11-02-20 - Maroc
11-02-14 - Les Inrocks -- Au Maroc, la monarchie n'est pas une cible
14/02/2011 | 09H08
Malgré les tensions sociales, Mohammed VI conserve un important capital de sympathie.
Lu sur plusieurs profils Facebook d'internautes marocains : "Zine El Abidine Ben Ali : Game over". "Hosni Moubarak : Loading". "Abdelaziz Bouteflika : Next Stage". "Mohammed VI : Error System"... La théorie des dominos s'appliquerait à tous, sauf au roi du Maroc.
Quelques jours après, des facebookers créent un groupe pour fixer "rendez-vous à la liberté le 20 février" (en arabe dans le texte) en appelant "tous les Marocains à manifester pour la dignité du peuple et pour des réformes démocratiques". Trois mille internautes rejoignent ces révolutionnaires 2.0 qui réclament une réforme de la Constitution, la démission de l'actuel gouvernement et la dissolution du Parlement. Rien que ça.
"Avec d'autres personnes rencontrées sur le net, nous parlions depuis un moment de manifester pour réclamer une réforme constitutionnelle, les exemples égyptien et tunisien nous ont poussés à passer à l'action", explique sous couvert d'anonymat l'internaute de Meknès (Nord-Est), 30 ans, à l'origine de ce ramdam virtuel.
Aucun lieu n'a été fixé pour la manifestation, mais l'effet viral est là : l'appel est repris et l'on se donne rendez-vous devant les bâtiments des autorités locales.
La surveillance des réseaux sociaux reste difficile
Saïd Benjebli, 32 ans, a goûté à la répression policière alors qu'il était étudiant et sympathisant des islamistes. Président de l'Association des blogueurs marocains, regroupant gauchistes, libéraux et islamistes, il est certain que ces appels peuvent fédérer un grand nombre de Marocains. "La génération Facebook se sent à son aise et plus en sécurité sur ces médias dont la surveillance reste difficile."
Lors des insurrections tunisienne et égyptienne, les yeux étaient rivés sur les chaînes internationales, Al-Jazeera en tête. "Le sujet intéresse tout le monde", affirme Karim Boukhari, directeur de publication de l'hebdomadaire francophone TelQuel.
"Il n'y a pas d'unanimité sur ce qui doit être fait ou entrepris ici, mais tout le monde semble d'accord sur un point : les peuples tunisien et égyptien ont fait preuve de courage."
Les Marocains vivraient-ils cette révolution par procuration ? Il y a quelques jours, près de cinq cents personnes s'étaient donné rendez-vous devant l'ambassade d'Egypte à Rabat. Acteurs politiques et associatifs ou simples citoyens ont scandé des slogans hostiles à Hosni Moubarak, exprimant leur solidarité avec le peuple égyptien.
Quant au Maroc officiel, il a toléré ce sit-in, après avoir empêché la tenue de deux manifestations similaires devant l'ambassade tunisienne quelques semaines plus tôt.
Sur Internet, les pro-Mohammed VI contreattaquent et déterrent des citations du défunt Hassan II en guise de statut Facebook. Teneur de cette littérature d'outre-tombe : l'ancien monarque prédit des révoltes sociales dans les pays arabes et assure que ça n'arrivera pas dans son pré carré. Les pro-M6 convaincus postent aussi photos et vidéos à la gloire du souverain. Une contremarche, dite "de l'amour", prévue à Casablanca, est même annoncée sur le web. Pour l'instant, c'est sur Internet que ça se passe.
Les autorités se montrent coulantes
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, qui jusque-là était resté sur son quant-à-soi, a sobrement commenté : "Nous percevons cela avec énormément de sérénité... Que les citoyens puissent s'exprimer librement, cela ne nous dérange aucunement..." Et les autorités se sont montrées plus coulantes.
Ahmed Assid, philosophe et chercheur, explique : "La conscience du danger existe, les autorités ont reçu des instructions pour éviter un embrasement, y compris dans les zones rurales, où des rassemblements de personnes modestes, en colère contre les autorités locales, sont très réguliers."
L'autre point notable est, toujours selon le chercheur, la parole libérée des élites. De nombreuses voix progressistes ont livré leur avis sur l'état de la démocratie. Ainsi, le "prince rouge" Moulay Hicham, cousin germain de Mohammed VI et poil à gratter du roi, s'est pris une volée de bois vert dans les médias après s'être prononcé sur une possible révolution marocaine. Qu'a-t-on retenu de ses sorties ? Que "l'expérience de l'émancipation est contagieuse". Pourtant, Hicham a nuancé la thèse de la "contagion automatique" :
"Précisément parce qu'elle était imprévisible, l'expérience tunisienne ne saurait se reproduire à l'identique dans le reste du monde arabe." Pour le prince, "la rancoeur populaire n'a pas pris pour cible la monarchie. Mais une jeunesse frustrée par l'absence de perspectives, par un jeu politique bloqué, par un appareil sécuritaire coercitif et par des réseaux clientélistes écrasants peut trouver motif à une révolte. Laquelle risquerait de se radicaliser, compte tenu de la complexité du pays".
Mais la monarchie apparaît à beaucoup comme garante de la continuité et de la paix. "Mohammed VI est toujours perçu comme ce jeune roi moderne, force de proposition et défenseur de la stabilité, estime Ahmed Assid, la monarchie a toujours dans la poche la carte du danger séparatiste sahraoui, qui permet de mobiliser la nation autour de la cause patriotique."
