20 - Le Caire Six journalistes du canal anglophone de la chaîne qatarie Al-Jazira ont été arrêtés au Caire, annonce la télévision.

14h15 – Le Caire La télévision officielle égyptienne annonce la formation d'un nouveau gouvernement en Egypte, largement inchangé à l'exception du ministre de l'Intérieur Habib el-Adli.

14h15 – Paris Benoît Hamon réaffirme le "soutien total" du Parti socialiste au peuple égyptien et à "son aspiration à la démocratie", affirmant que son parti "s'impliquera le plus possible politiquement à (son) côté".

14h10 - Paris Le groupe français de matériaux de construction Saint-Gobain annonce qu'il avait pris la décision de rapatrier dans leurs pays les familles de ses expatriés présentes en Egypte.

13h55 – Bruxelles La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton appelle le régime du président Hosni Moubarak à engager "immédiatement" un dialogue avec l'opposition pour permettre de vraies réformes et répondre aux attentes de la rue.

13h10 – Paris Le Club Méditerranée affrète un vol spécial depuis Taba et pris des places sur des vols programmés depuis Hurghada et Louxor pour permettre à ses clients d'anticiper leur retour face à la révolte sans précédent qui secoue l'Egypte.

12h55 – Paris Le groupe Lafarge annonce qu'il arrête temporairement la production de son usine de ciment en Egypte, d'une capacité annuelle de 10 millions de tonnes.

12h50 – Bordeaux Le ministre de la Défense et maire de Bordeaux, Alain Juppé, affirme sur son blog qu'il fallait "faire confiance aux mouvements démocratiques, les accompagner".

12h45 – Bruxelles Le commissaire européen à l'Energie qualifie d'irresponsable et d'"incompréhensible" la stratégie des autorités égyptiennes pour répondre au mécontentement de la rue, s'écartant ainsi de la ligne de prudence adoptée jusqu'ici à l'UE.

12h30 – Nouakchott Le principal parti d'opposition en Mauritanie, dirigé par Ahmed Ould Daddah, a exprimé lundi son soutien à la "révolution" en Egypte, où le pouvoir est confronté à une contestation sans précédent, et mis en garde le pouvoir à Nouakchott.

12h15 - Le Caire Le canal de Suez, axe stratégique du commerce mondial, fonctionne "à pleine capacité", rapportent les médias officiels, citant un responsable du canal.

12h05 – Stockholm Selon un journal suédois, un touriste suédois en Egypte affirme avoir été arrêté et torturé durant quatre jours par la police au Caire avant de réussir à s'échapper lorsque des manifestants ont mis le feu au bâtiment où il était détenu.

11h30 - Londres Les tensions en Egypte pourraient affecter le passage stratégique du canal de Suez et générer une "pénurie" de pétrole, mais l'Opep serait alors prête à accroître sa production, selon son secrétaire général Abdallah El-Badri.

10h45 – Le Caire Hosni Moubarak nomme un nouveau dirigeant pour le service des renseignements. Pour remplacer l'influent Omar Souleimane, le président egyptien a nommé le général Mourad Mowafi, ancien gouverneur du Sinaï-Nord, à la tête des services de renseignements, selon le journal al-Ahram.

10h05 Moscou Les groupes russe Loukoïl et Novatek indiquent avoir décidé de rapatrier leurs expatriés d'Egypte.

9h30 - Sydney L'Australie va affrêter un vol spécial pour évacuer ses ressortissants d'Egypte et a appelé le gouvernement égyptien à respecter "les désirs légitimes" de sa population pour le changement.

8h45 - Paris L'agence de notation Moody's Investors Service a dégradé d'un cran la note de l'Egypte, désormais ramenée à "Ba2", et pourrait l'abaisser encore à moyen terme.

8h30 - Paris Le groupe français France Telecom rapatrie ses expatriés et leurs familles d'Egypte, soit une vingtaine de personnes, a indiqué une porte-parole du groupe.

8h25 - Le Caire Appel à la grève générale ce lundi. 

8h20 - Le Caire  Des organisateurs du mouvement de contestation ont appelé à une "marche d'un million" de personnes pour mardi.

8h15 - Istanbul La Turquie a rapatrié ces deux derniers jours 1.444 de ses ressortissants en Egypte, mobilisant plusieurs avions, a annoncé le président de l'office des situations d'urgence Mehmet Ersoy. 

11-02-01 - Libération -- En attendant la pénurie, Le Caire stocke

01/02/2011 à 00h00

En attendant la pénurie, Le Caire stocke

Les habitants font des provisions en prévision de jours plus durs.

Par CLAUDE GUIBAL Le Caire, de notre correspondante

Le rideau est fermé, obstinément. Mais ceux qui connaissent Abou Tarek savent qu’il faut taper au bâtiment voisin pour trouver l’épicier, et tenter de faire ses courses. Sur l’avenue Kasr el-Eini, qui mène à la place Tahrir, les magasins n’ont pas ouvert leurs portes depuis vendredi. Et l’appel à la grève générale lancé par l’opposition n’y est pour rien : au Caire, comme dans toutes les villes égyptiennes, la population s’inquiète, et se prépare. Certains produits deviennent difficiles à trouver : le pain, et dans une moindre mesure la farine. Certains ont commencé à stocker. «On en a vu d’autres pendant la guerre», sourit Mona Mokhtar, dont le mari est allé ce matin refaire le plein. En 1973, raconte-t-elle, lors de la guerre du Kippour, la population avait razzié les commerces. Aujourd’hui, c’est loin d’être le cas. Mais le prix des produits frais a augmenté, doublé pour les tomates, par exemple, en raison des barrages filtrants qui ralentissent l’approvisionnement en fruits et légumes de la capitale.

Livraison. Les grandes villes sont équipées en réseau d’eau potable, et dans les villages, les citernes sont encore pleines. A Zamalek, Pacynthe Sabry a insisté, ces derniers jours, pour garder sa pharmacie ouverte. Dans ce quartier huppé, préservé sur son île au milieu du Nil, la plupart ont préféré fermer leurs portes. Avec la disparition de la police, les commerçants ont craint pour leur sécurité, redoutant de devenir une cible de choix pour les bandes des quartiers défavorisés. Tout le week-end, l’officine de Pacynthe a ainsi croulé sous les demandes : insuline en masse, médicaments contre la tension, médicaments pour enfants. En Egypte, où la quasi-totalité des commerces font de la livraison à domicile, les coursiers n’ont pas stoppé leurs va-et-vient.

Hier, après que la télévision d’Etat a annoncé le retour imminent de la police dans les rues, l’affluence a enfin diminué. Un soulagement, reprend la pharmacienne : «Cela fait cinq jours que nous n’avons pas été livrés.» Certains des jeunes manifestants tentaient hier d’organiser des dépôts alimentaires afin d’éviter un effet de pénurie qui pourrait être nuisible, à terme, à l’image du mouvement et fragiliser la mobilisation.

Monnaie. Beaucoup de stations-service ont fermé leurs portes. Certaines ont été détruites, comme celle qui se dresse, noircie, près du bâtiment de l’assemblée du peuple où la foule avait tenté de se rendre vendredi. A travers la ville, les cuves commencent à se vider mais peu de véhicules circulent : le chaos n’a pas épargné les provinces, et les Cairotes préfèrent se terrer chez eux plutôt que de fuir dans les campagnes, plus isolées encore, en laissant leur domicile à la merci d’éventuels pillards. Les chauffeurs de taxi, eux, se frottent les mains. Oubliés les compteurs, oubliée la monnaie à rendre. «L’économie du pays est fichue», soupire l’un d’entre eux. Il a entendu Hosni Moubarak affirmer à la télévision tout mettre en œuvre pour restaurer la confiance. Mais les investisseurs étrangers, dont la foi en l’économie égyptienne avait été dopée par un taux de croissance maintenu à 6 % malgré la crise, risquent de déserter le pays. Le tourisme, première source de revenus, pourrait s’effondrer durablement. Et les Egyptiens savent déjà que la révolution leur coûtera cher.

11-02-01 - Libération -- Face au régime égyptien, une opposition disparate

01/02/2011 à 00h00

Face au régime égyptien, une opposition disparate

Analyse

Les Frères musulmans appelent à défiler aujourd’hui, rejoignant les collectifs de jeunes à l’origine de la révolte et les partis traditionnels discrédités.

Par CLAUDE GUIBAL (au Caire), CHRISTOPHE AYAD

Place Tahrir, le 31 janvier. (REUTERS)

Elle y sera aujourd’hui, c’est sûr, comme tous les jours, depuis vendredi. Le lancinant ballet des hélicoptères, la multiplication des tanks, la crispation très sensible autour de la place Tahrir ne risquent pas d’entamer sa détermination. Fatma a 26 ans, un voile mauve, et vit «les plus beaux moments de sa vie». C’est une amie de fac qui l’a appelée, la veille, pour lui relayer l’information : le Mouvement du 6 avril a demandé à un million d’Egyptiens de descendre dans les rues pour marquer l’anniversaire de cette première semaine de soulèvement populaire. «Nous voulons faire monter la pression sur l’état qui refuse de dialoguer avec les jeunes», explique Moustafa Naggar, coordinateur de la Campagne nationale pour le changement.

Les cyberactivistes du mouvement, en prise de longue date avec les médias arabes et occidentaux présents en Egypte n’ont eu qu’à actionner leurs contacts. «On agit à tous les niveaux : on contacte Al-Jezira, la BBC, on se rabat aussi sur le téléphone et le bouche à oreille.»

Cela suffira-t-il à faire descendre un million de personnes dans la rue alors qu’au plus fort du soulèvement, vendredi, «seules» 120 000 à 150 000 personnes étaient présentes dans les rues du Caire ? La donne a peut-être changé avec l’appel, pour la première fois depuis le début des troubles, lancé hier par les Frères musulmans à «manifester jusqu’à la chute du régime». Réticente, puis prudente, durant les premiers jours de la contestation, la principale force d’opposition au régime, interdite mais tolérée, s’engage désormais ouvertement. Passage en revue des forces d’opposition égyptiennes à la veille d’une journée qui pourrait s’annoncer décisive.

L’opposition légale

Il a fait une apparition place Tahrir, acclamé par la foule. Samedi, Ayman Nour, chef du parti Al-Ghad et rival malheureux de Moubarak à la présidentielle de 2005, ce qui lui a valu trois ans de prison, est allé prendre le pouls de la colère populaire. Peu visible aux premiers jours du mouvement, l’opposition légale, traditionnelle, est sortie du bois, probablement encouragée par les déclarations venues des Etats-Unis, Barack Obama appelant à une «transition vers un gouvernement répondant aux aspirations» des Egyptiens.

Mais dans l’éventail de l’opposition politique légale en Egypte, rares sont ceux qui tirent leur épingle du jeu : les 19 partis autorisés, des libéraux du Wafd (l’ancien grand parti de l’indépendance) aux ex-communistes du Tagammou en passant par les nasseriens, sont affaiblis par des années de compromissions avec le pouvoir, avec lequel ils ont souvent secrètement négocié leur représentation parlementaire. Leur participation à des élections truquées du début à la fin a achevé de les discréditer auprès de la population qui ne leur fait guère confiance.

Déchirés par des querelles de préséance, ces partis renâclent à faire de Mohamed el-Baradei le porte-parole d’une opposition unifiée. Ils n’ont guère apprécié que le Prix Nobel de la paix, bombardé «principal opposant» par la presse internationale lors de son retour au pays l’an dernier, ne rejoigne pas les rangs d’un parti historiquement constitué, préférant jouer les outsiders pour mieux dénoncer les travers du système et tenter d’éviter la récupération. Il est soutenu par le Front démocratique d’Oussama Ghazali Harb. Mais Baradei lui-même a déçu une partie de ses supporters, d’abord en passant trop de temps hors du pays (il n’a rejoint le Caire qu’au troisième jour des manifestations) ensuite en s’alliant aux Frères musulmans, qui ne le traitent pas en égal.

Les Frères musulmans

«Les Frères n’ont pas le choix, ils doivent aller jusqu’au bout. Si le mouvement échoue, ils savent qu’ils seront les boucs émissaires d’une révolution avortée.» Hier, Mohamed, dont le père appartient à la confrérie, a noté dans la foule rassemblée place Tahrir la présence accrue d’islamistes, discrets durant les premiers jours. Avec 5 millions de sympathisants, ils forment de loin la force d’opposition la plus importante en Egypte, en conflit ouvert avec le régime depuis les années 50.

Depuis une semaine, le pouvoir s’efforce de présenter la confrérie interdite, mais tolérée, comme la responsable des violences qui ont transformé le mouvement de contestation en soulèvement. Mardi dernier, le ministre de l’Intérieur a désigné, sans en apporter de preuve, les islamistes comme responsables de la mort d’un policier place Tahrir. Vendredi soir, dans son discours télévisé, Hosni Moubarak a évoqué, tout comme Ben Ali en Tunisie, une «conspiration» d’«éléments infiltrés» cherchant à plonger le pays dans le chaos.

Fragilisée par cinq années de lourde répression qui ont vu nombre de ces cadres arrêtés, ses finances en parties gelées, et ses structures cassées, la confrérie est affaiblie. Le pouvoir lui a fait payer cher sa percée électorale aux législatives de 2005. Elle a donc longtemps hésité à participer aux législatives de décembre, où, victime d’irrégularités et de fraudes massives, elle a enregistré un score ridicule au premier tour avant de se retirer. Cet échec a renforcé la frange la plus âgée et la plus conservatrice des Frères musulmans, qui se méfient de l’action politique et préfèrent se concentrer sur le travail d’islamisation de la société, que le pouvoir lui concède volontiers. Marqués par le souvenir douloureux de la répression sous Nasser, dans les années 60, ils veulent à tout prix préserver l’organisation.

En revanche, la jeune garde des Frères, formée dans les syndicats de cols blancs aux élections et au pluralisme, milite en faveur de la formation d’un parti, sur le modèle de l’AKP turc. Ces divergences continuent d’affaiblir et de paralyser une confrérie à mi-chemin entre l’AKP et le Hamas (lire page8-9). Pour ne pas effrayer l’opinion et la communauté internationale, les Frères musulmans ont mandaté l’opposant «laïc» Mohamed el-Baradei pour négocier une transition démocratique avec le pouvoir.

L’opposition informelle

Ils sont jeunes, ont un pied dans la mondialisation, voire dans l’altermondialisme. Ils sont les rois d’Internet et ont fait entrer une Egypte jusqu’alors muselée dans l’ère des blogs, de Twitter et de Facebook. Le Mouvement du 6 avril est né du cri de colère poussé un jour par Esraa Abdel Fattah, une jeune Egyptienne dépolitisée, appelant sur Facebook le 6 avril 2008 à une grève générale pour protester contre la vie chère. Le dynamisme de cette opposition informelle et peu structurée suscite l’intérêt des chancelleries occidentales. Qu’un blogueur de renom soit arrêté et Twitter se déchaîne, provoquant à une réaction immédiate du Département d’Etat américain pour aider à sa libération.

