avenir d'une offensive

Dossier Algérie 1

11-01-03 – Algérie

11-01-04 - Algerie360 -- Des émeutes à Fouka et Staouéli

Des émeutes à Fouka et Staouéli

Des jeunes des cités des Oranges et Al-Amar, dite communale, à Fouka (Tipasa) et de La Bridja à Staouéli (Alger) ont fermé, la route, ce lundi, de leurs quartiers respectifs. Par cette action, ils voulaient dénoncer la flambée des prix des produits alimentaires de large consommation.

Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Situé sur les hauteurs de la ville de Fouka, dans la wilaya de Tipasa, le quartier appelé Communal était, ce lundi, le théâtre d’un mouvement de protestation. Des centaines de jeunes des cités des Oranges et Ali-Amar ont investi la rue durant l’après-midi de lundi. Leur objectif était de manifester leur colère contre la hausse des prix de certains produits alimentaires.

Ils ont agi en bloquant la route à l’aide de blocs, de barres de fer, de troncs d’arbre et de pneus incendiés, plongeant ainsi tout le quartier dans un immense nuage de fumée noire. Il a fallu l’intervention des forces de la Gendarmerie nationale pour mettre fin à cette manifestation qui a duré plusieurs heures. Le quartier Communal présente l’image d’un éternel chantier. Des constructions inachevées, des eaux usées qui coulent à ciel ouvert et des routes non revêtues. Même les quelques tronçons goudronnés sont parsemés de nids-de-poules.

«C’est trop ! C’est vraiment trop ! Où vat- on ainsi ? Le bidon d’huile de 5 litres a atteint les 780 dinars et le kilo de sucre 150 DA. Il s’agit de produits alimentaires indispensables. Ceci, sans parler des fruits ou de la viande qui sont déjà hors de notre portée», peste un habitant du dudit quartier. Pour ce mécanicien, «la hausse des prix n’a été que la goutte qui a fait déborder le vase». «Notre quartier est noyé dans une multitude de problèmes», dira-t-il. Les mêmes scènes se sont produites dans le quartier de La Brija, à Staouéli.

Selon un riverain, les résidants sont, eux aussi, sortis dans la rue manifester leur colère contre la subite flambée des prix des produits alimentaires. Ils ont fermé le carrefour à la sortie de Staouéli menant vers Sidi-Fredj et Zéralda. Arrivés sur les lieux, les éléments de la gendarmerie ont tenté de disperser les manifestants, mais en vain. «Les affrontements entre les contestataires et la Gendarmerie ont continué jusqu’en début de soirée, avant que les jeunes ne se résignent à se disperser », ajoute-t-il.

R. N.


11-01-05 - DNA -- De violentes émeutes éclatent dans plusieurs quartiers d’Oran, deuxième ville d’Algérie

De violentes émeutes éclatent dans plusieurs quartiers d’Oran, deuxième ville d’Algérie §

Mercredi, 05 Janvier 2011, 17:17 | Djamel Khiat


Oran, la capitale de l’Ouest et deuxième ville d’Algérie, vit depuis le d’après-midi du mercredi 5 janvier un climat de début d’émeute relayé par des rumeurs colportées de bouche à oreille faisant craindre le pire. Des dizaines de jeunes habitant le quartier de Victor Hugo, un quartier populaire de la ville, ont bloqué l’accès au pont d’El Hamri (dit pont du manège) avec des pneus brulés et des blocs de pierre, pour protester contre la cherté de la vie à l’ombre des dernières augmentations qu’ont connues les produits de consommation.

Les éléments des brigades antiémeutes ont été dépêchés sur les lieux pour empêcher le jet de pierres contres les automobilistes qui empruntaient ce pont. Aucune arrestation n’a été enregistrée jusqu’à l’heure. Les manifestations se sont ensuite propagées dans les autres quartiers populeux et populaires d’Oran, atteignant Bastié, Petit Lac ou encore signalées au centre-ville. Pour parer au plus urgent et prévenir d’éventuels dégâts, plusieurs secteurs urbains ont fermé les portes des sièges administratifs alors que la majorité des commerces ont baissé rideau.

Le siège de la CNEP attaqué et saccagé par des manifestants

Les manifestants étaient encore rassemblés au niveau de Bastié, dans un climat tendu et  les policiers restaient vigilants à l’affut de toute éventuelle reprise des violences vers 16 heures au plus tard. Des témoins ont également signalé des pneus brulés au niveau de Petit Lac et de Bastié. Le siège de la CNEP à Petit Lac a été attaqué et saccagé par les manifestants qui ont volé au passage des micro-ordinateurs et du mobilier de bureau

Pourtant, la situation explosive que vit la ville était prévisible dans la mesure où des mouvements de protestation se sont multipliés dans la wilaya cette semaine, à la faveur des émeutes qui se sont succédé un peu partout à l'occasion des opérations de démolition des bidonvilles.

Ras-le-bol de la cherté de la vie

Le mouvement a commencé, lundi dans le quartier des Planteurs, suite à la démolition de constructions illicites suivie d'une contestation des occupants, lesquels été appuyés par le reste des habitants du quartier qui ont fini par récupérer ce désormais mouvement pour enfin verser dans des actes de violence. Dans la soirée du lundi, quelque deux cent jeunes se sont rassemblés devant le siège de la radio El Bahia en bloquant l'accès à Aissa Messaoudi.

Ces protestataires exprimaient, violemment, un ras-le-bol quant à la cherté de la vie en dénonçant les nouveaux prix affichés dans les commerces en début de cette année 2011. Mardi matin, plus de deux cents habitants du village Menatsia dans la commune de Ben Fréha ont bloqué la route reliant le village à Gdyel et Arzew. (Photo/archive - Yacine Charki)

11-01-05 - El Watan -- Cinq personnes blessées lors d’affrontements


Démolition de constructions illicites à Djelfa

Cinq personnes blessées lors d’affrontements

El Watan, 5 janvier 2011

Quatre policiers et le conducteur de la pelleteuse ont subi des blessures.

Au cours d’un affrontement hier entre des citoyens et les éléments de l’unité d’intervention rapide de la Sûreté nationale lors d’une opération de démolition de constructions illicites, quatre policiers et le conducteur de la pelleteuse ont subi des blessures.
Parmi eux, rapporte-t-on de source sécuritaire, un policier a été sérieusement atteint à la tête et à l’œil suite à des jets de pierres, ce qui a nécessité son évacuation à l’hôpital mais sa vie ne serait en danger. Les trois autres, quant à eux, souffrent de plusieurs fractures légères en diverses parties du corps.

Le conducteur de la pelleteuse, dont l’engin a été sévèrement abîmé, a été littéralement pris d’assaut par les manifestants qui lui ont occasionné lui aussi une fracture à la main.
Cette opération d’éradication des constructions illicites à la hussarde a visé la démolition de quatre carcasses fraîchement élevées sur, dit-on du côté de l’APC, un terrain à caractère domanial situé à proximité des deux cités Bensaïd et Fousha. Alors que les riverains n’en démordent toujours pas en restant groupés mais éloignés des forces de sécurité, la présence policière n’arrête pas de s’intensifier à l’heure où nous mettons sous presse.
Abdelkader Zighem



11-01-05 - Le Temps -- Douaouda et l'ouest d'Alger en ébullition


05-01-2011

La hausse des prix alimente les tensions sociales

Douaouda et l'ouest d'Alger en ébullition

Des échauffourées avec les forces de l'ordre ont été enregistrées mardi soir dans la commune de Douaouda. Les émeutiers sont sortis dans la rue pour protester contre la hausse des prix des produits de large consommation. Selon certaines informations recueillies sur les lieux, les jeunes protestataires devaient reprendre la protesta dans la soirée d'hier. 

La paisible commune de Douaouda a connu ses premières émeutes depuis ces vingt dernières années. Jamais les habitants de cette partie de la wilaya de Tipaza «n'ont manifesté avec une telle virulence», décrivent des témoins.  «Mardi soir, à partir de 7h30, des jeunes ont bloqué le boulevard principal avec des pneus et des troncs d'arbre», indiquent des résidents de la localité interrogés hier lors d'une visite sur les lieux.

La hausse des produits alimentaires serait la cause première du mécontentement de la population de Douaouda, ou du moins ceux qui sont sortis protester. D'après les dires de quelques individus rencontrés sur les lieux, «il est devenu très difficile de remplir le couffin avec de si bas salaires. Le sucre ayant atteint les 120 DA, le bidon d'huile de 5 litres coûte 750 DA, comment voulez-vous vivre décemment avec un rentrée d'argent misérable ?», affirment-ils.

En effet, ces derniers jours, nous constatons une hausse sans frein des produits de première nécessité. Ni l'appel de la société civile ni les avertissements de la presse nationale n'ont été pris en compte par les pouvoirs publics pour stopper le mécontentement et trouver les solutions idoines.

Déjà, dans la soirée de lundi, ce sont les localités de Fouka (Tipaza) et de Staouéli (Alger) qui ont été le théâtre d'émeutes. Elles ont pris fin avec l'intervention des forces de l'ordre. Ces dernières sont sur le qui-vive. Le ras-le-bol social risque de ne pas s'estomper, d'autant plus que le «virus s'est propagé».

De retour à Douaouda hier, l'un des habitants, chauffeur de profession et activant à Alger, nous indiquait que «les jeunes de cette localité ont décidé de ressortir pour bloquer encore une fois le grand boulevard de la ville qui dessert l'ensemble des quartiers, jusqu'à la sortie nord-est, à destination de Fouka». 

Si des indices permettent d'expliquer la hausse des prix des produits alimentaires en raison de la flambée des cours internationaux, en Algérie, certains commerçants disent qu'«elle n'est pas justifiée». Ce sont encore là de nouvelles accusations portées contre les spéculateurs «qui s'enrichissent sur le dos des citoyens, le laissant frôler la misère, si ce n'est déjà fait», estime-t-on. Par ailleurs, au moment où nous mettons sous presse, des échauffourées ont éclaté à Staouéli.


11-01-06 - TSA -- Les émeutes s’étendent à l’Ouest d’Alger

Les émeutes s’étendent à l’Ouest d’Alger

Cheraga et Aïn Bénian secoués par des violences

Les émeutes qui ont secoué, mercredi 5 janvier dans la soirée le quartier de Bab El Oued, au centre d’Alger, se sont propagéd à d’autres quartiers, notamment à l’Ouest de la capitale. A Cheraga, plusieurs dizaines de manifestants du quartier Kathbane ont coupé dans la soirée la route menant vers le siège du commandement de la Gendarmerie nationale, a-t-on constaté sur place. Les manifestants ont brûlé des pneus et lancé des pierres en direction de la gendarmerie causant d’importants dégâts à leurs véhicules et blindés. Les gendarmes n’ont pas riposté mais les forces de l’ordre ont bouclé le quartier.

 

Selon des manifestants interrogés sur place, la principale cause de cette colère est la cherté de la vie. « Ils nous ont imposé de fermer nos gueules depuis plusieurs années et maintenant Bouteflika veut fermer nos bouches pour nous empêcher de manger », a expliqué un jeune manifestant en colère.

 

A Aïn Bénian, une autre commune de l’Ouest d’Alger, plusieurs dizaines de manifestants sont sortis mercredi soir dans la rue. Ils ont incendié des pneus en scandant des slogans hostiles au pouvoir, selon des témoins joints par téléphone. Là encore, les raisons de la colère sont liées à la cherté de la vie après la flambée des prix ces derniers jours.

 

 

06/01/2011 à 00:15 | 3 commentairesRéagir


11-01-06 - El Watan -- Protestation et panique au centre-ville d’Oran

Protestation et panique au centre-ville d’Oran

le 06.01.11 | 03h00

Un mouvement de panique s’est emparé du centre-ville d’Oran, hier dans l’après-midi, suite à la propagation d’une information selon laquelle des émeutiers venant de la périphérie allaient envahir cette partie de l’agglomération qui concentre le gros du trafic.

Des incidents ont été signalés à El Hamri (pneus brûlés) et à Petit Lac (avec une route barrée par des branchages et des pneus enflammés également) mais c’est la rumeur qui a amplifié le phénomène, créant une véritable  frayeur chez les automobilistes qui ont, pour la circonstance, aggravé les embouteillages déjà denses en temps normal. En l’espace de quelques minutes, les voitures ont presque déserté le centre-ville. Les commerçants ont, pour la majorité, baissé rideau. D’autres ont continué à travailler à portes  fermées ou à moitié,  guettant la moindre bruit.  Les lycéens sont sortis plus tôt que prévu  et quelques uns ont rejoint les riverains qui se sont amassés sur les trottoirs et les places publiques. Une véritable tension a régné au quartier Saint Pierre, en plein cœur de la ville, qui avait, lors des émeutes liées à la relégation du club de football MCO, enregistré d’importants accrochages avec les forces de l’ordre. 
Vers 18h, les curieux étaient moins nombreux mais la tension persistait.


Des jeunes dans la rue contre la cherté de la vie


Hier, vers 15h30, des jeunes d’El Hamri sont sortis dans la rue. Ils ont investi le boulevard des Martyrs, appelé aussi boulevard de «la faïence». La fumée provenant des pneus incendiés au milieu de la route était visible à plusieurs centaines de mètres, ce qui dissuadait tout automobiliste d’avancer.
Des jeunes criaient leur ras-le-bol d’une vie qu’ils qualifient d’insupportable et qui va de mal en pis. «On est chômeurs, mal logés et voilà  qu’on nous ajoute la cherté de la vie», lançaient les protestataires. D’autres scandaient «halte à la cherté de la vie». Un citoyen nous a déclaré : «Les prix des produits alimentaires de base flambent et on parle d’une pénurie de farine.  Dans quelques jours, on ne trouvera même pas le pain.»


Selon nos sources, la première étincelle de protestation était partie, la veille, du quartier des Planteurs. En fait, dans la soirée de mardi, des habitants de ce quartier sont sortis dans la rue pour protester contre la cherté de la vie et leurs conditions d’habitat. Pour ce qui est des évènements d’hier, ils ont commencé, dit-on,  au quartier Bastille où les policiers sont, selon des sources,  intervenus pour disperser les protestataires. Dans d’autres quartiers de la ville, les policiers ont  bouclé les périmètres occupés par les manifestants et n’ont répondu à aucune provocation.  Selon les services de sécurité, «la situation a été maîtrisée, le calme est revenu en fin d’après-midi dans tous les quartiers de la ville et aucune  arrestation n’a été enregistrée».              
 

D. B. et R. K.


11-01-06 - TSA -- Dégâts, rumeurs et inquiétudes

Dégâts, rumeurs et inquiétudes…

Bab-El-Oued au lendemain d’une nuit d’émeutes

Les traces des émeutes qui ont secoué mercredi 5 janvier dans la soirée le quartier populaire de Bab-El-Oued étaient encore visibles dans la matinée de ce jeudi. Malgré les efforts des agents de Netcom à dégager les trottoirs et les voies carrossables des pierres et des restes de pneus brûlés avant le début du mouvement des citoyens vers les écoles et les lieux de travail, il n’était pas possible de cacher, à certains endroits, la réalité des événements de la veille.

 

C’est particulièrement le cas au carrefour de Triolet, en contre haut du CHU Lamine Debaghine (ex hôpital Maillot). La présence d’un barrage fixe de la sûreté nationale à ce croisement n’a vraisemblablement pas dissuadé les manifestants de mettre à sac le showroom du concessionnaire Renault et de celui du label chinois Geely. Les rideaux métalliques des deux espaces mitoyens sont carrément arrachés. Des véhicules, maintenus dans leurs box d’exposition, sont complètement incendiés. D’autres ont été sortis dans la rue où ils ont subi un sort aussi triste. Les pare-brise ont sauté en éclats. Les capots et les portières sont arrachés. Les pièces de motorisation sont irrémédiablement hors service. Les carcasses ne reposent plus que sur les essieux.

 

Les pneus ont certainement brûlé, au moment des émeutes. Vers 9 h, une équipe de policiers et probablement des responsables des concessionnaires des deux marques d’automobiles constataient les dégâts. La circulation était bloquée sur tous les axes desservis par ce carrefour (vers Bologhine, Bab-El-Oued Centre, Chevalley et Fontaine Fraîche). Une heure et demie plus tard, elle devenait légèrement plus fluide, bien que les nombreuses voitures détruites n’aient toujours pas été déplacées.

 

A Bab-El-Oued et dans les communes limitrophes, la tension est encore pesante. A partir de midi, la rumeur devenait de plus en plus forte. Les quartiers vont encore s’embraser dans l’après-midi… Les échoppes, notamment les magasins d’alimentation générale et les boulangeries, sont prises d’assaut par des citoyens. Certains commerçants disent qu’ils ont reçu des instructions pour baisser rideau, samedi. Une grève générale est, semble-t-il, décrétée pour ce jour là. Rumeur ou appel réel ? Impossible de savoir.

06/01/2011 à 13:29 | 0 commentairesRéagir

11-01-06 - La Tribune -- Emeutes dans les quartiers chauds d'Oran

Algérie: Emeutes dans les quartiers chauds d'Oran

Afrique du Nord - Algérie

Des jeunes ont manifesté leur colère - Telle une gangrène maléfique, les tensions qui ont marqué l'Algérois ont fini par rattraper Oran. Dans la journée d'hier, les jeunes Oranais ont laissé libre court à leur furie en occupant et saccageant la chaussée. Des dizaines de jeunes ont investi le deuxième boulevard périphérique dans le quartier haï Ibn-Sina, ex-Victor-Hugo, où ils ont barré la route avec des pneus qu'ils avaient pris le soin d'incendier auparavant.

Les jeunes ont caillassé des véhicules empruntaint cet axe routier très fréquenté. Avec l'arrivée des forces antiémeutes, les choses ont viré à la confrontation. Les jeunes, dans une furie indescriptible, ont mis toute leur énergie à accueillir les forces de l'ordre avec des jets de pierres et autres projectiles dangereux. Officiellement, les jeunes manifestent leur colère contre la cherté de la vie.

«C'est vrai, moi je ne fais pas le marché, mais je vois la souffrance de ma mère et de mon père. Pourquoi ils nous font ça ?» s'interroge un groupe de jeunes. Après avoir réussi à faire face à cette frénésie juvénile, les forces de l'ordre seront appelées à la rescousse au quartier populaire d'El Hamri où d'autres jeunes ont mis le feu, barrant la route à une circulation déjà compliquée. Là aussi, la confrontation avec les brigades antiémeutes semblait amuser ces jeunes qui ont donné du fil à retordre aux forces de l'ordre.

A l'heure où nous mettons sous presse, les informations faisant état d'émeutes semblables ont fait le tour de la ville, plongeant les citoyens dans une psychose inégalée. C'est à croire que ce scénario avait été vaillamment préparé plusieurs fois auparavant, mais n'a jamais aussi bien fonctionné que cette fois-ci.

Mohamed Ouanezar

La Tribune


11-01-06 - El Watan -- les émeutes se propagent dans plusieurs quartiers

Alger : les émeutes se propagent dans plusieurs quartiers !

le 06.01.11 | 13h50

Depuis mercredi soir, des troubles à l'ordre public ont...

De nombreux quartiers d'Alger ont connu des scènes d'émeutes durant la journée de jeudi. Après Bab el oued, Cheraga, Bachedjerrah, ce fut au tour de Birkhadem, Zeralda, Bordj el Kiffan, Saoula et d'autres localités qui ont connu des scènes de violences. 

 Dans d'autres quartiers la peur a contraint de nombreux commerçants à baisser rideaux. A 17h, le boulevard Didouche, à alger centre était vide. La quasi totalité des commerçants a fermé et la circulation automobile est devenue insignifiante, alors que d'habitude c'est bouché.  

A Gué de Constantine, Bachdjerrah et Kouba, un climat de tension terrible caractérise de nombreux quartiers et cités populaires. La colère contre la cherté de la vie et la misère a fait sortir dans la rue depuis mercredi soir des centaines de jeunes exaspérés par leurs conditions sociales déplorables. 

De l'aveu même de plusieurs témoins oculaires, les affrontements avec les forces de l'ordre ont été d'une violence inouïe. Des bandes de voleurs ont su des lors comment profiter de la révolte à laquelle était livrée Bachdjerrah pour s'attaquer à des commerces et les dévaliser. Du bureau de la poste en passant par l'agence Djezzy et le grand Bazar "Hamza" situé au centre de Badjcherrah, les jeunes émeutiers n'ont reculé devant rien pour s'attaquer à tous les édifices.

Par la suite, des routes ont été bloquées à coup de pneus brûlés jusqu'à la rue Tripoli de Hussein Dey où pas moins de six entreprises, des bureaux d'études, des sociétés de sous-traitances et de vente de matériel industriel, ont été cambriolées et dévalisées vers les coups de 3 H du matin.

Débordés, les forces de police ont été pris pour cible de toutes part par des jeunes qui ont adopté durant toute la nuit la technique de la guérilla urbaine.  Et au rythme où vont les choses, rien ne laisse présager une quelconque amélioration d'ici la nuit de ce jeudi dans les quartiers chauds la banlieue est de la capitale.  

Le même scénario risque également de se produire dans les communes et quartiers de la banlieue ouest. Pour preuve, depuis le début de l'après-midi, à Dergana, El-Hamiz et Bordj El-Kiffan, des routes ont été bloquées par des jeunes émeutiers dans plusieurs quartiers de ces communes dont le ciel est, désormais, obscurci par le feu des pneus brûlés.   

Abderrahmane Semmar


11-01-06 - emarrakesh -- les émeutes de Borj Menaël font une quarentaine de blessés

Algérie: les émeutes de Borj Menaël font une quarentaine de blessés

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eMarrakech: Les manifestations continuent plus atrocement en Algérie faisant une dizaine de blessés. Le jeudi 6 janvier, la localité de Bordj Menaël, à l’est de Boumerdès a vu des affrontements violents qui ont éclaté en début d’après-midi.


Ces émeutes ont fait, jusqu'à présent, plus de 40 blessés parmi les manifestants et les forces de l'ordre. Un bilan bien lourd qui est le plus élevé en Algérie.

Les manifestants ont barré toutes les routes vers le centre ville de Borj Menaël. Ils ont, ensuite, attaqué le tribunal et le siège de la gendarmerie locale à coups de pierres. Ils ont aussi lancé des projectiles contre un véhicule de la police et des pompiers.

Ces manifestations ont causé une problème de circulation à la RN 12 qui a été coupée. Cette coupure pourrait bloquer le passage des travailleurs des zones industriels de Réghaia et Rouiba.

Pour venir à bout de ces émeutes violentes, d’importants renforts de forces de l’ordre ont été déployés à Boumerdès, chef-lieu de la wilaya; rapporte la presse algérienne.


Jeudi 6 Janvier 2011

11-01-06 - L'Expression -- Attention ça flambe

Kaci AGGAD  - Jeudi 06 Janvier 2011 - Page : 3


Qui veut nuire à la paix sociale?


R. BOUDINA


Ces augmentations qui exhalent de forts relents de déstabilisation sociale sont perçues par les Algériens comme une agression contre leur dignité. A qui profite le crime?

Si il y a des produits de première nécessité dont on ne saurait vraiment se passer, ce sont bien l’huile, le sucre et la farine. Indispensables dans toute préparation alimentaire que ce soit la gastronomie ou la pâtisserie, ils font partie des éléments de base les plus usités par les ménagères. Lorsqu’ils viennent à manquer, point de déjeuner et ou diner et adieu le dessert. Cet engouement, voire cette propension à recourir à l’huile, le sucre et la farine pour de nombreux plats mijotés, a un tel point aiguisé les appétits qu’il a poussé les spéculateurs de tout bord à sévir de nouveau en pratiquant des prix spéculatifs. Alors que tout le monde s’attendait, à défaut d’une réduction, à une stabilité des prix, voilà qu’on nous annonce, tort de gré, la hausse des prix de l’huile et du sucre sur le marché pour «fêter le début de la nouvelle année». Se 85 DA, en moyenne, le kilogramme de sucre est passé à 115 et parfois 120 DA, soit une augmentation de plus de 30%. Idem pour l’huile qui a atteint 115 DA, soit 750 DA le bidon de cinq litres. Pourquoi ces hausses excessives alors que rien ne semble le justifier, en tout cas, pas l’augmentation des prix des matières premières à l’échelle mondiale que d’aucuns invoquent pour tenter de se dédouaner.

Rebrab va s’expliquer

A la suite de la tension créée sur les produits de première nécessité ayant provoqué des émeutes dans certaines localités et dont plusieurs quotidiens ont fait part dans leurs dernières éditions, Issad Rebrab, président du conseil d’administration du Groupe Cevital, animera une conférence de presse, le samedi 8 janvier 2010 à 10h30, au siège du Groupe pour s’expliquer sur la récente hausse des prix des produits alimentaires. Rappelons que le Groupe Cevital domine le marché.


Si oui, pourquoi les prix de ces deux produits de base n’ont-ils pas connu de hausse sensible en Europe? Dans le pire des cas, ils ne dépasseraient pas le seuil des 5%. C’est vrai que nous importons les matières premières souvent au prix fort, c’est vrai, aussi, que notre pays n’a pas encore atteint son autosuffisance alimentaire, mais on a du mal à accepter ces brutales flambées des prix.
Les Algériens les perçoivent comme une agression dirigée contre leur dignité. Après les dernière émeutes contre la malvie qui ont eu pour théâtre certaines villes du pays, veut-on étendre la contestation en allumant d’autres foyers à travers le pays? Depuis quelque temps, on évoque une pénurie de farine. Les premiers à avoir tiré la sonnette d’alarme sont les boulangers dont nombreux ont dû baisser rideau à cause, précisément, des perturbations fréquentes enregistrées au niveau des approvisionnements. Ces derniers n’ont cessé d’attirer l’attention des autorités concernées car la farine, tout comme l’huile et le sucre, est un produit de base sans lequel on ne pourrait faire du pain.

Le ministre du Commerce affiche son inquiétude

«Nous constatons avec inquiétude l’augmentation des prix des produits importés depuis un certain moment. Ces trois derniers jours, il y a eu une aggravation de cette augmentation au niveau des marchés de gros et chez les producteurs. Cela ne peut pas être expliqué uniquement par l’augmentation des prix de certains produits sur les marchés boursiers internationaux», a déclaré, hier, le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. Il a cité l’exemple du sucre et des huiles végétales qui ont connu une hausse sensible des prix depuis le début de l’année. «Nous allons prendre des mesures et que chacun assume ses responsabilité», a-t-il appuyé. «Il y a vingt jours, les industriels qui font dans les boissons, les confiseries et les biscuiteries s’approvisionnaient chez le producteur principal du sucre à 70 DA le kilo. Depuis quelques jours, ce prix est passé à 90 DA. Pourtant, le transformateur bénéficiait d’une marge (...)»