Une équation inconnue : les islamistes
Les crispations sociales qui s'expriment restent donc dirigées le plus souvent contre les autorités locales, et Mohammed VI, présenté au début de son règne comme "le roi des pauvres", fait toujours l'unanimité auprès de ses sujets. D'après un sondage réalisé par le magazine TelQuel en partenariat avec Le Monde en 2009, la monarchie est créditée de 91 % d'opinions favorables. Reste l'équation (à plusieurs inconnues) islamiste.
En Tunisie, ces derniers ont fait office de figurants dans la révolution, tandis que le poids des Frères musulmans en Egypte, largement plus important, effraie la diplomatie occidentale. Au Maroc, l'association Al Adl Wal Ihsane, qui compte plus de 100 000 membres et sympathisants, constitue le grand mouvement islamiste du pays et la principale force d'opposition. Avec ses antennes régionales et des membres infiltrés dans la plupart des universités, cette association, qui donne souvent du fil à retordre aux autorités, avait prédit une qawma (un soulèvement populaire) en 2006. La prévision ne s'est pas réalisée, mais ils pourraient profiter du vent révolutionnaire.
Qu'en est-il des islamistes du très influent Parti de la justice et du développement représenté au Parlement ? Son vice-secrétaire général, Lahcen Daoudi, insiste sur l'urgence de réformer les institutions : "L'immobilisme est très dangereux, c'est pourquoi nous demandons des réformes rapides, éventuellement constitutionnelles, pour éviter des scénarios à l'égyptienne."
Et en cas de manifestations de masse ? "Nous nous opposerons bien sûr à une répression violente. On ne peut pas s'indigner de la répression en Egypte et l'accepter ici", confie-t-il.
Des manifestations estudiantines ont récemment éclaté dans deux grandes villes, Fès (Centre) et Oujda (Nord-Est). Des slogans plutôt agressifs envers le pouvoir ont été scandés, mais "le phénomène reste encore marginal", à en croire une source sécuritaire.
Le Maroc est d'ailleurs régulièrement traversé par des tensions sociales. Le 9 décembre, dans les montagnes du Rif, un litige foncier entre une famille ayant un pied dans l'autorité locale et une autre plus modeste a débouché sur une émeute. A Rabat, un groupe de diplômés chômeurs, habitué à faire le pied de grue devant le Parlement et à multiplier les menaces d'immolations, a annoncé jeudi qu'il donnait au gouvernement jusqu'au 10 février pour tenir sa promesse d'embaucher 1 888 des leurs.
Même si les velléités révolutionnaires ne semblent pas être à l'ordre du jour, le "Maroc inutile", celui des villes qui ne comptent pas, pousse un coup de gueule. Passera-t-il à l'action ?
Youssef Ziraoui et Jules Crétois (journalistes à la revue TelQuel)
11-02-19 - Al Jazeera -- Moroccans riot ahead of protests
Moroccans riot ahead of protests
Police station in Tangier attacked in dispute over utility firm's management a day before planned countrywide protests.
19 Feb 2011 17:25 GMT
Protesters have attacked a police station and premises linked to French firms in the Moroccan city of Tangier in a dispute over the local utility firm's management, organisers and residents have said.
Saturday's violence came a day before a planned nationwide protest to push for political reform but there was no immediate evidence of a direct link.
Riot police intervened to break up the protest in Tangier, which evolved from a sit-in in front of the city hall to a march that gathered hundreds of protesters, the Moroccan branch of the local activist organisation, Attac, said on its website.
The sit-in was organised to push for the cancellation of a utilities contract that the city has awarded to an affiliate of the French firm Veolia.
Moroccans in cities where foreign firms run utility services often complain of hefty tariffs.
Residents, speaking on condition of anonymity, confirmed that a protest initially against utilities tariffs had developed into a march, which anti-riot police prevented from reaching the city centre.
"No tear gas, nothing was fired. They used long truncheons to disperse the crowds," one resident said.
Tanjanews.com published pictures showing the shattered windows of a police station and branches of firms affiliated to Veolia and the French bank Societe Generale, and said a branch of the latter had been set on fire.
Sunday protests
A group of young Moroccans that calls itself the "February 20 Movement for Change" has called for nationwide protests on Sunday to push for constitutional reforms that would reduce King Mohammed's powers and make the justice system more independent.
The group, which has gathered more than 17,000 Facebook fans, also wants to force the 47-year-old monarch to dismiss the government and dissolve parliament.
Pro-monarchists have announced counter-marches in support of a dynasty that has been ruling Morocco for almost 350 years.
Authoritarian Arab leaders are watching carefully for signs of unrest spreading through the region after revolts in Tunisia and Egypt.
However, the credit rating agencies Standard & Poor's and Fitch have said Morocco is the least likely of the Maghreb states to be affected by the wave of popular unrest.
11-02-19 - Aufait Maroc -- Revendications sociales au Maroc Un sit-in dégénère en émeute vendredi soir à Tanger
Dernière mise à jour : 19/02/2011 à 16:36
Revendications sociales au Maroc
Un sit-in dégénère en émeute vendredi soir à Tanger
Des manifestants ont lancé des pierres contre un commissariat de police et endommagé une agence de distribution d'eau et d'électricité vendredi soir à Tanger pour protester contre des tarifs jugés excessifs, a-t-on appris samedi de sources concordantes.