Ces collectifs font partie d’une nébuleuse protestataire composée d’éléments disparates : les vestiges du mouvement Kifaya (littéralement «ça suffit»), qui avait prospéré au milieu des années 2000 contre la présidence à vie de Moubarak ; mais aussi les ordres professionnels de cols blancs (journalistes, médecins, avocats, et autres, y compris ceux noyautés par les Frères musulmans) et les syndicats ouvriers, qui ont fait la jonction avec les mouvements de jeunes en 2007 lors des grandes grèves de l’industrie textile dans le delta du Nil.

11-02-01 - Libération -- Il faut relever la tête, même si on doit prendre des cou

11-02-07 - Le Nouvel Observateur -- [HEURE PAR HEURE] Les manifestations en Egypte

Lundi 31 janvier 

23h50 - New-York Le groupe internet américain Google a annoncé qu'il avait coopéré avec Twitter durant le week-end pour mettre en place un système permettant aux Egyptiens d'envoyer des messages sur le site de microblogs par téléphone, en contournant le blocage d'internet.

23h15 - Le Caire Le dernier fournisseur d'accès à internet encore en fonctionnement en Egypte, le groupe Noor, a été bloqué lundi, coupant le pays du reste du monde en pleine crise politique, a indiqué le site américain Renesys spécialisé dans la surveillance du web.

21h05 - Le Caire Le vice-président égyptien Omar Souleimane a annoncé lundi soir lors d'une brève allocution télévisée avoir été chargé par le président Hosni Moubarak d'ouvrir un dialogue immédiat avec l'opposition, au septième jour d'une contestation sans précédent contre le régime.

20h40 - New-York Les prix du pétrole ont connu une nouvelle envolée lundi, le soulèvement populaire en Egypte ayant contribué à porter le baril à de nouveaux plus hauts depuis deux ans à New York, en hausse de 2,85 dollars à 92,19 dollars et à Londres, à plus de 100 dollars.

20h20 - Paris  "La France redoute l'arrivée de flux migratoires en provenance de Tunisie et d'Egypte", a déclaré le président de l'Office de l'immigration et de l'intégration, Dominique Paillé, sur LCI.

20h10 - Washington La Maison Blanche se dite satisfaite de la "retenue" dont ont fait preuve jusqu'à présent les forces égyptiennes, et appelle au calme à la veille de manifestations de masse prévues dans le pays.

20h10 - Le Caire Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé à une "transition pacifique" en Egypte.

19h05 – Le Caire Les forces armées jugent "légitimes" les revendications du peuple égyptien, selon un communiqué officiel.

19h05 – Le Caire Les réformes économiques et démocratiques promises par le président Hosni Moubarak en réponse à la contestation populaire sans précédent sont "une bonne nouvelle" qui bénéficiera aux investisseurs, selon le magnat égyptien des télécoms Naguib Sawiris.

19h – Le Caire Les forces armées égyptiennes assurent qu'elles n'utiliseront pas la force contre les manifestants, selon la télévision d'Etat.

18h20 – Le Caire Les Frères musulmans appellent à la poursuite des manifestations jusqu'à la chute du régime du président Hosni Moubarak.

18h20 – Jerusalem Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyaou agite le spectre d'un régime à l'iranienne en Egypte dans le cas où "un mouvement islamiste organisé prendrait le contrôle de l'Etat" à la faveur du "chaos".

18h15 – Ankara La Turquie demande à l'Egypte de répondre aux "demandes légitimes" du peuple tout en mettant en garde contre une instabilité prolongée dans le pays.

18h05 - Le Caire Les Frères musulmans rejettent le nouveau gouvernement 

17h45 - Ramallah Un haut responsable du Fatah, parti dirigeant de l'Autorité palestinienne, accuse les Etats-Unis de "cynisme" sur les droits de l'Homme, qu'ils défendent en Egypte mais dénient selon lui aux Palestiniens.

17h40 – Beyrouth Le Hezbollah libanais, critique du régime de Hosni Moubarak, salue le peuple égyptien "combattant et résistant" qui mène depuis une semaine une révolte sans précédent contre son président.

17h30 – Londres Les cours du pétrole dépassent à Londres le seuil des 100 dollars le baril poussés par les inquiétudes persistantes sur la situation en Egypte.

16h50 - Bruxelles L'Union européenne réclame des élections "libres et justes" en Egypte 

16h30 - Johannesburg L'Afrique du Sud exhorte le régime du président égyptien Hosni Moubarak et ses opposants à chercher "une solution pacifique" à la crise.

16h25 – Le Caire Une "Marche d'un million" de personnes prévue mardi à Alexandrie, selon un membre du comité de soutien à l'opposant Mohamed ElBaradei.

16h15 - Nicosie La première vague d'Américains évacués d'Egypte est arrivée dans l'île méditerranéenne de Chypre et une dizaine de vols sont encore attendus en provenance du Caire.

16h15 – Ottawa Le premier vol charter affrété par le Canada pour évacuer ses ressortissants d'Egypte a atterri dans ce pays.

16h10 – Gaza Six Palestiniens, dont plusieurs membres du Hamas, évadés d'une prison près du Caire à la faveur des troubles, sont arrivés dans la bande de Gaza.

15h35 – Le Caire La compagnie nationale Egyptair annule tous ses vols intérieurs et extérieurs prévus entre 15h et 8h, à partir d'aujourd'hui et jusqu'à nouvel ordre, précisant que les horaires de certains vols seraient modifiés en fonction des heures du couvre-feu.

15h05 – Copenhague Le géant maritime et pétrolier danois A.P. Moeller-Maersk cesse provisoirement ses activités en Egypte à cause de l'aggravation de la situation dans le pays, même si ses navires continuent à emprunter le canal de Suez.

15h – Bruxelles Les ministres des Affaires étrangères européens décident de geler les avoirs de l'ex-président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali et de son épouse.

14h55 – Milan Le cimentier italien Italcementi, qui revendique la place de numéro un sur le marché égyptien, suspend provisoirement la production de ses cinq usines dans le pays en raison des troubles.

14h45 - Doha Les six journalistes du canal anglophone de la chaîne qatarie Al-Jazira libérés après avoir été brièvement arrêtés au Caire et leur caméra a été confisquée, annonce la télévision. 

14h35 – New-York Les Etats-Unis demandent la libération des reporters d'Al-Jazira en Egypte

14h30 - Paris Les tour-opérateurs n'en sont pas encore à évacuer leurs clients d'Egypte mais ils seront capables de le faire si le besoin s'en faisait sentir, selon le président de l'Association nationale des tour-opérateurs.

14h20 - Le Caire Six journalistes du canal anglophone de la chaîne qatarie Al-Jazira ont été arrêtés au Caire, annonce la télévision.

14h15 – Le Caire La télévision officielle égyptienne annonce la formation d'un nouveau gouvernement en Egypte, largement inchangé à l'exception du ministre de l'Intérieur Habib el-Adli.

14h15 – Paris Benoît Hamon réaffirme le "soutien total" du Parti socialiste au peuple égyptien et à "son aspiration à la démocratie", affirmant que son parti "s'impliquera le plus possible politiquement à (son) côté".

14h10 - Paris Le groupe français de matériaux de construction Saint-Gobain annonce qu'il avait pris la décision de rapatrier dans leurs pays les familles de ses expatriés présentes en Egypte.

13h55 – Bruxelles La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton appelle le régime du président Hosni Moubarak à engager "immédiatement" un dialogue avec l'opposition pour permettre de vraies réformes et répondre aux attentes de la rue.

13h10 – Paris Le Club Méditerranée affrète un vol spécial depuis Taba et pris des places sur des vols programmés depuis Hurghada et Louxor pour permettre à ses clients d'anticiper leur retour face à la révolte sans précédent qui secoue l'Egypte.

12h55 – Paris Le groupe Lafarge annonce qu'il arrête temporairement la production de son usine de ciment en Egypte, d'une capacité annuelle de 10 millions de tonnes.

12h50 – Bordeaux Le ministre de la Défense et maire de Bordeaux, Alain Juppé, affirme sur son blog qu'il fallait "faire confiance aux mouvements démocratiques, les accompagner".

12h45 – Bruxelles Le commissaire européen à l'Energie qualifie d'irresponsable et d'"incompréhensible" la stratégie des autorités égyptiennes pour répondre au mécontentement de la rue, s'écartant ainsi de la ligne de prudence adoptée jusqu'ici à l'UE.

12h30 – Nouakchott Le principal parti d'opposition en Mauritanie, dirigé par Ahmed Ould Daddah, a exprimé lundi son soutien à la "révolution" en Egypte, où le pouvoir est confronté à une contestation sans précédent, et mis en garde le pouvoir à Nouakchott.

12h15 - Le Caire Le canal de Suez, axe stratégique du commerce mondial, fonctionne "à pleine capacité", rapportent les médias officiels, citant un responsable du canal.

12h05 – Stockholm Selon un journal suédois, un touriste suédois en Egypte affirme avoir été arrêté et torturé durant quatre jours par la police au Caire avant de réussir à s'échapper lorsque des manifestants ont mis le feu au bâtiment où il était détenu.

11h30 - Londres Les tensions en Egypte pourraient affecter le passage stratégique du canal de Suez et générer une "pénurie" de pétrole, mais l'Opep serait alors prête à accroître sa production, selon son secrétaire général Abdallah El-Badri.

10h45 – Le Caire Hosni Moubarak nomme un nouveau dirigeant pour le service des renseignements. Pour remplacer l'influent Omar Souleimane, le président egyptien a nommé le général Mourad Mowafi, ancien gouverneur du Sinaï-Nord, à la tête des services de renseignements, selon le journal al-Ahram.

10h05 Moscou Les groupes russe Loukoïl et Novatek indiquent avoir décidé de rapatrier leurs expatriés d'Egypte.

9h30 - Sydney L'Australie va affrêter un vol spécial pour évacuer ses ressortissants d'Egypte et a appelé le gouvernement égyptien à respecter "les désirs légitimes" de sa population pour le changement.

8h45 - Paris L'agence de notation Moody's Investors Service a dégradé d'un cran la note de l'Egypte, désormais ramenée à "Ba2", et pourrait l'abaisser encore à moyen terme.

8h30 - Paris Le groupe français France Telecom rapatrie ses expatriés et leurs familles d'Egypte, soit une vingtaine de personnes, a indiqué une porte-parole du groupe.

8h25 - Le Caire Appel à la grève générale ce lundi. 

8h20 - Le Caire  Des organisateurs du mouvement de contestation ont appelé à une "marche d'un million" de personnes pour mardi.

8h15 - Istanbul La Turquie a rapatrié ces deux derniers jours 1.444 de ses ressortissants en Egypte, mobilisant plusieurs avions, a annoncé le président de l'office des situations d'urgence Mehmet Ersoy. 

11-02-01 - Libération -- En attendant la pénurie, Le Caire stocke

01/02/2011 à 00h00

En attendant la pénurie, Le Caire stocke

Les habitants font des provisions en prévision de jours plus durs.

Par CLAUDE GUIBAL Le Caire, de notre correspondante

Le rideau est fermé, obstinément. Mais ceux qui connaissent Abou Tarek savent qu’il faut taper au bâtiment voisin pour trouver l’épicier, et tenter de faire ses courses. Sur l’avenue Kasr el-Eini, qui mène à la place Tahrir, les magasins n’ont pas ouvert leurs portes depuis vendredi. Et l’appel à la grève générale lancé par l’opposition n’y est pour rien : au Caire, comme dans toutes les villes égyptiennes, la population s’inquiète, et se prépare. Certains produits deviennent difficiles à trouver : le pain, et dans une moindre mesure la farine. Certains ont commencé à stocker. «On en a vu d’autres pendant la guerre», sourit Mona Mokhtar, dont le mari est allé ce matin refaire le plein. En 1973, raconte-t-elle, lors de la guerre du Kippour, la population avait razzié les commerces. Aujourd’hui, c’est loin d’être le cas. Mais le prix des produits frais a augmenté, doublé pour les tomates, par exemple, en raison des barrages filtrants qui ralentissent l’approvisionnement en fruits et légumes de la capitale.

Livraison. Les grandes villes sont équipées en réseau d’eau potable, et dans les villages, les citernes sont encore pleines. A Zamalek, Pacynthe Sabry a insisté, ces derniers jours, pour garder sa pharmacie ouverte. Dans ce quartier huppé, préservé sur son île au milieu du Nil, la plupart ont préféré fermer leurs portes. Avec la disparition de la police, les commerçants ont craint pour leur sécurité, redoutant de devenir une cible de choix pour les bandes des quartiers défavorisés. Tout le week-end, l’officine de Pacynthe a ainsi croulé sous les demandes : insuline en masse, médicaments contre la tension, médicaments pour enfants. En Egypte, où la quasi-totalité des commerces font de la livraison à domicile, les coursiers n’ont pas stoppé leurs va-et-vient.

Hier, après que la télévision d’Etat a annoncé le retour imminent de la police dans les rues, l’affluence a enfin diminué. Un soulagement, reprend la pharmacienne : «Cela fait cinq jours que nous n’avons pas été livrés.» Certains des jeunes manifestants tentaient hier d’organiser des dépôts alimentaires afin d’éviter un effet de pénurie qui pourrait être nuisible, à terme, à l’image du mouvement et fragiliser la mobilisation.

Monnaie. Beaucoup de stations-service ont fermé leurs portes. Certaines ont été détruites, comme celle qui se dresse, noircie, près du bâtiment de l’assemblée du peuple où la foule avait tenté de se rendre vendredi. A travers la ville, les cuves commencent à se vider mais peu de véhicules circulent : le chaos n’a pas épargné les provinces, et les Cairotes préfèrent se terrer chez eux plutôt que de fuir dans les campagnes, plus isolées encore, en laissant leur domicile à la merci d’éventuels pillards. Les chauffeurs de taxi, eux, se frottent les mains. Oubliés les compteurs, oubliée la monnaie à rendre. «L’économie du pays est fichue», soupire l’un d’entre eux. Il a entendu Hosni Moubarak affirmer à la télévision tout mettre en œuvre pour restaurer la confiance. Mais les investisseurs étrangers, dont la foi en l’économie égyptienne avait été dopée par un taux de croissance maintenu à 6 % malgré la crise, risquent de déserter le pays. Le tourisme, première source de revenus, pourrait s’effondrer durablement. Et les Egyptiens savent déjà que la révolution leur coûtera cher.

11-02-01 - Libération -- Face au régime égyptien, une opposition disparate

01/02/2011 à 00h00

Face au régime égyptien, une opposition disparate

Analyse

Les Frères musulmans appelent à défiler aujourd’hui, rejoignant les collectifs de jeunes à l’origine de la révolte et les partis traditionnels discrédités.