Et lorsque on sait la place qu’occupe le pain dans la société et les habitudes culinaires des Algériens, on est forcé de se poser cette question: qui veut nuire à la paix sociale? Car une pénurie de farine ne serait pas sans conséquence pour les ménages et entraînerait la révolte du pain. D’ailleurs, il n’y a pas que les boulangers, les propriétaires des minoteries, aussi, se plaignent de l’absence des matières premières indispensables pour la production de la farine et des produits dérivés. Leurs minoteries tournant presque au ralenti, certains propriétaires menacent carrément de fermer boutique.
Le ministère du Commerce ne se contente pas d’observer et intervient dans le débat. Pendant ce temps, ces flambées des prix n’ont épargné aucun produit. Le phénomène est analysé par les experts. Pour Mohamed Gharnaout, économiste, «ces augmentations ont certainement un lien avec les dernières augmentations des salaires». Dans les moments difficiles, l’Algérien ne se met pas en colère rapidement. Si il se révolte, c’est qu’il s’est senti lésé ou berné.
En effet, la flambée des prix des produits alimentaires de large consommation est accentuée par la demande de logement non satisfaite au niveau national et cela, nonobstant la réalisation du 1 million de logements, au titre du premier plan quinquennal et le programme initié au titre du plan quinquennal 2010-1014.
La fibre sensible est le logement. Bon nombre d’élus l’utilisant comme monnaie d’échange et promettent monts et merveilles aux citoyens s’ils sont élus. Une fois installés, ils oublient leurs promesses et se consacrent à des activités autres que celles pour lesquelles ils ont été désignés.
Les logements tardent à venir et ceux qui arrivent sont détournés au profit de tierces personnes qui n’habitent parfois pas la commune.
D’ailleurs, beaucoup dénoncent ces listes faites souvent dans l’opacité, et revendiquent une distribution beaucoup plus juste sur la base de critères plus fiables reconnus et acceptés par tout le monde, car le logement est une chose trop sérieuse pour qu’on la laisse aux mains des seuls élus. Tous ces incrédients contribuent à allumer le feu. Oran, Alger, Djelfa, Tipasa, et d’autres villes encore sont gagnées par la révolte. Ou risquent de l’être. Tipasa, Alger, Fouka et Staouéli sont les autres localités qui ont connu des émeutes.

11-01-06 - Setifinfo -- Des émeutes éclatent dans plusieurs quartiers de Sétif

Des émeutes éclatent dans plusieurs quartiers de Sétif


jeudi 6 janvier 2011 | Khalil.Hedna@setif.info

Des émeutes ont éclatés, depuis 19h00 dans plusieurs quartiers de Sétif, notamment aux cités urbaines, 1014, 1006, 500 logts, rue de sillegue à Tandja et se sont propagées même à Chouf Lekdad et Ain Trik …

Des dizaines de jeunes habitant ces quartiers populaires, ont bloqué l’accès avec des pneus brûlés et des blocs de pierre en guise de protestation contre la cherté de la vie à l’ombre des dernières augmentations qu’ont connues les produits de consommation.

A l’heure où nous rédigeons ces lignes (20h45), les manifestants sont encore rassemblés au niveau des quartiers cités, dans un climat tendu et les brigades d’intervention de la police restent vigilants.

Nous restons dans l’impossibilité de fournir plus de détails pour l’instant.

11-01-06 - Tamurt -- Tensions à Bgayet

Emeutes contre la cherté de la vie

Tensions à Bgayet

Des émeutes ont éclaté aujourd’hui à Akbou à l’ouest de Bgayet pour protester contre la hausse considérable des prix des produits alimentaires survenue sur le marché récemment, a-t-on appris de sources locales.

06/01/2011 - 18:48 mis a jour le 06/01/2011 - 19:22 par Meziane Tiziwar

La matinée, des jeunes de la localité ont organisé une marche spontanée, à laquelle se sont joints des citoyens, scandant des slogans pour dénoncer la cherté de la vie. Des barricades ont été dressées dans plusieurs endroits de la RN26 qui a été coupée à la circulation pendant toute la journée.

Si la matinée les services de sécurité se sont montrés discrets, au milieu de la journée des affrontements ont éclaté avec les manifestants qui ont saccagé le siège du tribunal de la ville. Jusqu’à 16 heures, les affrontements se sont poursuivis avec les forces de l’ordre auxquelles les manifestants ont répondu par des jets de pierre, mais aucun bilan n’est disponible pour le moment.

Du côté ouest de Bgayet  , c’est vers la fin de l’après-midi qu’à Bakaro dans la commune de Tichy, des citoyens ont fermé la RN9 pour les mêmes motifs à savoir la cherté de la vie. Des barricades ont été dressées et des pneus ont été brulés paralysant la circulation sur cet important axe routier où les usagers ont trouvé d’énormes difficultés pour rejoindre leurs domiciles. Mais au moment ou nous mettons sous presse, les forces antiémeutes ne sont toujours pas intervenues pour débloquer la route.

Meziane.T

11-01-07 - Libération -- l’étincelle qui embrase la jeunesse algérienne

07/01/2011 à 00h00

Hausse des prix : l’étincelle qui embrase la jeunesse algérienne

Reportage

Des manifestations de rue ont secoué les grandes villes et la banlieue d’Alger.

Par RYMA ACHOURA Correspondante à Alger

Des manifestants algériens face à la police à Bab El-Oued, mercredi (REUTERS/Farouk Batiche)

On ne sait même plus d’où est parti le mouvement. Mais en moins de vingt-quatre heures, manifestations et émeutes se sont propagées comme une traînée de poudre dans toute l’Algérie. Il y a eu Oran mercredi, Tipaza, une station balnéaire à 70 km à l’ouest d’Alger, puis le quartier de Bab el-Oued à Alger. Et, hier, les banlieues populaires de la capitale se sont embrasées une à une. Ailleurs aussi, à Boumerdes, à l’est d’Alger, en Kabylie, dans la région de Béjaïa. Des groupes de jeunes, des dizaines ou des centaines selon les quartiers, sont descendus dans les rues. Ils s’en sont pris aux commerces, ont détruit des vitrines et des magasins, ont bloqué la circulation en faisant brûler des pneus.

A Bab el-Oued, les forces antiémeute ont été mobilisées pour protéger le commissariat du quartier, encerclé par les manifestants. Mehdi tient une épicerie à deux pas de la place des Trois-Horloges, là où les violences ont débuté. «Les jeunes ont commencé à marcher, à crier dans les rues. La police a jeté des gaz lacrymogènes sur eux et a même tiré des balles à blanc. Et puis, certains jeunes en ont profité pour tout détruire. Ils ont cassé des vitrines, et ont pris de l’argent et des produits», raconte-t-il. Aucun bilan de blessés ou d’arrestations n’est disponible . Le calme semblait revenu hier à Bab el-Oued mais les forces antiémeute sont restées sur place. Mais Bachdjerrah et Hussein Dey, dans la banlieue est de la capitale, ont été le théâtre de troubles et de pillages. A Kouba et dans plusieurs autres quartiers, des groupes de jeunes se sont contentés d’enflammer des pneus. La plupart des commerçants ont gardé leurs rideaux baissés et ceux qui ont ouvert ont refermé boutique tôt dans l’après-midi. Dans le centre d’Alger, l’avenue commerçante Didouche Mourad, d’habitude bondée, était désertée.

Sucre. Cela faisait plusieurs jours que la grogne montait sur les marchés et dans les commerces du pays. La cause ? Une flambée des prix des produits alimentaires de base, comme le sucre ou l’huile. Sur les marchés de la capitale par exemple, le kilo de sucre se vend 30%, voire 50%, plus cher qu’il y a quelques jours. Cette augmentation s’explique par la hausse des cours sur les marchés internationaux. L’Algérie importe la grande majorité des biens consommés.«Il y a des produits que les gens sont obligés d’acheter comme le lait ou les yaourts pour les bébés. Et pourtant, avec cette augmentation , ils n’ont même plus les moyens. Par rapport à leur salaire, à leur pouvoir d’achat, ils ne peuvent plus», raconte Mehdi, l’épicier.

Mais une partie de la population accuse aussi les importateurs et les intermédiaires locaux qui profiteraient de la situation pour exagérer la hausse des prix. Une thèse que le gouvernement lui-même semble accréditer. «Ces trois derniers jours, il y a eu une aggravation de cette augmentation au niveau des marchés de gros et chez les producteurs. Cela ne peut pas être expliqué uniquement par la hausse des prix de certains produits sur les marchés internationaux», a déclaré mercredi le ministre du Commerce, Mustapha Bendaba, alors que les émeutes secouaient déjà Oran. «Nous allons prendre des mesures», a-t-il ajouté.

Pour la population, c’est simple : l’Etat doit augmenter les salaires ou subventionner les produits de première nécessité. Car elle ne comprend pas comment leur situation peut être si difficile dans un pays riche du pétrole qui se vante de disposer d’un confortable tapis de 120 milliards d’euros de réserves. Le sentiment d’injustice croît et les Algériens se sentent abandonnés.

«Gabegie». C’est le cas des jeunes, en première ligne dans ces émeutes. Les moins de 30 ans représentent 75% de la population et 20% d’entre eux sont au chômage : ils ont le sentiment de ne pas être entendus. «Ils se sentent abandonnés, ils ne trouvent pas d’emploi, la plupart sont illettrés, mais c’est la même chose pour les diplômés. L’explosion est logique», juge Hassan, un vieil habitant de Bab el-Oued. L’émeute est donc devenue le moyen de protestation numéro 1. La jeunesse «voit la richesse insolente de ceux qui ont le pouvoir ; elle voit les scandales quasi quotidiens de corruption et la gabegie de ces mêmes milieux. Tout cela ne peut mener qu’à la rue. D’autant qu’il n’y a absolument aucune autre possibilité pour le peuple de s’exprimer», analyse le politologue Rachid Grim. Pour certains observateurs, ces événements ont un goût de déjà-vu. Des émeutes de la faim avaient déjà poussé la population à se soulever en octobre 1988 et avaient abouti à l’ouverture politique qui avait ensuite mené les islamistes au seuil du pouvoir.

11-01-07 - Autoalgerie -- Une centaine d’emplois part en fumée

Une centaine d’emplois part en fumée : Les sièges de Suzuki et d’Elsecom (Bab Ezzouar) complètement saccagés

vendredi 7 janvier 2011

Les sièges de Suzuki et celui de la direction d’Elsecom à Bab Ezzouar ont été complètement saccagés dans la nuit du jeudi à vendredi par des "pilleurs" suite aux émeutes qui ont éclaté jeudi soir dans la région.

Le bâtiment qui abrite la représentation de Suzuki en Algérie a été la cible des émeutiers qui ont tout saccagé allant jusqu’à voler, saccager le show-room et pillé les bureaux. Six véhicules ont été volés et plusieurs blessés parmi les agents sécurité.

Par ailleurs, le siège de la direction du groupe Elsecom, a été également pris pour cible par les émeutiers "casseurs-pilleurs" qui ont saccagé tout le matériel informatique et détruit une grande partie de immeuble.

Les responsables déplorent ces « actes de sabotage » ; ce qui devrait causer la mise au chômage technique d’une centaine d’employés, père de famille.

Pour rappel, mardi dernier, les agents de Renault, Kia, Geely à Bab El-Oued et Renault à Bainem ont été complètement saccagés, engendrant là aussi des pertes d’emplois.


11-01-07 - AFP -- Les quartiers huppés touchés pour la première fois par les violences

Les quartiers huppés touchés pour la première fois par les violences

(AFP) – il y a 1 heure

ALGER — Les récentes émeutes en Algérie, les plus graves depuis l'ouverture politique dans ce pays en 1989, ont débordé des quartiers populaires et touché les zones huppées, selon des témoignages recueillis par l'AFP et les médias algériens.

Et les habitants et commerçants disaient samedi redouter la violence des jeunes "casseurs" qui, armés de sabres, s'attaquent aux lieux fréquentés par les couches les plus aisées de la société.

Les hauteurs algéroises d'El Biar ou les quartiers résidentiels de la banlieue ouest d'Alger présentaient le même spectacle de désolation que les secteurs plus populaires de Bab el Oued ou Belcourt: vitrines défoncées, magasins vidés, et bâtiments publics saccagés.

Dans les rues, où les services de la voirie sont intervenus rapidement pour remettre les chaussées en état, les marques noires de pneus enflammés étaient encore visibles ainsi que des pavés arrachés.

A El Biar, une bijouterie a été prise d'assaut jeudi soir par une quarantaine de jeunes gens qui l'ont dévalisée, selon les habitants du quartier. Ils étaient armés de sabres, et ont volé bijoux et diamants.

Les "casseurs", qui protestent contre le renchérissement de la vie et le manque de perspectives professionnelles dans un pays touché par le chômage, se sont attaqués à d'autres boutiques et ils ont mis à sac un restaurant, a constaté un correspondant de l'AFP.

Selon l'agence APS, des jeunes du quartier sont intervenus le lendemain vendredi pour interdire un nouvelle attaque contre un magasin de prêt-à-porter.

Ces émeutes ont incité les clients habituels des restaurants haut de gamme de ces quartiers à rester chez eux, et les propriétaires pestaient contre le manque à gagner d'un week-end de violences.

"Cela a coïncidé avec le week-end où nous faisons 50% de nos bénéfices hebdomadaires", s'énervait vendredi soir Sofiane, le propriétaire d'un restaurant dans le quartier de Draïra, dans la banlieue sud-ouest d'Alger.

De plus, se plaignait-il, "nous avons été obligés de demander à nos serveurs de se transformer en gardiens pour protéger nos biens".

A quelques distances, des policiers en civil étaient déployés pour protéger le siège du concessionnaire de véhicules chinois Gelly, alors que deux garages Renault ont été incendiés dans un autre secteur de la ville depuis mercredi.

Dans le quartier proche de Texraïne, où vivent des cadres, des jeunes manifestants ont saccagé en moins de deux heures vendredi un dispensaire et une antenne de la mairie. "Ils ont tout volé", s'est plaint le gardien au correspondant de l'AFP. "Même le fauteuil dentaire et les radiateurs ont disparu".

Un habitant du quartier présent a laissé exploser sa rage: "personne ne peut accepter cela. C'est nous les perdants". "Je ne crois pas que ce soient les jeunes du quartier qui ont fait cela", a-t-il ajouté. "Je suis né ici et j'ai presque 50 ans et je n'ai jamais vu cela".

"Même durant les événements de 88, rien n'a bougé ici", a-t-il assuré en référence aux émeutes contre la vie chère du 5 octobre 1988, peu avant l'ouverture libérale du régime.

11-01-07 - DNA -- Retour très fragile au clame, la tension reste vive

Emeutes : Retour très fragile au clame, la tension reste vive

Vendredi, 07 Janvier 2011, 12:28 | DNA avec AP


La plupart des villes d'Algérie, théâtre de violentes émeutes durant la journée de jeudi, ont connu une nuit calme, mais une reprise des violences est à craindre après la traditionnelle prière du vendredi. Les autorités ont décidé d’annuler les matchs de football prévus ce jour-là.

A Alger, la police et les services de la protection civile ont profité du retour au calme pendant la nuit pour procéder au dégagement des axes routiers bloqués par les émeutiers avec des barricades et des pneus brûlés. Dans certains quartiers d'Alger, comme Bab El Oued, Bordj El Kiffan, Bordj El Bahri, les propriétaires des commerces privés vandalisés par les émeutiers s'affairaient à nettoyer les lieux, sous les regards des badauds.

Les stations de carburants d'Alger ont été prises d'assaut avec de longues files d'attente devant les pompes, les automobilistes cherchant à prendre les devants par crainte de nouveaux troubles au cours de la journée de vendredi. Sur l'autoroute Est/Ouest, les barrages policiers ont été allégés, mais d'importants dispositifs de sécurité ont été mise en place à proximité des mosquées sensibles, notamment dans les quartiers populaires de Bab El Oued, Belcourt, Kouba considérés comme des bastions islamistes.

Dans la ville de Tizi Ouzou, des échauffourées ont opposé dans la nuit du jeudi des manifestants à des éléments antiémeute, mais les villages autour de la ville n'a pas été touché par la contestation. A Oran, la ville a retrouvé un calme précaire, mais un impressionnant dispositif de sécurité y a été mis en place.

Sur fond de tension palpable, des rumeurs faisant état d'une reprise des émeutes après les prières de vendredi circulaient via le bouche à oreille, le téléphone portable et Facebook. De nombreux témoignages évoquent toutefois des difficultés à accéder au service SMS et des rumeurs évoquent des restrictions de la part des opérateurs téléphoniques. Par ailleurs, le ministre de la jeunesse et des sports a décidé d'annuler les rencontres de football qui devaient se dérouler vendredi.

L'Algérie connait depuis mercredi une vague d'émeutes sans précédents depuis celle qui ont eu lieu au mois d'octobre 1988.

11-01-07 - TSA -- plus de 80 blessés à Bordj Menail, Naciria et les Issers

Les émeutes s’étendent à Zemmouri et Boudouaou

Boumerdes : plus de 80 blessés à Bordj Menail, Naciria et les Issers

Les habitants de plusieurs localités de la wilaya de Boumerdes ont passé une nuit très agitée. Les émeutes contre la cherté de la vie ont duré jusqu’aux premières heures de la matinée de vendredi, notamment à Bordj Menail, les Issers et Naciria, à l’est de la wilaya.

 

Des affrontements ont opposé les manifestants aux forces de l’ordre, appuyées par les unités antiémeutes de la police et de la gendarmerie. D’importants dégâts matériels ont été enregistrés dans ces localités. Des magasins ont été saccagés et voitures ont été incendiées par les manifestants qui protestaient contre la cherté de la vie. Les émeutes ont fait plus de 80 blessés à Bordj Menail, les Issers et Naciria, selon des sources hospitalières. Trois policiers ont été touchés dans les affrontements.

 

Les émeutes ont gagné d’autres régions de la wilaya de Boumerdes, notamment Zemmouri et Boudouaou où les émeutiers ont bloqué la RN 5, reliant la capitale à l’Est du pays, pendant plusieurs heures. Les forces antiémeutes ont réussi à rouvrir cet important axe routier. D’importants renforts de police ont été dépêchés vendredi matin dans les localités de Boumerdes touchées par les émeutes.

 

 

07/01/2011 à 12:31 | 0 commentairesRéagir


11-01-07 - DNA -- Les sièges des impôts, de la Sonelgaz et la bibliothèque communale saccagés

Tazmalt (Béjaia) : Les sièges des impôts, de la Sonelgaz et la bibliothèque communale saccagés

Vendredi, 07 Janvier 2011, 14:42 | Arezki Said


La localité de Tazmalt, 80 kilomètres à l’ouest du chef-lieu de wilaya de Bejaia, a connu de violentes émeutes durant la journée du jeudi 6 janviers et une bonne partie de la nuit. Des émeutes qui rappellent à bien des égards celles de l’année 2001, tant par leur mode opératoire que par la nature des édifices ciblés.  Plusieurs édifices publics ont été mis à sac.

Après avoir coupé la RN 26 à la circulation automobile en dressant des barricades en plusieurs endroits à l’aide de pierres et de troncs d’arbres, les manifestants se sont regroupés au niveau du carrefour principal de la ville, dit « Quatre Chemins », en début de soirée. Vers 20 heures, une première attaque a ciblé le bloc administratif renfermant l’inspection ainsi que la recette des impôts, sis à quelques mètres de l’hôtel de ville. Le bâtiment de trois étages a été entièrement saccagé, brûlé, de même qu’une bonne partie du mobilier a été pillée.

Les émeutiers qui se comptaient au nombre de plusieurs centaines ont décidé de s’en prendre à la Poste. Fort heureusement, des citoyens se sont interposés pour leur demander d’épargner cet édifice, arguant qu’il n’était pas au service du « pouvoir » mais à celui du citoyen. Les émeutiers ont par la suite mis à sac la bibliothèque communale sise entre la principale mosquée et le siège de la protection civile. Ce fut, peu après, au tour du siège de la Sonelgaz et celui du tribunal de faire les frais d’un saccage et d’une mise à sac en règle.

Le siège de la daïra de Tazmalt n’a échappé à la vindicte des émeutiers que pour la bonne raison que des citoyens sont encore intervenus pour leur signaler des familles y habitent des logements d’astreinte. Les émeutiers se sont par la ensuite dirigés vers la sortie ouest de la ville pour s’en prendre à la brigade de gendarmerie. Sur place, et alors qu’ils s’attendaient à en découdre avec les forces anti-émeute et leurs fusils lance grenades lacrymogènes, les manifestants ont du rebrousser chemin en constatant que des mitrailleuses avaient été placées sur le toit de la brigade, en vue de parer à toute éventualité.

Ce vendredi, un calme précaire règne dans la ville de Tazmalt où des grappes de jeunes continuent de se regrouper ça et là ou de hanter les édifices dévastés. La ville n’ayant pas encore reçu de renforts de la police anti-émeute, la tension semble retombée. (Photo, image archives )

11-01-07 - Le Temps -- Emeutes à Bordj Ménaïel et aux Issers

07-01-2011

Boumerdès
Emeutes à Bordj Ménaïel et aux Issers

La rue a grondé dans l'après-midi de jeudi dans plusieurs endroits de la wilaya de Boumerdès. Des affrontements ont éclaté entre les forces anti-émeutes et des jeunes manifestants qui ont exprimé leur colère contre la flambée des prix des produits de première nécessité.

Des jeunes manifestants ont fermé, vers 10h30, à l'aide de pierres et autres objets hétéroclites, la RN12 à hauteur de Naciria. Le trafic routier a été bloqué deux heures durant avant que les forces de l'ordre n’interviennent pour disperser les manifestants.

Les affrontements n'ont pas eu lieu et les protestataires se sont dispersés dans le calme. Cette action a vite eu un effet boule de neige : à Bordj Ménaïl, des dizaines de jeunes sont descendus dans la rue pour protester contre la cherté de la vie et s'indigner contre l'indifférence des autorités à prendre en charge leurs préoccupations.

Ils ont barricadé la RN12 à plusieurs endroits, notamment à la sortie-est de la ville et au lieudit Lacapère où ils ont renversé un transport public et déchargé plusieurs cargaisons de sable sur la route. A 17h, la route était toujours fermée et plusieurs voyageurs étaient coincés dans d'énormes embouteillages. Fort heureusement, aucun dépassement n'a été signalé contre les voyageurs. 

Les transporteurs étaient contraints de faire un détour via Boulferd pour rejoindre la station de Bordj Ménaïl. A 17h30, la route a été refermée pour la troisième fois de la journée de jeudi au lieudit Bousbâa, à la sortie-est.

Des échauffourées éclatèrent entre les forces antiémeutes de la Gendarmerie nationale et les jeunes manifestants. La ville est devenue le théâtre de violents affrontements suite à l'intervention des forces de l'ordre qui essayaient, à l'aide de bombes lacrymogènes, de disperser les révoltés.

Les manifestants ont lancé des pierres sur les édifices publics, le palais de justice, la brigade de la gendarmerie et la Cnep ont reçu pierres et autres projectiles. Vers 18h30, les protestataires qui auparavant avaient barricadé la route, ont emboîté le pas aux jeunes manifestants qui affrontaient les forces de l'ordre au centre-ville, devenu un véritable champ de bataille. 

Même scène dans la commune limitrophe des Issers où plusieurs dizaines de jeunes ont fermé, dans un premier temps, la RN12. Vers 13h, des émeutes ont éclaté au boulevard Colonel Amirouche au centre-ville.  Les manifestants ont pris d'assaut le siège de l'APC et l'intervention des forces anti-émeutes n'a pas dissuadé les jeunes en colère. Des affrontements et échanges de projectiles entre les deux parties s'en sont suivis qui ont duré jusque tard dans la soirée de jeudi.
 
Les commerçants ont tous baissé rideau
Même les habitations environnantes, notamment la cité des 104 logements, n'ont pas été épargnées par les gaz lacrymogènes. A Chabet El Ameur, quelques jeunes manifestans se sont dirigés vers le siège de l'APC et ont enflammé des pneus.

Les forces de sécurité les ont vite dispersé sans affrontement. Selon des sources non encore confirmées, plusieurs blessés ont été enregistrés parmi les manifestants et les forces de l'ordre. Le calme est revenu dans la matinée d'hier, mais la reprise des protestations inquiète les citoyens.

M. A. A

11-01-07 - Le Temps -- La protesta gagne Khemis Miliana



07-01-2011

La protesta gagne Khemis Miliana

L'augmentation des prix de l'huile et du sucre n'est qu'un prétexte. C'est ainsi que les Khemissis commentent les émeutes de la veille, dans la nuit de jeudi à vendredi, durant lesquelles les jeunes des quartiers surpeuplés de Boutane,

Dardara et la cité Houria, situés à l'est de la méga commune de Khemis Miliana, ont exprimé leur colère en brûlant des pneus sur la RN4, en saccageant un véhicule de police et en barrant la route à l'aide de tôles, de pierres et de poubelles d'ordures ménagères déversées sur la chaussée.

En effet, le mouvement de protestation a débuté aux environs de 19h30 à la cité Houria où des jeunes scandaient des slogans hostiles au pouvoir et surtout contre leurs élus, accusés de corruption et de clientélisme.

«Ce sont les jeunes qui restent tard dans la rue en attendant que leur famille débarrasse les endroits où ils déposent leur literie.

Pincés par le froid, ce sont ces jeunes, rassemblés devant les entrées des immeubles, comme pour se dégourdir les membres et se réchauffer, qui ont commencé la manifestation», indique un sexagénaire en expliquant que dans la majorité des cas, les familles se composent de plus de 12 personnes, des garçons et des filles à l'âge adulte agglutinés dans un F3.

La malvie, le chômage, la promiscuité, la cherté des produits alimentaires et particulièrement la crise du logement, alors que des logements réalisés en 2004 et non attribués à ce jour, sont les ingrédients de cette protestation que les services de sécurité ont tentée de contenir en sécurisant les points névralgiques et les édifices publics de la ville. Aux environs de 20h30,

après l'intervention non convaincante de M. Benbada à la télé, les échauffourées ont redoublé d'intensité avec les services de l'ordre qui n'ont pas hésité à utiliser des bombes lacrymogènes contre les manifestants.  Ces troubles se sont étendus jusqu'à minuit sans que des dégâts importants ne soient enregistrés, à part la dégradation d'un véhicule de police.

Par ailleurs, on apprend de sources policières que des éléments des services de sécurité ont été légèrement blessés et que trois individus, des repris de justice, ont été arrêtés. 

Les augmentations des prix de l'huile et du sucre, faute de communication, ont entraîné la hausse des prix de tous les produits alimentaires, ainsi que ceux des fruits et légumes. Signalons que jeudi en fin d'après-midi, des jeunes ont, pour les mêmes motifs, incendié des pneus et coupé la route à Boumedfaâ et Hammam Righa

Hier matin, les employés communaux avaient effacé les traces de ces émeutes et la vie a repris son cours dans tous les quartiers de la ville.

Abdou K.


11-01-07 - Le Temps d'Algérie -- Les brigades anti-émeutes encerclées par les manifestants

07-01-2011

Scènes de « guerre » aux Dunes de Chéraga

Les brigades anti-émeutes encerclées par les manifestants

Des brigades anti- émeutes ont été encerclées mercredi dernier par les jeunes de la Cité des 320 logements, sise aux Dunes à Chéraga, non loin du commandement de la Gendarmerie nationale.

Vers 19h, des émeutes ont éclaté au niveau de la Cité 320 Logements des Dunes de Chéraga. Ce quartier se trouvant dans un périmètre sensible, puisque non loin du commandement de la Gendarmerie nationale, a été le théâtre de violents accrochages entre les gendarmes et des centaines de jeunes. Les pierres fusaient de partout. A un certain moment, les gendarmes ont été encerclés par les émeutiers. Pris par surprise, ils ont attaqué à coups de pierres et autres projectiles. Les slogans lancés par les jeunes sont identiques à ceux entendus à Bab El Oued, Belcourt, Bachdjarah et d'autres quartiers où des émeutes ont éclaté : «Non à la cherté de la vie», «Non à la hausse des produits alimentaires».