Ses émeutes surviennent à un jour de la manifestation pour la réforme politique prévue dimanche, mais il n'existerait aucun lien entre eux.
Le porte-parole du gouvernement et le ministère de l'Intérieur n'ont pas encore commenté les faits.
La police antiémeutes est intervenue pour briser la manifestation qui, de sit-in en face de la préfecture de Tanger, s'est transorfmée en "une marche de plusieurs centaines de manifestants" comme l'explique l'organisation Attac sur son site internet.
Selon une source à la wilaya de Tanger, "l'association Attac organise de tels rassemblements pratiquement chaque semaine".
Le sit-in était organisé par la branche locale du groupe altermondialiste pour réclamer l'annulation de la concession accordée par les services municipaux à la société Amendis, en raison de "ses tarifs excessifs".
Chargée de la distribution d'eau et d'électricité à Tanger, Amendis est une filiale marocaine de l'entreprise française Veolia.
Plusieurs résidents, s'exprimant anonymement, ont confirmé qu'une manifestation initialement prévue pour contester les tarifs élevés d'Amendis a évolué rapidement en une marche qui s'est heurtée aux forces de police qui voulaient l'empêcher d'atteindre le centre-ville.
"Pas de gaz lacrymogènes, pas de coup de feu. Ils ont utilisé de longues matraques pour disperser les foules" affirme un Tangérois.
Une agence d'Amendis a aussi été la cible de jets de pierre de la part des manifestants, a indiqué un autre habitant joint par téléphone.
Le site Tanjanews a publié plusieurs vidéos et photos montrant des actes de vandalisme sur les locaux du poste de police, d'Amendis et d'une succursale de la banque Société Générale à laquelle a été mis le feu.
11-02-21 - CRI -- Des dérapages perpétrés lors de la manifestation de dimanche
2011-02-21 15:52:24 xinhua
Des jeunes marocains ont participé dimanche à la marche de protestation dans plusieurs grandes villes du Maroc, répondant à l'appel lancé par le mouvement Jeunesse du Facebook.
Selon les correspondants de l'agence de presse marocaine MAP, des dérapages isolés ont été perpétrés par des fauteurs de troubles à Marrakech, Larache, Tétouan et Al Hoceima, où des établissements, services et biens publics et privés ont subi des dégâts causés par des incendies et des jets de pierre.
A Al-Hoceima (nord-est du Maroc), la police a dû faire usage de gaz lacrymogènes contre des villageois venus des alentours qui jetaient des pierres contre un commissariat et ont incendié des voitures, après la dispersion de la manifestation.
A Marrakech (318 km au sud de Rabat), un groupe de plusieurs dizaines de personnes a attaqué des magasins, un restaurant McDonalds et endommagé un édifice public ainsi qu'une agence de distribution d'eau et d'électricité. Des incidents similaires se sont produits à Larache et Tétouan.
A Fès (220km à l'est de Rabat) et à Sefrou, une ville voisine, des accrochages entre manifestants et policiers se sont déroulés dimanche, après la dispersion par la police d'une manifestation réclamant des changements politiques au Maroc. On ne signalait toutefois pas de victimes dans la soirée.
11-02-21 - Jura Libertaire -- Sur les événements en cours au Maroc
Lundi 21 février 2011
Sur les événements en cours au Maroc - 21 février
Il est nécessaire de déconstruire les discours ambiants, ceux qui se basent sur une série de présupposés et de constructions imaginaires. Il faut absolument faire cet effort-là et dire les choses telles qu'elles sont… L'un de ces discours est la prétendue sauvagerie des Marocains qui non seulement ne savent pas manifester en ordre derrière des banderoles et des discours creux, qu’ils ne sont pas civilisés car ils osent prendre la parole qu'on leur a longtemps confisquée, qu'ils sont irresponsables car ce sont des agents du Polisario, du Mossad et du KGB ; des enfants à la solde du pouvoir qui veulent établir l'anarchie dans le pays, provoquer la guerre, et déstabiliser notre belle et chère Nation.
Ce que l'on oublie de mentionner, c'est qu'en dehors de la civilisation casablancaise et r'bati, les réalités sont autres, ce n'est pas anodin que la situation dégénère en dehors de ces centres urbains, et que la réelle volonté de changement s'exprime auprès de ceux qui subissent encore plus les répercussions du régime corrompu marocain.
Le pouvoir a peur, il tremble de tous ses membres, le vent de la liberté se propage tel un murmure dans les cœurs des populations opprimées par des années de pauvreté et d'arrogance des gens du pouvoir. Le régime a peur, alors il construit des fantasmes généraux jouant sur la fibre patriotique, en commençant par attaquer les organisateurs de la manifestation, comme des suppôts à la solde de régimes extérieurs ; comme ce grossier montage photo dans lequel on présente une des organisatrices du mouvement dans les bras du chef du Polisario, image tellement grossière qui nous montre le degré d'improvisation et de stupidité des gens du régime (qui nous gouverne il ne faut pas l’oublier), ils sont prêts à se tourner en ridicule pour détourner l'attention des gens. Jusqu’à faire avec les moyens du bord. Il va falloir dans ce cas dispenser une formation Photoshop aux sbires du régime, qu'ils le fassent au moins dans le professionnalisme.