Par CLAUDE GUIBAL (au Caire), CHRISTOPHE AYAD

Place Tahrir, le 31 janvier. (REUTERS)

Elle y sera aujourd’hui, c’est sûr, comme tous les jours, depuis vendredi. Le lancinant ballet des hélicoptères, la multiplication des tanks, la crispation très sensible autour de la place Tahrir ne risquent pas d’entamer sa détermination. Fatma a 26 ans, un voile mauve, et vit «les plus beaux moments de sa vie». C’est une amie de fac qui l’a appelée, la veille, pour lui relayer l’information : le Mouvement du 6 avril a demandé à un million d’Egyptiens de descendre dans les rues pour marquer l’anniversaire de cette première semaine de soulèvement populaire. «Nous voulons faire monter la pression sur l’état qui refuse de dialoguer avec les jeunes», explique Moustafa Naggar, coordinateur de la Campagne nationale pour le changement.

Les cyberactivistes du mouvement, en prise de longue date avec les médias arabes et occidentaux présents en Egypte n’ont eu qu’à actionner leurs contacts. «On agit à tous les niveaux : on contacte Al-Jezira, la BBC, on se rabat aussi sur le téléphone et le bouche à oreille.»

Cela suffira-t-il à faire descendre un million de personnes dans la rue alors qu’au plus fort du soulèvement, vendredi, «seules» 120 000 à 150 000 personnes étaient présentes dans les rues du Caire ? La donne a peut-être changé avec l’appel, pour la première fois depuis le début des troubles, lancé hier par les Frères musulmans à «manifester jusqu’à la chute du régime». Réticente, puis prudente, durant les premiers jours de la contestation, la principale force d’opposition au régime, interdite mais tolérée, s’engage désormais ouvertement. Passage en revue des forces d’opposition égyptiennes à la veille d’une journée qui pourrait s’annoncer décisive.

L’opposition légale

Il a fait une apparition place Tahrir, acclamé par la foule. Samedi, Ayman Nour, chef du parti Al-Ghad et rival malheureux de Moubarak à la présidentielle de 2005, ce qui lui a valu trois ans de prison, est allé prendre le pouls de la colère populaire. Peu visible aux premiers jours du mouvement, l’opposition légale, traditionnelle, est sortie du bois, probablement encouragée par les déclarations venues des Etats-Unis, Barack Obama appelant à une «transition vers un gouvernement répondant aux aspirations» des Egyptiens.

Mais dans l’éventail de l’opposition politique légale en Egypte, rares sont ceux qui tirent leur épingle du jeu : les 19 partis autorisés, des libéraux du Wafd (l’ancien grand parti de l’indépendance) aux ex-communistes du Tagammou en passant par les nasseriens, sont affaiblis par des années de compromissions avec le pouvoir, avec lequel ils ont souvent secrètement négocié leur représentation parlementaire. Leur participation à des élections truquées du début à la fin a achevé de les discréditer auprès de la population qui ne leur fait guère confiance.

Déchirés par des querelles de préséance, ces partis renâclent à faire de Mohamed el-Baradei le porte-parole d’une opposition unifiée. Ils n’ont guère apprécié que le Prix Nobel de la paix, bombardé «principal opposant» par la presse internationale lors de son retour au pays l’an dernier, ne rejoigne pas les rangs d’un parti historiquement constitué, préférant jouer les outsiders pour mieux dénoncer les travers du système et tenter d’éviter la récupération. Il est soutenu par le Front démocratique d’Oussama Ghazali Harb. Mais Baradei lui-même a déçu une partie de ses supporters, d’abord en passant trop de temps hors du pays (il n’a rejoint le Caire qu’au troisième jour des manifestations) ensuite en s’alliant aux Frères musulmans, qui ne le traitent pas en égal.

Les Frères musulmans

«Les Frères n’ont pas le choix, ils doivent aller jusqu’au bout. Si le mouvement échoue, ils savent qu’ils seront les boucs émissaires d’une révolution avortée.» Hier, Mohamed, dont le père appartient à la confrérie, a noté dans la foule rassemblée place Tahrir la présence accrue d’islamistes, discrets durant les premiers jours. Avec 5 millions de sympathisants, ils forment de loin la force d’opposition la plus importante en Egypte, en conflit ouvert avec le régime depuis les années 50.

Depuis une semaine, le pouvoir s’efforce de présenter la confrérie interdite, mais tolérée, comme la responsable des violences qui ont transformé le mouvement de contestation en soulèvement. Mardi dernier, le ministre de l’Intérieur a désigné, sans en apporter de preuve, les islamistes comme responsables de la mort d’un policier place Tahrir. Vendredi soir, dans son discours télévisé, Hosni Moubarak a évoqué, tout comme Ben Ali en Tunisie, une «conspiration» d’«éléments infiltrés» cherchant à plonger le pays dans le chaos.

Fragilisée par cinq années de lourde répression qui ont vu nombre de ces cadres arrêtés, ses finances en parties gelées, et ses structures cassées, la confrérie est affaiblie. Le pouvoir lui a fait payer cher sa percée électorale aux législatives de 2005. Elle a donc longtemps hésité à participer aux législatives de décembre, où, victime d’irrégularités et de fraudes massives, elle a enregistré un score ridicule au premier tour avant de se retirer. Cet échec a renforcé la frange la plus âgée et la plus conservatrice des Frères musulmans, qui se méfient de l’action politique et préfèrent se concentrer sur le travail d’islamisation de la société, que le pouvoir lui concède volontiers. Marqués par le souvenir douloureux de la répression sous Nasser, dans les années 60, ils veulent à tout prix préserver l’organisation.

En revanche, la jeune garde des Frères, formée dans les syndicats de cols blancs aux élections et au pluralisme, milite en faveur de la formation d’un parti, sur le modèle de l’AKP turc. Ces divergences continuent d’affaiblir et de paralyser une confrérie à mi-chemin entre l’AKP et le Hamas (lire page8-9). Pour ne pas effrayer l’opinion et la communauté internationale, les Frères musulmans ont mandaté l’opposant «laïc» Mohamed el-Baradei pour négocier une transition démocratique avec le pouvoir.

L’opposition informelle

Ils sont jeunes, ont un pied dans la mondialisation, voire dans l’altermondialisme. Ils sont les rois d’Internet et ont fait entrer une Egypte jusqu’alors muselée dans l’ère des blogs, de Twitter et de Facebook. Le Mouvement du 6 avril est né du cri de colère poussé un jour par Esraa Abdel Fattah, une jeune Egyptienne dépolitisée, appelant sur Facebook le 6 avril 2008 à une grève générale pour protester contre la vie chère. Le dynamisme de cette opposition informelle et peu structurée suscite l’intérêt des chancelleries occidentales. Qu’un blogueur de renom soit arrêté et Twitter se déchaîne, provoquant à une réaction immédiate du Département d’Etat américain pour aider à sa libération.

Ces collectifs font partie d’une nébuleuse protestataire composée d’éléments disparates : les vestiges du mouvement Kifaya (littéralement «ça suffit»), qui avait prospéré au milieu des années 2000 contre la présidence à vie de Moubarak ; mais aussi les ordres professionnels de cols blancs (journalistes, médecins, avocats, et autres, y compris ceux noyautés par les Frères musulmans) et les syndicats ouvriers, qui ont fait la jonction avec les mouvements de jeunes en 2007 lors des grandes grèves de l’industrie textile dans le delta du Nil.

11-02-01 - Libération -- Il faut relever la tête, même si on doit prendre des cou

ps

01/02/2011 à 00h00

«Il faut relever la tête, même si on doit prendre des coups»

Reportage

Les Cairotes organisent l’occupation durable de la place Tahrir.

Par LUC PEILLON Envoyé spécial au Caire

Il a les lèvres qui tremblent, l’avant-bras en mouvement et parle en criant : «Ces salopards ne veulent pas partir, ils n’osent même plus se montrer mais cette fois, on va gagner.» Sur la bien nommée place Tahrir («libération») du Caire, noire de monde hier après-midi, le sentiment d’Omar est largement partagé. A la veille de la grande manifestation où les opposants espèrent rassembler un million de personnes, et au premier jour de la grève générale, l’ambiance est à la victoire. Ou du moins à la confiance.

Les hélicoptères, insistants et volant à basse altitude, ont remplacé les avions de chasse de la veille mais ils n’impressionnent plus. Quant à la police, qui souhaitait reprendre le contrôle du centre-ville, elle a dû renoncer. Les habitants font la circulation, d’autres s’occupent de canaliser les manifestants. L’armée est toujours là, mais reste cantonnée aux abords de la place. Finie cependant la proximité avec la population, qui pouvait jusqu’à samedi monter sur les chars et embrasser les militaires. «Et alors, que peuvent-ils faire, tirer sur des milliers de personnes ? C’est trop tard, nous sommes trop nombreux maintenant», dit, sûr de lui, Ahmed, un jeune avocat qui offre des bouteilles d’eau aux manifestants. Même les baltageyas (hommes de main du régime chargés des basses œuvres) n’effraient plus : «On ne peut plus vivre dans la peur, il faut qu’on relève la tête, même si on doit prendre des coups», poursuit le frêle juriste qui n’a jamais rien connu d’autre que le pouvoir actuel.

Epuisé.«Depuis trente ans, 80 millions d’Egyptiens sont occupés par un seul homme : Moubarak, s’énerve un homme plus âgé, attiré par la conversation. Maintenant, qu’il s’en aille, qu’il nous laisse vivre. Moi, je n’ai plus rien à perdre, je ne veux pas passer le reste de ma vie sous ce régime.»

L’appel à la grève, lui, a été plus ou moins entendu, mais est en partie suivi en raison du blocage d’une partie de l’économie par le couvre-feu. De très nombreux commerces en ville sont fermés depuis vendredi (lire ci-contre), et plusieurs entreprises tournent au ralenti. Sont également grévistes - de fait - les protestataires occupant la place, qui pour certains ne vont plus au travail depuis une semaine. Comme Khaled, vendeur de montres épuisé par le mouvement, et qui n’a pas vu son magasin depuis mardi. «Je ne sais pas ce qu’en pense mon patron, mais tant que Moubarak n’aura pas quitté le pouvoir, je ne bougerai pas d’ici», explique-t-il, avachi sur le sol. Pour Mohamed, agronome, tout s’est arrêté depuis vendredi : «J’attends des nouvelles, même si ça m’arrange, mais jusqu’ici, l’entreprise est fermée.» Privé de travail, il espère seulement être payé.

Sur l’esplanade, où certains désormais passent la nuit, la vie s’organise. Les occupants nettoient minutieusement les lieux, comme un symbole du ménage qu’ils souhaitent voir réaliser à la tête du pouvoir. De petits cortèges de quartier se constituent en amont, avant d’arriver ensemble sur la place. Des pancartes de plus en plus sophistiquées apparaissent, comme ces caricatures de Moubarak en Hitler, ou des écriteaux imprimés sur ordinateur. Des banderoles permanentes surplombent le terre-plein où s’improvisent des débats en continu. Des manifestants forment des cordons pour faire tampons entre la foule et les militaires, d’autres se chargent d’amener - de façon encore limitée - à manger et à boire.

Entre copines. Autre signe du mouvement ascendant de la contestation : de plus en plus de familles sont présentes, mais également des filles, voilées ou non, qui viennent entre copines ou avec leurs parents. Encore peu présents vendredi, les journalistes sont désormais en nombre, auxquels se mélangent des touristes occidentaux. Le mouvement paraît s’être diffusé plus largement à la population, et la crainte de la répression, encore prégnante ce week-end, semble avoir disparu. Une des dernières inconnues a été levée dans la soirée : l’armée a assuré les manifestants, dont elle a jugé «légitimes» les revendications, qu’elle ne fera «pas usage de la force contre le peuple égyptien».

Hier soir, les militaires commençaient toutefois à dérouler des barbelés devant certaines entrées de la place Tahrir, et à renforcer les protections de plusieurs bâtiments, dont celui qui abrite la télévision nationale et l’ambassade américaine. Un écriteau «Moubarak game over» dans la main, ce jeune est en tout cas sûr de lui : «Demain, nous serons un million. Le régime, lui, sera tout seul.»

11-02-01 - Libération -- L’armée lâche Moubarak

01/02/2011 à 00h00

L’armée lâche Moubarak

En jugeant «légitimes» les revendications du peuple, les militaires ont un peu plus isolé le raïs. L’opposition promet aujourd’hui un million de personnes dans les rues d’Egypte.

Par CHRISTOPHE AYAD, ELODIE AUFFRAY, LUC PEILLON (au Caire)

Des militaires au milieu des manifestants, le 30 janvier au Caire. (REUTERS)

Quand le nouveau vice-président, Omar Souleiman, a fait, hier soir, une intervention télévisée aussi inopinée que brève et solennelle, la foule de manifestants massée place Tahrir, au centre du Caire, s’est précipitée vers les postes de télévision, certaine qu’il allait annoncer le départ de Hosni Moubarak. Las, il a tendu la main pour «engager un dialogue avec tous les partis d’opposition» à la demande du Président. Déception. Un jeune étudiant : «C’est un premier pas vers le départ de Moubarak, mais on en veut un de plus, que l’armée lui demande de partir.»

L’espoir est là, la foule, qui sent proche la fin d’un raïs vacillant, est retournée manifester et exiger le départ de Hosni Moubarak, au pouvoir depuis vingt-neuf ans. La place Tahrir est occupée par des dizaines de milliers de protestataires qui, hier soir, s’apprêtaient à y passer la nuit, défiant le couvre-feu en vigueur à partir de 16 heures. Cette immense espace, en plein centre de la capitale égyptienne, ressemble de plus en plus à un forum permanent de la contestation, entouré de tanks et de soldats (lire page 4). Des manifestants ont amené des tapis, d’autres ont installé des tentes sur le gazon du terre-plein central. Un groupe de jeunes étudiants islamistes affiche sa détermination : «On attend le départ effectif de Moubarak, on ne dormira jamais bien tant qu’il sera là.» La télévision est branchée en permanence.

Précaire. Hier après-midi, une foule record s’y pressait depuis le début de la mobilisation, il y a exactement une semaine. Avec un seul mot d’ordre : le départ de Hosni Moubarak. La situation du président égyptien semble de plus en plus précaire. Aucune de ses initiatives n’a calmé la contestation : répression, dissolution du gouvernement, appel aux militaires, nomination d’un vice-président et d’un Premier ministre issus de l’armée, et, hier encore, nomination d’un nouveau gouvernement, dont le ministre de l’Intérieur sortant, Habib al-Adli, ne fait pas partie. Au contraire, ces gestes viennent trop tard et ne répondent pas à la colère d’une opinion révoltée par la répression qui a fait près de 150 morts en une semaine. Ils sont interprétés comme des signes de faiblesse.