Vers 20h, les gendarmes ont été secourus par leurs collègues à l'aide de canons à eau chaude. Une partie des émeutiers a pris la fuite, seuls les jeunes de la cité ont continué à résister. Il est à souligner que la cité 320 Logements jouxte la voie express Aïn Bénian- Boufarik. Les gendarmes ont tenté de les contenir à l'intérieur de la cité afin d'éviter qu'ils se dirigent vers le commandement de la Gendarmerie nationale, qui se trouve à quelques centaines de mètres. Les échauffourées ont duré tard dans la nuit. Les automobilistes ne pouvaient traverser la cité qu'avec la «bénédiction des émeutiers». L'émeute qui a éclaté ce mercredi soir était organisée ; elle n'est pas spontanée.
Devant l'ardeur des émeutiers, les gendarmes ont utilisé l'outil de persuasion, à savoir les bombes lacrymogènes. D'épais nuages ont gagné les lieux. Les jeunes émeutiers, fatigués, sont rentrés chez eux. Il était 00h10.

Le lendemain, rebelote. Les jeunes ont repris la contestation. Ils ont brûlé des pneus sur la voie express Aïn Benian-Boufarik. Les gendarmes ont quant à eux ramené des renforts conséquents. Ils ont stationné des fourgonnettes tout au long de la route, bloquée à la circulation. Les automobilistes ont dû faire un long détour, soit en passant par Bouchaoui ou par El Karia. Au moment où nous mettons sous presse, les gendarmes ont installé un dispositif aux entrées d'El Karia et des Dunes. Nous y reviendrons…

Par Mehdi B.


11-01-07 - BBC News -- Cost of food sparks riots in Algerian capital

Cost of food sparks riots in Algerian capital

7 January 2011 Last updated at 16:35 GMT Help

There has been further rioting in parts of the Algerian capital by hundreds of youths angry over increasing food prices.

The prices of cooking oil, sugar and flour have doubled in the past few months.

Global food prices hit a record high last month beating levels that sparked riots in several countries two years ago.

Adam Mynott reports.

11-01-07 - DNA -- Après une relative accalmie, reprise des affrontements à Oran

Après une relative accalmie, reprise des affrontements à Oran

Vendredi, 07 Janvier 2011, 16:36 | Djamel Khiat


La violence après l’accalmie. Les émeutes ont repris dans l’après-midi du vendredi à Oran lorsque des confrontations entre jeunes manifestants et forces de l’ordre ont éclaté juste après la prière du Vendredi. Une dizaine de citoyens se sont regroupés, au sortir de la mosquée, au niveau de la place d’Armes pour protester, au cours d’une marche qu’ils voulaient pacifiques, contre les augmentations des prix des produits de première consommation.

Mais la manifestation a rapidement pris le chemin de la violence lorsque de jeunes encagoulés, venus certainement du quartier populaire d’Ed Derb, ont commencé à bombarder les policiers de différents projectiles. Après quelques minutes de confrontations, les éléments des brigades anti-émeute ont réussi à maitriser la situation en ramenant l’ordre au niveau du boulevard Maâta. Des renforts policiers ont été dépêchés sur place pour renforcer la sécurité autour du quartier, considéré comme l’un des plus sensibles au Centre-ville.

Vers 15h30, le boulevard Mâata et la place d’Armes ont été sécurisés et les manifestants dispersés, mais un climat lourd régnait sur toute la ville. Oran, deuxième ville d'Algérie, a basculé dans un climat de violence et de tension dés mercredi 5 janvier, journée qui a connu de violentes émeutes entre manifestants et forces de l'ordre.


11-01-07 - ASI -- l'embrasement vu (ou pas) par la presse algérienne

Vite Dit Les "vite dit" sont tous les contenus des médias français et étrangers qui nous semblent dignes d’être signalés. Si nécessaire, ils feront l'objet d'un traitement approfondi dans nos articles payants. La page des "vite dit" a pour fonction de donner aux non-abonnés une impression des centres d’intérêt du site. La page des "vite dit" est très fréquemment actualisée au cours de la journée.

16h55 lu
Emeutes : l'embrasement vu (ou pas) par la presse algérienne
Par Gilles Klein le 07/01/2011

Face aux nombreuses émeutes (provoquées par la hausse des prix des denrées alimentaires) qui se déroulent en Algérie depuis le début de la semaine, les médias officiels se taisent, mais des quotidiens comme El Watan parlent clairement, ou discrètement comme Le Soir d'Algérie ou La Liberté.

L'édito d'El Watan cite un confrère le quotidien Liberté, avant de souligner que le gouvernement n'a pas réagi aux événements annonciateurs de la crise actuelle face à la hausse des prix des produits de base : "L’année dernière, Liberté a comptabilisé 112 878 «interventions de maintien de l’ordre», soit presque 9 000 émeutes et troubles… par mois! Mais personne, au sommet de l’Etat, n’a cru bon de réagir, de prévenir par une meilleure gouvernance. Dans la rue, hier à Bab El Oued, les Algérois répétaient la même litanie face aux débris des violences de la nuit de mercredi: «50% d’augmentation pour les policiers !»

El Watan consacre sa Une et ses 4 premières pages aux émeutes et parle de la colère face à "l'ogra" (le mépris des autorités pour la population) : "Depuis lundi, le pays connaît une série d’émeutes qui rappellent curieusement Octobre 88. La soudaine hausse des produits de première nécessité et le sentiment de hogra ont mis le feu aux poudres. Face au silence des autorités - et des médias gouvernementaux - les émeutes se propagent et font déjà plusieurs blessés."

Alger "Mardi 4. Une rumeur se propage comme une traînée de poudre dans les quartiers des Trois Horloges et de Jean Jaurès à Bab El Oued. Une descente de police serait prévue pour déloger tous les vendeurs à la sauvette qui squattent les trottoirs. Mercredi 5. Les jeunes du quartier sont décidés à en découdre avec les forces de l’ordre si jamais on leur interdisait l’occupation de leurs endroits habituels. A 19h30, sans raison particulière et sans que les forces de l’ordre aient entrepris la moindre opération, un début d’émeute embrase les quartiers Triolet, Trois Horloges, Carrière, et celui du cinquième arrondissement où se trouve le commissariat du quartier."

"Le commissariat du cinquième arrondissement sera lui aussi harcelé durant une bonne partie de la nuit. Des bandes de jeunes tentent de pénétrer à l’intérieur du QG, obligeant les forces de l’ordre à faire usage de jets de gaz lacrymogène et de tirs de sommation."

El Watan vendredi 7 janvier 2011

"Le showroom Renault n’est plus qu’un tas de gravats. (...) Cette expédition fera une victime: le gardien du showroom Renault, frappé d’un coup de couteau et hospitalisé aux urgences de l’hôpital Maillot. (...) Chez Geely (constructeur chinois) cinq véhicules sont démontés. L’un des cadres de l’entreprise SIPAC, représentant Geely en Algérie (..) :«Il y avait des policiers en faction près du magasin qui regardaient sans intervenir la destruction du magasin. Quand j’ai demandé de l’aide, ils m’ont répondu qu’ils n’avaient pas reçu d’ordre pour le faire.»"

"Face au silence du gouvernement et celui des médias lourds (télé, radio et APS muselés), il faut être à l’affût pour s’informer" souligne El Watan, en page 3 "Les médias étrangers et la Toile se sont justement emparés de la question des émeutes. Al Jazeera, Medi1 TV, El Arabia, Dubai TV, France 24 et plusieurs autres chaînes internationales n’ont cessé de diffuser les images de l’explosion de colère qui a gagné plusieurs régions du pays et dans la capitale à Bab El Oued ces derniers jours."

"Les limites des effets d’annonce du ministre de la Communication, Nacer Mehal, qui promettait il y a seulement un mois une ouverture de la télévision aux problèmes de la société sous la «directive» du président de la République sont à présent dévoilées. (...) «Les directives ont été claires, on n’en parlera qu’une fois que ça se sera calmé, malgré l’insistance de plusieurs journalistes de la radio et de la télévision jeudi matin», expliquait hier une source."

En page Sports, El Watan signale que plusieurs matchs de foot prévus ces jours-ci sont reportés pour éviter des émeutes à la sortie des stades. Par contre, le journal, pas plus que ses confrères, n'évoque pas la tension qui règne en Tunisie.

Par ailleurs dans son supplément Economie, El Watan consacre plusieurs pages aux hausses de produits alimentaires titrant une page "Fortement dépendante de la poudre, l'industrie laitière en proie aux fluctuations" en précisant qu'un certain nombre de laiteries produisent du lait pasteurisé (à partir de lait en poudre importé) qui est ensuite vendu à un prix subventionné. Sur une autre page, Mébarek Malek Serrai, PDG d'Algeria International Consult explique qu'il faut "stabiliser les prix par la défiscalisation des produits alimentaires de base" sinon on risque de provoquer "un déséquilibre alimentaire du citoyen algérien".

El Watan mentionne aussi la hausse de l'huile végétale sur le marché mondial (+47% en un an) ce qui inquiète les producteurs d'huile qui l'importent sans pouvoir répercuter intégralement la hausse, au risque de devoir fermer.

El Watan vendredi 7 janvier 2011

 

Le titre du Soir d'Algérie résume la situation, sans complexe : "«Vie chère, pas de logement décent, chômage, drogue et marginalisation», tels ont été les cris de colère de plusieurs dizaines de citoyens à travers plusieurs quartiers populaires de la ville d’Oran, qui sont sortis dans la rue hier dans un mouvement spontané pour crier leur désarroi face à la flambée des prix des produits alimentaires de large consommation. Ces hausses subites, non justifiées, des prix des produits alimentaires de base ont créé un grand déséquilibre dans les budgets des ménages algériens."

L'article du Soir d'Algérie est court mais n'hésite pas à parler d'une "émeute justifiée et approuvée par bon nombre de citoyens. «La drogue envahit nos quartiers, on parle même de cocaïne maintenant ! Les expulsions de citoyens de leurs logements qui tombent en ruine sans être relogés, chômage, piston, corruption… Comment ne pas manifester, lorsqu’en plus de tout cela, on augmente les prix des produits de première nécessité ?»"

Le Soir d'Algérie vendredi 7 janvier 2011

 

Nettement plus discret, La Liberté, se contente d'un petit bandeau sur les émeutes d'Oran à la Une, alors que le titre principal est consacré à la sécurité routière avec une photo de permis de conduire. Mais l'article sur la moitié d'une page (la seule qui en parle), est direct : "Y aurait-il un effet “boule de neige” suite aux émeutes qui se sont produites ce mardi à Tipasa et Alger, provoquées par des jeunes qui, dans la rue, ont ainsi exprimé le malaise social des Algériens ? Tout porte à le croire car, hier après-midi, des protestations identiques ont également éclaté dans maints quartiers d’Oran, avant de s’étendre par la suite au centre-ville. (...) «Trop, c’est trop ! tout est encore plus cher, on n’a pas de travail, on vit à 15 dans des taudis délabrés et, à côté, vous avez une minorité qui jongle avec des milliards» (...) À l’heure où nous mettons sous presse, la sûreté de wilaya se refusait à nous donner le moindre bilan des arrestations et des blessés qui, nous dit-on de façon informelle, sont à dénombrer des deux côtés."

Un encadré, dans cette même page, explique par ailleurs que 50 sur 380 boulangeries ont fermé par manque de farine "les quotas ont diminué de 50 % (...) au moins 300 travailleurs de ces boulangeries sont au chômage". L'article parle aussi d'une pénurie de lait dans plusieurs régions dont celle d'Alger.


Page 7, sans référence aux événements, un autre article est consacré à la flambée des prix des pommes de terre malgré l'augmentation de la production algérienne (annoncée par les statistiques officielles).

La Liberté vendredi 7 janvier 2011

La Une et 5 pages, El Watan traitait déja hier, des manifestations motivées par la hausse du coût de produits de base comme l'huile ou les pâtes.

"Plus de 50% des dépenses des Algériens sont consacrées à l'alimentaire" rappelait, hier, El Watan en page 4 en ajoutant "Le moral des ménages se dégrade, confrontés désormais à une tension inflationniste insoutenable"

El Watan jeudi 6 janvier 2011


11-01-07 - Atlas Info -- Trois policiers blessés dans des émeutes à Biskra

Algérie: Trois policiers blessés dans des émeutes à Biskra


Juste après la prière du vendredi, des groupes de jeunes venant du bidonville de Tabeg El Kalb, situé au nord du quartier d’El Alia, dans la ville de Biskra, ont semé la panique avant de fermer à la circulation routière la principale artère de ce quartier.

Les émeutiers ont exprimé leur colère en enflammant de vieux pneus et en élevant des barricades de fortune.

Les forces de l’ordre reçus à coups de pierres ont réussi cependant à les contenir d’abord au-delà du carrefour qui mène au bidonville puis à les refouler à plusieurs reprises.

Les affrontements qui ont duré tout l’après-midi ont fait trois blessés parmi les policiers.

(Source EL Watan)

Vendredi 7 Janvier 2011

11-01-07 - L'Express -- Poursuite des émeutes en Algérie

Poursuite des émeutes en Algérie

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 07/01/2011 à 10:35, mis à jour à 18:00

Les jeunes Algériens manifestent contre la hausse du coût de la vie depuis mercredi. En arrière plan, le chômage et la frustration d'une jeunesse malmenée.

La situation était revenue quasi normale vendredi matin en Algérie, après les violentes manifestations de jeudi dans les grandes villes.  

AFP

Les émeutes lancées en Algérie par des groupes de jeunes contre la cherté de la vie ont repris ce vendredi et se sont étendues à une dizaine de départements. Des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre se sont produits à Alger, notamment dans le quartier populaire de Belouizdad, où des groupes de jeunes ont affronté avec des pierres et des bouteilles en verre des policiers déployés en masse. 

A Annaba, ville de l'est du pays épargnée jusqu'à présent par la contestation, de violents incident ont éclaté après la grande prière du vendredi dans le quartier populaire dit "gazomètre". 

A Oran, la grande métropole de l'ouest algérien, où plusieurs édifices publics avaient été saccagés mercredi soir, les échauffourées ont repris vendredi après-midi dans la quartier du Petit-Lac, à quelque 2 km de la ville. 

Des affrontements entre les forces de l'ordre et les jeunes se sont également produits à Tizi Ouzou (Kabylie) selon El-Watan

"Le pays connaît une série d'émeutes qui rappellent curieusement Octobre 88" 

Les manifestations qui ont commencé mercredi soir avaient repris jeudi en fin d'après midi et gagné en violence. Aucun bilan de victime n'a été communiqué de source officielle. "Le pays connaît une série d'émeutes qui rappellent curieusement Octobre 88" rapporte El-Watan, faisant . "La soudaine hausse des produits de première nécessité et le sentiment de hogra ont mis le feu aux poudres. Face au silence des autorités - et des médias gouvernementaux - les émeutes se propagent et font déjà plusieurs blessés". 

Vendredi matin, jour de repos hebdomadaire, les rues avaient retrouvé leur aspect quotidien après avoir été nettoyées, les véhicules incendiés la veille ayant été enlevés. Toutefois, la police entourait les mosquées des quartiers sensibles de la capitale, craigant la reprise des manifestations après la prière du vendredi. 

Par ailleurs, la Ligue algérienne de football a annoncé, que tous les match de football du championnat d'Algérie de première division, qui devaient se disputer vendredi et samedi, ont été reportés.  

Le centre-ville vide de voitures

De nombreux quartiers d'Alger aveient été touchés par les manifestations jeudi dans le centre et la périphérie, amenant nombre de commerces à baisser leurs rideaux dès le début de l'après-midi; le centre-ville était vide de voitures en début de soirée mais bondé de jeunes gens. 

Le quartier populaire de Bab el Oued connaissait pour la seconde nuit consécutive d'importantes manifestations. La police lourdement armée et venue en nombre dans cette zone très densément peuplée, a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. 

Crise sociale

Ces manifestations font échos à de nombreux mouvements de protestation dénonçant la corruption, les passe-droits, et l'absence de logements sociaux, un des problèmes cruciaux de l'Algérie, pays où 75% de la population a moins de 30 ans et où plus de 20% des jeunes sont chômeurs, selon le FMI. 

Cette situation les ammène à tenter defuir vers l'Europe. Faute de visas, ils partent à bord d'embarcations de fortune au risque de leur vie. Tous les mois, les tentatives de dizaines d'entre eux échouent mais il n'existe pas de statistiques fiables sur cette émigration. 

La question du logement est également récurrente. A l'aube de son troisième mandat, en 2009, le président Abdelaziz Bouteflika s'était engagé à construire un million d'appartements manquants depuis le séisme de 2003 et le quadruplement de la population (35,6 millions d'habitants) depuis l'indépendance en 1962. les 10.000 habitations livrées en 2010 à Alger sont loin de suffire. Dans le même temps, des bidonvilles illégaux sont rasés. 

11-01-07 - Libération -- Emeutes en Algérie, troubles en Tunisie

Emeutes en Algérie, troubles en Tunisie: «L'effet d'entraînement est évident»

TCHAT

La hausse des prix embrase la jeunesse algérienne, alors que la quasi-totalité des avocats ont fait grève, notamment contre le chômage et la pauvreté en Tunisie. L'historien Pierre Vermeren, spécialiste du Maghreb contemporain, a répondu à vos questions.

Eddy thebest. Les situations en Algérie et en Tunisie sont-elles comparables? Y a-t-il un lien entre les deux? Un effet d'entraînement?
Pierre Vermeren. L'effet d'entraînement est évident, puisque les jeunes Algériens ont observé avec étonnement les manifestations tunisiennes depuis trois semaines. Oui, on peut faire le lien par de nombreux biais, en premier lieu le chômage massif et l'absence de perspective de la jeunesse dans des pays frappés par la crise internationale, et par l'absence de perspectives politiques. Quand je parle de la crise, je parle notamment de la très grande difficulté à immigrer aujourd'hui. Les différences sont liées au fait que l'Algérie est un pays riche de sa rente pétrolière, et que le sentiment d'injustice en est exacerbé. Quant à la Tunisie, ce qui est frappant, c'est le caractère très nouveau de ces manifestations dans un pays où l'expression libre est impossible.

Hakim. Le Maroc ne bouge pas, manque de culture politique?
Non, Il y a eu des émeutes locales au Maroc et 2008 et 2009 pour des raisons économiques analogues.

Toto. Mes amis algériens m'ont toujours semblé avoir perdu leurs illusions quant aux capacités de leur Etat à changer (sur la corruption et le népotisme). S'agit-il de la fin de cette résignation, ou la colère est-elle uniquement centrée sur des faits économiques précis?
La désillusion et le sentiment d'humiliation, «la hogra», (le mépris) sont extrêmement vifs, mais des circonstances économiques particulières ont fait déborder le vase. La difficulté croissante du commerce informel avec la France, qui est une source de revenus importante, et l'annonce d'une hausse des prix de base, alors que le budget alimentaire représente la moitié du budget des familles.

Heidi. Je rentre de Kabylie où la région semble à l'abandon et le chômage des jeunes endémique, l'administration dépassée. L'Etat semble plus préoccupé à assurer sa survie qu'à s'occuper du pays. Va-t-on vers l'instabilité politique dans ce pays?
Concernant la Kabylie, depuis les émeutes violentes de 2001 la région est en proie à des troubles et un état chaotique permanent. Les Algériens ont vécu dix ans de tragédie et de guerre, personne ne veut y revenir. Il est vrai qu'on est dans une impasse politique. A ce stade, seul le verbe de Bouteflika pourrait la débloquer. Mais il n'a encore rien dit.

Alex. Comment expliquer plus de vingt ans de calme en Tunisie et puis une soudaine succession de grèves et de manifs, alors qu'aucun changement majeur n'a eu lieu depuis deux décennies ?
Parce que le système sécuritaire tunisien tient le pays d'une main de fer. Ce sont les circonstances de la crise économique, de l'inflation, et de l'aggravation du chômage des jeunes diplômés qui ont fait déborder le vase. De tels événements avaient eu lieu dans le sud, dès 2008, et auraient pu se produire effectivement bien avant.

Abc. Pourquoi l'UE ne critique-t-elle pas le régime Ben Ali, sachant que 85% des exportations tunisienne sont destinées à L'UE?
L'Union européenne dans ses relations avec le Maghreb est paralysée par la peur de la subversion islamiste. Elle s'en remet au gouvernement pour maintenir l'ordre moyennant quelques concessions économiques et symboliques. De plus, les Européens suivent largement la politique française, par ignorance ou désintérêt du Maghreb.

Nadia. Cent trente ans de colonisation française aurait dû faire évoluer le pays. La France a-t-elle une responsabilité dans l'état actuel de l'Algérie?
Après cinquante ans d'indépendance, et la transformation profonde de ce pays pendant cette période, la responsabilité «commence» à incomber aux autorités publiques.

Ramiro. On présente souvent le Maghreb (et le monde arabe en général) comme étant inféodé aux idéologies religieuses (parfois les plus radicales). Dans quelle mesure les manifestants (de Tunisie ou d'Algérie) se différencient-ils des idéologies religieuses?
Algérien. Pensez-vous que les islamistes peuvent récupérer les émeutiers?
Comme dans le reste du monde arabe, les islamistes sont en embuscade et leur idéologie est partagée par une partie importante de la population. Mais il n'y a pas aujourd'hui de projet politique révolutionnaire (modèle iranien, ou algérien 1992) d'autant que personne ne veut revivre la décennie 1990.

Tarik93. Pensez-vous que ces manifs dont un vrai mouvement populaire de revendication ou les jeunes sont manipulés?
Etant donné l'état de pauvreté et déshérence de la jeunesse maghrébine, tout est envisageable, mais le plus crédible est un effet de saturation lié aux conditions économiques et sociales.

Belgasem. Je vis à Tunis, je ne vois ici, à la capitale, aucun signe de troubles. Par contre beaucoup de gens, des voisins, collègues de bureau, chauffeurs de taxis parlent plus ouvertement de leurs ras bol de la situation ...
Il faut souligner l'écart de développement entre Tunis et le littoral d'une part, et l'intérieur de l'autre, beaucoup plus pauvre. En revanche, la population se saisit pour la première fois avec fringale de la possibilité de s'exprimer, notamment du fait de l'absence de liberté d'expression total, depuis plus de quinze ans.

Gloum. Croyez vous à une répétition d'octobre 88 en Algérie (répression sanglante au cas où ça dégénère)
Il y a eu 1988 et 2001 en Kabylie, les autorités doivent être paralysées par la perspective de susciter de nouveaux «martyrs». Les deux dernières fois, les événements ont tourné trop mal.

Allezlom. Dans moins de 50 ans, avec la fin de la manne gazière, les émeutes d'aujourd'hui, alors que les produits de base peuvent encore être subventionnés, apparaîtront comme de gentilles manifestations de potaches, qu'en pensez-vous?
Les perspectives politiques des dirigeants algériens sont à beaucoup plus court terme. Effectivement, l'Algérie doit préparer l'après-pétrole, ce qui commence par la création abondante d'infrastructures nouvelles.

Omarsinaceur. Pensez-vous que la poursuite des ces évènements en Tunisie mènera à un assouplissement des méthodes de la présidence, le gouvernement étant composé de technocrates en général, et en l'absence d'une alternative politique forte?
Olis. Quelles sont les chances de Ben Ali de se maintenir au pouvoir au-delà de 2014?
Il n'est pas dans les habitudes du pouvoir tunisien de reculer, et il est urgent d'imaginer de nouvelles perspectives politiques, qui ne peuvent, dans un premier temps, que se limiter à la liberté d'expression et d'association.

Yosra. La chute du gouvernement Ben Ali est-elle possible à court terme? Quel peut être l'«après Ben Ali»?
 Je ne suis pas devin! La chute de ce gouvernement est peu probable dans l'état actuel des choses: absence de solutions de remplacement, absence d'opposition structurée et organisée, et de soutien international.

Abc. Droits de l'homme, liberté des médias (presse, Internet, télévision, radio) sont totalement absents en Tunisie, qu'attend la France pour condamner le régime policier de Ben Ali?
 La France soutient ce régime depuis sa naissance, en 1987, sans aucun manquement. La peur de l'islamisme a tenu lieu de seule politique, en feignant de croire à un croissance rapide de type asiatique.

Gazelle. Vous parler d'immigration, mon compagnon et moi ça fait quatre années que nous nous battons. Toutes les portes sont fermées et mon inquiétude est forte à ce jour parce que les émeutes de 2008 ne me rappelle rien de bon...
 Depuis 2008, les circonstances de la crise internationale ont violemment frappée l'Europe et réduit à court terme les possibilité d'emplois, et donc de migration, et cela n'est pas étranger à la situation actuelle au Maghreb.

Eddy thebest. Quelles sont, alors, les différences entre les réponses apportées par les deux régimes à ces manifestations?
 En Algérie, les choses sont trop récentes (trois jours) pour donné lieu à des réponses, si ce n'est la reculade sur la baisse des subventions (sur les produits alimentaires). Quant à la Tunisie, la réponse des autorités depuis bientôt quatre semaines semble essentiellement sécuritaire avec, semble-t-il, la volonté de ne pas faire trop de dégâts (à ce jour quatre morts).


11-01-08 - Mediarabe -- les accrochages touchent la wilaya de Béchar, près de la frontière marocaine

Algérie : les accrochages touchent la wilaya de Béchar, près de la frontière marocaine

samedi 8 janvier 2011 - 01h14

Selon un correspondant de la télévision « Al Arabiya » en Algérie, de violents accrochages ont éclaté cette nuit dans la région de Béchar, dans le sud-ouest du pays, près de la frontière avec le Maroc. Des émeutiers y ont incendié des pneus et se sont accrochés avec les forces de l’ordre. C’est le premier mouvement sérieux enregistré dans le Sud, généralement bien sécurisé par le régime puisqu’il constitue sa première richesse. Les principaux gisements pétroliers et gaziers se trouvent en effet dans le désert. Dans les autres wilayas du nord, les forces de l’ordre et les unités anti-émeutes ont largement utilisé les camions lanceurs d’eau et les bombes lacrymogène pour réprimer les manifestations.

La situation en Algérie, mais également en Tunisie où se poursuivent les manifestations depuis le 17 décembre dernier, inquiète les pays occidentaux qui toléraient jusque-là les régimes en place. Les Etats-Unis et la France ont appelé leurs ressortissants à la vigilance dans ces pays, et Washington a convoqué l’ambassadeur de Tunisie pour protester contre la répression. Selon plusieurs sources, les Occidentaux fermaient l’œil sur les dictatures installées dans ces pays pour des raisons économiques, mais aussi pour ériger un rempart contre l’islamisme. Car, toute démocratisation des pays musulmans profiterait aux radicaux. Les populations sont ainsi entrées dans un cercle vicieux et s’estiment prisonnières de la misère et coincées entre le marteau des dictatures et l’enclume des islamistes.