Le régime a peur, il se crée des ennemis, et déplace le débat de la question fondamentale que soulèvent ces mouvements, c'est-à-dire la nécessité sinon l'obligation de la part du peuple de demander des comptes aux gens du pouvoir, vers des questions subsidiaires plus faciles à traiter car portant en elles une dose de violence et de construction de l'image. Alors on va diaboliser ces jeunes qui cassent (ou détruisent ?), on va louer ceux qui protègent les biens, on va les dénigrer, pointer leur violence pour faire taire la brutalité d'État. On va construire le eux et le nous, la muraille de Chine, la barbarie et la civilisation. Dans une vision toujours duale, toujours double. Pour retirer à la situation sa complexité et la diluer dans un affrontement entre gens et non plus CONTRE le régime.
Que ceux qui se posent ces questions aient la mémoire un peu moins courte. Al Hoceima et ses alentours, c'est sept ans d'attente d'une solution à la crise liée au tremblement de terre. Voilà qu'une partie du Maroc se trouve dans l'œil du cyclone, entend promesses et réconciliation, dons etc., et ne reçoit rien. Et ça fait sept ans qu'ils attendent, qu'ils ont complètement été délaissés par l'État corrompu, qui se rappelle d'eux quand il faut envoyer des forces auxiliaires pour réprimer les demandes légitimes dans le sang. Tout cela on a tendance à l'oublier avant de porter des jugements très faciles.
Il est facile pour nous jeunes citadins de s'offusquer face à ces images et de dénigrer leur ignorance, leur manque de sens tactique. Il est très facile pour nous qui ayons accès au MacDonald, au Zara, au Guess, aux privilèges des nantis de se dire, au final nous ne partageons pas la même sphère. Il est très facile pour nous de nous dire, nous ne voulons pas la guerre, nous sommes civilisés nous qui avons accès au savoir, nous ne devons pas réagir comme ça. Mais c'est dans la construction du nous que réside le problème. Au final on se rend compte que notre prétendu modernité nous a aveuglés et qu'elle nous a fait prendre un train en retard. Ce nous que l'on s'est imagé, ceux qui souffrent nous le renvoient avec force et comme un attentat. Ce nous moderne, contre les islamistes une fable tellement grande que même les esprits les plus rétifs au discours ambiant l’ont assimilé. Ces révolutions sont post-islamistes, c’est la fin de l’islamisme en tant qu’idéologie de substitution des gens du pouvoir.
Je ne fais pas l'apologie de la violence, j'essaye de replacer les choses là ou elles sont. On ne peut demander à un jeune marrakchi de prendre la parole, de violer l'espace public, car c'est de ça qu'il s'agit, un viol en règle de l'espace public, et de ne pas s'offusquer contre le monde de la consommation ostentatoire que représente le MacDonald de Guiliz, les Zara, Guess, Bnp Paribas etc… Ils représentent toute l'arrogance même du système de domination.
Pour finir, je rappellerais juste une image et un poème. L'image de cette même fille aujourd'hui défiant les amateurs Photoshop, se dressant sur les épaules de ses amis, et malgré toute la campagne de diffamation qu'elle a subie continue à crier : LIBERTÉ. C'est une leçon, merci pour ça. Dekaka de l'histoire est en marche. Ceux qui voudront l'arrêter se briseront les bras. Qu'ils soient d'or ou d'argent.
«Qu'advient-il d'un rêve suspendu ?
Se dessèche-t-il
Comme un raisin au soleil ?
Ou suinte-t-il comme une plaie
Avant de disparaître ? Est-ce qu'il pue comme la viande pourrie ?
Ou se couvre-t-il d'une croûte sucrée
Comme un bonbon acidulé ?
Il Tombe peut-être comme un fardeau trop lourd.
Ou bien explose-t-il ?»
Langston Hugues, Fresque sur Lenox Avenue.
A.Z. - 21 février 2011.
Cinq morts dans une banque incendiée au Maroc en marge de manifs
Cinq corps carbonisés ont été retrouvés dans les locaux d'une banque incendiée dimanche à Hoceima, dans le nord du Maroc, en marge d'une des nombreuses manifestations qui ont eu lieu à travers le royaume, a fait savoir lundi le ministère de l'Intérieur.
Cent vingt-huit personnes, pour la plupart des agents de la sécurité, ont été blessées dans les violences survenues en marge de certaines manifestations, qui ont attiré 37.000 participants au total dans des dizaines de villes.
Les manifestants ont demandé au roi Mohamed VI de renoncer à certaines de ses prérogatives, de limoger le gouvernement et de lutter contre la corruption.
Le ministre de l'Intérieur Taïb Cherkaoui a déclaré lors d'une conférence de presse lundi que les manifestations s'étaient déroulées dans le calme mais que certains fauteurs de troubles avaient commis des actes de vandalisme dans des villes comme Marrakech, Tanger et Séfrou entre autres.
Cent vingt personnes ont été arrêtées, a précisé le ministre.
Leur presse (Reuters), 21 février.
(…) Mais des troubles ont éclaté après la fin des manifestations dans les villes de Tanger, Tétouan, Larache, Al-Hoceima, dans le nord, Marrakech et Guelmin dans le sud ainsi qu’à Sefrou (centre). Le ministre a attribué ces violences à «des fauteurs de troubles, dont des mineurs et des repris de justice».