Hier, l’armée a annoncé, dans un communiqué lu à la télévision, qu’elle soutenait les «revendications légitimes» du «grand peuple d’Egypte» et qu’elle ne tirerait pas sur les manifestants. C’est un lâchage en bonne et due forme. D’autant qu’il intervient la veille de l’appel à une manifestation géante d’un million de personnes au Caire et à Alexandrie, les deux plus grandes villes du pays. Cet appel se double d’un mot d’ordre de grève générale. Et les Frères musulmans (lire pages 6 et 7), la principale force d’opposition, ont appelé pour la première fois à manifester «jusqu’à la chute du régime». Signes de la nervosité du pouvoir : la circulation des trains a été stoppée dans tout le pays ; et six journalistes d’Al-Jezira ont été arrêtés et relâchés hier.

Ordre. Dounia, 28 ans, est sûre que les soldats ne tireront pas : «Un militaire m’a dit que s’il recevait l’ordre de tirer, il préférait être jugé pour insubordination. Les soldats, on leur donne de l’eau et ils nous donnent à manger. Je suis sûre qu’ils vont lâcher Moubarak, c’est une question de temps.» Un vieil homme est optimiste : «Oui, c’est la fin de Moubarak, mais nous ne serons heureux que quand il sera parti.» Peut-être demain, à l’issue de la plus grande manifestation en Egypte depuis 1919 ?

11-02-01 - Libération blog -- « Le million ! Le million ! »

Un Cairote raconte la crise de régime

« Egypte: Aux peuples du monde entier | Accueil

01/02/2011

Egypte : « Le million ! Le million ! »

Le Caire, 1er février 2011. Un million de manifestants sont attendus aujourd’hui dans les rues du Caire et des grandes villes d’Egypte. L’appel est passé sans Internet, sans SMS. Au Caire, à 11h15 nous sommes déjà entre 300 000 et 500 000 personnes selon la BBC.

Les produits de base se font rares. Les supermarchés ont été quasiment vidés de leurs stocks. Les banques sont fermées, la plupart des magasins aussi et rares sont ceux qui gagnent leur pain quotidien.

La rue, pourtant, ne désemplit pas, et se remplit au contraire davantage. Hier, 31 janvier, la place Tahrir, au centre-ville du Caire, était noire de monde. Une estimation circule : 100 000 personnes.

Les voix sont cassées. Ceux qui se servent d’un mégaphone se comptent sur les doigts de la main. Des manifestants ont élu domicile sur la pelouse centrale de la place Tahrir, inondée par un fichu robinet qui ne cesse de couler. Sur une petite tente minuscule on peut lire une pancarte: Hôtel de la liberté. Photos, éclats de rire. Des volontaires ramassent les ordures, balaient, distribuent de l’eau et de la nourriture.

L’humour est au rendez-vous de façon écrasante. Les slogans scandés, les pancartes et les banderoles suscitent l’hilarité. Un enfant tient à bout de bras une pancarte s’adressant à Moubarak: Allez quoi, dégage, j’ai super mal au bras. Un homme passe imperturbable. Il a la voix et la diction de Louis Jouvet : Nettoyez votre pays, jetez vos Moubaraks. Nettoyez votre pays, jetez vos Moubaraks. D’autres messages sont moins comiques. En milieu de journée une pancarte choc fait son apparition. On y voit Moubarak avec la coiffure et la moustache d’Adolf Hitler. La foule scande : Hitler le voilà ! Hitler le voilà !

Les messages d’unité populaire continuent de nourrir les discours. C’est une révolution populaire indépendante de tout parti, de toute religion, de tout mouvement. Un homme habillé d’une sorte de tablier blanc avec un bandeau sur la tête (façon jihad islamique) fait son apparition. Son passage glace les personnes autour de moi qui le suivent du regard. A l’heure de la prière des centaines de manifestants se recueillent. Les slogans et les darboukas reprennent sitôt après.

En ce 31 janvier, toute la société est représentée dans sa grande diversité. Les enfants, les familles, les étudiants, les barbus, les glabres, les gauchos, les voilées, les pas voilées, les bourgeois, les nassériens, les communistes, les laïques, les activistes.

Vers 1h00 du matin, on apprend une information majeure : l’armée égyptienne déclare solennellement qu’elle ne tirera pas sur les manifestants pendant la marche du 1er février. Tout le monde comprend, que pour Hosni Moubarak, c’est terminé. La réaction internationale est immédiate. Changement radical du discours. Deux ex-ambassadeurs américains en poste à Tel Aviv et au Caire s’expriment à la BBC World: Moubarak has to step down. Dans la langue de Sarkozy: casse-toi pov con.

La suite bientôt.

11-02-01 - Le Figaro -- En Égypte, les généraux détiennent les clés du pays

En Égypte, les généraux détiennent les clés du pays

Mots clés : armée, révoltution, ÉGYPTE, Hosni Moubarak

Par Jean-Jacques Mevel, tangi salaun
01/02/2011 | Mise à jour : 16:29 Réactions (53)

L'attitude de l'armée fait depuis le début de la contestation l'objet de toutes les spéculations.

«L'armée ne tirera pas sur le peuple», dont elle considère les demandes «légitimes». Un porte-parole de l'armée a jeté le trouble, lundi en début de soirée, en intervenant en direct sur les ondes de la télévision d'État, alors que les manifestants anti-Moubarak prévoient aujourd'hui une grande marche vers le palais présidentiel. Les militaires avaient déjà prévenu samedi qu'ils n'interviendraient pas contre les manifestants, et les scènes de fraternisation ont achevé de convaincre les Égyptiens que «le peuple et l'armée ne font qu'un», le slogan le plus entendu depuis vendredi au Caire. Mais tous les Égyptiens s'interrogent pour savoir s'il faut y voir un «lâchage» en règle du raïs.

L'attitude de l'armée fait depuis le début de la contestation l'objet de toutes les spéculations. Beaucoup d'experts voient dans le flottement des derniers jours le signe de dissensions au sein de la hiérarchie militaire. Pour compliquer les choses, les deux hommes de confiance nommés dimanche par Hosni Moubarak, le premier ministre Ahmed Chafiq, ancien commandant en chef des forces aériennes, et le vice-président Omar Souleiman, ex-chef des services de renseignements militaires, ont la réputation de ne pas entretenir les meilleures relations. Ajoutant à la confusion, les deux hommes se sont dits, l'un après l'autre lundi, mandatés pour dialoguer avec l'opposition.

Premier entrepreneur du pays

Outre son image de «protectrice» du peuple et de garante de la Constitution, Al-Geish (l'armée) a beaucoup à perdre d'un enlisement de la crise, synonyme d'effondrement durable de l'économie du pays. Depuis la signature de la paix avec Israël en 1978, l'armée, privée d'ennemi déclaré - même si elle continue de regarder son voisin avec méfiance, voire hostilité -, s'est en effet progressivement reconvertie en premier entrepreneur du pays. Non seulement dans l'industrie de l'armement, mais aussi dans des secteurs civils, comme le BTP, la production de biens de consommation et même le tourisme.

Une armée très secrète

Les militaires construisent des ponts, des autoroutes et des réfrigérateurs. L'armée produit de l'eau, de l'huile d'olive et de l'essence. Elle gère des hôpitaux, des hôtels sur la mer Rouge, possède de vastes domaines dans le delta du Nil et pratiquement tout le littoral ainsi que les terres désertiques du pays. En 2008, lorsque la flambée des cours mondiaux des matières premières agricoles a provoqué une pénurie du pain subventionné, menaçant de dégénérer en émeutes, ce sont les fours militaires que le président Moubarak a mobilisés pour rétablir la situation.

À quoi ont servi les quelque 27 milliards d'euros d'aide américaine qu'elle a reçus depuis la signature des accords de Camp David? Difficile de le dire: son budget est secret, comme à peu près tout ce qui la concerne. Même ses effectifs prêtent à interrogation. On les estime entre 400.000 et 500.000 hommes, dont 20.000 dans la garde présidentielle, l'unité d'élite de Hosni Moubarak.

Hostilité des généraux

Les États-Unis, en tout cas, aimeraient la voir évoluer et consacrer davantage d'argent, selon un télégramme diplomatique révélé par WikiLeaks, à la lutte antiterroriste plutôt qu'à l'achat de matériel conventionnel, comme les chars Abraham stationnés depuis quelques jours dans les rues des grandes villes égyptiennes.

Le chef d'état-major des armées, le général Sami Annan, s'entretenait avec son homologue américain à Washington quand l'armée a repris les choses en main. Rentré précipitamment samedi au Caire, il serait pour beaucoup dans la décision de l'armée de ne pas intervenir contre la foule. L'an dernier, il aurait fait part au président Moubarak de l'hostilité des généraux à un scénario de transmission héréditaire du pouvoir à son fils Gamal. Une hypothèse très impopulaire dans la population.


11-02-01 - Libération -- La situation en Egypte fait flamber les cours du pétrole

01/02/2011 à 17h07

La situation en Egypte fait flamber les cours du pétrole

Evolution du prix du baril de Brent depuis 2008 (photo AFP)

Les prix du pétrole se repliaient à New York mardi alors que le marché s'offrait un répit après deux jours de forte progression sur fond de manifestations sans précédent en Egypte.

Vers 14H10 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mars s'échangeait à 91,87 dollars, en recul de 32 cents par rapport à la veille.

A Londres, le baril de Brent cédait du terrain également, mais se maintenait à plus de 100 dollars.

Les prix se repliaient de leurs plus hauts niveaux depuis octobre 2008. Le baril de pétrole texan avait gagné 6,55 dollars en deux jours.

L'envolée des prix du pétrole a été nourrie sur les deux dernières séances par la prime de risque géopolitique accordée à la suite du soulèvement populaire en Egypte.

Le pays n'est pas un producteur essentiel, mais il abrite deux voies stratégiques acheminant le brut du Moyen-Orient de la mer Rouge à la Méditerranée : le canal de Suez et l'oléoduc Suez-Méditerranée (Sumed).

La journée de mardi se voulait décisive, avec des manifestations massives à l'appel de l'opposition qui attendait un million de personnes dans les rues. De son côté, l'armée s'est engagée à ne pas faire usage de la force.

"Il y a l'espoir d'une transition ordonnée, s'il devait y en avoir une. Il ne semble pas que l'armée va refouler les manifestants. Cela apaise certaines craintes du marché", a constaté Phil Flynn, de PFG Best Research.

Toutefois, les opérateurs gardaient un oeil sur la situation en Jordanie, où le roi Abdallah II a nommé un nouveau gouvernement après plusieurs manifestations de l'opposition.

"Les flammes du mécontentement continue de se propager", a observé Phil Flynn, tempérant la détente du marché. Après la Tunisie et l'Egypte, les investisseurs s'inquiétaient de la contagion des mouvements de protestation dans une région sensible, notamment à des pays producteurs de pétrole comme l'Algérie ou la Libye.

Sur un tout autre sujet, les opérateurs de marché aux Etats-Unis surveillaient la progression d'une nouvelle offensive hivernale dans le centre du pays, accompagnée de fortes chutes de neige, de pluies verglaçantes et de vent en rafales.

"Il y a beaucoup d'inquiétudes au sujet de la tempête et de son impact sur la demande", a rapporté Phil Flynn.

(source AFP)


11-02-16 - Le Monde -- A Zamalek, la bourgeoisie du Caire défend ses biens et prend ses distances avec le régime

A Zamalek, la bourgeoisie du Caire défend ses biens et prend ses distances avec le régime

LE MONDE | 31.01.2011 à 12h07 • Mis à jour le 16.02.2011 à 17h20 | Par Benjamin Barthe - Le Caire Envoyé spécial

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Il y a encore une semaine, Samer Ahmed, vingt-six ans, travaillait comme analyste financier, spécialisé dans le risque-crédit, au sein de la Banque d'Alexandrie. Mis au chômage technique par la révolte qui embrase son pays, il traite toujours de question de risque, mais dans un contexte radicalement différent. Avec quelques amis, il gère un barrage routier sur la corniche de Zamalek, l'un des bastions de la bourgeoisie cairote.

Leur mission consiste à empêcher toute intrusion indésirée dans les rues de cette île verdoyante, qui abrite une pléiade d'ambassades, de restaurants chics et d'immeubles résidentiels, juste en face de la place Tahrir, l'épicentre du soulèvement. Comme eux, des centaines d'habitants de Zamalek ont dû s'improviser vigiles afin de pallier la disparition de la police des rues de la capitale et de refouler les éventuels pillards, attirés par le lustre de leur quartier.

"C'est très simple, on demande aux conducteurs leur carte d'identité et s'ils n'habitent pas Zamalek, ils ne passent pas", dit Samer, déjà rompu à la sévérité exigée par sa nouvelle fonction. Après avoir récupéré ses papiers, la conductrice d'une Mercedes blanche, enveloppée dans un manteau de fourrure, lance par la fenêtre: "Que Dieu vous bénisse, jeunesse d'Egypte!" Pour filtrer le trafic, Samer et ses nouveaux collègues disposent d'une barrière sur roulettes, qu'ils ont empruntée à une ambassade des environs. En guise d'armement, ils ont un simple bâton de bois au bout duquel ils ont accroché un couteau effilé. Les rares automobilistes qui se risquent dans les rues de Zamalek, en cette fin d'après-midi du dimanche 30 janvier, se plient de bonne grâce au contrôle.

"Tout le monde souffre de cette situation, ils savent que l'on fait ça pour eux", dit Samer. Lui-même ne se plaint pas de sa reconversion forcée. "Nous voulons un changement, dit-il. Cette révolution n'est pas seulement celle des pauvres, qui n'ont rien à manger. Elle est aussi celle de la classe moyenne, qui souffre des bas salaires, de l'inflation et des passe-droits dont bénéficient les favoris du régime. Ceux-là sont exaspérés par ce qui se passe. J'en avais d'ailleurs quelques-uns pour client. La corruption, je l'ai vue défiler sur mon écran d'ordinateur."

Un policier à scooter, armé d'une kalachnikov, stoppe devant le barrage. Il appartient aux forces spéciales, une unité épargnée par le discrédit qui touche la plupart des agences de sécurité. Il donne son numéro de téléphone avec la consigne de l'appeler au moindre pépin. "C'est une exception, dit Youssef, un étudiant en journalisme qui vient prendre son quart sur le barrage. La quasi-totalité des forces de police a disparu de la circulation après l'intervention de Moubarak à la télévision, vendredi. Ils cherchent à nous faire peur, à semer le chaos pour discréditer la révolution."

"ECHANGES DE COUPS DE FEU"

La tactique d'ailleurs n'est pas complètement inefficace. Une angoisse diffuse plane sur les rues désertes de Zamalek, le long des jardins du club Gazira, haut lieu de rencontre de l'élite cairote. Au volant de sa voiture couverte de poussière, Chénouda Badawi, vingt ans, étudiant ingénieur, confie son malaise. "Ma mère et ma sœur sont terrifiées. Il faut que le calme revienne. Le message a été entendu. Moubarak doit rester au pouvoir le temps que l'opposition se structure. Sinon ce sera le chaos." Membre de la minorité copte, une communauté ébranlée par l'attentat d'Alexandrie, qui a fait 23 morts dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, le jeune homme est sensible à la propagande des autorités, qui ne cessent d'agiter l'épouvantail islamiste. "Les Frères musulmans sont en train de s'emparer de la place Tahrir. On y voit de plus en plus de barbus", affirme Chénouda contre toute évidence.