11-01-08 - DNA -- La région de Tizi Ouzou s’embrase

La région de Tizi Ouzou s’embrase : Des commissariat attaqués, une banque brûlée par des manifestants

Samedi, 08 Janvier 2011, 14:43 | Sllimane Khalfa

Les émeutes ont repris de plus belle à Tizi Ouzou. Les affrontements d’une rare violence ont eu lieu, samedi 8 janvier, vers 13 heures, a-ton constaté sur place. Des dizaines de jeunes se sont rassemblés devant le siège de la CNEP auquel ils se sont pris à l’aide de barre de fer et de jets de pierres.

Les commerces ouverts jusque-là ont vite baissé rideau devant une foule de plsu en plus nombreuse. Aussitôt, les brigades anti-émeute investissent la rue. Des bombes lacrymogènes fusent. Les manifestants ripostent avec violence. La rue Abane-Ramdane, principale artère de la ville, est barricadée tant et si bien que les usagers de la route ont rebroussé chemin. Les échauffourées n’ont pas tardé à se propager à d'autres quartiers de la ville.

Draâ Ben Khedda, 20 kms à l’ouest de Tizi Ouzou, des jeunes ont voulu s’attaquer au commissariat et à la mairie, mais la riposte des services de sécurité les en a dissuadés. Depuis la matinée du samedi, les affrontements ont repris alors que le siège de la BNA a fait les frais de cet acharnement.

A Aïn El Hammam (ex-Michelet), une grande bourgade sur les hauteurs de Kabylie, de violents affrontements ont éclatés samedi après-midi. Les manifestants qui ont voulu organisé une marche contre la vie chère ont été dispersés à coup de bombes lacrymogènes, devant le siège du tribunal notamment. Le siège de la banque BDL a été brûlé par des émeutiers.

La veille, de jeunes émeutiers se sont attaqués à l’hôtel Le Bellaoua et le siège de la CNAS. A Tadmaït, des émeutes ont été également signalées la veille. Des blessés ont été enregistrés parmi les policiers, avons-nous appris de sources sûres. A Tizi ville, les émeutes continuent encore à l’heure actuelle. Des arrestations de manifestants sont signalées d’ailleurs. Lire aussi

11-01-08 - El Watan -- Grande tension aux quatre coins de la ville

Bordj Bou Arréridj : Grande tension aux quatre coins de la ville

le 08.01.11 | 03h00 Réagissez

Bordj Bou Arréridj et Ras El Oued ont vécu deux journées infernales, soit jeudi et vendredi. La ville de Ras El Oued, située à 30 km du chef-lieu de wilaya, a renoué avec les émeutes dans la nuit de jeudi à vendredi. A l’origine de ces manifestations, la hausse des prix et le chômage qui «frappent» la région.


Les échauffourées ont commencé dans l’après-midi du jeudi, quand plusieurs jeunes ont initié une manifestation devant le siège de l’APC. Ainsi, profitant de l’obscurité, l’on a décidé de disposer plusieurs barrages à divers endroits. Les débordements étaient tels qu’il devenait très difficile pour les forces de l’ordre de les contenir. Dès le début de la soirée, des affrontements explosaient.
Les émeutes se sont rapidement propagées dans les ruelles du centre-ville. Des foules se sont rassemblées, apparemment spontanément, en de nombreuses parties du quartier. Elles ont dévasté et pillé plusieurs édifices publics et répandu leurs contenus dans la rue, avant d’y mettre le feu. Il s’agit principalement du siège de Sonelgaz, de quatre lycées, deux CEM, l’Actel, Mobilis, du siège de la daïra, de l’agence d’emploi, la bibliothèque de la poste, le parc de l’APC où plusieurs voitures ont été incendiées. Cela s’est déroulé pendant plusieurs heures. Les ménages qui habitent au-dessus de l’agence Mobilis, dans le quartier des Jardins, ont dû quitter leurs domiciles, car s’ils ne l’avaient pas fait, il y aurait eu des victimes.


Vendredi, à l’aube, les forces anti-émeute ont bouclé l’APC avec un cordon de policiers armés de matraques et stationné d’autres casqués et munis de boucliers, faisant face à la placette, au cœur du vieux quartier. Mais ils n’ont pas pénétré dans les ruelles où les émeutes ont continué une deuxième journée consécutive.
Les affrontements ont été plus violents dans la mi-journée d’hier. Plusieurs personnes ont été interpellées, selon des manifestants. «Trop, c’est trop ! Les prix augmentent de jour en jour», a expliqué Ahmed, un jeune licencié au chômage depuis plus de trois ans. «Et comme nous n’avons pas un cadre d’expression pour pouvoir communiquer avec les autorités, nous avons choisi la rue pour montrer notre mécontentement», ajoute-t-il.


Au chef-lieu de la wilaya, très vite, l’ambiance est devenue électrique aux quatre coins de la ville. Les jeunes ont caillassé l’agence Djezzy, la CNEP, la banque Société générale et l’inspection des impôts dans le quartier les 500 Logements. Puis ils ont dévasté et incendié complètement l’inspection des impôts.
A Mansourah, à 30 km à l’ouest de Bordj Bou Arréridj, des jeunes ont bloqué la RN5 durant la nuit du jeudi à vendredi pour un bon moment et vandalisé les lampadaires de plusieurs rues de la ville. Vers 14h, juste après la prière, les manifestants, en majorité des jeunes, et même très jeunes, ont réinvesti la rue. Plusieurs quartiers où se trouvent les sièges de plusieurs édifices publics, l’APC, le CPA, l’ANEM, le CNEPD, la direction de l’emploi, Mobils, Actel, la CNEP au centre-ville, la CNAS et d’autres bureaux appartenant à la direction de la jeunesse et des sports, ont été complètement pillés ou brûlés. D’autres jeunes ont jeté des pierres contre la façade du siège de la wilaya.


Les policiers en faction ripostent avec des gaz lacrymogènes. En même temps, des manifestants ont détruit des panneaux de signalisation routière et les lampadaires à coups de barres de fer. Les services des urgences de l’hôpital Bouzidi Lakhdar ont enregistré plusieurs blessés  dans les deux camps. Face à ce climat, les commerçants ont baissé rideau, de peur de voir leurs boutiques vandalisées.

Adlène B.


11-01-08 - El Watan -- Un vendredi de psychose à Alger

Après une fin de semaine violente

Un vendredi de psychose à Alger

le 08.01.11 | 03h00

Le spectacle des magasins saccagés montre l’intensité de la violence des affrontements de la veille.

Seule activité du jour, le prêche du vendredi. Du reste, les rues de la capitale sont habitées par le fantôme des émeutes qui a obligé de nombreux Algérois à rester chez eux. En effet, Alger a valsé au rythme des affrontements avec les forces de sécurité.  A Bab El Oued, théâtre de violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre les nuits de mercredi et de jeudi, le climat reste tendu. Le spectacle des magasins saccagés montre l’intensité de la violence des affrontements de la veille.


Au sortir des mosquées après la traditionnelle prière du vendredi, des petits groupes se sont formés dans les coins des rues et les quelques cafés ouverts, commentant les événements de la veille et ceux qui ont secoué plusieurs villes du pays. Cependant, des familles des jeunes arrêtés lors des émeutes de jeudi se sont regroupées devant le commissariat du «cinquième» qui a été pris d’assaut par les manifestants la nuit de jeudi, au quartier des Trois Horloges. Elles sont venues réclamer la libération de leurs enfants. On dénombre une vingtaine d’arrestations parmi les manifestants. «Je n’ai pas eu de nouvelles de mon fils depuis mercredi soir et personne ne veut nous informer de ce qu’il est devenu ni pourquoi ils l’ont arrêté», s’inquiète une femme, la cinquantaine bien entamée.
Non loin du commissariat de police, l’atmosphère est plutôt paisible, mais les habitants craignent la reprise des émeutes à la tombée de la nuit. «On a peur que ça reprenne ce soir. On a peur pour nos commerces, véhicules et la sûreté des nos enfants ; c’est l’anarchie totale. Les jeunes de La Casbah et des autres quartiers environnants conver-gent tous vers Bab El Oued», s’est exclamé un quadragénaire qui dit garder «un mauvais souvenir des événements d’Octobre 1988».


Dans beaucoup de quartiers d’Alger, les manifestants se sont attaqués à des magasins et des locaux commerciaux. A Bab El Oued, les révoltés ont saccagé l’antenne de Mobilis et un distributeur de Bellat. Le point de vente de Renault de Triolet a été complètement saccagé et plusieurs voitures brûlées. La salle Atlas, récemment rénovée, a failli partir en fumée. A El Biar, quartier réputé pour son calme, le magasin d’Adidas a été complètement dévasté. Même spectacle à El Afia, le quartier le plus chaud de Kouba, où le show-room Dacia a été incendié. Les jeunes ne sont pas du même avis. «Ça ne va pas se calmer, on en a marre de cette vie. Nous sommes privés de tout, nous sommes déjà morts», ainsi s’exprimait un groupe de jeunes. Certains d’entre eux sont fiers de voir les chaînes de télévisions étrangères parler de leur quartier. «Le monde entier découvre que le peuple en a ras le bol», selon Samir, un jeune de 22 ans, au chômage.


Après la prière, l’émeute


Pour eux, la vie chère, le chômage, la crise de logement et l’horizon bouché sont à l’origine de cette «révolte» dans laquelle est plongé subitement le pays depuis trois jours. Le slogan-phare scandé des manifestants résume parfaitement le malaise social. «Zadou fi zit wa sucre, chaâb kareh rah habet y kesser» (ils ont augmenté les prix de l’huile et du sucre, le peuple en a marre, il descend casser). Si les adultes désapprouvent les méthodes utilisées par les jeunes pour exprimer leur colère, ils estiment par ailleurs que la situation actuelle pousse à une explosion sociale. «Nous sommes contre toute cette casse, sauf qu’on ne comprend plus rien à ce pays. D’un côté on nous parle de 150 milliards de dollars et de l’autre côté le peuple vit très mal. Ils (le pouvoir ndlr) augmentent les prix des produits de large consommation mais pas nos salaires. Par contre, la police a bénéficié d’une augmentation de 50%, c’est complètement insensé», a tonné un fonctionnaire. Chacun y va de son explication à Bab El Oued où les forces de l’ordre se font très discrètes à l’intérieur de ce quartier populaire, dont le nom est lié à la révolte d’Octobre 1988. Leur présence pourrait être assimilée à une provocation. La tension reste vive. Un hélicoptère de la police a survolé  la capitale durant toute la journée. La forte présence des forces antiémeute au niveau des axes menant vers Bab El Oued est là pour le rappeler.


Elles ont pris position dans des endroits sensibles. Des camions de police sont positionnés au niveau de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Le même dispositif sécuritaire est déployé à la place des Martyrs.
La sécurité est renforcée également autour du siège de l’APN. A la place du 1er Mai, c’est un impressionnant dispositif policier qui a pris position dès la matinée d’hier pour parer à d’éventuels débordements après la prière du vendredi.
Des prêches où les imams ont lancé des appels au calme. Des appels qui ne trouvent pas écho, dès lors que le quartier de Belouizdad (Belcourt) a renoué avec l’émeute juste après la prière. A l’heure où nous mettons sous presse, le face-à-face entre un groupe de jeunes et les forces de l’ordre se poursuit. Des émeutiers, surexcités, ont même tenté de pénétrer à l’intérieur de la maison de la presse Tahar Djaout. En somme, la situation reste très tendue dans beaucoup de quartiers. L’agitation pourrait reprendre à tout moment et les informations qui parviennent des autres régions du pays ne sont pas pour rassurer. Si les autorités politiques ne répondent pas aux revendications de la société, et si la colère reste au niveau de l’émeute sans prendre une forme organisée, le risque d’un pourrissement n’est pas à exclure.
 

Hacen Ouali


11-01-08 - El Watan -- Nuits d’émeutes dans plusieurs quartiers

Constantine : Nuits d’émeutes dans plusieurs quartiers

le 08.01.11 | 03h00

Hier à 15h, la localité de Hamma Bouziane s’est embrasée faisant écho aux émeutes déclenchées la nuit de jeudi à vendredi un peu partout à travers la wilaya de Constantine.

Résistante depuis l’affaire Toufouti, la rue de cette localité s’est enflammée de nouveau à tel point qu’elle donnait l’aspect d’un champ de bataille.
Un membre de cette famille a même été arrêté bien avant le déclenchement des émeutes (12h), sous «le prétexte», nous dira son frère, «qu’il s’apprêtait à fomenter une émeute». Des groupes de jeunes en furie sillonnaient les rues qu’ils avaient barricadées avec des pneus incendiés, de troncs d’arbres et de blocs de pierre, criant des slogans hostiles à l’Etat et à la police qu’ils n’ont pas hésité à caillasser, les obligeant même à rester confinés à l’intérieur du commissariat. Plus loin, à Zighoud Youcef, des hordes de manifestants ont complètement saccagé le lycée technique et jeté des micro-ordinateurs par les fenêtres. Le siège de la recette des impôts, la gare ferroviaire et des abris bus ont été également saccagés.


La RN3 a été fermée par les émeutiers. Jeudi, vers 19h30, des émeutes spontanées ont éclaté presque simultanément dans plusieurs quartiers populaires de la ville de Constantine. Des centaines de jeunes en colère ont envahi la rue à Oued El Had, où le boulevard de l’ALN a été fermé à la circulation avec des pneus brûlés et des blocs de pierre, selon des témoins oculaires.
Une panique générale a régné dans les lieux. Les rumeurs sur un mouvement de protestation ont circulé comme une traînée de poudre, poussant tous les commerçants à baisser rideau. Selon les riverains, des abribus installés récemment par les services de la commune ont été détruits. Quelques minutes après des unités des brigades antiémeutes ont été déployées sur les lieux, sans pour autant recevoir l’ordre d’intervenir de crainte de provoquer des affrontements avec les émeutiers.

Mais il semble que le mouvement a déjà fait tache d’huile.
L’on a signalé ainsi que plusieurs groupes de jeunes ont envahi la RN3 menant vers El Khroub, au niveau du quartier populaire du 4e km, alors que des émeutiers ont fait de même au quartier de l’Emir Abdelkader, où des pneus ont été brûlés au rond-point se trouvant à proximité du tribunal de Ziadia. La route de Djebel Ouahch, passant près du commissariat du 12e arrondissement a été fermée à la circulation durant deux heures avant d’être dégagée avant minuit par les services de l’ordre qui réussiront à maîtriser la situation. A Boudraâ Salah (cité El Bir), Benchergui, El Ménia et Kontoli, des manifestants ont fermé la route à l’aide de pneus enflammés et de blocs de pierre. Dans d’autres quartiers, à la Nouvelle ville et Aouinet El Foul (centre-ville), des jeunes ont tenté également d’obstruer la voie. A Aïn Smara, des émeutes viennent d’éclater…
 

Arslan Selmane, Djamel Belkadi


11-01-08 - Le Soir -- BATAILLES RANGÉES ET ÉDIFICES DÉTRUITS ET BRÛLÉS

BATAILLES RANGÉES ET ÉDIFICES DÉTRUITS ET BRÛLÉS
Les deux folles nuits d’Alger

Les efforts engagés par les agents de Net Com en charge du nettoyage n’ont pu effacer les traces des violentes émeutes de la veille. Les traces sont visibles partout. Que ce soit à Bab El-Oued, Bachjarrah, les Eucalyptus, Bordj-El-Kiffan ou Dar-El- Beida, les «traces» des affrontements ayant opposé, des heures durant, des émeutiers aux forces de l’ordre sont perceptibles. Fait rarissime : seul Alger- Centre a échappé à la «casse». Récit de deux folles nuits à Alger.
Abder Bettache (Alger le Soir) - Le sujet domine toutes les discussions, en ce vendredi 7 janvier. On évoque des batailles rangées, des magasins pillés, des arrestations massives, des tentatives de récupération par des islamistes. Enfin tout ce qui s’est passé durant les deux nuits de mercredi et jeudi. En effet, le quartier populaire de Bab El-Oued n’a pas dérogé à la règle. La «révolte» n’a pas épargné la place des Trois-Horloges. Il était 19h45, lorsque l’émeute éclata dans ce quartier. Les sièges des agences de Mobilis et d’Algérie Télécom ont été vite la cible d’actes de sabotage. Les abribus sont également saccagés, des pneus brûlés et la route coupée dans les deux sens. La tension est montée très vite. Les services de police entrent en action. Le siège de la Sûreté de daïra, qui se trouve à une centaine de mètres de la place des Trois-Horloges, est quadrillé. Le périmètre de sécurité est engagé. Les émeutiers, des jeunes, dont l’âge ne dépasse pas la vingtaine, gagnent du terrain. L’idée de lancer un assaut contre le siège du commissariat a gagné l’esprit d’un grand nombre d’entre eux. «L’intifadha» prend de l’ampleur. 20h35. L’affrontement est général. De véritables batailles opposent les services de l’ordre aux émeutiers de Bab El-Oued. 20h45. Arrivée de renfort. Les policiers engagent les gros moyens. Bombes lacrymogènes et jets-d’eau. Pour les policiers d’enjeu est de taille. Il faut circonscrire l’émeute.
Le siège de Renault incendié

Les affrontements de la place des Trois-Horloges sont signalés dans toute la daïra de Bab-El-Oued. Les premières vidéos sont aussitôt diffusées sur le web. Les jeunes de Triolet entrent en scène. Situé entre Bab El-Oued, Oued-Koriche et Bouzaréah, le quartier de Triolet est en ébullition. Les premiers affrontements entre les forces de l’ordre et les émeutiers sont déjà signalés. Les premiers slogans de la «révolte» sont également entendus. «Y en marre de la cherté de la vie. A bas le pouvoir ! Nous voulons notre pétrole.» Le ton est donné. On évoque le nom de Ali Belhadj. «Le cheikh va arriver», indique un jeune. En effet, du parti dissous avait fait irruption une demi-heure auparavant à Bab-El-Oued, avant qu’il ne soit interpellé par les forces de police. 21h15. L’affrontement est général. Acculés, les forces de police se replient. La présence d’un barrage fixe de la Sûreté nationale à ce croisement n’a vraisemblablement pas dissuadé les manifestants de mettre à sac le showroom du concessionnaire Renault et de celui du label chinois Geely. Les rideaux métalliques des deux espaces mitoyens sont carrément arrachés. Des véhicules, maintenus dans leurs box d’exposition, sont complètement incendiés. Le pillage est total. Les voitures sont toutes désossées. D’autres sont ramenées dans la rue où elles ont subi un sort aussi triste. Pare-brise brisés, capots et portières arrachés. Les pièces de motorisation sont irrémédiablement hors service. Les carcasses ne reposent plus que sur les essieux.
Belouizdad, Bachjarrah et les Eucalyptus en feu
Le propriétaire de la concession, qui est arrivé sur les lieux, aurait laissé sa vie n’était-ce l’intervention des forces de police. «J’ai voulu leur parler, juste pour leur dire de ne pas brûler le siège de mon magasin. Mais hélas, on a voulu plutôt me tuer !» nous explique Mohamed Chetouane. Les axes desservis par ce carrefour (Bologhine, Bab-El-Oued-Centre, Chevalley et Fontaine- Fraîche) sont désertes. Le syndrome de Bab-El-Oued se propage. La tension est pesante. La rumeur prend de l’ampleur. Les quartiers de Belouizdad (Belcourt) entrent en scène. Un embrasement est signalé depuis trente minutes. Il est 22h35. Les premiers affrontements sont signalés. Même constat à El-Harrach, à Bachjarah et aux Eucalyptus. L’est de la capitale est en feu. Aux Eucalyptus, dans la commune de Baraki, les manifestants ont incendié le siège de l’APC en début de soirée. Ils ont fermé la RN 8 menant vers Larbaâ, provoquant ainsi une paralysie totale de la circulation routière. Il a fallu l’intervention de la police, qui a usé de bombes lacrymogènes pour que la situation soit «débloquée». Dans d’autres quartiers, on parle de blessés. C’est le cas à Hussein-Dey et Kouba, où sont recensés, dit-on, des dizaines de blessés. Comme à Bab-El- Oued, les édifices publics et mêmes privés sont les cibles d’attaques et de pillages. Jusqu’à minuit, on signale des affrontements dans plusieurs quartiers de la capitale. Au centre-ville, plus exactement au niveau des rues Didouche-Mourad et Larbi-Ben-M’hidi, c’est le calme plat.
Psychose à Alger-Centre
En ce second jour de «révolte», la psychose était générale. A 9h30, Alger est encore fermée. Dans leur majorité, les magasins situés à Didouche-Mourad, Larbi-Ben-M’hedi et Hassiba-Ben-Bouali sont encore fermés. «Les affrontements sont annoncés à dix heures», nous explique un commerçant. Au niveau de la Grande- Poste, le dispositif de sécurité est impressionnant. Même constat au niveau des sièges de l’Assemblée nationale, du Sénat et de la wilaya d’Alger. A Alger-Centre, une tension extrême a commencé à se faire sentir en fin et début d’après-midi, sur fond de rumeurs quant à l’éclatement d’émeutes dans plusieurs quartiers de la capitale et «surtout la volonté des jeunes de Bab-El-Oued de marcher vers le centre-ville ce soir». On annonce même une reprise des affrontements à Bab-El-Oued et à Belouizdad. A 14h30, les quelques magasins ouverts décident de baisser rideau. En moins de trente minutes, les rues Larbi Ben-M’hidi et Didouche-Mourad sont désertées. La circulation automobile est inhabituellement fluide dans le centreville. Peu de voitures circulent. Les directeurs des établissements scolaires ont, a-t- on appris, reçu l’ordre de libérer les élèves à midi. Sécurité oblige, souligne-t-on. Les rues étaient presque vides. Les banquiers ont reçu l’ordre de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter des vols en cas d’émeutes. La menace d’une nouvelle «folle» nuit est de nouveau brandie. La peur s’installe de nouveau.
Renforts de la gendarmerie
A 20h30, l’entrée d’Alger du côté est est fermée à la circulation. Des jeunes du quartier des Dunes, relevant de la commune d’El- Mohammadia, ont décidé de bloquer la route. Une forme de protestation que les émeutiers ont engagée en cette seconde nuit de protestation.


11-01-08 - Le Soir -- Belouizdad s’embrase

Belouizdad s’embrase

La protestation a gagné hier le quartier populaire de Belouizdad. Les affrontements entre les manifestants et la police anti-émeutes ont éclaté vers 14h.
Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - Cette fois-ci, les édifices publics longeant la rue Mohamed-Belouizdad, où se trouvent notamment le siège du ministère du Travail et de la Sécurité sociale et une caserne de l’armée, ont été épargnés. Ce sont plutôt les forces de sécurité qui ont subi les foudres des jeunes en délire. Les manifestants qui se comptent par centaines, jeunes et moins jeunes, usaient de toutes sortes de projectiles. Pierres, barres de fer, cocktails Molotov…, le quartier, qui s’est embrasé pendant plusieurs heures, suffoquait à cause des gaz lacrymogènes. Les policiers ripostaient par tous les moyens, les pierres y compris, et leur tentative d’encercler les émeutiers de dos n’a pas réussi. Les manifestants, eux, n’ont guère abdiqué. Une partie de la troupe mobilisée pour aider les policiers parqués devant la caserne de Belouizdad quittera les lieux pour une autre alerte. C’est le Tout-Alger qui s’enflamme et la situation semble déborder. La police recourt aux canons à eau pour disperser les protestataires à Belouizdad. «Ce n’est que le début, les enfants du quartier se préparent pour la nuit», confiera un trentenaire. «Ce matin, 500 DA m’ont tout juste permis d’acheter un paquet de café, un kilo de sucre et quelques yaourts pour la famille», ajoutera-t-il.
L. H.

11-01-08 - Le Soir – BLIDA

BLIDA
Plusieurs édifices publics endommagés

La nuit de jeudi à vendredi a été vécue dans l’angoisse et l’affolement à Blida, notamment dans les communes de l’est de la wilaya. A Meftah, en effet, le siège de la daïra a été attaqué par des jeunes en folie, qui en ont saccagé le rez-de-chaussée. De même qu’une succursale de l’Opgi dans cette commune a été dévastée.
Tandis qu’à Larbaâ, ce sont les bureaux d’Algérie poste et la Badr, qui ont été incendiés. La commune de Bougara, quant à elle, n’a pas été épargnée par les manifestants qui ont incendié le centre-ville, paralysant la circulation routière. A Soumaâ, des émeutiers s’en sont pris aux véhicules des citoyens, et ont même tenté de s’attaquer à la brigade de gendarmerie, mais ils ont été vite repoussés par les gendarmes. Dans le chef-lieu de la wilaya, ce sont les magasins du boulevard Mohamed-Boudiaf qui ont détériorés. Des pneus ont été brûlés sur les routes, provoquant une grande panique parmi les riverains, dont certains ont essayé de faire revenir les manifestants à la raison, mais en vain. Le délire de certains jeunes l’emportait sur celle-ci. Sur un autre lieu. A la cité dite Cnep, c’est le propriétaire d’un manège forain qui en a fait les frais puisque son gagne-pain a été dévasté. Les gaz lacrymogènes étaient présents plusieurs heures après les émeutes. Par ailleurs, l’autoroute Est- Ouest a été fermée à la circulation et les gendarmes sommaient les usagers de rebrousser chemin. Des troncs d’arbres en feu bloquaient la route. Les automobilistes empruntaient la RN1 mais se voyaient contraints de passer entre les foyers d’incendie pour se frayer un chemin. Même scénario sur le pont de Bouroumi, où des troncs d’arbres obstruaient, de part et d’autre, la route. A 19h, c’était impossible d’accéder à El-Affroun, où le siège de la Cnep a été incendié à minuit. Les assaillants ont cassé plusieurs micro-ordinateurs de cette institution. Pour rappel, le premier incendie a été enregistré, à Beni Tamou, où deux bus appartenant au Cous ont été endommagés et onze étudiants blessés. Dans cette commune, les habitants, tous des jeunes dont l’âge varie entre 16 ans et 20 ans, ont essayé d’incendier un dépôt d’huile, mais l’intervention de la gendarmerie a fait échouer cette tentative. Vers minuit, plusieurs coups de feu ont été entendus à des kilomètres à la ronde.
M. B.