À Larache, des «fauteurs de trouble», selon lui, ont investi un immeuble des douanes et se sont emparés de drogue et de boissons alcoolisées qui avaient été saisies par les douaniers.
M. Cherkaoui a enfin indiqué que 33 édifices publics, 24 agences bancaires, 50 commerces et édifices privés, ainsi que 66 véhicules avaient été incendiés ou endommagés.
Leur presse (Agence Faut Payer), 21 février.
De Rabat à Casablanca, la grogne monte aussi au Maroc
Islamistes, gauchistes, étudiants ou familles réunies sous une même banderole, ils étaient plusieurs dizaines de milliers à Rabat, mais aussi à Casablanca, Tanger, Marrakech ou Agadir à être sortis dans la rue, hier, pour demander «plus de démocratie, d'égalité et de justice».
Alors que la très officielle agence Maghreb Arabe Presse avait annoncé que les manifestations étaient annulées, les Marocains se sont mobilisés dans le calme pour faire bouger les choses dans un pays où tous les pouvoirs sont détenus par le roi Mohammed VI.
«Soif de changement»
«Les autorités ont fait le tour des quartiers populaires pour dire aux gens de ne pas sortir. Mais la soif de changement a été la plus forte», s'enthousiasme Khadija Ryadi, la présidente de l'influente Association marocaine des droits de l'homme qui a relayé l'appel à manifester lancé par un groupe de jeunes, sur les réseaux sociaux.
Dans la foule des manifestants à Rabat, l'exemple tunisien et égyptien est sur toutes les lèvres. «Ils ont ouvert la voie et montré qu'on peut avoir de la démocratie dans le monde arabe. C'est le moment pour le Maroc de prendre le train en marche», s'exclame Fatema Ait Ouazzani. Cette institutrice d'une quarantaine d'années arbore fièrement une photo de Che Guevara sur son tee-shirt.
Certains sont même venus de loin pour participer à cette manifestation. Un drapeau marocain en guise de cape et une pancarte appelant à la démocratie portée à bout de bras, Adil Ourabai a fait le déplacement de Bruxelles où il vit depuis trois ans. «Je ne veux pas rester un éternel immigré là-bas. Mais pour rentrer au Maroc, il faut qu'on nous donne enfin de l'emploi et de la liberté», explique-t-il.
En milieu de journée, les autorités marocaines n'avaient pas réagi à la manifestation. Mais le prince Moulay Hicham, cousin dissident du roi, a fait savoir qu'il soutenait les manifestants. Les organisateurs de l'événement à Rabat ont annoncé qu'ils sont en train de «faire le point avec les mouvements des autres villes mais que les manifestations vont se poursuivre».
Leur presse (Amélie Amilhau,
Ouest-France), 21 février.
11-02-21 - Libération -- Ce n’est que le début
21/02/2011 à 00h00
Maroc : «Ce n’est que le début»
Reportage
Pour la première fois hier, des milliers de personnes ont demandé la démission du gouvernement.
Par LÃA-LISA WESTERHOFF Envoyée spéciale à Rabat
Nizar a beau crier dans son mégaphone, sous les parapluies les manifestants ne sont pas très nombreux en ce dimanche matin pluvieux. 3 000, peut-être 4 000 se sont déplacés à l’appel de cette première «marche du changement». «Ce n’est pas le nombre qui compte, estime Najib, professeur d’économie, confiant. Pour le Maroc, c’est déjà beaucoup, il faut vaincre la peur d’être traité de traître.»
Ces derniers jours, sur la Toile, en effet, la contre-insurrection a fait rage. Les manifestants se sont vus qualifiés de traîtres à la nation marocaine, voire d’envoyés de l’Algérie venus déstabiliser l’unité du Maroc et défendre l’indépendance du Sahara occidental. Faux, répond Nizar Benamate, étudiant et membre du comité d’organisation de la marche, qui avance une autre explication pour la faiblesse de la mobilisation : la veille, l’agence de presse officielle a annoncé que la manifestation avait été annulée suite au désistement de l’un de ses organisateurs. «Une opération de désinformation», selon Nizar, reprise par tous les médias publics au Maroc. «Pour nous, il y a assez de monde et ce n’est que le début», assure le jeune homme de 25 ans qui porte des banderoles en tissu sous le bras.
Référence. Dans le cortège, peu de femmes, beaucoup de jeunes hommes, de militants de gauche et des islamistes membres du mouvement Justice et Bienfaisance, toléré mais non reconnu par l’Etat. A part deux partis de gauche, aucune formation politique marocaine n’a relayé l’appel à manifester.
Droit au travail pour la jeunesse diplômée, rejet de la corruption et des privilèges d’une partie de la classe politique : la référence à la Tunisie ou à l’Egypte n’est jamais loin. Elle est brandie comme une protection : «Moubarak a pris 70 millions, et ici ?» interroge une pancarte. «Y en a marre, on veut notre part du gâteau ! s’écrie Mehdi Essahli, 23 ans. Depuis quarante ans, 90% d’entre nous n’arrivent pas à vivre dignement tandis que certains ministres s’en mettent plein les poches.» Depuis son retour de France en 2009, Mehdi travaille dans un centre d’appel en banlieue de Rabat, faute d’avoir réussi à trouver un emploi dans son secteur, la comptabilité.