Deux kilomètres plus loin, sur l'avenue du 26-Juillet, l'artère principale de Zamalek, jalonnée de restaurants, de joailliers et de boutiques de souvenirs, un autre barrage est dressé. Essam Kamel, 52 ans, vêtu d'un pull-over en laine sur une chemise à carreaux vichy, s'y est porté volontaire. Dans la vie d'avant la révolution, Essam était consultant en management. Aujourd'hui, armé d'une pompe à vélo, il est la sentinelle de Zamalek.

"Nous demandons aux conducteurs leurs papiers, même la carte grise du véhicule, car il y a eu beaucoup de voitures volées ces derniers jours, dit-il tout pénétré de l'importance de sa mission. Hier soir, plusieurs voitures remplies d'individus louches ont été refoulées. Il y a même eu des échanges de coups de feu." Des insurgés de la place Tahrir, Essam n'a que du bien à dire. "Ils veulent la démocratie, comme moi, comme lui, comme tout le monde ici. Si Moubarak avait un gramme de dignité, il serait déjà parti. Depuis trente ans, il dit qu'il travaille pour le bien du peuple. Alors qu'il le prouve et qu'il dégage. Même Souleiman [le patron des services secrets nommé vice-président samedi], je n'en veux pas. C'est trop tard, il est trop lié à Moubarak".

Hussein Chafic, la cinquantaine élégante, est également descendu dans la rue, avec une tringle à rideau en guise de hallebarde. Vêtu d'une polaire beige, ce gynécologue aux tempes argentées est prêt à donner une chance à M. Souleiman, l'homme apprécié d'Israël et des Etats-Unis, mais seulement le temps que des élections libres soient organisées. "Dans quelques jours, la nourriture viendra à manquer, fait-il remarquer. Les salaires n'ont pas été payés. La Bourse a fermé. Il ne faudrait pas que cette situation de chaos perdure trop longtemps", ajoute-t-il.

Dans la patrouille de guetteurs auquel il s'est joint, il y a un bawab (concierge) nubien, deux fils de famille, un employé de station-service et un petit fonctionnaire. Une phalange hétéroclite à l'image de cette révolution sans leader, qui semble galvaniser le peuple tout entier. "C'est normal, dit Hussein. Ce régime s'est attiré la haine de tous les milieux sociaux. La corruption, les violences policières ou la destruction du système éducatif, tout le monde en pâtit." Il est 20 heures. Le silence règne sous le halo des lampadaires. Samer, Youssef, Essam et les autres veillent sur les nuits de Zamalek.

Benjamin Barthe - Le Caire Envoyé spécial

11-02-01 - Daily Democrat -- Massive crowds across Egypt demand Mubarak ouster

Feb 1, 7:22 AM EST


Massive crowds across Egypt demand Mubarak ouster

By SARAH EL DEEB and HADEEL AL-SHALCHI
Associated Press


AP Photo/Khalil Hamra






CAIRO (AP) -- More than 200,000 people flooded into the heart of Cairo Tuesday, filling the city's main square as a call for a million protesters was answered by the largest demonstration in a week of unceasing demands for President Hosni Mubarak to leave after nearly 30 years in power.

Protesters streamed into Tahrir, or Liberation, Square, among them people defying a government transportation shutdown to make their way from rural provinces in the Nile Delta. The peaceful crowd was jammed in shoulder to shoulder - schoolteachers, farmers, unemployed university graduates, women in conservative headscarves and women in high heels, men in suits and working-class men in scuffed shoes.

They sang nationalist songs and chanted the anti-Mubarak "Leave! Leave! Leave!" as military helicopters buzzed overhead. Organizers said the aim was to intensify marches to get the president out of power by Friday, and similar demonstrations erupted in at least five other cities around Egypt.

Soldiers at checkpoints set up the entrances of the square did nothing to stop the crowds from entering.

The military promised on state TV Monday night that it would not fire on protesters, a sign that army support for Mubarak may be unraveling as momentum builds for an extraordinary eruption of discontent and demands for democracy in the United States' most important Arab ally.

"This is the end for him. It's time," said Musab Galal, a 23-year-old unemployed university graduate who came by minibus with his friends from the Nile Delta city of Menoufiya.

Mubarak, 82, would be the second Arab leader pushed from office by a popular uprising in the history of the modern Middle East.

The loosely organized and disparate movement to drive him out is fueled by deep frustration with an autocratic regime blamed for ignoring the needs of the poor and allowing corruption and official abuse to run rampant. After years of tight state control, protesters emboldened by the overthrow of Tunisia's president last month took to the streets on Jan. 25 and mounted a relentless and once unimaginable series of protests across this nation of 80 million people - the region's most populous country and the center of Arabic-language film-making, music and literature.

Mubarak's weakening hold on power has forced the world to plan for the end of a regime that maintained three decades of peace with Israel and relative stability despite a powerful domestic Islamist terrorist threat, even as its human rights record was constantly criticized the gap between rich and poor widened.

Nearly half of Egypt's 80 million people live under or just above the poverty line set by the World Bank at $2 a day.

Troops and Soviet-era and newer U.S.-made Abrams tanks stood at the roads leading into Tahrir Square, a plaza overlooked by the headquarters of the Arab League, the campus of the American University in Cairo, the famed Egyptian Museum and the Mugammma, an enormous winged building housing dozens of departments of the country's notoriously corrupt and inefficient bureaucracy.

The protesters were more organized than on previous days. Volunteers wearing tags reading "the People's Security" circulated through the crowds, saying they were watching for government infiltrators who might try to instigate violence.

"We will throw out anyone who tries to create trouble," one announced over a loudspeaker. Other volunteers joined the soldiers at the checkpoints, searching bags of those entering for weapons. Organizers said the protest would remain in the square and not attempt to march to avoid frictions with the military.

Two dummies representing Mubarak were hung from traffic lights. On their chests was written: "We want to put the murderous president on trial." Their faces were scrawled with the Star of David, an allusion to many protesters' feeling that Mubarak is a friend of Israel, still seen by most Egyptians as their country's archenemy more than 30 years after the two nations signed a peace treaty.

Every protester had their own story of why they came - with a shared theme of frustration with a life pinned in by corruption, low wages, crushed opportunites and abuse by authorities.

Sahar Ahmad, a 41-year-old school teacher and mother of one, said she has taught for 22 years and still only makes about $70 a month.

"There are 120 students in my classroom. That's more than any teacher can handle," said Ahmad. "For me, change would mean a better education system I can teach in and one that guarantees my students a good life after school. If there is democracy in my country, then I can ask for democracy in my own home."

Tamer Adly, a driver of one of the thousands of minibuses that ferry commuters around Cairo, said he was sick of the daily humiliation he felt from police who demand free rides and send him on petty errands, reflecting the widespread public anger at police high-handedness.

"They would force me to share my breakfast with them ... force me to go fetch them a newspaper. This country should not just be about one person," the 30-year-old lamented, referring to Mubarak.

Among the older protesters there was also a sense of amazement after three decades of unquestioned control by Mubarak's security forces over the streets.

"We could never say no to Mubarak when we were young, but our young people today proved that they can say no, and I'm here to support them," said Yusra Mahmoud, a 46-year-old school principal who said she had been sleeping in the square alongside other protesters for the past two nights.

Authorities shut down all roads and public transportation to Cairo, security officials said. Train services nationwide were suspended for a second day and all bus services between cities were halted.

All roads in and out of the flashpoint cities of Alexandria, Suez, Mansoura and Fayoum were also closed.

The officials said thousands of protesters gathered in Alexandria, Suez, the southern province of Assiut, the city of Mansoura north of Cairo, and Luxor, the southern city where some 5,000 people protested outside its iconic Ancient Egyptian temple on the east bank of the Nile.

The officials spoke on condition of anonymity because they were not authorized to speak to the media.

Normally bustling, Cairo's streets outside Tahrir Square had a fraction of their normal weekday traffic.

Banks, schools and the stock market in Cairo were closed for the third working day, making cash tight. Long lines formed outside bakeries as people tried to replenish their stores of bread, for which prices were spiraling.

An unprecedented shutdown of the Internet was in its fifth day after the last of the service providers abruptly stopped shuttling Internet traffic into and out of the country.

Cairo's international airport remained a scene of chaos as thousands of foreigners sought to flee.

The official death toll from the crisis stood at 97, with thousands injured, but reports from witnesses across the country indicated the actual toll was far higher.

The protesters - and the Obama administration - roundly rejected Mubarak's appointment of a new government Monday afternoon that dropped his highly unpopular interior minister, who heads police forces and has been widely denounced by the protesters. Mubarak was shown making the appointment on state television but made no comment.

Then, hours after the army's evening announcement said it would not use force on the protesters, Vice President Omar Suleiman - appointed by Mubarak only two days earlier in what could be a sucession plan - went on state TV to announce the offer of a dialogue with "political forces" for constitutional and legislative reforms.

Suleiman did not say what the changes would entail or which groups the government would speak with. Opposition forces have long demanded the lifting of restrictions on who is eligible to run for president to allow a real challenge to the ruling party, as well as measures to ensure elections are fair. A presidential election is scheduled for September.

Unity was far from certain among the array of movements involved in the protests, with sometimes conflicting agendas - including students, online activists, grass-roots organizers, old-school opposition politicians and the fundamentalist Muslim Brotherhood, along with everyday citizens drawn by the exhilaration of marching against the government.

The various protesters have little in common beyond the demand that Mubarak go. Perhaps the most significant tensions among them is between young secular activists and the Muslim Brotherhood, which wants to form a state governed by Islamic law but renounced violence in the 1970s unlike other Islamist groups that waged a violent campaign against the government in the 1980s and 1990s. The more secular are deeply suspicious the Brotherhood aims to co-opt what they contend is a spontaneous, popular movement. American officials have suggested they have similar fears.

A second day of talks among opposition groups at the headquarters of the liberal Wafd party fell apart after many of the youth groups boycotted the meeting over charges that some of the traditional political parties have agreed to start a dialogue with Suleiman.

Nasser Abdel-Hamid, who represents pro-democracy advocate Mohamed ElBaradei, said: "We were supposed to hold talks today to finalize formation of a salvation front, but we decided to hold back after they are arranging meetings with Sulieman."

The U.S. State Department said that a retired senior diplomat - former ambassador to Egypt Frank Wisner - was now on the ground in Cairo and will meet Egyptian officials to urge them to embrace broad economic and political changes that can pave the way for free and fair elections.

ElBaradei, the former head of the U.N. nuclear watchdog, invigorated anti-Mubarak feeling with his return to Egypt last year, but the outlawed Muslim Brotherhood remains Egypt's largest opposition movement.

In a nod to the suspicions, Brotherhood figures insist they are not seeking a leadership role.

Still, Brotherhood members appeared to be joining the protest in greater numbers and more openly. During the first few days of protests, the crowd in Tahrir Square was composed of mostly young men in jeans and T-shirts.

Many of the volunteers handing out food and water to protesters were men in long traditional dress with the trademark Brotherhood appearance - a closely cropped haircut and bushy beards.


11-02-01 - L'Humanité -- Des millions d'Egyptiens dans la rue contre Moubarak

Deux millions de manifestants étaient rassemblés mardi place Tahrir au Caire pour la "marche du million"

Monde - le 28 Janvier 2011

Heure par heure, suivez les événements en Egypte

Des millions d'Egyptiens dans la rue contre Moubarak

L'ONU évoque le chiffre de 300 morts et des milliers de blessés depuis le début de la contestation

S'inspirant de la "Révolution de jasmin" tunisienne qui a conduit à la fuite du président Ben Ali le 14 janvier dernier, les Egyptiens descendent quotidiennement dans la rue depuis le 25 janvier dans le cadre d'une contestation sans précédent contre le régime d’Hosni Moubarak.

La "Marche du million" a dépassé les espérances des opposants au régime avec deux millions de manifestants au Caire et près d'un million dans la deuxième ville du pays, Alexandrie.

 

22h- Dans une allocution télévisée, le président Hosni Moubarak annonce qu'il restera à son poste jusqu'aux élections présidentielles de septembre auxquelles il ne se présentera pas.

21h- Plus d'un million de personnes dans les rues, selon les services de sécurité égyptiens

16h15- "Le président Moubarak doit partir", selon Roland Muzeau. Le porte-parole des députés communistes a estimé à propos des événements en Egypte que le président Moubarak devait "partir et laisser la place à une véritable démocratie". Interrogé à l'Assemblée, Roland Muzeau a estimé qu'"en Egypte, une mafia a accaparé pouvoir et richesses". "Il y a un peuple qui souffre et des dirigeants qui se goinfrent", a-t-il poursuivi. "La situation nécessite que la France et l'UE prennent des décisions claires à l'égard de ce qu'il se passe. Le président Moubarak doit partir; l'ensemble des dirigeants doivent se retirer et laisser la place à une véritable démocratie", a-t-il conclu.

15h30- Aung San Suu Kyi aux manifestants égyptiens : "nous sommes tous avec vous". L'opposante birmane et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi a affirmé mardi sur la BBC : "Nous sommes tous" avec les manifestants égyptiens qui demandent le départ du président Hosni Moubarak. "Je souhaite que vous sachiez que nous sommes tous avec vous, que ceux à travers le monde qui veulent la liberté se sentent en prise avec d'autres personnes qui luttent pour la liberté", a déclaré Aung San Suu Kyi dans une interview à la radio britannique BBC. "Je pense qu'il est normal que la population soit fatiguée après plusieurs années de régime autoritaire", a-t-elle ajouté, avant de lancer un message aux manifestants: "il est nécessaire de garder la tête froide (...) et de ne jamais perdre espoir et de continuer."

14h30. Selon la chaîne Al-Jazeera, il y aurait deux millions de manifestants au Caire, place Tahrir et dans les environs. Des soldats ont déployé des barbelés aux abords de l'immense place, devenue au fil des jours le point de ralliement de la contestation, mais ils n'ont pas tenté quoi que ce soit face aux manifestants.

14h00. Le roi de Jordanie nomme un nouveau Premier ministre à la suite de manifestations du 28 janvier.

13h40- Plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient rassemblées en début d'après-midi à Alexandrie au 8ème jour d'une révolte populaire réclamant le départ du président égyptien Hosni Moubarak. Environ 50.000 personnes étaient réunie devant la mosquée Qaëd Ibrahim et la gare ferroviaire.

12h30- Le président égyptien Hosni Moubarak doit quitter le pouvoir "d'ici à vendredi" afin d'éviter un bain de sang, a déclaré mardi l'opposant Mohamed ElBaradei à la chaîne satellitaire Al Arabiya.