11-01-08 - Le Soir -- BORDJ-BOU-ARRERIDJ

BORDJ-BOU-ARRÉRIDJ
Les raisins de la colère

Juste après la prière du vendredi, les émeutes ont repris de plus belle, à Bordj-Bou-Arréridj.
Malgré une forte mobilisation policière, les émeutiers se sont attaqués aux sièges de la banque CPA et la Cnas et de la Sonelgaz et emporté micro-ordinateurs, fauteuils. Le commissariat central a été attaqué par des jets de pierre. Le calme n’est pas près de revenir dans la wilaya de Bordj-Bou-Arréridj, tant la colère est grande. Les services de sécurité semblent avoir du mal à contenir voire à étouffer cette situation quasi insurrectionnelle qui est en train de toucher presque tous les quartiers de la ville. Nous n’avons enregistré aucune répression brutale des services de sécurité à l’endroit des émeutiers qui criaient où est passée la rente pétrolière ? Ce qu’ils veulent c’est sortir du sous-développement et la misère. Il est des événements qui sont, par avance, presque prévisibles. Ceux de la journée du 6 janvier sont de ceux-là. Des jeunes de Bordj- Bou-Arréridj et de Ras-El- Oued se sont donné le mot pour se rencontrer, afin de manifester leur colère contre la flambée des denrées alimentaires de base. A 19h, cela a commencé à Ras-El-Oued où les jeunes ont carrément mis le feu aux bâtiments de l’inspection des Impôts, de Lactel, la Poste, la Cnep et une compagnie d’assurances privée. Il y a des milliards de dégâts. La contagion de la violence s’est vite installée à Bordj-Bou-Arréridj. A 19h20, des jeunes se rassemblaient pour exprimer le ras-le-bol et ont mis le feu à l’inspection des Impôts des 50 logts, à Djezzy, puis se sont attaqués par jets de pierre à la Cnas et au CPA. Il est évident qu’il y a eu des affrontements entre la police antiémeutes et les jeunes aussi bien à Bordj-Bou-Arréridj qu’à Ras-El-Oued, où des routes furent carrément bloquées. L'accalmie est survenue vers minuit. Les causes de la colère ne sont pas uniquement liées à la flambée des prix des produits alimentaires mais aussi au chômage, la hogra, le manque de logement, l’environnement, la mauvaise gouvernance de l’administration, la pauvreté, plus d’un quart des enfants grandissent dans la pauvreté et souffrent de malnutrition. Le malaise des jeunes est révélateur à plus d’un titre, que ce soit à Bordj-Bou-Arréridj, Alger ou Tamanrasset. Ils veulent le changement, la réduction de la pauvreté. Ils souffrent quotidiennement de l’impact des prix élevés de la nourriture, de la facture énergétique (gaz et électricité), celle de l’eau etc. Cependant, il faut signaler que ce n’est pas toute la wilaya qui brûle. Les affrontements risquent de se développer avec beaucoup plus d’intensité. Cette réaction violente n’est que le fruit de l’expression d’un malaise social profond. Associés à cette toile de fond, il y a le chômage, la mal-vie, la langue de bois du pouvoir qui consiste à affirmer officiellement que le taux de chômage a baissé de 55% à 9%, ce qui est totalement aberrant, la corruption des institutions de la République au moment où la crise frappe de plein fouet le peuple, gagné par le désespoir qui s’empare de la jeunesse diplômée ou non qui ne parvient pas à entrer dans le marché du travail. Il faut s’attendre à ce que le mouvement de contestation s’étende. Il y a lieu de signaler que la majorité de la foule est encore silencieuse, car sans direction forte pour la diriger. Comme troublée par les valses-hésitations. Mais le nombre impressionnant de jeunes allant de 15 à 55 ans, ont une détermination réelle, envers et contre tout. Il est temps que le pouvoir fasse la récolte du raisin de la colère.
Layachi Salah-Eddine

11-01-08 - Le Soir – CONSTANTINE

CONSTANTINE
Émeutes en série

En raison de la propagation effrénée des émeutes aux quatre coins de la ville, les agents de l’ordre et les brigades antiémeutes auront vécu une nuit d’enfer. La colère qui couvait à Constantine a donc fini par être extériorisée dans la soirée de jeudi avec une synchronisation pour le moins étonnante.
Oued-El-Had, Ziadia, Faubourg Lamy, Bekira, la cité El-Bir, les 4e et 13e BK et même la nouvelle-ville Ali-Mendjeli ou encore les communes de Zighoud- Youcef et Hamma- Bouziane sont autant de quartiers et d’agglomérations qui constituent les foyers des émeutes qui ont marqué, dans la nuit de jeudi, la capitale de l’Est. Routes barricadées par des troncs d’arbre, bennes à ordures, grosses pierres et pneus brûlés, échanges d’hostilités avec les forces de l’ordre et slogans antipouvoir ont été au menu des émeutiers qui ont, toutefois, épargné les biens publics ou privés si l’on excepte quelques abribus saccagés çà et là. A Zighoud-Youcef, par contre, les dégâts sont importants puisqu'un lycée et un technicum ainsi que le siège de la commune ont été saccagés par des manifestants déchaînés. A la cité El-Bir, qui aurait été le point culminant de l’expression de la grogne constantinoise, des tirs de sommation pour disperser les manifestants auraient été entendus par les habitants. Une cité où les traces des violences de la veille étaient encore visibles, tôt dans la matinée d’hier. Plusieurs barricades y ont été dressées, rendant ce quartier inaccessible. Les jeunes, dont des adolescents, certains portaient encore les stigmates d’une nuit de folie, étaient aux aguets dès les premières lueurs du jour. On ne susurrait plus rien. Le rendez- vous «après la djmouaâ» est clamé ostentatoirement par certains d’entre eux. Une manière de dire que la répression ne leur fait plus peur. Se faire accepter comme journaliste qui a juste besoin de savoir ce qu’ils pensent des évènements auxquels ils prennent part est très difficile mais il est parmi eux qui ne manquent pas de discernement. A s’y méprendre, ces jeunes-là sont parfaitement au fait des atermoiements du sérail. «La hausse des prix des produits de première consommation n’est que la goutte qui a fait déborder le vase. Nous sommes sortis dans la rue pour exprimer notre ras-le-bol et notre révolte contre la hogra, la corruption, la bureaucratie, la discrimination et le chômage. Nous sommes gouvernés par des incompétents et des mal-élus qui s’engraissent sur notre dos. Il n’y a aucune équité sociale. L’argent public profite aux riches alors que les gens pauvres sont laminés chaque jour davantage par le poids des charges imposées uniquement aux plus démunis. Les policiers ! Mabrouk alihoum les 50% d’augmentation, mais si cela doit servir à l’épaississement du bâton et de la matraque de la répression, nous saurons nous y opposer, y compris pour exiger l’incinération des équipements antiémeutes acquis récemment à coups de milliards. A quoi sert cet arsenal dans un Etat qui se dit de démocratie et de dialogue ? Nos voisins tunisiens ne sont-ils pas réellement plus en avance ? Leur niveau de vie est supérieur au nôtre, ils bénéficient d’une meilleure couverture sociale. Ils se sont soulevés cependant et leur gouvernement a aussitôt pris des mesures concrètes. Chez nous, un pays beaucoup plus riche, nous ne récoltons que répression, mépris, fausses promesses et langue de bois. On ne s’adresse à ce peuple qu’à l’occasion des rendez-vous électoraux… Bezzaf ya khouya bezzaf.» Le jeune émeutier auteur de cet enchaînement tonitruant témoignait presque au bord des larmes. Un témoignage qui renseigne sur le malaise qui ronge ses semblables aux quatre coins du pays, lesquels ont choisi ce début 2011 pour dire «barakat» ! Des sources hospitalières ont avancé le nombre de huit blessés durant cette nuit d'émeutes dont cinq policiers. Hier, un calme précaire régnait à Constantine en début de journée. Les agents de la commune peinaient à déblayer le terrain dans une tentative d’effacer toute trace d’une nuit agitée. Les barrages de police fixes ont tous été levés, car non seulement ils constituent une cible de choix pour les émeutiers mais en plus, tout le personnel de la police a été réquisitionné pour parer à tout débordement. Les émeutiers, eux, n’ont pas tardé à revenir à la charge, puisqu’ils n’ont même pas attendu la fin de la prière du vendredi, comme ils l’avaient promis, pour réinvestir la rue suivant le même procédé, comme ce fut le cas à Djenane Ezzitoune et à Aïn-Smara. Dans ce quartier, ils n'ont pas hésité à incendier deux bus stationnés à la gare routière communale et à en saccager deux autres. Après des échauffourées avec des agents de l'ordre qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de tirs de sommation, les émeutiers de Aïn- Smara ont encerclé le siège de l'APC. A Hamma- Bouziane, six gendarmes ont été blessés lors des affrontements qui se sont soldés par des arrestations. La situation à Constantine est restée tendue et il est à craindre que les émeutes se généralisent et deviennent incontrôlables.
K. G.

11-01-08 - Le Soir -- Des émeutes limitées à Annaba

CHERTÉ DE LA VIE
Des émeutes limitées à Annaba

Des émeutes, quoique limitées à certains quartiers populaires de la ville de Annaba, ont éclaté, vendredi en milieu d’après-midi. Des dizaines de jeunes sont, ainsi, descendus dans la rue au niveau des cités du 8- Mai-1945, Pont-Blanc et Lauriersroses pour manifester leur colère, suite à la forte et subite augmentation des prix des produits de première nécessité, et dire leur mal-vie d’une façon générale, a-t-on constaté.
A l’aide de pneus brûlés et autres objets hétéroclites, les jeunes ont bloqué la route à la circulation automobile dans ces quartiers. Ils ont ensuite fait face aux forces antiémeutes qui tentaient de dégager la route et disperser les manifestants à l’aide de bombes lacrymogènes. Selon les dernières informations, ces protestations se poursuivent encore. Dès jeudi matin, Annaba retenait son souffle. Des rumeurs persistantes colportées par plusieurs personnes à travers la ville faisaient état de marches en préparation qui rallieraient le centre-ville à partir des quartiers populaires de la plaine Ouest, et autres quartiers tels ceux de la vieille ville et de Boukhadra. Ces marches, disaient les mêmes, seront organisées pour protester contre la cherté de la vie. Se faisant discrètes, les forces de sécurité n’en ont pas moins pris leurs dispositions pour parer à toute éventualité. Un hélicoptère a survolé à plusieurs reprises la ville. Une certaine préoccupation se lisait sur les visages des gens. Craignant pour leurs biens, plusieurs commerçants ont fermé boutique en fin d’après-midi, bien avant l’heure habituelle. Les heures passaient dans l’angoisse et, jusqu’à une heure avancée de la soirée, aucun fait notable n’a été relevé. En effet, nous nous sommes déplacés dans les quartiers chauds d’où les prétendues marches devaient s’ébranler, mais là, tout était normal. Vendredi matin, les mêmes rumeurs ont circulé sur des émeutes à la sortie des mosquées, en ce jour de prière hebdomadaire. Inquiets, les gens cherchaient à en savoir un peu plus sur la situation en ville et dans les agglomérations limitrophes. Réduite habituellement durant les fins de semaine, la circulation automobile l’était aussi ce vendredi. Toutefois, et jusqu’après la prière d’el asr, rien ne s’est produit. Et ce n’est qu’à partir du milieu de l’après-midi, vers 15h, que les émeutes ont commencé dans les quartiers précités. Pour le moment, on ne signale aucun blessé, ni d’importants dégâts matériels. Le centre-ville est resté calme toute la journée de vendredi, et les gens vaquaient le plus normalement à leurs occupations, notamment sur le Cours-de-la- Révolution, place mythique de l’antique Bône.
A. Bouacha

11-01-08 - Le Soir -- EMBRASEMENT DANS PLUSIEURS VILLES DE LA VALLÉE DE LA SOUMMAM, LE CHEF-LIEU DE WILAYA ET KHERRATA

EMBRASEMENT DANS PLUSIEURS VILLES DE LA VALLÉE DE LA SOUMMAM, LE CHEF-LIEU DE WILAYA ET KHERRATA
De nombreux édifices publics incendiés, une vingtaine d’arrestations et plusieurs blessés

A l’instar des autres régions du pays, plusieurs villes de la vallée de la Soummam ont été le théâtre de violentes scènes de révolte sociale ce jeudi. Des centaines de jeunes ont spontanément investi la rue pour protester contre la flambée subite des prix, la malvie, le chômage et la crise de logement qui rythme le quotidien des populations locales, malgré l’embellie financière du pays.
Tout a commencé dans la nuit de mercredi à jeudi par la fermeture de la RN 26 à hauteur d’Alaghane, Riquet et à la rentrée d’Akbou du côté de Gendouza et au niveau de la zone industrielle de Taharacht. A l’aide de pneus enflammés, de troncs d’arbre et autres objets, les jeunes insurgés ont procédé à fermeture de la RN 26. La circulation automobile a été totalement paralysée sur cet important axe routier avec comme seul mot d’ordre la dénonciation du marasme social qui frappe de plein fouet l’écrasante majorité de la population. La protestation citoyenne, pacifique jusqu’au milieu de la journée, prendra de l’ampleur pour se transformer en violentes émeutes entre les manifestants et les forces de l’ordre. La tension a atteint son paroxysme lorsque la foule en furie s’est attaquée au tribunal de la ville. Inauguré il y a une année, la nouvelle institution judiciaire d’Akbou a été saccagée par les jeunes révoltés. Toutes les vitres du tribunal ont volé en éclats sous les bombardements de pierres lancées par les manifestants. Aux jets de pierres des insurgés, les éléments des brigades antiémeutes ont riposté par les gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Quelques instants plus tard, ce fut au tour du commissariat d’être assiégé par les manifestants. Les affrontements se sont poursuivis jusqu’à une heure tardive de la nuit. Plusieurs édifices publics ont été saccagés à Akbou. La recette des Impôts, le siège de la Sonelgaz, l’antenne de l’ADE et le siège de l’assurance agricole ont été incendiés. La recette postale a été aussi fortement endommagée. On parle également de dizaines de logements squattés dans la nouvelle cité située du côté de l’ex-caserne d’Akbou. Une vingtaine de jeunes ont été interpellés par la police dans la nuit de jeudi, selon une source locale. Les violences ont fait trois blessés dans les rangs des manifestants et une dizaine chez les policiers, précise notre source. Les manifestations d’Akbou ont fait tache d’huile pour gagner d’autres villes de la vallée de la Soummam en fin d’après-midi de jeudi. A Tazmalt, c’est le même décor de désolation. Des jeunes insurgés ont brûlé le bureau d’hygiène communal, la Sonelgaz, la recette des impôts et la bibliothèque municipale. Des violences ont opposé les insurgés et la police dépêchée sur les lieux pour disperser les manifestants sortis dans la rue crier contre la cherté de la vie. La localité d’Ouzellaguene a connu également la même situation de trouble. Des groupes de jeunes ont assiégé le commissariat pour l’arroser de pierres et de divers projectiles. Les policiers ont répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes. Les heurts qui ont duré jusque tard dans la nuit ont fait 4 blessés parmi les manifestants et cinq dans les rangs des forces de l’ordre. La ville de Sidi-Aïch n’a pas échappé aux troubles qui sont survenus vers 18h. Des groupes de jeunes ont dressé des barricades à l’aide de pneus enflammés et divers objets sur le tronçon routier de la RN 26 à la rentrée de la ville, paralysant entièrement la circulation automobile. Les manifestants ont également incendié le siège de la Sonelgaz et une Renault express lui appartenant avant de s’en prendre à l’antenne locale de l’ADE. Des affrontements ont été signalés également entre les insurgés et la police. Dans la région est de la wilaya de Béjaïa, de violentes échauffourées ont été enregistrées entre des manifestants et les gendarmes dépêchés sur les lieux des troubles pour disperser la foule. L’antenne communale de l’état civil a été totalement incendiée, a-t-on appris d’une source locale. Après une trêve de quelques heures, les affrontements ont repris de plus belle entre les insurgés et les forces de l’ordre hier matin. Les villes de Tazmalt, Akbou, Ighzer-Amokrane, Sidi-Aïch et Kherrata, dans la partie est de Béjaïa, s’étaient de nouveau embrasées hier. Les principales artères de ces localités offraient les mêmes images de désolation. Des pierres et autres projectiles jonchaient le sol. Des pneus incendiés, des troncs d’arbre et divers objets ont été dressés par les manifestants en guise de barricades sur les routes. Au niveau du chef-lieu de wilaya, un calme précaire fut observé dans la matinée d’hier. Des groupes de jeunes ont dressé quelques barricades au quartier d’Ihaddaden. En début d’après-midi, vers 14h30, plusieurs centaines de jeunes se sont regroupés près du siège de la Wilaya scandant des slogans hostiles au pouvoir. Le rassemblement s’est rapidement transformé en violents heurts. Les manifestants ont bombardé le siège de pierres avant que les éléments de la brigade anti-émeutes, stationnés à l'intérieur, n’interviennent. Aux pierres des insurgés, les policiers ripostaient par des gaz lacrymogènes.
A. Kersani

11-01-08 - Le Soir -- ÉMEUTES À AIN TAYA, BORDJ-EL-KIFFAN ET BORDJ-EL-BAHRI

ÉMEUTES À AIN TAYA, BORDJ-EL-KIFFAN ET BORDJ-EL-BAHRI
Vandalisme à grande échelle

Bien que Aïn-Taya, Bordj-El-Kiffan et Bordj- El-Bahri connaissent, depuis quelque temps, des mouvements de protestation cycliques, ce qui s’est passé ces derniers jours est hors du commun, inquiétant et jamais vécu. Un vandalisme à grande échelle.
Mehdi Mehenni - Alger (Le Soir) - Jeudi, 6 janvier 2011. Il est 10h30. Après une nuit particulièrement mouvementée du côté de Aïn-Taya, Bordj-El-Kiffan et Bordj-El-Bahri, à l’est de la capitale, les émeutes ont repris de plus belle. Un grand nuage de fumée était visible à des kilomètres de la route côtière menant de la commune d’El-Marsa vers celle d’Aïn-Taya, plus précisément au lieu-dit Bousekloul. De jeunes adolescents de Bordj-El-Bahri ne tarderont pas à suivre et investir le centre-ville. Ces derniers ont mis le feu à des pneus usagés, des branchages d’arbres et autres débris, avant de s’attaquer au bureau de poste. Ils ont défoncé, ensuite, la porte d’accès mettant les locaux sens dessus dessous et détruisant le distributeur automatique. Les émeutiers ont volé tout ce qu’il a été aisé de transporter (micro-ordinateurs, chaises, paperasses et fichiers, mobilier), et détruit ce qui restait. Quelque temps après, des policiers, pas très nombreux, arrivent sur les lieux. Ils sont accueillis avec des jets de pierres par les émeutiers. Les policiers ont tiré quelques balles à blanc pour les repousser, mais sans succès. Les émeutiers reculaient quelques dizaines de mètres avant de revenir, plus nombreux et plus déterminés encore. La police, impuissante, a quitté les lieux, laissant la voie libre aux jeunes émeutiers. Du côté de Bordj-El- Kiffan, les émeutes n’ont pas, contrairement aux autres régions de l’est de la capitale, été progressives. C’est vers midi que les émeutiers ont manifesté leur colère tous au même moment tout au long de la RN 24 qui traverse la commune. A Dergana, un quartier populaire et particulièrement difficile à gérer, situé entre Bordj-El-Bahri et Bordj-El-Kiffan, les émeutiers avaient déjà investi la rue, dévastant un bureau de poste. Un peu plus haut, au niveau de la route menant de Souachette vers Café- Chergui, plus précisément au lieudit Benzarga, une ambiance de terreur. Encagoulés, des sabres et des barres de fer à la main, les émeutiers ont carrément terrorisé les passagers. En début d’après-midi, la circulation routière était déjà gravement perturbée. A la tombée de la nuit, les choses ont dégénéré à Bordj-El-Kiffan où de rudes affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et les émeutiers. A Bordj-El-Bahri, les jeunes émeutiers se sont attaqués au nouveau centre culturel de la commune, le saccageant entièrement et volant tout ce qui se trouvait à l’intérieur. Les dégâts sont énormes. «Ce centre culturel qui a coûté, rien que pour sa construction, plus de 8 milliards de centimes, il faudra au minimum 2 milliards de centimes», selon l’un de ses responsables, rencontré sur les lieux. «Cela, sans compter le matériel de musique, d’informatique, de couture, les climatiseurs et les meubles volés.» Quelque temps après, les émeutiers se sont dirigés vers le lycée de la commune, ont défoncé la porte d’entrée. Fort heureusement, des personnes sages du quartier sont arrivées pour les repousser. Le lycée a ainsi échappé au saccage. Minuit passé, le calme commençait à revenir graduellement d’abord à Aïn-Taya, puis à Bordj-El- Bahri et, enfin, à Bordj-El- Kiffan, où de nombreux citoyens et automobilistes sont restés bloqués jusqu’à une heure tardive de la nuit. Hier, la même atmosphère régnait dans la région. Après la prière du vendredi, les émeutiers ont, encore une fois, investi la rue. Toutefois, il est à signaler que cette fois-ci, les forces de l’ordre déployés sur les lieux étaient plus nombreux et les affrontements ont doublé de férocité.
M. M.

11-01-08 - Le Soir – ÉMEUTES

ÉMEUTES
La classe politique réagit

Les émeutes qui se sont propagées aux quatre coins du pays et provoquées initialement par la flambée des prix ont suscité les réactions des partis politiques qui, pour la plupart, dénoncent «les actes de vandalisme» et pointent un doigt accusateur sur «la hausse anarchique des prix des produits de première nécessité qui nuit gravement au pouvoir d’achat des citoyens».


MOHAMED DJEMAÂ (PORTE-PAROLE DU MSP) :
«Le vandalisme nuit aux vraies revendications»

«Notre parti dénonce en premier lieu les augmentations des prix des produits de première nécessité que nous estimons inexplicables. Elles nuisent au pouvoir d’achat des citoyens. La mission première du gouvernement est aussi de protéger les biens et les personnes comme cela se fait partout dans le monde. Malheureusement, des biens publics et de particuliers ont été livrés au vandalisme. Nous refusons donc qu’une minorité de jeunes se livre au saccage au lieu de manifester pacifiquement. Il ne faut pas verser dans le populisme et les actes de vandalisme nuisent aux vraies revendications. Notre parti soutient les revendications mais condamne les actes de vandalisme. Le bureau national du MSP se réunira en urgence en vue d’étudier la situation actuelle.»

MILOUD CHORFI (PORTE-PAROLE DU RND) :
«Nous dénonçons les provocations des lobbys»

« Après les derniers actes de protestation provoqués par la hausse des prix des produits de première nécessité, nous condamnons les agressions et le vandalisme des biens publics et des particuliers. Notre parti dénonce aussi les provocations des lobbys qui sont derrière cette hausse des prix et qui ne ratent aucune occasion pour jouer avec le pouvoir d’achat du citoyen qu’ils utilisent pour préserver leurs intérêts. Ces lobbys ont en fait été touchés par les mesures du gouvernement prises dans le cadre de l’organisation du marché et la protection de l’économie nationale. Devant ces comportements immoraux, nous appelons à l’apaisement et à la vigilance. Les jeunes doivent éviter de suivre les provocateurs.»

RASSEMBLEMENT POUR LA CULTURE ET LA DÉMOCRATIE (RCD) :
«Nous avons alerté sur la gravité de la situation»

Le secrétariat national du RCD s’est réuni hier en session extraordinaire et s’est penché sur les émeutes qui ont gagné plusieurs villes du pays. Des cellules de veille ont été mises en place par le RCD qui rappelle avoir alerté sur la gravité de la situation sociale et politique qui s’éternise en Algérie. «Face à une misère rampante, le pouvoir réagit par le mépris, la répression ou la corruption. Ce qui se passe dans la rue algérienne est la conséquence directe d’un autisme politique qui a faussé depuis toujours la volonté citoyenne par la fraude électorale.» Pour ce parti, sur le terrain, «des manipulations sont signalées et portent la marque d’acteurs menacés dans leurs intérêts et leur confort».

FRONT DE LIBÉRATION NATIONALE (FLN) :
«Le FLN réunira son bureau politique»

Selon M. Kassa Aïssi, chargé de la communication du FLN, le parti s’exprimera sur les émeutes qui secouent le pays après la réunion de son bureau politique et de l’instance de coordination.

AHD 54 :
«Les jeunes expriment leur ras-le-bol»

Dans un communiqué, le parti parle de «révoltes de la faim dans plusieurs villes du pays». Pour le parti, les jeunes sont sortis dénoncer la hausse généralisée des prix. «Cette flambée qui concerne les produits de large consommation est dénoncée de façon spontanée par tout un peuple qui en a marre de la médiocrité de ses gouvernants (…) Ce pouvoir vient encore une fois de démontrer qu’il n’est pas capable de réguler le marché et de mettre en place les mécanismes de développement pour l’autosuffisance alimentaire.» AHD 54 dénonce également «la politique politicienne d’un gouvernement qui affiche fièrement 155 milliards de réserves de change et 4 800 milliards du fonds de régulation des recettes mais qui n’arrive pas à nourrir dignement son peuple (…) il est impératif pour ce pouvoir de revoir cette politique qui mène le pays vers le chaos».

MOUVEMENT ENNAHDA :
«L’ouverture du dialogue est nécessaire»

Pour les membres d’Ennahda, la situation qui prévaut actuellement dans le territoire national est suivie avec une grande préoccupation. «Cette situation augure de vrais dangers qui menacent la société dans le cas d’absence de réaction adéquate devant ces événements.» Le mouvement appelle donc le gouvernement à prendre des mesures urgentes au profit des citoyens et à l’ouverture d’un dialogue sérieux avec la classe politique dans le but de mettre en œuvre une politique à même de répondre aux besoins du peuple algérien. Selon le Mouvement, son bureau national reste en réunion ouverte en vue d’étudier l’évolution de la situation et de réagir en conséquence.

PARTI SOCIALISTE DES TRAVAILLEURS (PST) :
«Les augmentations des salaires sont dérisoires»

Pour le Parti socialiste des travailleurs, les émeutes ont été provoquées par la hausse des produits de première nécessité mais aussi par les augmentations de salaires dérisoires après des années de revendications. Le PST suggère que «les investissements doivent viser le développement pour la satisfaction des besoins du peuple, comme le logement, l’emploi, la santé, le transport et la formation».

PARTI DES TRAVAILLEURS (PT) :
«Les flambées des prix sont provocatrices»

Réuni en urgence jeudi passé, pour débattre de la propagation des émeutes de jeunes, le Parti des travailleurs qualifie la flambée des prix de «provocatrice». Le secrétariat du bureau du PT évoque par ailleurs «les propos du patron de Cevital, qui jettent de l’huile sur le feu en annonçant d’autres augmentations. En attendant des décisions du Conseil du gouvernement, le secrétariat du bureau politique, dénonce vigoureusement la spéculation criminelle des prix. Cette situation est le produit direct de la fermeture des EPE du secteur agroalimentaire et du programme de privatisation». La solution, selon le bureau national du parti, réside dans le plafonnement des prix des produits concernés, la restauration, même provisoire, du monopole de l’Etat sur le commerce externe et interne, la réouverture des grandes surfaces publiques réservées aux produits subventionnés par l’Etat et à la production nationale ainsi que la réouverture des EPE de l’agroalimentaire fermées ».

PARTI DE LA LIBERTÉ ET DE LA JUSTICE (PLJ) :
«Le pouvoir est responsable du malaise»

Selon le PLJ, les événements dramatiques vécus dans la capitale et dans certaines villes du pays relancent le débat sur l’Etat de droit et la capacité de gestion de ses dirigeants. Le parti condamne les actes de pillage et de destruction et rend responsable le pouvoir de ce profond malaise né de l’injustice sociale, du verrouillage de la scène politique et médiatique et du développement de l’impunité et de la corruption à grande échelle.» Le PLJ, dans un communiqué, lance un appel au calme et «invite les jeunes à ne pas recourir à la violence pour exprimer leurs revendications légitimes».

La Forem appelle au dialogue
La Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche déclare dans un communiqué que les manifestants portent avant tout atteinte à la propriété d’autrui, qu’elle soit privée ou publique. «Ces jeunes reprennent le cri lancé depuis quelques années par les harraga et qu’on n’a pas su décrypter, au contraire, on les a mis en prison sinon repêchés en mer au lieu de se pencher sur leurs problèmes», a déclaré M. Mostefa Khiati, président de la Forem. Selon ce dernier, les augmentations des prix ne sont que la goutte qui a fait déborder le vase. La fondation appelle ainsi au dialogue et à la retenue pour que le problème soit réglé.
F.-Z. B.