Ras-le-bol. A la différence de l’Egypte et de la Tunisie, ce n’est pas le chef de l’Etat, le roi Mohammed VI, qui est selon les manifestants responsable de la situation, c’est le gouvernement corrompu. Tous veulent «une réforme de la Constitution, la démission du gouvernement et la dissolution du Parlement», avance Oussama el-Khelifi, un des initiateurs du «Groupe du 20 février» qui a appelé à manifester via Facebook. Cette nouvelle Constitution doit servir à limiter les pouvoirs du roi, assurer l’indépendance de la justice. Selon la Constitution actuelle, le roi est le commandeur des croyants, le chef de l’armée, il détient également les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Le Parlement peut proposer des lois mais le monarque doit donner son accord préalable, tout comme pour nommer le gouvernement. «On veut une division des tâches», s’exclame encore Mehdi avant de retourner dans le cortège avec sa pancarte «Le roi doit régner et non gouverner».
A 100 kilomètres de là, à Casablanca, ils étaient 5 000, hier en milieu d’après-midi, rassemblés devant la mairie. Même ras-le-bol. «J’ai 57 ans et je n’ai ni maison ni travail», s’écrie Mohamed. Mustapha Rani, informaticien, est venu avec ses deux enfants pour qu’ils puissent voir «le changement». «Tous les pays arabes changent, affirme-t-il. Le roi devrait saisir l’occasion de faire des réformes avant qu’il ne soit trop tard.»
11-02-21 - Mediarabe -- Maroc cinq morts dans les émeutes d'Al-Hoceïma
lundi 21 février 2011 - 12h11
Selon le ministère marocain de l’Intérieur, cité par la télévision « Al Arabiya », cinq personnes ont été tuées dans les émeutes qui ont eu lieu à Al-Hoceïma, dans le nord du royaume. Rappelons que les grandes villes marocaines avaient connu, hier dimanche, d’importantes manifestations globalement pacifiques, réclamant des réformes politiques. Mais des affrontements ont eu lieu notamment à Marrakech. Des sources médiatiques arabes ont affirmé, la nuit dernière, que le prince Hichem, le cousin du roi Mohammed VI, a apporté son soutien aux manifestants, sans que cette information ne soit confirmée.
Ce matin, « Radio-Orient » a souligné que le pouvoir a tenté de manœuvrer pour mettre en échec la mobilisation, à travers l’annonce mensongère par l’agence de presse officielle de l’annulation des manifestations, et à travers l’arrêt des trains entre Marrakech et les régions, pour empêcher les manifestants de rejoindre le cortège.
11-02-21 - Mémoire des Luttes -- Émeutes violentes au Maroc
publié : le 21 février 2011
D’importantes manifestations ont eu lieu dimanche 20 février dans une vingtaine de villes au Maroc. Plusieurs dizaines de milliers de personnes - portant souvent des drapeaux tunisiens et égyptiens en signe de solidarité avec ces deux peuples qui viennent de renverser leurs tyrans - ont réclamé la fin de la monarchie absolue, de la corruption et de l’arbitraire ainsi que la dissolution du Parlement et une nouvelle Constitution.
Dans plusieurs villes, notamment à Rabat et Casablanca, ces manifestations réclamant des réformes et plus de démocratie se sont déroulées de façon pacifique mais à Tanger, Larache, Tétouan, Séfrou, Marrakech et Al-Hoceima des violences se sont produites après l’intervention de forces de sécurité qui ont fort violemment réprimé les protestataires. Des bâtiments officiels ont été incendiés ainsi que les sièges de sociétés multinationales, des agences bancaires et de nombreux véhicules.
A Larache, les protestataires ont brûlé une caserne de la gendarmerie et l’édifice de la douane maritime. A Al-Hoceima, la capitale du Rif, région traditionnellement frondeuse à l’égard du maghzen (pouvoir central), les affrontements ont été particulièrement violents (on peut voir ci-dessous quelques images des émeutes). Les corps calcinés de cinq personnes y ont été découverts dans une agence bancaire saccagée.
Dans l’ensemble du pays, une quarantaines d’immeubles ont été mis à feu et une centaines de commerces et de banques détruits et pillés. On compte plusieurs centaines de blessés. Et autant de personnes arrêtées.
Le lundi 21 février, dans les villes d’Al-Hoceima, Aït Bouayach et Imzourne (toutes trois situées dans la région du Rif) les protestations ont repris dès le matin et les affrontements avec les forces de l’ordre étaient particulièrement violents. Dans certains quartiers de Sefrou, les affrontements ont également repris. Des policiers en civil (masqués) auraient formé des commandos de 5 à 7 personnes ayant pour mission de faire régner la terreur et d’agresser des militants connus. Ainsi, Ez-eddine Manjli, secrétaire de la section d’ANNAHJ ADDIMOCRATI à Sefrou, a été violemment frappé (5 blessures + caillot de sang dans le cerveau), fracture du bras... Un autre militant, Abdelmouna, a été grièvement blessé le 21 février : double fracture du fémur, plusieurs côtes cassées, blessures à la tête... Il a été transporté au C.H.U de la ville de Fès. A Tanger, cinq militants d’Attac qui avaient participé à la manifestation du 20 février ont "disparu"...
Jamais, depuis l’accession de Mohammed VI au trône, en 1999, le Maroc n’a connu d’aussi importantes manifestations de colère, ni de troubles aussi violents.