12h20- Plusieurs centaines de milliers de manifestants étaient rassemblés mardi place Tahrir au Caire pour la "marche du million". Des manifestants, dont de nombreux arboraient des drapeaux égyptiens, ont convergé vers la place de la Libération, devenue l'épicentre de la révolte populaire qui a fait selon, la haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay, 300 morts depuis le 25 janvier.

11h55- L'ONU évoque le chiffre de 300 morts depuis le début de la contestation en Egypte.

11h30- Sur la place Tahir, au Caire, couché par terre, faisant le mort, un manifestant crie: "La liberté ou la mort ! Je suis prêt à rester là dix, vingt ou trente ans. Mourir pour moi ne signifie rien, puisque je suis mort il y a trente ans, quand Moubarak est arrivé au pouvoir".

11h15-  Plusieurs dizaines de milliers de manifestants au Caire et à Alexandrie. Plusieurs dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés mardi sur la place Tahrir, dans le centre du Caire, pour réclamer une nouvelle fois le départ du président égyptien Hosni Moubarak. A Alexandrie, la deuxième ville du pays, des milliers de personnes étaient rassemblées dans la matinée près de la gare principale pour participer à la "marche du million". Beaucoup avaient apporté de la nourriture et des couvertures.

10h30- L'armée égyptienne a fermé mardi matin les accès au Caire et à d'autres villes où des manifestants prévoyaient de se rendre pour la "marche du million" prévue à l'appel du mouvement de contestation qui réclame le départ du président Hosni Moubarak. L'autoroute reliant Alexandrie au Caire est bloquée à un kilomètre de la capitale par un barrage de l'armée

8h30- 50 ONG des droits de l'homme appellent Moubarak "à se retirer". Cinquante organisations égyptiennes de défense des droits l'Homme ont appelé dans un communiqué mardi le président Hosni Moubarak à "se retirer" du pouvoir pour "éviter un bain de sang", au 8è jour d'une révolte populaire réclamant son départ et ayant fait au moins 125 morts.

7h30- Plus de 5.000 personnes étaient déjà rassemblées mardi tôt dans la matinée dans le centre du Caire pour une manifestation géante contre le président égyptien Hosni Moubarak.  Les manifestants lançaient des slogans comme "Dehors Moubarak", et brandissaient des affiches représentant le président pendu, ou sa photo avec la mention "ta tête va tomber". De nombreuses personnes ont passé la nuit sur la grande place Tahrir, épicentre depuis mardi dernier des manifestations qui ébranlent le régime. Des hélicoptères survolent régulièrement le centre du Caire, et l'armée contrôle de nombreux accès au centre ville.

11-02-01 - Libération -- Je ne me présenterai pas» à la présidentielle de septembre

01/02/2011 à 07h11

Moubarak: «Je ne me présenterai pas» à la présidentielle de septembre

Le récit de la journée de mardi

Libération.fr et Elodie Auffray, envoyée spéciale au Caire

Place de Tahrir, au Caire. (Reuters)

L'ESSENTIEL — Les Egyptiens ont répondu en masse ce mardi à l'appel de «la marche à un million» de personnes. Une marée humaine a envahi la place Tahrir au Caire et les manifestants parlent déjà de l'après-Moubarak.

21h57. Le président égyptien Hosni Moubarak annonce qu'il ne sera pas candidat à la présidentielle de septembre, dans un discours très attendu retransmis à la télévision. «Je le dis en toute sincérité, et sans tenir compte de la situation actuelle, je ne comptais pas me présenter à un nouveau mandat présidentiel», déclare-t-il. «J'ai passé assez de temps à servir l'Egypte et son peuple», a-t-il ajouté. «Je n'ai jamais demandé le pouvoir». «Je vous parle dans des conditions difficiles qui mettent l'Egypte et son peuple à l'épreuve et qui pourraient l'entraîner vers l'inconnu», ajoute Hosni Moubarak, estimant que le pays a le choix entre «le chaos et la stabilité». «Ce pays, j'y ai vécu, j'ai fait la guerre pour lui, et l'histoire me jugera (...) Ma première responsabilité maintenant est de ramener la sécurité et la stabilité à la patrie pour assurer la transition pacifique du pouvoir».

Aussitôt après son discours, des milliers de manifestants réunis dans le centre du Caire demandent de nouveau le départ immédiat de Moubarak, selon des correspondants de l'AFP sur place. «Dégage ! Dégage !», scandent-ils.

21 heures. Le président égyptien Hosni Moubarak va prononcer «un discours important» sous peu, annonce la télévision d'Etat dans un bandeau au bas de l'écran.

20 heures. A écouter, ici. Notre envoyée spéciale, Elodie Auffray, fait le point sur la journée de mobilisation de masse, où des centaines de milliers de personnes sont descendus dans la rue.

19h55. Plus d'un million de personnes ont manifesté mardi en Egypte pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak, selon des sources au sein des services de sécurité. Au moins 500.000 personnes se sont rassemblées dans le centre du Caire, d'après la sécurité égyptienne. A Alexandrie, la deuxième ville d'Egypte, de 400.000 à 500.000 personnes ont défilé, ont dit des sources de sécurité locales et un journaliste de l'AFP sur place.

19 heures. Les prix du pétrole flambent. Le pays n'est pas un producteur essentiel, mais il abrite deux voies stratégiques acheminant le brut du Moyen-Orient de la mer Rouge à la Méditerranée.

 

18 heures. Une blogueuse américaine, surnommée Furrygirl, a créé et posté sur internet un montage de photos du film «Indiana Jones et les aventuriers de l'arche perdue» de Steven Spielberg pour «expliquer la révolution égyptienne aux Américains». Diapo à voir sur notre site Next


17h50. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté à Alexandrie, la deuxième ville du pays. Une foule compacte de manifestants souriants s’est rassemblée dans une ambiance bon enfant devant la mosquée Qaëd Ibrahim, dans le centre-ville, avant de marcher sur le front de mer. Le cortège était long de cinq km, mais le nombre exact de manifestants était toutefois impossible à évaluer, beaucoup d’entre eux marchant dans des rues parallèles.

--> Marée humaine au Caire. Les images, ici.

17h12. L’opposant Mohamed el Baradei a présenté des scénarios pour «l’après-Moubarak» à des diplomates occidentaux.

Des discussions en ce sens ont eu lieu au téléphone avec l’ambassadrice des Etats-Unis et l’ambassadeur de Grande-Bretagne. El Baradei propose de confier au vice-président Omar Souleimane, nommé samedi, la charge d'assurer une présidence intérimaire. Cette période de transition permettrait de dissoudre les deux chambres du Parlement et de réviser la constitution en vue d'élections législatives et présidentielle.

Dans un autre scénario, el Baradei propose de constituer un conseil présidentiel comprenant trois personnalités, un militaire et deux civils, pour gérer la transition une fois  Moubarak parti.

17 heures. La Grèce a évacué 155 ressortissants vivant à Alexandrie, à l'aide de trois vols spéciaux qui ont atterri dans l'après-midi à Athènes.

Les autorités britanniques ont annoncé l'envoi d'un avion charter au Caire pour rapatrier les ressortissants britanniques désireux de quitter l'Egypte.

16 heures. Pénurie? Certains produits deviennent difficiles à trouver: le pain, et dans une moindre mesure, la farine. Certains ont commencé à stocker. C'est à lire ici dans Libé du jour (zone abonnés)

Vu sur Twitter:

--> Reportage photos. A voir sur Al-Jezira.

15h50. L'ambassadeur des USA en Egypte discute avec l'opposant el Baradei.

15h42. L’opposante birmane et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, sur la BBC: «Je souhaite que vous sachiez que nous sommes tous avec vous, que ceux à travers le monde qui veulent la liberté se sentent en prise avec d’autres personnes qui luttent pour la liberté.»
«Je pense qu’il est normal que la population soit fatiguée après plusieurs années de régime autoritaire», a-t-elle ajouté: «il est nécessaire de garder la tête froide (…) et de ne jamais perdre espoir et de continuer.»

(Le 1er février, au Caire /Reuters)

15h30. Au Caire, des milliers de personnes quittent la place Tahrir qui commence à se vider après un pic de manifestants vers 13 heures. Croisé dans la foule, Marmoud, 50 ans, venu avec sa femme voilée: «C'est la deuxième fois que je viens. Là, je rentre manger. Et demain, je reviens. Avec mes quatre enfants cette fois.»
Petit slogan repéré: «Place Tahrir, nous avons tué la peur»

15h20. Un appel à manifester vendredi après-midi contre la «monocratie, la corruption et la tyrannie» en Syrie a été lancé ces derniers jours sur Facebook, pourtant censuré. La suite ici.

15h10. Un comité représentant les forces de l’opposition égyptiennes, y compris Mohamed el Baradei, a déclaré qu’il n’entamerait pas de négociations avant le départ de Moubarak. «Au nom du peuple et des manifestants», le comité veut «le départ du régime, la dissolution de l’Assemblée du peuple, la formation d’un gouvernement d’union nationale de transition pour la gestion des affaires courantes chargé de préparer des élections transparentes.»

15 heures. Les Etats-Unis ordonne le départ du personnel non essentiel de leur ambassade au Caire.

A voir. Les images de la manifestation au Caire, qui passent en boucle sur Al-Jezira (commentaires en anglais).

(1er février, au Caire /Reuters)

14h50. Au Caire, les rues qui mènent à la place Tahrir sont désormais bondées. Des manifestants sont perchés en haut des lampadaires, raconte notre envoyée spéciale, Elodie Auffray. Des énormes banderoles, faites avec des bouts de tissus, sont déployées un peu partout. Notamment celle-ci: «Le peuple veut la chute du régime», devenue le symbole de la révolte en Egypte.

--> Ecouter le témoignage de notre envoyée spéciale au Caire, Elodie Auffray.

14h37. Les deux principaux tour-opérateurs britanniques, Tui Travel et Thomas Cook, multiplient les promotions sur l'Egypte, en limitant toutefois leurs offres aux stations de la Mer Rouge qui semblent à l'écart de l'agitation régnant ailleurs dans le pays.

14 heures. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan reporte à une date ultérieure sa visite en Egypte. Erdogan a exhorté le régime Moubarak à «satisfaire sans hésitations la volonté de changement» de son peuple et lancé un appel plus général pour des réformes démocratiques au Moyen-Orient.

«Une sortie honorable» pour Moubarak

13h55. ElBaradei souhaite une «sortie honorable» pour Hosni Moubarak.

13h50. Les soldats et des civils fouillent les manifestants aux entrées de la place Tahrir, au Caire.

(Reuters)

13h45. «Il faut que le sang s'arrête de couler. Il y a eu trop de morts, trop de blessés», déclare Bernard Valero, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «Il faut que cela s'arrête».

13h30. ... Pendant ce temps, la télé d'Etat continue de montrer des images d'un pont sur le Nil quasiment vide. «Hier, ils ont passé en boucle un groupe de faux supporters  de Moubarak, devant le siège de la télé. Vraiment ridicule», témoigne Mohamed, 24 ans, croisé place Taalat Hard. Fraîchement diplômé en comptabilité, il n'a «évidemment pas de travail puisqu'il n'y en a pas». Aujourd'hui, vu l'ampleur des manifs depuis plusieurs jours, il en est certain: «Moubarak va partir. Et après? Qui va le remplacer?» A quoi ressemblera l'après-Moubarak? «Je ne vois personne venir», répond Mohamed.

13h10. L'Autriche a commencé à évacuer des centaines de ressortissants égyptiens.

12h36. Moubarak doit quitter le pouvoir «d’ici à vendredi», lance l’opposant Mohamed ElBaradei à la chaîne satellitaire Al Arabiya. Par ailleurs,  un comité représentant les forces de l'opposition égyptienne, y compris Mohamed ElBaradei, a déclaré qu'il n'entamerait pas de négociations avant le départ du président Hosni Moubarak.

12h11. L'Unesco réclame des mesures de sauvegarde. «Les 120.000 pièces du Musée égyptien du Caire sont inestimables». «Je demande de façon solennelle que toutes les mesures nécessaires soient prises pour sauvegarder les trésors de l'Egypte, au Caire, à Louxor et sur tous les autres sites culturels ou historiques du pays».

 

12h07. L'ONU évoque le chiffre de 300 morts. La haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay: «Je demande instamment aux autorités égyptiennes de s’assurer que la police et les autres forces de sécurité évitent scrupuleusement l’usage de la force.»

12 heures. Au Caire. Des centaines de personnes continuent d'affluer place Tahrir, bondée comme jamais. Difficile d'évaluer le nombre de manifestants, ils se comptent en centaines de milliers.

(Au Caire, le 1er février/Reuters)

11h30. Beaucoup d'humour dans les pancartes. Un enfant tient à bout de bras une pancarte s’adressant à Moubarak: «Allez quoi, dégage, j’ai super mal au bras».

--> A lire le post de notre blogueur au Caire, sur «Cris d'Egypte».

11h20. Impossible de circuler place Tahrir au Caire, les manifestants n'ont jamais été aussi nombreux. Au sol, des tracts non identifiés, écrits en arabe, qui reprennent en gros le message de l'armée hier soir. «Les revendications sont légitimes, l'armée les soutient. Mais les intrus qui veulent la destruction de l'économie seront jugés devant Dieu et devant la loi.»

Vu sur Twitter:

11h14. Dans la rue Taalat Hard, qui mène place Tahrir, des civils sont armés de bâtons et veillent à éviter les débordements. Ici et là, dans la ville, des comités de quartier se mettent sur pied spontanément pour éviter les pillages.

11h08. «C'est un moment historique que l'on est en train de vivre. Je voulais que mes enfants voient ça. Ils se souviendront de cette manifestation. Et un jour, ils le raconteront à leurs enfants.» Voici Amany, 42 ans, directrice d'un bibliothèque pour enfants. C'est la première fois qu'elle descend dans la rue. C'est son frère, expatrié à Londres, qui a réussi à la convaincre. Marre que «les gens au pouvoir ne soient pas là pour leurs compétences mais pour leurs relations». Aujourd'hui, elle n'a plus peur de manifester, «quoiqu'en dise la télévision d'Etat». Depuis une semaine, passent en boucle des images d'un des ponts de la ville, calme, sans aucune agitation, aux antipodes de la réalité. «La télévision essaie de nous convaincre que c'est plus sage de rester chez soi, que dehors, c'est dangereux», sous-titre Amany.

10h38. Rencontré dans la foule, place Tahrir au Caire, Ibrahim. La quarantaine, les cheveux poivre et sel, il est venu manifester avec sa femme et leur fille. Tous trois parlent couramment français. Ibrahim prend la parole, la voix éraillé d'avoir crié: «Il y a une énergie extraordinaire, jamais dans l'histoire de l'Egypte, il n'y a eu autant de manifestants. C'est une chance qu'il ne faut pas laisser passer. On ne peut plus s'arrêter maintenant...» Il reprend sa respiration, et repart d'un trait: «Etre nombreux dans la rue, comme aujourd'hui, c'est indispensable. Mais pas suffisant. Il faut absolument un débouché politique: les partis de l'opposition doivent s'unifier.» Lui, travaille dans une usine allemande, «dans le secteur des arômes», et depuis une semaine, l'activité est au point mort. «C'est toute l'économie qui tourne au ralenti ici, on n'a pas le choix. Il nous faut continuer». Coûte que coûte.