11-01-08 - Le Soir -- ILS MANIFESTENT SUR INTERNET

ILS MANIFESTENT SUR INTERNET
Les émeutes font le tour de la toile

Des images montrant des jeunes révoltés dans la rue, des vidéos filmant les affrontements entre la population et les agents de l’ordre et des commentaires sont mis en ligne et remis à jour. L’information et les réactions sont instantanées. Un internaute a mis la photo de bouteilles d’huile de cinq litres sur la vitrine, sur le même étal que les bijoux, une façon de dire que c’est hors de portée !
Irane Belkhedim - Alger (Le Soir) - D’autres Algériens ont préféré manifester autrement. Ces férus d’Internet alimentent les différents sites sociaux d’information continue. Sur facebook, des abonnés ont mis sur leurs murs des images et des vidéos montrant les scènes d’affrontements, des séquences filmées avec des téléphones portables. D’autres ont proposé des extraits de journaux télévisés qui ont évoqué ces évènements ou qui ont été diffusés sur des chaînes étrangères. «Algérie 2011. Emeutes à Oran et à Alger Bab-El-Oued», créé il y a quelques jours compte 78 internautes. «Manifestations en Algérie contre l'envolée des prix alimentaires», compte déjà 86 membres. On y retrouve tout. Vidéo, photos, extraits de journaux algériens, réactions à chaud et des reportages diffusés sur El Jazeera ou des chaînes françaises. Sur Youtube, les vidéos sont mises à jour. Même le passage de Ali Benhadj au quartier populaire de Bab-El-Oued est en ligne, où l’on voit des jeunes lui demander de se taire et de quitter les lieux. «Manifestation en Algérie» est une autre page ouverte récemment et le propriétaire témoigne que ce lien a été créé «pour parler de ces derniers évènements en Algérie. Apportez vos témoignages, photos, vidéos et surtout ce que vous en pensez». Des messages sont postés sur les murs, les «facebookers» réagissent instantanément, sur Yahoo et Youtube et des sites de quotidiens algériens, français ou arabes. Toutefois, les avis restent mitigés. «Le gouvernement Ouyahia ne comprend que le langage de la rue». «Peuple et gouvernement sont pareils, c’est la même réaction». «Pouvoir assassin qui a affamé la population», liton sur le site d’un journal algérien. Les réactions évoluent avec les évènements. Certaines informations sont passées inaperçues tandis que d’autres suscitent des commentaires acerbes. «C'est l'occasion de voler quelques équipements électroménagers !!!!!!», note Fouzi de Blida. «Si le ministre justifie la cherté des produits, le travailleur algérien n'est pas payé comme les travailleurs mondiaux, alors ce n’est pas la peine de pleurnicher lorsque la rue bouillonne. Il faut trouver une solution». «Ministre incompétent, Premier ministre pareil, alors on attend quoi pour les changer ?», s’interroge Yanis-alg. ImenalgerOra s’interroge sur le rôle que joue la télévision algérienne. «Où est la liberté de la presse ? Pourquoi la télévision algérienne et la radio disent-elles que tout va bien, alors que les émeutes éclatent partout. J’espère que la presse nationale fera son travail pour qu’on ne soit pas obligés de nous rabattre sur les chaînes de télévision étrangères». D’autres abonnés lancent des appels au calme, même s’ils affirment soutenir «la colère de la rue». «Ce n'est pas comme ça qu'on va changer les choses. Stop à la vie de chien que nous menons». «Nous devons éviter le piège des monstres qui veulent s'offrir un autre bain de sang. Nous ne voulons plus voir une seule goutte de sang versée. Ça suffit ! Organisons-nous calmement chers frères. Savez-vous que deux à trois semaines de grève générale feraient tomber ce régime ? Nous avons en notre possession les armes pacifiques pour nous débarrasser de ces voyous. Utilisons-les et réfléchissons ensemble, tous unis dans cette marche vers l'indépendance. Un salut fraternel». «Misère, corruption, bravo le gouvernement algérien», écrit Terrien38able. «Ce n'est pas comme ça qu'on va changer les choses, oui stop à la vie de chien qu'on nous fait mener mais pas en cassant les biens des gens mais plutôt avec une marche passive. J'espère qu'on connaîtra des jours meilleurs», note Shirinzy. Sur Yahoo, un Français sur le pseudo de Paylibre a laissé ce commentaire : «Bizarre, il y a quelques temps ici, je lisais que la France colonialiste était coupable. On se rend compte que l'Algérie d'aujourd'hui, c'est pire !»
I. B.

11-01-08 - Le Soir -- La «bataille» de Aïn Benian

La «bataille» de Aïn Benian

Aïn Benian, dans l’Ouest d’Alger, a vécu une soirée agitée ce jeudi 6 janvier 2011. Des émeutes ont éclaté, en signe de protestation contre la récente hausse des prix de certains produits alimentaires de base.
Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Dès 18 h, les manifestants ont pris d’assaut les différents quartiers de Aïn Bénian. Des groupes de jeunes ont coupé les axes routiers principaux menant vers Chéraga, Staouéli et Alger, en érigeant des barricades à l’aide de blocs et de pneus qu’ils ont enflammés. Le commissariat du centre-ville a été assiégé par des dizaines de jeunes, révoltés contre la hausse des prix et leur situation sociale dégradée. Ils scandaient sans cesse «pouvoir assassin». Des échauffourées ont eu lieu avec les forces de l’ordre. Les protestataires se sont attaqués au siège de la Banque nationale d’Algérie (BNA), situé à proximité du poste de police. Les vitres caillassées et les caméras de surveillance détruites, les émeutiers ont envahi l’établissement. Quelques minutes plus tard, les documents administratifs de la BNA jonchaient la rue Colonel Si-M’Hamed. La situation commençait à devenir ingérable pour les policiers, qui étaient totalement dépassés par les évènements. Après de nombreux appels aux renforts, ceux-ci sont arrivés de l’école de police de Aïn Benian, mais en nombre insuffisant. Même le matériel faisait défaut. Plusieurs policiers ne disposaient pas de bouclier. Les bombes lacrymogènes commençaient à pleuvoir et pour disperser les manifestants, les forces de l'ordre ont également fait usage de tirs de sommation. Selon des témoignages, les bombes lacrymogènes ont atterri à l’intérieur des foyers proches du «champ de bataille». Les affrontements ont duré près de cinq heures, avant que les manifestants ne se résignent à rentrer chez eux. Vers 23 h, des agents communaux ont débarqué pour dégager les routes et nettoyer les quartiers. La fumée des pneus incendiés et l’odeur des gaz lacrymogènes mettront plus de temps à se dissiper.
R. N.

11-01-08 - Le Soir -- La wilaya de Boumerdès s’embrase

PROTESTA NATIONALE
La wilaya de Boumerdès s’embrase

La wilaya de Boumerdès, qui a subi une catastrophe naturelle en 2003, qui vit dans un climat d’insécurité causé par les islamistes armés, «réconciliés» ou toujours en activité, et qui traverse une crise sociale qui frappe de plein fouet la jeunesse, ne pouvait rester en marge de la protesta nationale contre les dures conditions de vie imposées à la population par une gestion approximative du pays.
Cette protesta nationale met, par ailleurs, de manière tragique pour l’Algérie, le régime de Bouteflika devant ses responsabilités dans l’immense gâchis causé à la nation qui a, sans aucun doute, engendré depuis son intronisation en 1999 à la tête du pays, 20 ans de retard dans le processus du développement réel et probablement une perte de près de 2 000 milliards de dollars. Il est aisé de tirer cette conclusion. Il suffit, en effet, d’écouter les émeutiers et de se pencher sur les statistiques macabres sur la harga. «Qu’on ne nous bassine pas avec les discours habituels au sujet des manipulations et de la main l’étrangère ! Tous les clans au pouvoir ou voulant prendre le pouvoir, se valent. Ils sont responsables des malheurs de l’Algérie. Comme résultat tangible à imputer aux gouvernants de notre pays, il suffit de lire la presse indépendante pour prendre connaissance des dossiers impliquant les proches de Bouteflika, des pontes du régime et sur ce qui a été concrètement démocratisé dans notre pays. Dans un pays aussi riche, une partie de la population ramasse dans les poubelles de quoi survivre. C’est une honte pour l’Algérie de Novembre», assène un universitaire de Boumerdès.
Nuit d’affrontements

Pour revenir à la wilaya de Boumerdès, faut-il rappeler que depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir, aucune des 32 communes que compte la wilaya de l’ex- Rocher-Noir n’a été épargnée par les émeutes, parfois cycliques, qui dénoncent l’incompétence des responsables, la corruption qui se généralise, l’insécurité, la hogra et les passe-droits, le chômage, la crise du logement, le délabrement des villes et des quartiers, la mal-vie et même la saleté des cités. Jeudi matin, les jeunes de Bordj-Ménaïel sont encore entrés en rébellion. Très rapidement, la ville a connu un embrasement. «Pouvoir assassin !» «Ulach smah ulach !» «Baraket men el miziria ! (Assez de la misère)» sont les slogans habituels scandés par les manifestants qui usent de quolibets à l’encontre du président de la République et de son gouvernement. Les affrontements entre les forces de l’ordre et les jeunes, qui en ont gros sur le cœur, ont été violents. Et pour cause, en plus des problèmes de cherté de la vie, de chômage, des mauvaises conditions de logement qui leur empoisonnent la vie au quotidien, les citoyens de Bordj-Ménaïel voient leur ville, livrée aux islamistes du MSP, s’enfoncer dans la saleté et l’anarchie. Aucune autorité n’assume la gestion de cette ville, devenue un dépotoir à ciel ouvert. Une ville défigurée par les constructions anarchiques où des élus empiètent sur les trottoirs pour construire en toute illégalité des villas. Lors de ces affrontements, le tribunal, inauguré récemment, ainsi que l’agence locale de la Cnep, mitoyenne au tribunal, ont été saccagés. Des pierres ont été lancées contre la brigade de la Gendarmerie nationale située en face du tribunal. Les affrontements entre jeunes et brigades antiémeutes se sont propagés aux quartiers et cités populaires à une heure tardive de la nuit. Une source hospitalière de Bordj-Ménaïel nous a signalé le décès d’un homme après inhalation d’une grande quantité de gaz lacrymogène. La même source précise qu’une vingtaine de policiers ont été soignés à l’hôpital et que les civils blessés l’ont évité de peur de subir une arrestation. Les émeutes se sont poursuivies jusqu’à tard dans la nuit. Dans l’après-midi, ce sont les jeunes de la ville des Issers qui sont descendus dans la rue pour manifester. Ils ont été suivis par ceux du chef-lieu de la wilaya où les affrontements ont été extrêmement violents. Au niveau de la cité populaire dite des Coopératives de Boumerdèsville, une école primaire, implantée face à la cité universitaire des filles, a été malheureusement complètement saccagée par les émeutiers. Au niveau de la commune de Laâziv, à l’extrême Est de la wilaya de Boumerdès, les manifestants ont fermé la RN12 (Thénia Tizi-Ouzou). A l’exception des villes de Dellys, Thénia et Aït-Amrane qui, selon nos informations, n’ont pas été touchées par cette vague de protestation, les agglomérations les plus importantes de la région, comme Khemis-El- Khechna, Ouled Moussa, Boudouaou, Chabet-El-Ameur, Baghlia, Tidjelabine Corso ont vécu une nuit agitée. Hier matin, un calme précaire régnait dans toutes les communes de la wilaya de Boumerdès. Cependant, tous ceux que nous avons questionnés s’attendaient à un retour des émeutes dans l’après-midi.
Abachi L.

11-01-08 - Le Soir – TIPASA

TIPASA
Plusieurs manifestants arrêtés durant les émeutes de jeudi soir

Des sources policières nous ont indiqué que plusieurs jeunes manifestants ont été arrêtés lors des émeutes qui ont eu lieu dans la nuit de jeudi.
A Bou Ismaïl, un groupe qui tentait de bloquer le CW 69 fut dispersé, et deux personnes qui persistaient à allumer des feux et brûler des pneus furent arrêtées. A Koléa, au niveau de la cité Kerkouba, deux personnes furent arrêtées alors qu'elles tentaient de brûler les poubelles collectives communales. Un policier fut légèrement blessé. A Fouka, au niveau de la cité Ali Amari, des manifestants ont dispersés par la Gendarmerie nationale. A Douaouda, au niveau de Haï Zitoun, 300 personnes ont manifesté. Elles ont jeté des cocktails Molotov sur les établissements publics et des véhicules de particuliers. Un des manifestant s'est brûlé avec son propre cocktail Molotov. Le CW 57 a été temporairement fermé par les protestataires. A Cherchell, une centaine de jeunes ont sillonné les principales artères de la ville, en jetant des pierres sur les édifices publics, notamment sur le bâtiment postal. Au niveau du port, un chalutier en réparation a été brûlé aux environs de 23 heures. A Attatba, aux environs de 18h30, la route menant vers Chaiba et Koléa a été fermée aux automobilistes par une trentaine de manifestants. La police de proximité est intervenue en vue de dégager la voie. Après 30 minutes de discussions, les policiers ont convaincu les manifestants d'arrêter leur mouvement. A Bourkika, près de 50 personnes ont investi les principales artères de la ville, brisant les vitres de l’agence postale et détruisant l'arrêt de bus de la ville. Dix personnes ont été arrêtées pour dégradation de biens publics. Pour les services de la police de Tipasa, le bilan n’est pas lourd car les heurts n’ont pas été importants du fait de l'excellent travail de communication de la police de proximité, qui a évité la provocation et l'affrontement avec les jeunes.
Larbi Houari


11-01-08 - El Watan -- Nuit d’émeutes à Skikda et Azzaba

Nuit d’émeutes à Skikda et Azzaba : Plusieurs quartiers embrasés

le 08.01.11 | 08h38

Vendredi, quelques minutes seulement après la fin du journal télévisé de 20h de l’Unique, deux quartiers populaires de la ville de Skikda se sont embrasés.

Simultanément, aux Allées du 20 Août 55 et la cité CIA des groupes de jeunes des deux quartiers ont fermé les artères par des pneus brulés avant d’entrer dans des affrontements avec les forces antiémeutes.

Plusieurs véhicules en stationnement ainsi que les façades des édifices publics et privés ont été endommagés par des jets de pierres

Un impressionnant dispositif de sécurité a été mis en place pour tenter de circonscrire l’étendue des émeutes et éviter la propagation vers le centre-ville.

Le mouvement mené au début par quelques dizaines de jeunes de deux quartiers, a fini par prendre des proportions plus importantes

Aucun blessé n’a été signalé jusqu’à 21h, mais la situation demeurait encore tendue dans ces deux quartiers.

A Azzaba, située à l’est de Skikda, ce sont les jeunes de l’agglomération de Zaouia qui ont donné le starter aux émeutes dans la wilaya aux environs de 20h.

Des barricades ont été érigées sur le tronçon de la route nationale menant de Annaba vers Skikda et Constantine.

11-01-08 - TSA -- Les signes d’une aggravation de la situation se multiplient

Deux morts, des fusils à pompes volés à Sétif et des commissariats de police attaqués

Les signes d’une aggravation de la situation se multiplient

hamid guemache

Le DGSN Abdelghani Hamel a instruit la police de ne pas user de balles réelles lors des affrontements avec les manifestants, a-t-on appris samedi de source sécuritaire. « Le DGSN a interdit l’utilisation de balles réelles pour éviter que des manifestants soient tués », a précisé notre source.

 

Le chef de la police a également décidé de délester les éléments antiémeutes de leurs armes. Seuls les éléments de la police judiciaire sont autorisés à garder leurs armes à feu dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, selon la même source. Pourtant les manifestations ont déjà fait des deux morts, un à M’sila et l’autre à Bousmail dans la wilaya de Tipaza. Ces morts n’ont été ni confirmées ni démenties de source officielles.

 

Samedi, au quatrième jour des émeutes, les signes d’une aggravation de la situation se multiplient. Selon nos informations, les manifestants ont attaqué vendredi des commissariats de police notamment à Mascara où ils ont pris en otage pendant plusieurs heures le commissaire central. A Sétif, trois fusils à pompe ont été volés lors des émeutes, dans des conditions non encore élucidées.

 

08/01/2011 à 12:44 | 1 commentairesRéagir


11-01-08 - El Annabi -- scènes de pillage et une capitale paralysée

Alger : scènes de pillage et une capitale paralysée

8 janvier 2011


Depuis mercredi soir, Alger vit au rythme des émeutes et des affrontements entre jeunes et policiers. Le coup d’envoi a été donné vers 18h30 à partir de Bab El Oued. L’effet boule de neige a fait le reste. Des émeutes ont éclaté dès jeudi matin dans plusieurs autres quartiers de la capitale.

Des pneus brûlés, des édifices et des biens privés ont été saccagés à Bab El Oued, Bachdjarah, l’Appreval, Belcourt, El Biar, Chéraga et autres localités. Des poteaux électriques et des caméras de surveillance ont été arrachés, le showroom de Renault a été mis à sac à Bab El Oued.

Dans la matinée de jeudi, des jeunes ont brûlé des pneus à quelques dizaines de mètres de la station d’essence de Hussein Dey donnant sur l’avenue de l’ALN. Devant le danger que cela représentait, les éléments de la Protection civile, dont le siège est situé à proximité des lieux, sont intervenus pour éteindre le feu et convaincre les jeunes des graves risques d’explosion que cela comportait.

Belouizdad prend le relais jeudi en début de soirée. Des affrontements entre jeunes et forces antiémeutes ont éclaté vers 19 h. Lacrymogènes et jets d’eau au menu. Le centre de la capitale reste calme. Pour parer à toute éventualité, les services de sécurité ont renforcé leur présence, dès jeudi, autour de certaines institutions de l’Etat, comme l’APN et le Sénat, ainsi que le siège de la wilaya d’Alger, mais également le ministère de la Défense, et des mosquées les plus sensibles à Alger. Un dispositif particulier a été observé dès mercredi soir autour de la DGSN. L’hélicoptère de la police n’a pas cessé de sillonner le ciel algérois durant les deux derniers jours pour tenter de superviser l’évolution des événements. L’Est d’Alger n’a pas été à l’écart de ces événements. Des émeutes ont éclaté jeudi dans plusieurs localités de cette région, notamment à Bordj El Kiffane, El Hamiz, Bordj El Bahri, Dergana et Bab Ezzouar.

A partir de la mi journée, des informations faisant état de nouvelles émeutes dans d’autres localités de l’Est de la capitale fusaient de partout. On parle aussi de Bachdjarrah, El Harrach, mais surtout El Hamiz où la circulation était bloquée à partir de la SNTP. Rideaux baissés, les commerçants n’ont pas abandonné les lieux, préférant défendre leurs biens, allant jusqu’à en venir aux mains avec des émeutiers armés d’armes blanches qui tentaient de s’attaquer aux magasins de ce plus grand quartier commerçant d’Alger.

Le quartier de Bab Ezzouar a vécu une nuit de jeudi à vendredi très mouvementée. Des centaines de personnes se sont rendues devant le nouveau centre commercial et des loisirs dans le but de le saccager. Ayant eu vent, semble-t-il de cette information, des policiers antiémeutes avaient déjà pris position devant le centre commercial qui a ouvert ses portes à la mi-2010, mais aussi à proximité des deux hôtels, le Mercure et Ibis. Quelques vitres ont tout de même volé en éclats mais les policiers ont réussi à repousser la foule. Cette dernière, dans une marche compacte, s’est dirigée par la suite vers la cité universitaire derrière la cité EPLF, plus précisément du côté du chantier du tramway. Des jeunes ont érigé des barricades sur la route et brûlé des pneus. Des escarmouches ont éclaté entre les forces de l’ordre mais la situation a vite été maîtrisée. Le calme est revenu vers 23 heures. Un hélicoptère de la police continuait cependant de sillonner le ciel.

Jeudi, à 14h30 à Rouiba, plus aucun autobus en direction d’Alger. Et pour cause, « la route est barrée à El Hamiz, il y a une circulation monstre, on ne pourra pas atteindre Alger avant ce soir », explique le receveur aux usagers qui tentent de monter dans le bus. Dans le sens inverse, la situation n’était pas moins complexe. Les bus en partance d’Alger en direction de Rouiba, Reghaïa et Boumerdès qui prenaient la route nationale passant par El Hamiz étaient bloqués à partir de Bab Ezzouar puis au niveau de « Cinq Maisons » où la circulation était très dense au début de l’après-midi. Au niveau de Bab Ezzouar, les tentatives de bloquer l’autoroute ont été dispersées par la police antiémeute.

Les rares rescapés dans cet axe sont les usagers qui ont pris le train électrique de la banlieue Est qui continuait à circuler durant la journée de jeudi. A la gare SNTF de Rouiba, un père, ne voyant pas arriver ses deux filles étudiantes à l’Université d’Alger (Ben Aknoun), les appelle pour leur conseiller d’aller chez leur tante à Chéraga. A noter aussi que tous les trains à destination de Blida et l’Ouest du pays ont été annulés dès 14 heures.

A Rouiba toujours, les résidents de Dergana, Bordj El Bahri et Aïn Taya sont obligés de parcourir un trajet de plus de 8 km à pied. Un « barrage » d’émeutiers placé au niveau du chantier de la nouvelle trémie de Bordj El Bahri a carrément bloqué la circulation. Arrivés au niveau de ce barrage, les premiers automobilistes sont obligés d’emprunter un chemin à travers les champs et vergers de mandarine, menant vers Dergana, puis Bordj El Bahri. Il y avait foule également devant les établissements scolaires. Des parents, des mamans surtout, sont venus chercher leurs enfants. « Je viens chercher ma fille », dit, affolée, une mère qui tente d’expliquer au gardien d’une école qu’une foule de manifestants est en train de brûler une fabrique de détergents située à moins de 300 mètres de l’ancien CEM de Dergana.

Quelques minutes plus tard, le directeur ordonne de laisser sortir tous les élèves. L’usine de détergents a flambé pendant toute la nuit de jeudi à vendredi. Dans cette même localité, les émeutiers se sont également attaqués, vers 17 h, au dispensaire, le dépouillant de tous ses équipements comme les réfrigérateurs, les outils informatiques et autres mobiliers. Les jeunes ne prêtaient aucune attention aux appels de l’imam de la mosquée située à quelques mètres du centre. Aucune réaction des gendarmes et des éléments de la BMPJ n’a été enregistrée. Une bagarre à couteaux tirés a éclaté entre émeutiers dans la soirée de jeudi à vendredi, en raison d’une mésentente sur le partage du butin de la journée, notamment les objets subtilisés dans le dispensaire qui fait face à la mosquée.

Vendredi matin, il était très difficile de se déplacer à Alger en raison de la rareté des autobus et des taxis. Très peu de transporteurs osaient s’aventurer après les événements de la veille qui ont vu la Depuis mercredi soir, Alger vit au rythme des émeutes et des affrontements entre jeunes et policiers. Le coup d’envoi a été donné vers 18h30 à partir de Bab El Oued. L’effet boule de neige a fait le reste. Des émeutes ont éclaté dès jeudi matin dans plusieurs autres quartiers de la capitale. destruction de véhicules particuliers et de transports publics. Après la prière du vendredi, d’importants heurts ont éclaté à Belouizdad, à proximité du ministère du Travail et de la Sécurité Sociale.

Un impressionnant dispositif de sécurité a été déplacé sur les lieux où les échanges de jets de pierres et de gaz lacrymogènes étaient en cours vers 15h30. Un autobus a été saccagé à la gare routière urbaine de la place 1er Mai (à proximité du Central téléphonique et de la Maison de la Presse).

M. Aziza, Z. Mehdaoui & M. Mehdi

Tags: Algérie Émeute

Source : Le Quotidien d'Oran

11-01-08 - Liberté -- Émeutes, psychose et rumeurs

Émeutes, psychose et rumeurs

Dans l’algérois


Par : Farid Belgacem

Dès l’aube, le réseau de téléphonie mobile est perturbé. Les SMS ne passent pas. Cela va durer jusqu’au milieu de la nuit. Les folles rumeurs gagnent rapidement les foyers. Les Algérois prennent d’assaut les marchés de fruits et légumes, les supérettes, les boulangeries et les stations-services. Ils achètent tout en vrac : pain, lait, légumes, limonades, huile, sucre et autres provisions de bouche. Ailleurs, les émeutiers détruisent tout. D’autres, pris dans l’engrenage de l’inconscient collectif, volent tout ce qui est exposé dans les vitrines des magasins. De 8h à 23h, nous avons sillonné quelques quartiers de l’ouest et du centre de la capitale où la colère est toujours vive. Entre images et propagande, l’Algérois sombre dans le décor de la désinformation, de la manipulation, mais aussi dans la quête de la vérité. La psychose est totale. Visible. Ingérable.

Jeudi matin, il est 8h30. À peine les élèves gagnent-ils les bancs de l’école, que la première “info” fait le tour d’Alger. Rouiba, Chevalley, Zéralda, Bab El-Oued et Belcourt se sont embrasés. Le silence radio des autorités aidant, les folles rumeurs vont bon train et la propagande se substitue à la communication et l’information. À 9h, les stations service sont prises d’assaut. Y compris, les camions et autres fourgons de police qui se greffent à la longue queue pour faire le plein de carburant.
Des supérettes et des boulangeries baissent le rideau dès l’annonce des dégâts causés à certains magasins à Alger. Les policiers se font plutôt discrets par endroit. À 10h30, on a l’impression que les Algérois se sont donnés le mot pour vaquer à leurs occupations et rentrer chez soi pendant que les émeutiers préparent le décor. Au même moment, la rumeur de mardi matin refait surface : la rue sera investie juste après la prière vendredi (hier, ndlr) après-midi. “Ce que je ne comprend pas, c’est cette volonté de nous faire avaler des couleuvres que les jeunes ont synchronisé tous seuls ces événements. Tout soulèvement est légitime. Faut-il encore qu’il soit encadré et canalisé par des meneurs responsables. Ce qui s’est passé pour le moment relève, à mon sens, de la volonté de diaboliser encore notre jeunesse, de l’indexer davantage et de la stigmatiser. On dirait que nous sommes en guerre chaque fois qu’une émeute se déclenche alors que l’émeute elle-même n’est qu’une forme d’expression du ras-le-bol. C’est dommage, mais j’ai aussi la nette impression que la manipulation et la récupération politiques vont, encore une fois, l’emporter”, nous explique cet enseignant en sciences juridiques rencontré à Dély Brahim.