11-02-23 - Guardian -- Morocco riots leave five dead
Morocco riots leave five dead
Initial protests pass off peacefully but bank blaze kills five with scores injured and detained as trouble flares in deprived suburbs
Monday 21 February 2011 16.02 GMT
Sporadic outbursts of violence have continued in Morocco after Sunday's peaceful pro-democracy protests gave way to rioting, with five people killed in a fire at a bank in the northern port of Al Hoceima.
Interior ministry figures showed that the protests were far more extensive than first thought, with nearly 40,000 people turning out in 57 towns and cities.
Protest organisers condemned the rioting and looting that followed the demonstrations, blaming it on thugs and football hooligans returning from matches.
While the mostly middle-class pro-democracy protesters had pledged to remain peaceful, there were warnings before the marches that the real tinderbox in Morocco lay in the poverty-stricken outer suburbs of the cities, where many of Sunday's rioters are thought to live.
Outbreaks of violence continued on Monday in Fes, with at least three people injured, according to Morocco's Atlantic Radio.
Clashes were also recorded in the northern towns of Ait Bouayach and Imzourne, Spain's El País newspaper reported.
Interior minister Taeib Cherqaoui said 128 people had been injured on Sunday, mostly police officers. A further 120 people were detained. He said "troublemakers" had vandalised dozens of public buildings, shops and banks.
Tangier, Larache, Marrakech, Sefrou, Tetouan and Guelmim suffered the worst violence, with a total of 33 public buildings being attacked or set on fire.
Cherqaoui said the demonstrations themselves had been peaceful, calling them an example of "the healthy practise of the freedom of expression".
Moroccan authorities claim the country will prove resistant to the wave of revolution sweeping north Africa and the Middle East because of the greater freedoms enjoyed by Moroccans.
It was unclear whether or not the protest movement would call for further action over the weekend.
11-02-27 - Econostrum -- Les manifestations au Maroc se soldent par de violents incidents dans le sud
Les manifestations au Maroc se soldent par de violents incidents dans le sud
Une semaine après les premières manifestations du 20 février 2011, les Marocains sont de nouveau descendus dans la rue. A Casablanca et Rabat, les manifestants se sont dispersés dans le calme. Des incidents violents ont en revanche éclaté dans le sud du pays.
Manifestation à Casablanca
MAROC. Une semaine après les premières manifestations du 20 février 2011, les Marocains sont de nouveau descendus dans la rue les 26 et 27 février 2011, pour réclamer le changement.
A Casablanca, environ 3 000 personnes se sont rassemblées place Mohammed V, samedi 26 février 2011, sous le contrôle d’un important dispositif de sécurité. Avec les mêmes slogans et les mêmes revendications : la démocratie, la liberté, la fin de la corruption et une révision de la Constitution.
« Il y a moins de monde, c’est vrai. Les gens ont peur à cause de ce qu’il s’est passé dans d’autres villes », estime Karima, étudiante.
Au lendemain des premières manifestations, des actes de vandalisme ont été commis à Al Hoceima, dans le nord du pays. Des incidents se soldant par cinq morts dans l’incendie d’une banque.
A Casablanca, les jeunes du Mouvement du 20 février dénoncent des intimidations. Onze jeunes ont été arrêtés en train de distribuer des tracts dans les quartiers populaires, avant d’être relâchés vendredi 25 février 2011 dans la soirée.
« En tous cas, nous allons continuer, affirme Karima. Jusqu’à ce que nous atteignons nos objectifs, c’est à dire changer la Constitution et le gouvernement ».
Emeutes à Dakhla
A Rabat, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche 27 février 2011 puis se sont dispersées dans le calme.
A Tanger, la coordination locale pour le soutien du mouvement du 20 février qui compte une dizaine de formations politiques et syndicales et du tissu associatif, a annoncé le report à une date ultérieure de la marche prévue.
Ce report a été décidé en raison du « climat d'intimidation qui prévaut dans la ville » et dans le souci d'«éviter les scénarios prémédités visant la destruction des biens des citoyens et l'atteinte à leur sécurité », indique la coordination.
De leur côté, les villes d’Agadir et de Marrakech ont été touchées par des violences, faisant plusieurs blessés.
Mais c’est à Dakhla, au Sahara occidental, que la tension a été la plus vive. Des émeutes ont éclaté en marge du festival de musique Mer et Désert. Certains quartiers ont été touchés, dans la nuit de vendredi à samedi, par des actes de vandalisme. Une personne est décédée, écrasée par un véhicule. Les autorités marocaines dénoncent l’agissement « d’éléments séparatistes ».
Dimanche 27 Février 2011
Christelle Marot, à CASABLANCA
11-02-27 - JeuneAfrique -- Émeutes à Dakhla, le Festival Mer et désert annulé
Émeutes à Dakhla, le Festival Mer et désert annulé
27/02/2011 à 11h:29 Par Constance Desloire, à Dakhla
La fin des festivités a été annulée après des émeutes. © dakhla-festival.com
Le festival Mer et désert de Dakhla a tourné à l’émeute, dans la nuit du vendredi 25 février et toute la journée du samedi 26. Les autorités ont décidé l'annulation de la dernière journée - celle du 27 février, également 35e anniversaire de la déclaration d'indépendance de la République sahrouie.