«Avec toutes les pancartes, on va faire un vrai musée»

9h45. La place Tahrir, au Caire, est déjà bien remplie, raconte notre envoyée spéciale, Elodie Auffray. Au pied du carré de pelouse, une centaine de pancartes sont posées à même le sol. Ecrites en arabe, en anglais, et parfois aussi en français et en allemand. Exemples: «Président en solde», «On veut la chute du régime et pas juste un changement de personnes», «Vache qui rit, get out Moubarak».

Planté devant les pancartes, Wael Ali Ahrmed. Il raconte: «Hier soir, quand les télévisions sont parties, on a décidé de faire quelque chose. Avec des papiers ramassés dans la rue, des morceaux de cartons, de plastique, n'importe quoi. On a apporté des stylos. Et on a demandé à tout le monde d'écrire ses revendications. Tout le monde veut dire quelque chose.» Ensuite, explique-t-il, «on va ramasser toutes les pancartes et les papiers, pour faire un vrai musée. Comme les anciens Egyptiens ont laissé des traces sur papyrus. Nous on va faire pareil, on va tout mettre sur Internet.»

9 heures. Pause photo. En Thaïlande, des opposants de Moubarak protestent devant l'ambassade égyptienne à bangkok.

(1er février/Reuters)

8h45. Cinquante organisations égyptiennes de défense des droits l'homme appelent le président Hosni Moubarak à «se retirer» du pouvoir pour «éviter un bain de sang».

8h30. Le Fonds monétaire international (FMI) est prêt à aider l'Egypte à reconstruire son économie indique le directeur général de l'institution Dominique Strauss-Kahn.

8h15. Tous les touristes français encore présents en Egypte seront rentrés d'ici la fin de la semaine ou dirigés vers une autre destination de leur choix déclare René-Marc Chikli, président du Ceto (association de tour-opérateurs français). «Il y a encore environ 600 touristes français sur la Mer Rouge et une trentaine au Caire», qui seront rapatriés.

7h35. Plus de 5.000 personnes sont déjà rassemblées dans le centre du Caire pour une manifestation géante contre le président égyptien Hosni Moubarak. Des hélicoptères survolent régulièrement le centre du Caire, et l'armée contrôle de nombreux accès au centre ville. Une manifestation géante est également attendue à Alexandrie, la deuxième ville du pays, sur la côte méditerranéenne.

Censure: une feinte pour «tweeter»

00h52. Google annonce qu'il va coopérer avec Twitter durant le week-end pour mettre en place un système permettant aux Egyptiens d'envoyer des messages sur le site de microblogs par téléphone, en contournant le blocage d'internet.

«Cela marche déjà et tout le monde peut tweeter en laissant simplement un message téléphonique à l'un des numéros internationaux suivants: +1 650 419 4196 ou +39 06 62 20 72 94 ou + 97 316 199 855. Le service mettra instantanément le message (sur Twitter) en utilisant le mot-clé #egypt», ont annoncé des responsables de Google. «Aucune connexion internet n'est nécessaire. Les gens peuvent écouter les messages en composant les mêmes numéros de téléphone ou en allant (sur le site internet) twitter.com/speak2tweet», ont-ils ajouté.

Lundi 23h15. Le dernier fournisseur d'accès à Internet qui fonctionnait encore en Egypte, celui du groupe Noor, a été bloqué lundi vers 20h46 GMT, indique le site américain Renesys spécialisé dans la surveillance du web.

Lundi 21h00. Le vice-président égyptien, Omar Souleimane annonce lors d'une brève allocution télévisée avoir été chargé par le président Hosni Moubarak d'ouvrir un dialogue immédiat avec l'opposition. «Le président m'a chargé aujourd'hui de lancer des contacts immédiatement avec toutes les forces politiques pour commencer un dialogue autour de toutes les questions liées à la réforme constitutionnelle et législative», a-t-il dit sur la télévision.

--> Une opposition disparate, des Frères musulmans aux blogueurs citoyens, lire ici le décryptage de Claude Guibal et Christophe Ayad (zone abonnés).

Lundi 20h50. La Maison Blanche s'est dite satisfaite lundi de la «retenue» dont ont fait preuve jusqu'à présent selon elle les forces égyptiennes de sécurité, et a appelé au calme à la veille de manifestations de masse prévues contre le président Hosni Moubarak.

Lundi 19 heures. L'armée dit qu'elle n'utilisera pas la force contre les manifestants, selon la télévision officielle. L'armée considère les demandes du peuple égyptien comme «légitimes».

 

11-02-01 - Al Jazeera Blogs -- Live blog Feb 1 - Egypt protests

Live blog Feb 1 - Egypt protests

From our headquarters in Doha, we keep you updated on all things Egypt, with reporting from Al Jazeera staff in Cairo, Alexandria, and Suez.

Last modified: 1 Feb 2011 01:24

From our headquarters in Doha, we keep you updated on all things Egypt, with reporting from Al Jazeera staff in Cairo, Alexandria, and Suez.  Live Blog: Jan28 - Jan29 - Jan30 - Jan31 - Feb1 - Feb2 - Feb3

The Battle for Egypt - AJE Live Stream - Timeline - Photo Gallery - AJE Tweets - AJE Audio Blogs 

(All times are local in Egypt, GMT+2)

11:59pm We continue our live blogging for February 2 here.

11:43pm "Friday afternoon, we will be at the palace," protesters in Tahrir Square shout. Reports of a big march being planned after Friday prayers is being dubbed "The Friday of Departure" aimed at pushing Mubarak to quit office immediately.

11:39pm Protester tells Al Jazeera that he is disappointed by Mubarak's speech, and says that he was expecting more - people around him chant 'not enough'. Protests continue in Cairo.

11:15pm "Erhal erhal", meaning "leave leave", the crowd in Tahrir Square continue to chant after Mubarak said that he will see out his current term.

In his speech, Mubarak called for reforms to article 76 of Egyptian constitution, which makes it impossible for independents to run for president.

11:08pm Crowds do not sound pleased by Mubarak's address - protests continue in Tahrir Square. Mubarak extolled his virtues, saying he wants to pave way for new leadership.

Hosni Mubarak, who addresses you today takes pride in the long years in serving the people, and this is my home land, like all Egyptians. I defended its soil and I will die on this soil.

I will be judged by history. Homeland will live on. People will not.

11:02pm Mubarak says his "new government will be responsive to the demands of young people", perhaps indicating that he is not planning on going anywhere just yet.

11:01pm Mubarak says most Egyptians are fearful and afraid about the future.

10:57pm Hosni Mubarak speaking live on Al Jazeera English - http://aje.me/ajelive

10:50pm Egyptian state TV says that Mubarak will make a statement shortly. Crowds in Tahrir Square continue to chant protest slogans, being screened live on Al Jazeera.

10:26pm Khalid Abdel Nasser, son of the former Egyptian president Gamal Abdel Nasser, joined the protest in Tahrir Square today.

10:00pm Reports of protests being held all over the world, with more being planned in the coming days. See Al Jazeera's meetups around the world here.

9:58pm Tents have been set up, fires are burning here tonight and people's morale is high - there is little sign of this crowd disappearing anytime soon.

9:25pm President Obama tells Mubarak that he should not run for another term in elections, reports The New York Times.

Al Jazeera correspondent says that if Mubarak does announce this, it will not be enough for the protesters who want him to step down.

9:12pm Activist in Tahrir Square tells Al Jazeera that people are arranging entertainment to keep them occupied during the protest - a football tournament will be starting soon.

9:01pm Reports come in that the Egyptian President, Hosni Mubarak, will speak to the people soon.

8:50pm Al Jazeera English showing live pictures from Tahrir Square, with the anchor describing the cheers of crowds as "terrific sounds and terrific sights".

8:34pm Video taken during the day by Al Jazeera web producers in Cairo.

8:27pm Al Jazeera correspondent in Tahrir Square says that people are erecting tent, bringing in blankets, food is being distributed, either for free or at discounted prices, music is being played - so people are expecting to be here for as long as it takes.

8:08pm Creative Commons (CC) highlights the Al Jazeera CC video repository that has been fed with Egypt coverage, available for download by anyone wishing to use under the CC licenses.

8:00pm Khalid Abo al Nagga, an Egyptian actor and pro-democracy activist, spoke to Ayman Mohyeldin in Tahrir Square.

I decided to be part of this years ago when young Egyptian in twitter said that they can't live like this, they [Mubarak regime] are trying to hijack the country.
 
They cut the phone, and all form of communication so we don't get images out, what kind of government is this? They can't hijack 85 million voices, it is time for them to step down, this is what everyone want.
 
The regime needs to step down, they should go to court for all the killings. the whole regime needs to go to court for what they did to the peaceful demonstrators. From now on Egypt will never be the same.

7:40pm Reports that the tone of Egyptian TV is changing - said to sound more sympathetic to protests and has sent reporters to Tahrir Square. It is reporting "large peaceful protests, tidy protest and pro-Egypt protests".

7:32pm Have a look at our picture gallery from the protest organised in Doha in solidarity with protesters in Egypt

7:10pm A giant television screen has been set up in Tahrir Square and is screening Al Jazeera to the hundreds of thousands that are camped out there.

7:00pm Al Jazeera's correspondent in Tahrir Square says that some women and children were beginning to leave the square due to the cold, but there were lots more people streaming in and the crowd was getting louder.

6:57pm Al Jazeera's Ayman Mohyeldin reporting live from Cairo.

When the US begings to distance itself from Hosni Mubarak, then Mubarak and his government definitely have something to worry about.

6:50pm In other media reports, NPR in the US says that "Al Jazeera's profile continues to rise in US".

6:45pm Jeremy Scahill says on The Nation publication that Washington's "sudden embrace of Al Jazeera won't erase past US crimes against the network".

6:42pm Motaz Salah Al Deen, spokesman for Egypt's opposition Al Wafd Party, says a self-described "new national coalition for change" has been formed.

It is made up of the Al Wafd Party and the National Association for Change which is affiliated to opposition leader Mohammed El Baradei.

6:35pm Number of protesters in Cairo's Tahrir square revised to more than a million people. Thousands more are taking to the streets throughout Egypt, including in Alexandria and Suez.

6:27pm Following reports of looting in shops selling military clothes, the Egyptian army issues a statement warning Egyptians that there will be heavy penalties to civilians found wearing military uniforms.

5:40pm Egyptian state television, in the last hour, has aired the following segments:

  1. 1) An interview with the new prime minister to talk about the makeup and priorities of the new government.

  2. 2) A walkaround with Mahmoud Wagdy, the new interior minister, in the New Cairo neighborhood, where he promoted a new initiative, "Police Serving the People".

5:21pm Tweet from Al Jazeera's Alan Fisher:

UK to send charter aircraft to #Egypt on Wednesday to bring back Britons who wish to leave

5:16pm Al Jazeera's Ayman Mohyeldin tweets via phone from Cairo

All #Egyptian protesters I've spoken to say that they will remain in Tahrir Square as long as it takes & chant 'martyrdom or freedom' #jan25

4:54pm These are the latest pictures from Cairo's Tahrir Square where over two million people from all walks of live are protesting against Mubarak.

4:25pm Abdel Haleem Kandeel, secretary of the Kefaya Movement, an Egyptian opposition group, says that there will be no negotiations or dialogue until Mubarak leaves.

4:11pm Tayyip Erdogan, Turkey's PM, says he is putting off a visit to Cairo next week, but will go once Egypt returns to normal.

4:00pm The US orders all non-emergency embassy and other US government personnel to leave Egypt. US State Department says it will continue to facilitate the evacuation of US citizens, but noted "flights may be disrupted and transport to the airport may be disrupted due to the protests".

3:50pm Al Jazeera's Malika Bilal is covering a protest in Doha where people are chanting: 'The people want a change in regime'  (Pic: http://yfrog.com/gzn9gqpj)

3:34pm: Wadah Khanfar, Al Jazeera's Director General, tells the Huffington Post why we should be available on American television.

3:27pm Al Jazeera's correspondent in Tahrir Square says that up to two million people are now protesting in Tahrir Square and surrounding areas – including roads and bridges nearby, which are crammed.

Army is arresting armed men believed to be ex-security personnel trying to penetrate the protestors. A car full of weapons and guns has been stopped and its occupants arrested.

2:00pm We were having some technical difficulties. This blog should be up and running from now onwards.

12:54pm Turkish Prime Minister Recep Tayyip Erdogan urges Egyptian President Mubarak to meet his people's "desire for change." In a weekly speech in parliament, Erdogan described his appeal to Mubarak as "a very sincere advice, a very sincere warning." 

11:56am The latest audio report from one of our web producers in Cairo:



11:56am The latest audio report from one of our web producers in Cairo:

 

11:50am Thousands of foreigners have fled the unrest in Egypt, boarding special flights home or to nearby Mediterranean airports, many still in shock as the chaos of last week spread to airport lounges.

"People holding tickets had difficulties getting on the plane, because the airport in Cairo is pure chaos," Tristin Hutton, a Canadian tourist, said.

11:43am One of our correspondents on Tahrir square in Cairo just tweeted this: 

"Hey hey hosni is leaving tonight" is another chant now. Everyone says if numbers big enough they'll march to Presidents Palace tonight!  

11:25am The head of Al Wafd party is to hold a press briefing in half an hour, Al Arabiya reports. Al Wafd is Egypt’s largest liberal opposition party.

10:54am Security officials say authorities have shut down all roads and public transportation to Cairo, where tens of thousands of people are converging to demand the ouster of President Mubarak.

10:43am Below a photo of Tahrir Square and surrounding area from one of our web producers within last 15 minutes. The crowd continues to swell. Beginning to approach 10,000, he says.  

10:28am Egyptian state TV: Thugs have broken into some store selling military uniforms to use them in some robbing and looting. The military warns anyone from illegally wearing / using military uniforms and urges people to be cautions.

10:24am TV guest from Egypt on Al Jazeera Arabic:

Thugs are trying to interrupt roads leading into Cairo to prevent protestors coming from outside from reaching the city.

10:16am One of our correspondents on Tahrir square in central Cairo just tweeted this:

Huge crowds already on Tahrir square carrying boxes of water to settle in. Everyone buoyed by news army will not stop them!

10:01am Not all Egyptians agree with the protesters -  Egyptian TV guest on Al Jazeera Arabic: I want to tell the president, we are sorry, forgive us, and may God protect you for us.

9:50am Egyptian TV presenters: Fears that today’s protest could lead to violence, insecurity, and looting like what happened on Friday. Again, they are trying to convince people not to join the protests.

9:47am  Fifty Egyptian Human Rights groups call on Mubarak to step down to save Egyptian’s blood.