La Rue, Internet et point de SMS
À midi tapante, on nous apprendra que les émeutes gagnent d’autres quartiers d’Alger : Kouba, Bachdjerrah, les Eucalyptus, Douéra, Chéraga et Aïn Benian. “C’est faux. J’habite à Aïn Benian. Hier soir (dans la nuit de mercredi à jeudi, ndlr), il y avait effectivement des émeutes, mais pas ce matin. Il y a trop de manipulation. La colère des jeunes est juste et justifiée. Le chômage les ronge et la misère les enfonce dans la drogue et la dépravation. Les pouvoirs publics savaient que la chose est grave. Que chacun prenne ses responsabilités", témoignera ce sexagénaire qui n’est près d’oublier cette nuit blanche. Sur la toile du web, les émeutiers se transmettent des messages et se donnent rendez-vous. Les SMS ne passent plus alors que le réseau de la téléphonie mobile est complètement perturbé par endroits. Il est 14h, Alger-centre respire mieux. Aux environs de la Grande Poste, en revanche, la situation allait dégénérer, n’était la vigilance des services de sécurité. “Un camion de convoyage de fonds a échappé de justesse aux jeunes armés de barres de fer et d’armes blanches. Les brigades antiémeutes étaient là à attendre l’ordre d’intervenir en cas de situation extrême. Seuls les policiers en civil encadraient les rues et les ruelles. Cela me rappelle octobre 1988, quand les jeunes s’en prenaient aux magasins et détruisaient tout ce qu’il y avait sur leur passage et volaient les vitrines”, nous dira un père de famille, témoin de ces émeutes qui ont touché Alger. À Bab El-Oued, les émeutiers repoussent les journalistes et les photographes. “Ici, c’est nous qui dirigeons ! Allez filmer ailleurs. Nous n’avons pas besoin de journaux, de radio ou de la télévision. Dites-leur que nous allons tout brûler demain (vendredi, ndlr)”, crie un émeutier à l’endroit des journalistes et des reporters photographes. En revanche, d’autres émeutiers invitent les mêmes journalistes à parler des prix des produits alimentaires, des fruits, des légumes, des salaires et de l’emploi.

Alger à l’écoute de… l’Algérie !
À 15h, toutes les télévisions du monde reprennent les premières images de la protestation. Plus tard, ces mêmes télévisions inviteront des personnalités politiques à intervenir pour “expliquer” au monde “les raisons de l’émeute” et donner leur “lecture sur la situation socioéconomique de l’Algérie”. Au soir, le lien sera vite fait par la vox populi entre les évènements de Tunisie et ceux d’Algérie. “C’est le malaise général dans le Maghreb. C’est une crise qui annonce autre chose”, diront d’autres voix. À 19h30, la police encercle les hauteurs d’Alger. La colère gagne Chevalley, ensuite, aux environs de 20h, Draria. Ici, on rassure qu’il n’ “y a pas grand-chose, mais que chacun rentre chez soi et vite”. Au même moment, plusieurs autres quartiers et cités de l’Algérois s’embrasent. Les jeunes investissent la rue à Rouiba, Bab Ezzouar et Dergana. Pneus brûlés, arbres arrachés, magasins attaqués, routes coupées, symboles de l’État détruits, cliniques médicales, lycées, usines, rien que ça. L’intervention télévisée d’un des ministres du gouvernement n’apaisera pas la colère des jeunes décidés à aller jusqu’au bout de leurs revendications. Il est 22h30, la capitale se vide, au fur et à mesure le calme revient. Dans certains quartiers, les émeutes ne s’arrêteront qu’aux environs de minuit. “Repos du guerrier”, les émeutiers ne décolèrent pas et promettent de récidiver.
Ces derniers prendront tout de même la température des autres régions du pays. “Nous savons que nous ne sommes pas les seuls à sortir dans la rue. Toutes les régions d’Algérie souffrent de la mal-vie. Hier, c’était Oran, aujourd’hui c’est encore Alger, Béjaïa, Boumerdès et Tipasa. Je sais que la route de Blida vient d’être fermée par des émeutiers. Demain, on verra…”, criera un émeutier aux policiers en faction devant l’école de Châteauneuf.


11-01-08 - Libération -- Les émeutes en Algérie pourraient avoir fait un mort

Monde 07/01/2011 à 12h22 (mise à jour le 08/01/2011 à 10h24)

Les émeutes en Algérie pourraient avoir fait un mort

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Affrontements dans la banlieue d'Alger, jeudi 6 janvier. (REUTERS)

Les affrontements entre jeunes manifestants et forces de l’ordre ont repris vendredi en Algérie, notamment à Alger et Oran, et se sont étendus dans l’est du pays et en Kabylie, malgré les appels au calme des autorités et de plusieurs imams.

Un jeune homme de 18 ans a été tué par balle lors d'affrontements avec la police algérienne dans la région de M'Sila, à 300 km au sud-est d'Alger, lors des émeutes contre la vie chère, a annoncé samedi le quotidien arabophone El Khabar. L'information n'a pas été confirmée de source officielle. Selon le journal, Azzedine Lebza est mort sur le coup vendredi après avoir été atteint par une balle alors que la police tentait de repousser des manifestants qui avaient réussi à pénétrer de force à l'intérieur de la poste et de la daïra (sous-préfecture) d'Ain Lahdjel, près de M'sila, a précisé le journal.

Trois autres manifestants ont été blessés lors de ces heurts violents, selon la même source.

Un Conseil interministériel est prévu ce samedi pour examiner les moyens de juguler la flambée des prix des produits de base, à l’origine depuis une semaine des émeutes dans le pays, avec notamment de violentes manifestations jeudi.

A Alger vendredi après-midi dans le quartier populaire de Belouizdad (Belcourt), des groupes de jeunes ont affronté avec des pierres et des bouteilles en verre des policiers déployés en masse et lourdement armés, selon des correspondants de l’AFP. Les policiers se sont opposés aux manifestants en faisant usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes.

Pluie de pierres

A Annaba, épargnée jusqu’à présent par la contestation qui a touché une dizaine de départements, de violents incidents ont éclaté après la grande prière du vendredi dans le quartier populaire dit «gazomètre», selon un correspondant de l’AFP.

Les incidents ont commencé vers 15 heures quand des centaines de jeunes se sont mis à lancer une pluie de pierres contre des policiers déployés depuis la veille, notamment autour des bureaux de la wilaya (département).

Les échauffourées se sont ensuite étendues à la cité voisine des Lauriers-Roses avant que les manifestants ne coupent avec des barricades la principale artère menant vers le Centre hospitalier universitaire de la ville, selon la même source.

En fin de journée, les manifestants ont saccagé les sièges de la direction de l’hydraulique et d’un institut de la formation professionnelle avant de dérober leurs équipements, a précisé un correspondant de l’AFP.

A 230 km plus à l’est, des affrontements ont aussi éclaté à Tebessa, ville toute proche (50 km) de la Tunisie, elle-même déchirée par des tensions sociales très vives depuis trois semaines.

En Kabylie aussi

Des manifestants ont attaqué une maison de jeunes du centre-ville où ils ont dérobé du matériel informatique et ont pu échapper à la police, tandis que les incidents s’étendaient à d’autres quartiers.

A Oran, la grande métropole de l’ouest algérien, où plusieurs édifices publics avaient été saccagés mercredi soir, les échauffourées ont repris vendredi après-midi dans le quartier périphérique du Petit-Lac. Des dizaines de jeunes ont attaqué avec des pierres des policiers qui ont riposté avec des grenades lacrymogènes, selon un correspondant de l’AFP.

A Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie (est d’Alger), de violents heurts ont opposé des jeunes du quartier des Genêts et des policiers qui ont fait usage de grenades lacrymogènes, selon des habitants.

Les manifestants ont également coupé plusieurs rues de la ville avec des barricades. A Béjaïa (250 km à l’est d’Alger), les émeutes, qui avaient secoué jeudi la localité d’Akbou, où les manifestants avaient attaqué un tribunal, ont gagné les villes voisines de Tazmalt et Sidi Aïch, selon des résidents.

Depuis plus d’une semaine, de petits groupes de jeunes dénoncent un peu partout dans le pays ce qu’ils appellent leur «mal-vivre», que ce soit faute d’emploi -plus de 20% des jeunes sont chômeurs- ou faute de logements.

«La sérénité et le calme sont de grandes grâces d’Allah»

Les autorités sont par ailleurs sorties de leur silence vendredi: le ministre algérien de la Jeunesse et des Sports Hachemi Djiar a appelé les jeunes manifestants à «dialoguer de façon pacifique».

La violence «n’a jamais donné des résultats, ni en Algérie ni ailleurs, et cela nos jeunes le savent», a dit M. Djiar lors d’une visite à Constantine (430 km à l’est d’Alger).

Il a appelé la jeunesse tournée vers la violence à «réfléchir et à voir tout ce qui a été réalisé en Algérie en un laps de temps quand même record» et à «dialoguer de façon pacifique et civilisée».

Lors de la grande prière hebdomadaire, les imams d’Algérie ont appelé au calme. «La sérénité et le calme sont de grandes grâces d’Allah. Il faut les préserver», a lancé un prédicateur dans un sermon retransmis en direct par la radio nationale. Le ministre du Commerce Mustapha Benbada a annoncé une réunion interministérielle pour samedi afin de tenter de juguler les hausses de prix.

(Source AFP)

11-01-08 - TSA -- émeutes à Bouira

Emeutes à Bouira

Reprise des affrontements samedi, fermeture de l’autoroute Est-Ouest

fayçal hamdani

Les émeutes ont repris samedi matin dans la ville de Bouira où de violents affrontements opposent à la Place des martyrs, au cœur de la ville, des centaines de manifestants aux brigades antiémeutes, a-t-on constaté sur place. Les manifestants déchainés ont brulé des pneus et fermé par le biais de barricades toutes les voies menant au centre ville tandis que les membres des brigades antiémeutes ripostaient par des tirs de gaz lacrymogènes.

 De crainte des scènes de pillage, de nombreux magasins ont baissé leurs rideaux alors que plusieurs entreprises publiques et privées ont fermé leurs portes. Dans le village de Bechloul, à l’est de Bouira, les manifestants ont fermé l’autoroute Est-Ouest et la route nationale N°5 provoquant des bouchons.  

Plusieurs éléments des brigades antiémeutes ont été dépêchés sur les lieux pour procéder à la réouverture des ces deux principaux axes routiers qui desservent l’Est du pays. Par ailleurs, selon une source sécuritaire, une trentaine de policiers a été blessée et des dizaines de personnes ont été arrêtés au cours des deux jours d’émeutes qu’a vécu la ville de Bouira. 

 08/01/2011 à 14:26 | 0 commentairesRéagir


11-01-08 - Herald Tribune -- 2 killed in riots over rising food prices

Algeria: 2 killed in riots over rising food prices


By AOMAR OUALI
Associated Press

Published: Saturday, January 8, 2011 at 4:16 p.m.
Last Modified: Saturday, January 8, 2011 at 4:16 p.m.

ALGIERS, Algeria - Two demonstrators died in spreading unrest over rising food prices in this North African nation, the interior minister said Saturday and the government announced that it will cut the cost of sugar and cooking oil.

The deaths were the first reported in the four days of unrest sweeping the cities of Algeria, where a brutal Islamist insurgency raged for decades.

At least 300 police officers and some 100 demonstrators have also been injured since Wednesday when youths began rioting over rising prices of staples like sugar, Interior Minister Dahou Ould Kablia said on national radio.

One protester was shot to death by police Friday as he tried to enter the police station during rioting in Ain Lahdjel, in the M'Sila region, some 350 kilometers (215 miles) southeast of Algiers, the capital, Kablia said. The other died in Bou Ismail, some 40 kilometers (25 miles) west of Algiers, he said, without providing other information.

In a bid to quell the violence, which has left some public buildings in ruins, the government said Saturday it was slashing the prices of sugar and cooking oil by 41 percent.

Muslim religious leaders have also joined the attempt to calm the unrest, calling for calm during Friday prayers. One of the leaders, speaking on national radio, said that serenity is one of God's graces, a message that also underscores concern that the violence could play into the hands of Muslim fundamentalists.

Rioting was reported on Friday in Annaba, Oran, Bouira and Bejaia. The website of the daily El Watan showed a photo of a barricade in flames on a main avenue of the city of Tizi Ouzou, capital of the Kabyle region, now one of the redoubts for insurgents linked to al-Qaida in the Islamic Maghreb.

The rising prices of sugar, cooking oil and some other staples feed general discontent in a nation which is a major gas exporter but where housing shortages and poverty are endemic.

Unrest has spread as far as Constantine, in eastern Algeria, where youths faced down police in skirmishes early Saturday.

Constantine, Algeria's third largest city, is on the route to nearby Tunisia where three weeks of unrest are taking a toll on the iron-fisted leadership running the country.

Tunisian police have killed two demonstrators since the start of unrest there, union sources have reported.

Another protester electrocuted himself and the fourth, a 26-year-old man with a university degree, set himself on fire Dec. 17 in the central-western town of Sidi Bouzaid, before dying Tuesday in a hospital outside Tunis. He self-immolated after police confiscated fruits and vegetables he was selling without a permit.

On Friday, witnesses reported five protesters and a police officer were allegedly injured after security forces opened fire on demonstrators in Saida, outside Sidi Bouzaid.

One witness told The Associated Press by phone from a hospital in nearby Regueb where the injured were transferred that two of the five were seriously injured.

Tunisian authorities told the AP that they had no information about the alleged injuries.

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Bouazza Ben Bouazza contributed to this report from Tunis.


11-01-08 - El Watan -- El Tarf secouée à son tour par des émeutes

El Tarf secouée à son tour par des émeutes

le 08.01.11 | 16h28

Le bureau de poste de Metroha, localité à 5 km au sud du chef lieu de wilaya, a été saccagé dans la nuit de Vendredi à Samedi par des jeunes qui s’en sont pris aux équipements qu’ils ont complètement détruits.

Selon nos sources, ils étaient à la recherche d’argent quand les forces de l’ordre sont arrivées sur les lieux. Hier, un autre bureau de poste, celui de Besbès et le siège de l’APC de cette localité ont été saccagés et incendiés.

Toutes les routes secondaires du secteur autour de Besbès sont fermées à la circulation et à El Chatt la route nationale A84 qui relie l’aéroport d’Annaba à El Kala est fermée en quatre endroits différents.

Pour empêcher les nombreuses tentatives de fermer la RN16 qui mène d’Annaba à Guelma et Souk-Ahras,lLes services de sécurité ont concentrés leurs forces autour de Dréan et Chbaïta-Mokhtar où il y a eu les affrontements les plus violents.

A El Tarf, au fin fond du pays, les émeutes qui agitent tout le pays sont suivies avec attention à travers les médias étrangers, Internet et le téléphone mais aussi avec une grande inquiétude. Une crainte que n’arrivent pas à dissiper les déclarations des quelques membres du gouvernement qui se sont prononcés jusqu’à présent.

Les propos des dirigeants sont considérés comme timorés et décalés par rapport à la situation sur le terrain. Dans leur grande majorité, les citoyens considèrent que cette explosion était prévisible et même annoncée comme une fatalité. Ils reconnaissent que la protestation est parfaitement légitime mais qu’elle perd tout son sens avec les dégâts qui sont commis.

 

Slim Sadki



11-01-08 - El Annabi -- Émeutes, la rumeur et l’angoisse persistent

Algérie : Émeutes, la rumeur et l’angoisse persistent

8 janvier 2011

Samedi, au sixième jour des émeutes, les signes d’une aggravation de la situation se sont estompés. Malgré les rumeurs et les contre-rumeurs d’un signe d’embrasement, la tension a baissé de plusieurs degrés par rapport aux journées précédentes.

Les affrontements qui ont éclaté un peu partout à travers le territoire national ont laissé place hier à un début de calme relatif. Un retour à la normale est enregistré un peu partout. Signes du retour au calme, les barricades érigées par la population ont été levées et les magasins ont ouvert dans la matinée. Les traces des pneus brûlés et les débris de verre sont encore perceptibles sur le bitume. Les agents de Netcom (société de nettoyage) et d’Asrout s’affairaient très tôt le matin à nettoyer les rues et l’environnement en débarrassant la capitale des débris et autres projectiles utilisés par les émeutiers lors des manifestations. Les transports public et privé ont repris leurs activités.

Les stations d’essence de Naftal, fermées depuis vendredi soir, ont approvisionné les automobilistes. Ce phénomène a été observé dans l’ensemble des quartiers d’Alger, à la faveur de la baisse d’intensité de la violence. Même si, au niveau national, la fronde a baissé d’un cran, dans certaines wilayas comme Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira ou Boumerdès les échauffourées ont repris de plus belle. De violents affrontements continuent d’opposer les jeunes manifestants aux forces de l’ordre qui ont reçu l’ordre d’éviter de se servir de leurs armes. Le patron de la DGSN, Abdelghani Hamel, a instruit la police de ne pas user de balles réelles lors des affrontements avec les manifestants. Le chef de la police a également décidé de délester les éléments anti-émeutes de leurs armes. Seuls les éléments de la police judiciaire sont autorisés à garder leurs armes à feu dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

A Alger, les commerces de détail, les transports publics et les marchés de fruits et légumes ont ouvert et les gens vaquaient à leurs occupations comme si de rien n’était. Les boulangeries et les magasins d’alimentation générale ont été pris d’assaut, de même que les marchés qui enregistrent leur affluence habituelle. Les cafés sont également ouverts ainsi que les kiosques à journaux qui ont été pris d’assaut. D’ailleurs, tous les titres ont été vendus comme des petits pains. Les citoyens font la chasse aux informations. Dans certains quartiers populaires tels Mohamed-Belouizdad, Bab El-Oued, Place du 1er-Mai, Bouzaréah, El-Harrach, Hussein Dey, Kouba et Bachdjarrah, on enregistre un retour progressif au calme. Les magasins des principaux boulevards de la capitale qui ont préféré fermer par mesure de sécurité jeudi et vendredi ont repris leurs activités habituelles. A Bab El-Oued, quartier populeux, considéré comme le cœur de toutes les révoltes d’Algérie, la tendance est à l’apaisement. La tension qui était perceptible durant les trois derniers jours a sensiblement baissé.

A Belouizdad, quartier considéré comme le baromètre de la violence, à l’instar de Bab El-Oued, le mouvement de protestation va en s’estompant, bien que les stigmates de l’agitation des deux dernières nuits restent encore visibles. Le mouvement de protestation qu’ont connu certaines wilayas du pays a baissé d’intensité samedi dans plusieurs régions, alors que, dans d’autres localités, des foyers de tension persistent encore. Dans les régions de l’est du pays, un retour progressif au calme a été observé dans la matinée et en début d’après-midi de samedi. A l’ouest du pays, la tendance a un retour au calme s’est confirmée hier. Dans les wilayas du sud du pays, une situation globalement calme a été enregistrée, à l’exception des villes de Laghouat, Djelfa et, à un degré moindre, à Ouargla.

Mahmoud Tadjer

11-01-08 - TSA -- Les émeutes gagnent Aokas, Souk El Tenine et El Kseur

Emeutes à Béjaia

Les émeutes gagnent Aokas, Souk El Tenine et El Kseur

lyes amara

Les émeutes qui secouent depuis deux jours de nombreuses villes du pays ont gagné les localités du littoral est de Bejaia, a-t-on appris auprès d’habitants de la région.

 

A Aokas, à 25 km à l’est de Bejaia, des affrontements opposent à l’instant les forces anti-émeute et les manifestants qui tentent d’assiéger le siège de l’APC et la brigade de gendarmerie. Nous apprenons que le siège de la Poste, de la Sonelgaz, d’Algérie Telecom et l’Edemia ont été incendiés.

 

A Souk El Tenine, les protestataires tentent de s’approcher du siège de la daïra protégé par les services de sécurité, lesquels n’ont pas hésité à utiliser des bombes lacrymogènes pour disperser la foule. Selon ces sources, le chef de daïra et sa famille aurait fuit. Vendredi, le siège des recettes des impôts et de l’Edemia ont été incendiés.

 

A Melbou, depuis une heure les manifestants en grand nombre tente d’assiéger la brigade de gendarmerie située à l’entrée de la ville. Des affrontements violents opposent les manifestants et les gendarmes, précisent ces sources.

 

Du côté ouest de la wilaya, c’est au niveau de la ville d’El Kseur, à 20km de Béjaïa, que les hostilités entre policiers et manifestants ont repris cet après-midi. Après avoir incendié plusieurs édifices publics la veille, c’est le siège de daïra de la localité qui a été carbonisé lors de la reprise des émeutes d’aujourd’hui.

 

08/01/2011 à 17:28 | 2 commentairesRéagir


11-01-08 - El Watan -- Plusieurs quartiers s’embrasent

Bouira : Plusieurs quartiers s’embrasent

le 08.01.11 | 20h05

Les émeutes ont éclaté dans plusieurs quartiers de la ville de Bouira, en début de la soirée de ce samedi 08 janvier. À partir de 18h, de violents heurts ont été enregistrés au quartier Harkat, à l’ouest de la ville. 

Plusieurs blessés y ont été signalés parmi les manifestants et les forces de l’ordre, selon plusieurs témoins. Les affrontements ont eu lieu aussi à l’Ecotec, où les émeutiers ont utilisé des cocktails Molotov. La situation s’embrase encore à la cité des 1100 logements.

À en croire certains témoignages, le siège de l’Opgi a été la cible des cocktails Molotov utilisés par les manifestants. Un étage de cet édifice a été pris par les flammes, affirment des témoins.

Dans la commune d’Ahl Lekseur, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Bouira, la bibliothèque communale a été mise à sac par les manifestants, en ce samedi soir. Par ailleurs, les forces de l’ordre procèdent à des arrestations massives.

Plusieurs personnes ont été arrêtées depuis le début des affrontements à travers toute la wilaya, et plusieurs d’entre elles n’ont pas encore été relâchées. Il est à noter qu’un dispositif de sécurité impressionnant a été redéployé à travers les édifices publics au niveau de chef-lieu.


11-01-08 - El Watan -- Après un calme précaire la matinée, l’émeute a repris

Ouargla : Après un calme précaire la matinée, l’émeute a repris

le 08.01.11 | 20h19

Une agence d'Algérie Poste saccagée à...

Les appels au calme de différentes personnalités locales dans les mosquées de Ouargla et sur les ondes de la radio locale n’ont pas eu l’effet escompté auprès des émeutiers qui, après un bref répit dans la matinée du samedi ont repris le contrôle du la rue en début d’après-midi. 

Les émeutes se sont poursuivies durant la journée et en début de soirée du samedi à Ouargla ou des centaines de jeunes et adolescents s’en sont pris aux grands édifices publics et privés situés sur les axes Mekhadma, chorfa, avenue de la Palestine, boulevard Ché Guevara et Béni-Thour, Sidi Belabess.

Il s’agit des artères principales de la ville de Ouargla ou les émeutiers ont donné le ton dés la mi-journée avec une multitude de routes coupées à la circulation sur la RN49 qui traverse le centre ville. Même si des pertes humaines ne sont pas à déplorer, le bilan des dégâts matériels du week-end est très lourd notamment pour le secteur des télécom qui a enregistré la perte de 16 véhicules dans la nuit de vendredi à samedi et divers préjudices matériels suite au saccage du siège de la direction territoriale des télécom (DTT) sise à Mekhadma.

Les jeunes de Béni Thour ont par ailleurs réédité l’épisode de la destruction ciblée de l’infrastructure du réseau téléphonique au niveau du boulevard Che Guevara tandis que ceux de Mekhadma s’en sont pris à la direction régionale de Mobilis et au bureau de poste des 460 logements lourdement atteints.

Le nouveau siège de la cour de Ouargla a par ailleurs subi des attaques successives et l’assaut a été avorté de justesse par les forces de l’ordre qui ont réussi à cantonner chaque groupe d’émeutiers dans leur quartier d’origine afin d’éviter la généralisation du mouvement de foule.

Malgré cela, de nombreux poteaux électriques, signaux lumineux, vitrines et établissements scolaires ont été mis à sac et des dizaines de jeunes encagoulés ou pas se rabattaient dans les ruelles et quartiers périphériques avec leur butin.

 Houria Alioua

11-01-08 - Le Soir -- ORAN Week-end d'émeute

ORAN
Week-end d’émeutes

Juste après la prière du vendredi, des émeutes ont éclaté un peu partout dans la ville d’Oran. A Petit-Lac, El-Hamri, Delmonte… des jeunes ont incendié des pneus et bloqué les routes, des pierres fusaient de toutes parts en direction des édifices publics, puis des policiers venus en renfort. On parle même de blessés de part et d’autre. L’information a rapidement circulé au centre-ville où des jeunes ont fait de même au niveau de la rue Caviniac.
Sans crier gare, des policiers en civil ont procédé à quelques arrestations. La démonstration de force des services de sécurité n’était qu’à son début. En effet, quelques minutes plus tard, des fourgons antiémeutes ont pris place au niveau de la rue Larbi- Ben-M’hidi. Ce dispositif, censé dissuader les émeutiers, n’a pas impressionné les citoyens qui sont restés dehors, en petits groupes, à observer les policiers venus en renfort. Ces derniers leur ont conseillé de rentrer chez eux, mais en vain. La tension était à son paraxysme partout à Oran et le maintien du dispositif sécuritaire ne sera sûrement pas levé de sitôt. Ce jeudi était marqué par une circulation automobile inhabituellement fluide, la plupart des automobilistes ont préféré ne pas prendre de risques, sachant qu’à chaque émeute, ils sont les premières cibles des émeutiers. D’autant que lors des événements de ce mercredi, les véhicules n’ont pas échappé aux jets de pierres qui les ont endommagés. Des automobiistes ont échappé de justesse au lynchage, surtout ceux possédant des voitures luxueuses qui font envier les jeunes chômeurs. Même s’il n’y avait pas de heurts, ce jeudi, lors d’une tournée effectuée dans différents quartiers d’Oran, on a constaté des regroupements de citoyens discutant des raisons des émeutes de la veille. Tous approuvent ce mouvement de contestation même s’ils déplorent la casse et les pillages. Ce jeudi était également marqué par une présence sécuritaire renforcée certes, mais discrète qui a fait échouer plusieurs tentatives d’émeutes et de pillages. Au niveau d’El-Kerma, la circulation était interrompue, les quelques pneus brûlés la veille avaient été placés jeudi au milieu de la route par des jeunes, créant ainsi un mouvement de panique ce qui a poussé les usagers de cet axe à rebrousser chemin et à emprunter des détours. Les citoyens rencontrés dans différents quartiers en cette matinée de jeudi, notamment à El-Hamri et Victor Hugo, étaient tous unanimes : «Les hausses successives et injustifiées de produits alimentaires de large consommation est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres, car il s’agit d’un ras-le-bol devenu de plus en plus insupportable, l’éclatement était inévitable. » Même si ce mercredi les émeutes qui ont éclaté à travers la ville, notamment à Eckmühl, Saint-Eugène, Victor-Hugo, Petit-Lac, les Castors, Medioni et un peu partout, ont été rapidement contenues par les brigades anti-émeutes, la colère citoyenne n’a pas pour autant baissé. Cet état de fait qu’on leur a imposé du jour au lendemain avec l’augmentation des prix est venu s’ajouter à une colère trop longtemps contenue. Face à une situation toujours aussi tendue, et craignant un saccage de la part des manifestants, la majorité des commerces n’ont ouvert qu’en milieu d’après-midi, pour fermer quelques heures plus tard, ne voulant pas prendre le risque d’être la cible des casseurs et autres pilleurs. D’autres commerçants ont tout simplement joué la carte de la prudence en n’ouvrant pas leurs magasins, notamment ceux de téléphones mobiles, parfumeries, bijouteries, prêt-à-porter. Autre mesure prise la veille, la sécurisation de la zone des show-rooms à Es-Senia, située au rond point de l’aéroport. Les voitures étant ciblées à chaque émeute, un tel lieu qui abrite des véhicules de gammes différentes pouvait être pris d’assaut par les jeunes. La casse et le vandalisme sont rejetés par les Oranais, qui préfèreraient une contestation pacifique et organisée pour exprimer leur mécontentement. Même si d’un autre côté, ils disent comprendre la réaction de ces jeunes qui n’ont malheureusement pas d’autre moyen pour s’exprimer que la casse. Au lendemain des premiers mouvements de contestation, la ville d’Oran fut quadrillée par un dispositif sécuritaire, qui aura empêché les quelques tentatives de saccages, tel que ce fut le cas au niveau de plusieurs sièges de la Cnep ou encore des grands magasins de portables. Tout le monde était sur le qui-vive : les forces de l’ordre qui voulaient maintenir le calme et les jeunes qui cherchaient à exprimer leur colère et d’autres qui n’attendaient que le moment propice pour profiter de la confusion pour piller.
Amel B.