Mis à jour le 28/02/2010 à 09h18
La petite ville de Dakhla, située en plein cœur du Sahara occidental, a été le théâtre d’émeutes entre jeunes Marocains « de l’intérieur » et des populations sahraouies, en marge du festival culturel Mer et désert, dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 février. On déplore 15 blessés et de dégats matériels, selon les autorités marocaines qui ont qualifié ces événements d' « actes de vendalisme ».
Le second grand concert, donné vendredi soir place Hassan II, était un moment à la fois familial et tendu. Les slogans « Sahara marocain ! » chantés dans la foule et les nombreux drapeaux du royaume témoignaient de l’importance de l’événement pour les défenseurs d’un Maroc unitaire dans cette région annexée en 1975.
Mais pendant la nuit, la revendication a tourné à l’émeute dans le quartier sahraoui d’Oum Tounsi. « Nous avons été attaqués par des civils marocains », racontait, le lendemain, Hassan, un fonctionnaire se présentant comme un militant du droit des Sahraouis. Autour de lui gisaient des carcasses de voitures brûlées à la bombonne de gaz. « Les gens qui rentraient du concert se sont mis à courir devant des agresseurs qui s’en sont ensuite pris à des habitations », confirme un artiste étranger programmé au festival et hébergé dans le quartier.
Dans les rues d'Oum Tounsi samedi soir, on recensait bris de verre, façades défoncées et véhicules militaires positionnés. Des affrontements se sont poursuivis le dimanche - jour du 35e anniversaire de la déclaration d'indépendance de la République arabe sahraouie démocratique en 1976 - avant que la situation ne se calme. La présence de l'armée a pour l'instant apaisé des émeutes face auxquelles l'intervention de la police a été tardive. Un commerçant d'Essaouira est décédé sous les roues d'un véhicule dont le conducteur est recherché.
Dimanche matin lors d'un point de presse, les autorités ont annoncé officiellement l'arrêt des festivités. « Un groupe de sépartistes [pro-Polisario, NDLR] a exploité ces violences à des fins politiques », a indiqué le wali de Laayoune Khalil Dkhil.
Un développement inégal
Dans une ville que l’on dit moins politisée que Laayoune - l’autre ville du Sahara marocain où des émeutes avaient fait 13 morts en novembre dernier -, le festival Mer et désert se veut le symbole d’un développement accéléré depuis cinq ans. Compétitions de sport nautique et grands concerts publics attirent des jeunes venus de très loin, dans un cadre idyllique. Événement aux couleurs nationalistes, le festival avait, au cours des quatre éditions précédentes, suscité des troubles mais jamais de cette ampleur.
Des investissements massifs ont été réalisés par l’État marocain en termes d’infrastructures pour désenclaver la ville la plus au Sud du pays. Autre objectif : développer la pêche et le tourisme, notamment par le biais du festival. Mais « il y a deux Dakhla », estime Mohamed, 21 ans, un habitant d’Oum Tounsi. « Ici les Sahraouis n’ont pas vu leur quartier se développer et nous sommes tous au chômage parce que l’on est désavantagés. »
11-02-27 - Mediarabe -- Maroc de violentes émeutes dans le Sud, une mutinerie à la prison Zaki_ Vers un dialogue avec les islamistes
dimanche 27 février 2011
Maroc : de violentes émeutes dans le Sud, une mutinerie à la prison Zaki.Vers un dialogue avec les islamistes ?
Selon le site « Elaph.com », de violents accrochages ont émaillé les manifestations qui ont eu lieu samedi à Dakhla, dans le sud du Maroc (Sahara Occidental). Des voitures, des agences bancaires et des biens publics ont été incendiés. Ces émeutes interviennent à la veille des manifestations et sit-in prévus par le « Mouvement 20 février » issu des manifestations de la semaine dernière, et qui affirment poursuivre la mobilisation tous les week-end. Le calme précaire est revenu à Dakhla après l’intervention de l’armée. Des informations font également état de confrontations entre les forces de l’ordre et des manifestants à Marrakech. Ces violences auraient fait trois morts et plusieurs blessés. Les habitants du quartier militaire (Haï Al-Askari) se sont révoltés depuis vendredi contre un projet de délogement et de transfert vers d’autres quartiers de la ville. A Agadir, une vingtaine de personnes ont été sérieusement blessées lors d’une intervention musclée des forces de l’ordre contre des manifestants du « Mouvement 20 février »
Par ailleurs, une mutinerie a éclaté à la prison Zaki à Salé, la deuxième plus importante du royaume. Plusieurs islamistes radicaux de la mouvance salafiste djihadiste y sont emprisonnés. Une vingtaine parmi eux, lourdement condamnés, se sont rebellés à l’issue de la prière de vendredi et ont refusé de regagner leur cellule. Certains ont escaladé un mur de séparation entre deux partie de la prison, haut de 10 mètres, et menacent de se jeter s’ils n’étaient pas libérer. Les autorités sont mobilisées pour ramener le calme. A cet égard, « Elaph.com » croit savoir que des officiels se sont récemment rendus à la prison de Kénitra pour rencontrer l’imam salafiste Hassan Khattab et évoquer avec lui la relance du dialogue entre le pouvoir et les islamistes, pour clôturer définitivement ce dossier. Khattab était l’un des idéologues des terroristes qui ont commis les attentats suicides de mai 2003 à Casablanca.