9:45am An Al Jazeera web producer reports from Tahrir Square in central Cairo where protesters have gathered, calling on Hosni Mubarak, the Egyptian president, to step down. 


The footage is shot on Monday night while the voiced report is from 8:30 local time, on Tuesday morning.

9:39am Check out The Best Egypt Protest Signs From Around The World

9:31am One of our web producers at Cairo's Tahrir square just tweeted this:

Army presence still quite low around Tahrir square. No police (traffic, riot, otherwise) to be seen in the vicinity. Cell phones remain up in Cairo. As far as I know, internet remains down.

9:03am A veteran US diplomat sent to Egypt to gauge the turbulent situation there will meet with President Hosni Mubarak, The New York Times reported on Tuesday.

Frank Wisner, a former ambassador to Egypt who knows Mubarak, landed in Cairo on Monday, and the US believed it would be "useful" for him to meet with the president directly and gets his perspective, State Department spokesman Philip J. Crowley told the paper.

8:56am Unconfirmed reports coming in that a 24-hour curfew will be imposed on Thursday in Egypt, one of Al Jazeera's correspondents in Cairo says.

8:41am Egyptian state TV is airing reports about untreated health problems because of current conditions. They spoke about reports from people with emergency health conditions, such as kidney and liver disease, saying that they cannot get treatment on time because of ongoing protests.

Egyptian TV has been doing all it can to convince people to stay home and go back to their "old, stable, secure" life.

8:30am  These are the latest pictures from Cairo's Tahrir Square.

An overnight curfew has just been lifted. Protesters there are planning to march on the Presidential Palace. If the numbers we're hearing are realised, it will be the biggest effort yet in a determined campaign to drive out long-time president Hosni Mubarak.

8:16am Interesting story from ProPublica: The ‘Italian Job’ and Other Highlights From US’s Rendition Program With Egypt

Among the many aspects of the US-Egypt relationship, few have been as controversial as the CIA’s extraordinary rendition program, where the agency frequently handed over suspected terrorists to foreign governments with histories of torture and illegal detention.

8:01am A steady trickle of people is walking to Tahrir square in central Cairo to participate in the “march of a million people", one of Al Jazeera's correspondents reports.

7:55am Voices from Cairo's Tahrir Square

At 1:14 the speaker to the crowd says the following:

"People everyday tune into morning TV, and they see that ordinary Egyptians are still on the streets. And that they are brave....and God willing, we'll be out here on the streets. And please know that you're not alone.The Angels are protecting you.

Are you scared?

[crowd yells NO!]

"I wanna tell you that Hosni Mubarak is afraid and terrified. The whole administration is terrified."

7:35am  Google launched a service for people in Egypt to send Twitter messages by dialing a phone number, no Internet connection needed. The following numbers are listed for people to use the service: +16504194196 or +390662207294 or +97316199855.

7:32am  Another great photo gallery of the protests in Egypt.

7:10am From Voices from Cairo's Tahrir Square

“The president is still trying to hold on and he hired the vice president, Omar Soleiman, because he’s the head of intelligence, and they’re playing games with people,” he said. “So they’re spreading rumors and scaring people … with the baltagiya [thugs].”

Khaled Hisham el-Komy (19)

7:05am Internet connections are still down in large parts of Egypt. 

6:38am Check out this Global Post slideshow that captures the faces of Egypt's women who have been participating in the protests.

6:20am  Details about the proposed rally planned for Tuesday - the so-called 'march of a million people':

Organisers have told Al Jazeera that the march will start at Tahrir Square - the focal point of the protests in Cairo. 

The marchers are expected to pass the nearby Egyptian state television building before heading north-east, towards the presidential palace.

Our correspondent says tanks and troops are stationed along the main streets towards the palace. Which means they could intervene to divert the marchers. The Egyptian Army has vowed that it will not use force against demonstrators.

6:10am The latest update from one of our correspondents reporting from the centre of Cairo:

The protesters seem to be increasingly energised this morning. They clearly are determined to get today's march stating with a big bang. The atmosphere on Tahrir Square is very good. People seem to feel that some sort of victory is the air.

5:40am According to the New York Times, White House officials have turned to Al Jazeera for coverage of events in Egypt.

With the network’s coverage of the crisis drawing praise, however, Al Jazeera executives said Monday that they planned to renew their lobbying to be carried on cable systems across the United States.

2:00am Can't access Al Jazeera English on your cable network? Don't dispair. Al Jazeera English can be accessed LIVE on our website and now on YouTube.

1:53am  Updated and collated. Audio reports from our correspondents on the ground in Cairo.

1:30am Audio messages from our correspondents on the ground in Cairo, all on one page Internet activists continue to search for ways to keep Egyptians online. Here is another list circulating on the internet, twenty ways to circumvent the internet block, posted by Anonymous.

1:09am keep ordinary Egyptians online. One of Al Jazeera's correspondents just tweeted: #aje crew was released & will be covering million man rally 2mrw #feb1 #Egypt #jan25 (via phone)

12:58am Google's official blog explains a new technology developed by a group of tech geeks who wanted to contribute positively to the current situation in Egypt. Read more about the new Speak2Tweet tool that allows Egyptians to send messages to Twitter from any phone line:

Like many people we’ve been glued to the news unfolding in Egypt and thinking of what we could do to help people on the ground. Over the weekend we came up with the idea of a speak-to-tweet service—the ability for anyone to tweet using just a voice connection.

We worked with a small team of engineers from Twitter, Google and SayNow, a company we acquired last week, to make this idea a reality. It’s already live and anyone can tweet by simply leaving a voicemail on one of these international phone numbers (+16504194196 or +390662207294 or +97316199855) and the service will instantly tweet the message using the hashtag #egypt. No Internet connection is required. People can listen to the messages by dialing the same phone numbers or going to twitter.com/speak2tweet.


12:47am Here's the latest news from our site: Egypt army vows not to use force - Explicit confirmation comes before Tuesday's "march of millions" to force President Hosni Mubarak to step down.

12:15am Al Jazeera correspondents have been tweeting about the near-total media crackdown in Egypy:

"There is no internet in Egypt, none at all. Noor was last standing internet provider but it was shut down as well."

"Rumors of a coming mobile phone crackdown, which would make sense given tmrw is supposed to be a big march & police are back."

 

11-02-02 - Libération -- Moubarak t'es un pilote, l'avion t'attend à l'aéroport

02/02/2011 à 10h04

«Moubarak t'es un pilote, l'avion t'attend à l'aéroport»

DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE

Depuis quelques jours, les slogans et pancartes fleurissent dans les manifs en Egypte. Surtout place Tahrir, épicentre de la révolte anti-Moubarak. Florilège.

Par ELODIE AUFFRAY Envoyée spéciale au Caire

Sur la pancarte, on lit: «l'armée et le peuple égyptien ensemble». Photo prise le 31 janvier, place Tahrir. (REUTERS)

Mardi matin, au centre de la place Tahrir, une centaine de panneaux, pancartes, bouts de papiers s'étalent côte à côte sur quelques mètres. «Get out Moubarak», «Wir sind das Volk» («Nous sommes le peuple», phrase popularisée lors de la révolution est-allemande de 1989, NDLR).

Ce «musée de la révolution» comme l'ont baptisé ses initiateurs, rassemble quelques uns des slogans qui ont fleuri depuis mardi 25 janvier, premier jour de mobilisation en Egypte. Fleuri ou plutôt explosé. Encore rares vendredi, journée d'affrontement, les pancartes se sont multipliées à partir de samedi, début de l'occupation de la place Tahrir.

«Hit the road Hosni»

La plupart sont en arabe (classique le plus souvent, dialectal parfois) et de plus en plus en anglais. Parfois même en français, ou même en italien, en allemand ou en russe. Toutes tendues à bout de bras, brandies avec fierté. Principal message: «get out Moubarak». Décliné en «dégage», «leave», «ça suffit», «enough». Il y a aussi l'impatient: «leave now better tomorrow». Le poli: «please leave». Le poétique: «Pars et laisse-nous voir la lumière». Le clin d'œil: «Hit the road, Hosni». Certains proclament déjà des «game over», annonçant «the end».

Outre au raïs, les manifestants s'adressent à l'armée qui doit «choisir», intime un panneau: «L'Egypte ou Moubarak». Ils interpellent très souvent l'occident: «Please stop hypocrysy», «America, support the people not the tyran». D'autres dénoncent Moubarak comme «un agent des Américains», quelquefois comme un «agent d'Israël». Des portraits du président le visage barré d'une étoile juive ont circulé, leurs instigateurs ont parfois été rabroués.

Certaines pancartes expriment des revendications: «changement, liberté, égalité sociale» avait-on lu vendredi sur une feuille imprimée en anglais et en arabe. D'autres sont plus précis demandant l'écriture d'une nouvelle constitution, des élections libres, un gouvernement de transition...

«Moubarak, Ben Ali t'attend»

«We want Internet», «Bring back Internet», a-t-on aussi vu apparaître ces derniers temps alors que l'Egypte vit son sixième jour sans toile. L'Egypte de ces pancartes est aussi une Egypte laïque: «La religion appartient à Dieu, la patrie au peuple», dit l'une d'elle. Et le dessin mêlant la croix chrétienne et le croissant islamique revêtu des couleurs égyptiennes (rouge, blanc, noir) est répandu.

Beaucoup jouent sur l'humour, sur les références à la révolution tunisienne. «Moubarak, Ben Ali t'attend», «Moubarak t'es un pilote, l'avion t'attend à l'aéroport.» Au dessus du tas de poubelles accumulées dans un coin de la place, quelqu'un a accroché un papier: «Siège du PND (le parti de Moubarak , NDLR)».

«Fuck Moubarak»

A ces multiples initiatives écrites, font écho les slogans scandés: «irhal» (pars, NDLR) chantent régulièrement les manifestants. Mais parmi les chants, le plus repris est sans conteste : «Al Shab yourid escot el nizon» (le peuple veut la chute du régime, NDLR) transformé parfois en «Al Shab yourid escot el raïs» (le peuple veut la chute du rais, c'est à dire Moubarak, NDLR). L'ancienne a fini par être inscrite noir sur blanc en anglais et en arabe sur deux géantes banderoles tendues entre des poteaux de la place Tahrir.

Cartons, tissus, papiers ne suffisent pas, les tags se multiplient. «Fuck Moubarak» peut-on lire sur un char de l'armée positionnée à l'entrée de Tahrir. A quelques rues de là, un camion de police saccagé, abandonné est graffé d'un «Leave us, that's the end». «Digage Dictator» proclame le rideau de fer d'une boutique place Taalat Harb. Un slogan pourrait tous les résumer: «Place Tahrir, nous avons tué la peur».

11-02-02 - Le Monde -- Dans les rues de Suez, un fort parfum de revanche sociale

Dans les rues de Suez, un fort parfum de revanche sociale

LE MONDE | 02.02.2011 à 14h49 • Mis à jour le 02.02.2011 à 14h53 | Par Benjamin Barthe - Suez Envoyé spécial

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L'écho de ce nom rebondit contre les façades des énormes centres commerciaux dressés sur l'avenue de l'Armée, l'artère principale de Suez. Dix mille poitrails enflammés le hurlent, le crachent, le conspuent. "Saïf Galal erhal" ("Saïf Galal, dégage !"). Dans la manifestation pleine de rage du mardi 1er février, le gouverneur de la région de Suez s'est fait davantage siffler que le président Moubarak. "Il est le symbole local de la corruption du régime, de la spoliation du petit peuple", dit Ghalib Mokled, une figure très appréciée de la société civile de Suez, candidat malheureux de l'opposition aux législatives en 2010.

La veille, selon la population, Saïf Galal avait eu la mauvaise idée de déclarer au micro de Nile TV, la télévision publique, que la situation dans la ville du canal, peuplée de 500 000 habitants, était stable et que l'économie y était florissante. "Mais dans quel monde vit-il, lâche un homme vêtu d'une galabeya beige ? Pour sa clique, la vie est belle, évidemment. Ils s'enrichissent sur la vente de terres. Mais tout cet argent, le peuple n'en voit jamais la trace."

Après les sanglants affrontements de la semaine dernière, la manifestation a eu un rôle cathartique. Hommes, femmes et enfants, jeunes et vieux, classes moyennes ou populaires, tous sont descendus dans la rue pour expulser leur peur et leur colère. Pour se réapproprier une ville au bord de la crise de nerfs. Dès le premier jour de la révolution, le 25 janvier, des manifestants étaient tombés sous les balles de la police. Le refus des autorités de rendre les corps aux familles, vécu comme une insulte à la tradition musulmane qui impose un enterrement très rapide, avait renforcé le courroux de la population. Sur l'avenue de l'Armée, Ibrahim Farag, l'une des fortunes de Suez, fameux pour ses accointances avec la police, avait craint que des manifestants ne saccagent l'un de ses commerces. Il avait ouvert le feu, tuant plusieurs personnes.

Soldats adulés

Une tornade de représailles avait alors balayé la ville. La station de police, le siège du Parti national démocrate (PND, au pouvoir), la municipalité et toutes les possessions du clan Farag sont partis en fumée. Le nombre de morts, durant ces cinq journées de fureur collective, oscille selon les sources entre onze et douze.

Aujourd'hui, le calme est revenu. La ville est quadrillée par les blindés et les soldats, adulés par la population, interviennent à la moindre dispute. Ici, tout le monde se souvient que le centre de Suez fut le théâtre d'une bataille acharnée durant la guerre d'octobre 1973 avec Israël, et que l'armée égyptienne, galvanisée par le cheikh Hafez Salama, une gloire locale, parvint à tenir tête aux blindés du général Ariel Sharon. Mais cette épopée, embellie au gré des années, ne fait plus vivre Suez. Au contraire, la rancoeur sociale et le sentiment d'une économie à deux vitesses minent la ville.

Certes, autour du canal et du golfe de Suez, l'activité industrielle ne faiblit pas. Les usines d'acier, de ciment, de raffinage et de pétrochimie sont nombreuses. Mais la population a la sensation que ses investissements ne profitent qu'à une minorité. "En 2003, je suis sorti deuxième de ma promotion à l'université du Caire, explique Mohammed Hemdan, un ingénieur. Mais depuis cette date, je n'ai jamais pu trouver de travail à Suez. Le gouvernorat préfère importer de la main-d'oeuvre asiatique que de favoriser le recrutement des locaux. J'ai dû accepter un poste au Caire, où je vis la semaine, et je reviens le week-end dans ma famille."

Selon Ghalib Mokled, 85 % des jeunes de Suez sont au chômage. On les voit errer le long des vitrines de l'avenue de l'Armée, rongés par l'ennui. "Ces entreprises qui viennent nous polluer ne reversent aucun argent à la communauté", dit M. Mokled. Lui-même a récemment rejoint la cohorte des sans-emploi. C'était au mois de novembre 2010. Il était cadre dans une société de production d'oléoducs. Mais peu après l'annonce de sa candidature aux élections, une lettre de licenciement est arrivée sur son bureau.