11-01-08 - Setif Info -- Bilan des émeutes à Sétif

Bilan des émeutes à Sétif : 90 blessés et des dégâts matériels

Publié le : samedi 8 janvier 2011 | K. Khaled

Pas moins de 90 blessés dont 70 policiers et 20 civils ont été admis au service des urgences du CHU Saadna Abdenour de Sétif ce week-end .Ces admissions font suites aux actes de violence qui ont été enregistrés dans plusieurs localités de la wilaya. A l’échelle nationale, ce bilan s’élève à deux morts et à plus de 300 blessés, a indiqué samedi le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia.

Quatre fusils à pompe des agents de sécurité de l’agence Nedjma de la cité des 1014 logts ont été subtilisés. Selon le quotidien Liberté, les jeunes pilleurs auraient également emporté le coffre-fort de cette même agence. Des cartes SIM, des cartes de recharges ainsi que des clés d’Internet mobile ont été emportées. Les émeutiers ont procédé à l’ouverture du coffre-fort au niveau de la cité des 1 006-Logements au milieu d’une grande foule. Le retard enregistré quand à l’intervention des éléments de la police a laissé place à l’attroupement de jeunes curieux. L’antenne de l’APC de Kaaboub a elle aussi subi d’importants dégâts matériels durant cette folle nuit .

11-01-09 - El Watan -- Les émeutiers se déchaînent

Annaba

Les émeutiers se déchaînent

le 09.01.11 | 03h00

Après une nuit mouvementée ayant fait 38 blessés parmi les policiers, dont 4 graves, et quelque 40 arrestations parmi les manifestants, les émeutes ont repris hier dans l’après-midi dans la ville de Annaba et El Bouni, où de violents affrontements ont opposé, a-t-on constaté sur les lieux, les jeunes de la cité populaire Didouche Mourad (Ex-Lauriers-Roses) aux éléments de la police antiémeute.

Après une matinée relativement calme, les émeutiers déchaînés ont bloqué le boulevard d’Afrique avec des pneus brûlés, des poteaux arrachés la veille, et autres branchages. Les éléments de la brigade antiémeute ripostent ; un flot de bombes lacrymogènes a plu sur les terrasses. Quelques mètres en amont, à la cité 8 Mai 1945, qui a vécu une soirée vandale où les entreprises Générale des travaux hydrauliques (GTH) et l’ex-Enie ont connu un pillage en règle, les jeunes protestataires ont rejoint les émeutes dominant par moment la riposte des services de sécurité. Au centre-ville, plusieurs manifestations ont été avortées, suite à l’intervention immédiate des policiers, qui ont eu recours à des tirs de sommation.

Hormis les quartiers ayant connu des émeutes, Annaba était, hier, une ville morte.
Aucun moyen de transport durant toute l’après-midi. Les commerces de la ville ont baissé les rideaux. «La majorité des jeunes de notre cité sont sans emploi. Les mieux nantis parmi nous ont pu décrocher un pré-emploi dans le cadre de ce dispositif. Nous sommes également mal logés. A cela il faut ajouter la cherté de la vie, où un café coûte 20 DA, et un paquet de cigarettes 100 DA», fulmine Abderezek Amri, un des insurgés rencontré à la cité Didouche Mourad en pleine émeute. En fin d’après-midi, la protesta a fait tâche d’huile, et plusieurs quartiers ont connu des mouvements de colère. A l’heure où nous mettions sous presse, les émeutes continuaient toujours, tout autant que les arrestations.         
 

Gaidi Mohamed Faouzi


11-01-09 - El Watan -- Les émeutes ont repris de plus belle

Béjaïa

Les émeutes ont repris de plus belle

le 09.01.11 | 03h00

Hier, le calme qui a régné toute la matinée a été rompu en début d’après-midi, lorsque
des échauffourées ont éclaté en plusieurs endroits de la ville.

Après une nuit très agitée, la population de Béjaïa s’est réveillée hier sur un calme trompeur qui n’a duré que le temps de faire le constat des villes dévastées par la déferlante des émeutiers. Dans un périmètre de quelques dizaines de mètres, pas moins de trois agences bancaires sont complètement saccagées au chef-lieu de wilaya.
Il ne reste de l’agence de l’opérateur public de téléphonie mobile Mobilis, de sa voisine Société Générale – qui a déploré le saccage dans la même nuit de sa deuxième agence du quartier Seghir – de BNP Paribas dans le quartier Dawadji et de CNEP-Banque mitoyenne du siège de la wilaya que des murs calcinés. Des jeunes émeutiers en furie se sont donné à cœur joie au saccage et au pillage de ces édifices dans la nuit de vendredi à samedi, où les forces de maintien de l’ordre se sont abstenues d’intervenir, sauf pour protéger le siège de la wilaya.


L’agence Djezzy, détruite en novembre dernier dans le sillage de l’agression de l’équipe nationale du football au Caire, n’a dû son salut qu’à la fortification de ses accès. Dans la nuit de vendredi, de nombreux véhicules ont été saccagés dans le parking du bloc administratif, où les locaux de l’Inspection vétérinaire ont été brûlés.
Hier, le calme qui a régné toute la matinée a été rompu en début d’après-midi, lorsque des échauffourées ont éclaté en plusieurs endroits de la ville, notamment sur l’axe Aâmriw-siège de la wilaya, et à Ihaddaden. Les manifestants sont revenus à la charge en prenant pour cible, cette fois-ci, l’agence postale et le siège de la daïra, sur le boulevard de la Liberté. Les CNS sont intervenus, en nombre réduit, pour repousser l’attaque en lançant des bombes lacrymogènes et en usant de tirs de sommation.
C’était compter sans la détermination des émeutiers à trouver un édifice à se mettre sous la main. Le CFPA, un peu plus loin, a été investi et saccagé, alourdissant le bilan des dégâts déjà allongé par le saccage, presque au même moment, du siège de la daïra d’El Kseur où les hostilités sont montées d’un cran.


A Amizour, les dégâts ont concerné les sièges de la daïra, de Sonelgaz, de la CNAS et le tribunal. A Sidi Aïch, l’émeute a repris de plus belle au point que des CNS sont venus en renfort. Entre-temps, les sièges des contributions et de l’APC se sont ajoutés au lot des administrations envahies par les émeutiers. En fin de journée, le tribunal est passé sous le contrôle de la foule. Les échauffourées continuent un peu partout dans la vallée de la Soummam. Une accalmie nous est signalée par contre à Tazmalt, qui a vécu une nuit d’émeute avec le siège de la gendarmerie, le pillage de la CNAS et le saccage de Sonelgaz, du tribunal, du bureau de main-d’œuvre et des Impôts qui ont brûlé.
Le feu a d’ailleurs fini par détruire des câbles électriques, ce qui a provoqué une panne de courant dans la ville. A Akbou, les émeutiers n’ont pas décoléré, tout comme à Ighzer Amokrane. Selon une source locale, les manifestants ont revendiqué, dans cette dernière ville, le départ du commissaire de police et des CNS. Après une brève accalmie, la sûreté urbaine a été de nouveau attaquée, dans l’après-midi, à coup de pierres. Le même climat de tension règne à Chemini, où des manifestants ont lapidé, hier, le siège de la daïra, alors que les policiers ripostaient avec des bombes lacrymogènes.


Sur la côte est de la wilaya, le climat s’est enflammé pratiquement sur tout le littoral.
A Kherrata, la brigade de gendarmerie a été assiégée. Bibliothèque communale, Sonelgaz, agence d’assurances, APC, daïra, tribunal et ADE sont sérieusement endommagés.
A Souk El Tenine, après s’être acharnés, la veille, sur l’ADE et les Impôts, les manifestants ont tenté hier de s’en prendre à la daïra et à la gendarmerie. L’émeute a fini par se propager aux villes d’Aokas et de Darguina, qui ont compté leur lot de dégâts (banques, ADE, APC, poste…).
Des arrestations sont à signaler parmi les manifestants ainsi que des blessés des deux côtés dans certaines localités, qui n’ont rien perdu de leur fièvre.

 

Kamel Medjdoub


11-01-09 - El Watan -- Il y a rejet du système politique en place

Mouvement citoyen des archs

«Il y a rejet du système politique en place»

le 09.01.11 | 03h00

Le mouvement citoyen des archs vient de réagir aux manifestations qui secouent nombre de villes et villages d’Algérie.

Suite aux émeutes qui se sont déclenchées dans les grandes agglomérations du pays ainsi qu’à l’occasion Yennayer, qui sera fêté le 12 janvier, les animateurs du mouvement citoyen ont rendu publiques deux déclarations.
Les délégués réitèrent leur attachement à l’application de la plateforme d’El Kseur, élaborée en 2001 lors des événements du printemps noir, et invitent les citoyens au meeting qui sera animé par des représentants citoyens des wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira et Alger, le 12 janvier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Par ailleurs, les signataires de la déclaration dénoncent «le pouvoir usurpateur et mystificateur qui s’emploie à enlever à la protestation toute substance politique. C’est ainsi que d’aucuns parlent déjà d’une révolte de la faim». Pour les archs, ce mouvement de protestation qui dure déjà depuis près d’une semaine «ne constitue rien moins qu’un rejet sans appel du système politique en place et un appel pressant pour un changement radical. La population en a marre de ce système pourvoyeur d’inégalité, d’injustice et de misère».

Le mouvement des archs estime que l’explosion était inévitable et même prévisible. «Au moment où le pays croule sous les richesses, des jeunes n’ont plus le choix qu’entre deux malheureux statuts : harrag ou hittiste. Quand la corruption couplée à la violence sert de levier de gouvernance, quand des dignitaires du régime disposent de l’Etat comme d’un bien vacant, quand députés, sénateurs et autres opposants de caviar s’enrichissent en jouant à l’opéra démocratique, des jeunes crèvent la dalle !»
Tout en dénonçant la répression, le mouvement des archs déclare son soutien aux protestataires qui, d’après eux, revendiquent leurs droits sociaux et le respect des droits de l’homme en Algérie sous un régime réellement démocratique.
 

Nordine Douici


11-01-09 - El Watan -- Des dizaines de blessés lors des affrontements à Tizi Ouzou

Des dizaines de blessés lors des affrontements à Tizi Ouzou

le 09.01.11 | 09h27

| © Elwatan


Pas moins de 27 blessés ont été enregistrés dans les rangs des manifestants, au cours de ces dernières 48 heures, qui ont suivi le déclenchement des émeutes dans la wilaya de Tizi Ouzou, selon des sources dignes de foi. Trois d’entre eux ont été grièvement blessés.

Les forces de l’ordre, de leur coté, dénombrent 21 blessés légers parmi les agents de police. Au troisième jour des manifestations, les affrontements ont redoublé d’intensité. Les émeutes qui ont  eu comme point de départ le quartier les Genêts, jeudi, se sont propagées à plusieurs quartiers et à d’autres localités de la wilaya.

Des affrontements ont éclaté dans la ville d’Ain El Hammam, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou, ou les manifestants ont mis le feu à l’agence bancaire BDL (banque de développement local).

Dans la même journée, le siège d’Algérie Telecom et la caisse national des assurances sociales ont été également pris d’assaut. En plus des dommages occasionnés à l’édifice, le matériel informatique de la CNAS a été pillé. 

À Draâ Ben Khedda (10 km à l’ouest de Tizi Ouzou), c’est l’agence de la BNA qui a été la cible des jeunes manifestants en furie. Les manifestants s’en sont pris au siège de la sûreté urbaine de Tadmaït dans la nuit de vendredi.


11-01-09 - El Watan -- Affrontements dans plusieurs quartiers de Mostaganem

Affrontements dans plusieurs quartiers de Mostaganem

le 09.01.11 | 09h32

Dès la tombée de la nuit du samedi 08 janvier, plusieurs quartiers de Mostaganem ont été le théâtre d’affrontements entre les manifestants et les forces antiémeutes.

En effet, c’est à partir de 19 heures que les premières échauffourées sont signalées au niveau du quartier du belvédère. La situation est à son comble au niveau des quartiers populeux de Tigditt, d’El Arsa, de Chemmouma et d’El Houria, où de jeunes manifestants se sont attaqués aux forces de l’ordre en leur lançant des pierres et des cocktails Molotov.

Les forces anti émeutes ont répliqué par le recours aux bombes lacrymogènes. Dans le vieux quartier de Tigditt, les manifestants ont saccagé le CEM Larbi Tebessi, mitoyen de la zaouia Alawya. Une très forte concentration de forces de polices est visible au niveau du centre ville. Les principaux édifices sont fortement gardés.

Sur le pont du 17 octobre qui relie la ville au quartier ‘El Arsa, de grands renforts de brigades anti émeutes ont été massés bien avant la tombée de la nuit. Son franchissement en direction du cœur de la cité ouvrirait l’accès vers l’ensemble des édifices publics et des banques.

C’est pourquoi, un premier barrage de police a été dressé à proximité de la cité El Arsa dont les habitants ont reçus les renforts de la part de leurs voisins de la cité Houria. Ici, les affrontements semblent très violents, avec un usage immodéré de bombes lacrymogènes, dont les détonations parviennent jusqu’aux quartiers de Beymouth, de la Pépinière et du Belvédère.

 

A. Yacine



11-01-09 - Le Soir – ANNABA

ANNABA
Calme précaire, après une nuit agitée


Un calme précaire était observé hier dans les quartiers de Annaba qui ont vécu une nuit très agitée vendredi, marquée par des échauffourées entre jeunes manifestants et forces de l’ordre, qui contrôlent la situation. Les émeutes de vendredi soir ont fait 18 blessés, dont 12 manifestants et 6 policiers.
Concernant les arrestations, on n’a pu en connaître le nombre. Aucun chiffre n’a été divulgué à ce sujet. Lancées en milieu d’après-midi de vendredi, les émeutes ont été violentes au niveau de plusieurs quartiers en dehors du centre-ville. La protesta du début s’est vite transformée en batailles rangées entre les manifestants, pour la plupart âgés de moins de vingt ans, et les forces de l’ordre qui essayaient tant bien que mal de contenir ceux-ci dans leurs quartiers. Mais certains ont pu atteindre des objectifs situés au niveau de la plaine ouest. Ils ont ainsi saccagé le bâtiment abritant l’entreprise des Grands travaux hydrauliques (GTH) qu’ils ont vidé de tout son matériel précieux, tels des microordinateurs et autres meubles de valeur, avant d’y mettre le feu sur plusieurs niveaux. Celui-ci continuait à se consumer samedi matin. D’autres biens publics et privés, notamment à la Cité des Martyrs, ont été saccagés. On a ainsi recensé, entre autres, des vols de téléviseurs plasma au point de vente de la plaine ouest, une agence bancaire, quelques magasins de meubles et des commerces. D’où la crainte des commerçants dont la plupart des boutiques sont restées fermées ce samedi, donnant à la cité une image de ville morte. Les moyens de transport sont totalement absents et la circulation automobile est très réduite, presque inexistante. Les parkings, d’habitude pleins, sont désespérément vides en cette journée. Même s’ils reconnaissent les problèmes que vivent les jeunes et la population en général, des personnes sensées se prononcent contre la casse et les destructions, qui ne feront qu’aggraver la situation. Ils estiment, dans cet ordre d’idées, que l’Etat a laissé faire les barons de l’import-import, a fermé l’œil sur la corruption dans tous ses rouages et n’a rien fait pour lutter contre le chômage et la mal-vie des jeunes, le manque de logements et les difficultés pour survivre pour les pères de familles en raison des augmentations de prix vertigineuses des produits de première nécessité. Cependant, ils souhaitent voir les manifestations se dérouler d’une façon «civilisée», dans le calme, à l’exemple des pays démocratiques, sans aucun excès ni débordement préjudiciable à l’économie nationale. Comme ils appellent à une prise en charge sérieuse des doléances des citoyens par les responsables du pays, afin, disent-ils, d’éviter le chaos à l’Algérie qui vient à peine de sortir d’une décennie de désolation provoquée par les tenants d’un islamisme de terreur.
A. Bouacha

11-01-09 - Le Soir – BÉCHAR

BÉCHAR
37 policiers et 15 manifestants blessés


Les rues et boulevards de la ville de Béchar offrait hier un spectacle de désolation. Le centre-ville a été épargné par les émeutiers, mais les quartiers populaires de Debdaba et Béchar-Djédid ont passé une nuit agitée vendredi. A Debdaba, des centaines de jeunes ont pris d’assaut le boulevard Emir-Abdelkader dès 19h.
Ils ont brûlé des pneus et des sachets en plastique avant de pénétrer dans l’agence BNA, située sur cette artère. Après avoir saccagé les bureaux et emporté les ordinateurs, ils y ont mis le feu. Les policiers, peu nombreux, ont tenté de les arrêter à l’aide de bombes lacrymogène, en vain. A Béchar- Djedid, les manifestants ont arraché les poteaux électriques, puis saccagé et incendié le bureau de poste. Ils ont bloqué la circulation pendant plusieurs heures. Les confrontations entre les forces de l’odre et les manifestants ont duré jusqu’à 2h30 du matin, par endroits. Au niveau des UMC, on nous a signalé 37 blessés parmi les policiers et une quinzaine parmi les manifestants. Que des blessés légers, heureusement. Ils ont tous pu rejoindre leur domicile. Hier samedi, la tension était palpable à travers les rues de Béchar.
Liès Mourad

11-01-09 - Le Soir -- BLIDA ALORS QUE 13 POLICERS ONT ÉTÉ EVACUÉS À L’HÔPITAL

<BLIDA/ ALORS QUE 13 POLICERS ONT ÉTÉ EVACUÉS À L’HÔPITAL
Un émeutier de 20 ans grièvement blessé par balle

Alors que le calme était quasiment revenu, hier, dans les 25 communes de la wilaya de Blida, un jeune manifestant a été grièvement blessé par balle, vendredi soir, par un agent de sécurité d’une entreprise privée à Khazrouna, localité distante de 4 kilomètres au nord de Blida.
Selon nos informations, le blessé se trouve entre la vie et la mort à l’hôpital M’hamed-Yazid, où il a subi les soins nécessaires. Toujours dans le coma, il a reçu, apprend-on, une balle d’un fusil à pompe dans le ventre. Selon des témoins, le blessé a voulu, avec d’autres émeutiers, pénétrer dans le siège de cette entreprise. Pris de panique, l’agent de sécurité a tiré dans le tas. Par ailleurs, nous avons appris que 13 policiers ont été évacués à l’hôpital M’hamed-Yazid de Blida pour y recevoir les premiers soins et, ce suite aux affrontements avec les contestataires. Il y a lieu de souligner que dans la nuit de vendredi à samedi, plusieurs foyers de sédition ont éclaté au centre-ville de Blida, notamment aux avenues Ben Boulaïd et Kritli-Mokhtar, mais les forces de sécurité ont repoussé toutes ces actions. A noter que, suivant les dernières informations, la route menant vers Alger par la localité de Khazrouna est toujours fermée aux usagers surtout que vendredi dernier, les émeutiers avaient dressé des barricades suscitant ainsi des échauffourées avec les forces de l’ordre.
M. B.

11-01-09 - Le Soir – CONSTANTINE

CONSTANTINE
Les édifices publics préférentiellement ciblés


Après une nuit de folie où des dégâts importants ont été enregistrés, le calme précaire qui régnait, hier, en début de journée à travers les cités, agglomérations et communes de la wilaya de Constantine a cédé à un regain de tensions à travers plusieurs foyers.
Les quartiers de Oued-El- Had, Ziadia, Faubourg Lamy, Bekira et la cité El-Bir, en plus des localités de Hamma Bouziane, Zighoud-Youcef, et de la nouvelle-ville Ali-Mendjeli ont été jeudi le théâtre d’une soirée particulièrement mouvementée. Cependant, les événements ont connu une escalade sans précèdent à partir de l’après-midi de vendredi, qui aura connu de nombreux saccages. Des édifices publics ont été particulièrement les cibles privilégiés des émeutiers. Sur ce plan, la commune de Aïn Smara a été la plus touchée. Après avoir incendié deux bus et saccagé deux autres à la gare routière communale, les émeutiers ont mis le feu aux sièges de la Sonelgaz et de la Seaco, ainsi qu’à un bureau de poste, avant de détruire entièrement l’auberge de jeunesse et la bibliothèque municipale. Dans cette même commune, des heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté hier, en début d’après-midi. Même scénario du côté de Zighoud Youcef, où des centaines de jeunes émeutiers ont procédé jeudi soir au blocage de la RN3 menant vers Skikda, avant de s’en prendre à la gare ferroviaire, à l’antenne de l’APC, un lycée, un technicum et un CEM. Même le véhicule de service du chef de daïra ne sera pas épargné. A Hamma- Bouziane, un autre lycée a fait l’objet d’un pillage en règle, tandis que l’on avance que plusieurs gendarmes ont été blessés dans des affrontements avec des manifestants en furie, lesquels passeront à tabac un photographe de presse et lui confisqueront son matériel. Au Khroub, si le centre-ville a été épargné, ce ne fut pas le cas des localités qui en dépendant, notamment Salah- Derradji et Ouled-Rahmoune. Du côté des deux villes nouvelles, le bureau de poste de Massinissa a été incendié, tandis qu’à Ali-Mendjeli, les dégâts ont été beaucoup plus importants. Les manifestants se sont dirigés vers les coups de 19h vers le centre commercial Er- Ritaj, que la rumeur désigne comme appartenant à un ex-ministre, mais se heurteront aux agents de sécurité en faction, ainsi qu’aux habitants des blocs d’immeubles environnants venus leur prêter mainforte. Les assaillants arriveront quand même à dévaster et piller deux magasins de téléphonie mobile. Le retour au calme s’opérera à la faveur de l’intervention d’éléments du GIR vers les coups de 21h. Jusqu’à l’après-midi d’hier, une vingtaine de sentinelles, ainsi que des gardiens armés de bâtons assuraient la garde des magasins de l’édifice. A noter aussi que le siège de l’APS a été attaqué à coups de pierres et a vu ses vitres totalement détruites. Non loin du centre-ville de Constantine, jusque-là épargné et en plus des quartiers susnommés, la journée d’hier a vu d’autres cités basculer dans l’émeute, à l’image de la cité Boussouf où des barricades ont été dressées durant la soirée de vendredi. A Oued-El-Had, par contre, les manifestants sont revenus à la charge dès la mi-journée d’hier en barricadant le boulevard de l’ALN avant d’être suivis par les émeutiers de Aïn- Smara qui ont préféré l’affrontement direct avec les services de l’ordre avant de passer aux actes dévastateurs. Enfin, des sources hospitalières ont avancé le bilan (non exhaustif) de 21 blessés, dont 11 policiers, et dont l’un serait un commissaire de police qui serait encore hospitalisé. Un bilan qui concerne exclusivement les blessés admis au CHU Ibn-Badis, alors que d’autres sources avancent plusieurs dizaines de blessés entre agents de l’ordre et manifestants.
I. H.

11-01-09 - Le Soir -- DAHOU OULD-KABLIA CONFIRME LE DÉCÈS DE DEUX CITOYENS

DAHOU OULD-KABLIA CONFIRME LE DÉCÈS DE DEUX CITOYENS
«Les jeunes ont obéi à des instincts revanchards»


Ould Kablia remet au goût du jour la thèse du «chahut de gamins». Le ministre de l’Intérieur, qui est intervenu hier sur les ondes de la Chaîne III, a indiqué que les émeutes sont organisées et menées exclusivement par des «jeunes aux instincts revanchards ».
Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - «Des jeunes, dont nous connaissons par ailleurs la situation difficile, se sont mis dans une position, depuis de longue date, de fracture totale avec le reste de la société et aux impératifs de leur vie de citoyens. Leurs agissements ces derniers jours, que l’on peut considérer comme étant des agissements criminels, faits de violence, de destruction et de vol, n’ont épargné ni les biens publics ni les biens privés. Ils se sont attaqués à des citoyens de condition modeste en pillant les magasins ou en incendiant les voitures. Ces personnes n’ont obéi qu’à des instincts revanchards. Je sais qu’ils ont des problèmes, mais ce n’est pas la manière de les exprimer», a affirmé, hier, le ministre de l’Intérieur sur les ondes de la Chaîne III. Selon Dahou Ould- Kablia, les émeutes ont causé le décès de deux personnes, une à Aïn Lahdjel et une autre à Bou-Ismaïl. «Il y a eu deux morts. Un effectivement par balle à Aïn Lahdjel, dans la région de Msila, et qui reste à déterminer car c’est une tentative d’intrusion dans un commissariat de police. Et il y a une autre personne qui est également décédée à Bou Ismaïl suite à des blessures. Il s’agissait de blessures à la tête. Cette personne a été trouvée dans la rue et conduite à l’hôpital où elle est décédée. Les raisons de sa mort ne sont pas encore élucidées.» Pour ce qui est des causes de l’éclatement de ce vaste mouvement de protestation, le ministre a estimé qu’elles n’ont aucune relation avec «les aspects économiques». «Ce qui s’est produit depuis jeudi est, de l’avis général, sans relation avec ces aspects économiques et sans commune mesure avec une démarche calme et réfléchie, seule voie pour poser les problèmes. Fait étrange, Ould-Kablia ira jusqu’à qualifier «d’inadéquates» les mesures visant à instaurer un contrôle sur les circuits de distribution. «On dit qu’il y a eu un certain nombre de mesures inadéquates. On a exigé des factures, des registres du commerce et je ne sais trop quoi. Donc beaucoup de distributeurs ont refusé de payer par chèque, ni de vendre avec facture parce que cela touche effectivement leurs intérêts vis-à-vis du fisc». Il ne manquera pas, bien sûr, de faire la promotion des réalisations qu’a connues le pays depuis l’avènement de l’ère Bouteflika. «Les mesures sans précédent qui ont été prises par le gouvernement depuis une décennie pour l’amélioration des conditions de vie des citoyens en matière d’emploi, de revenu, d’enseignement et de logement sont incontestables. D’autres mesures s’y ajouteront dans les prochains mois et les prochaines années. Les problèmes urgents seront solutionnés en priorité dans le cadre de la concertation la plus large y compris avec les jeunes qui sont nos enfants. Les jeunes doivent revenir à la raison. Les solutions qu’ils préconisent n’ont aucune chance de servir leurs intérêts si ce n’est qu’ils se fourvoient dans une attitude suicidaire.»
T. H.

11-01-09 - Le Soir -- Gros dégâts à Boumerdès

SECOND JOUR D’ÉMEUTES
Gros dégâts à Boumerdès


Vendredi après-midi, pour la seconde journée consécutive, les émeutes ont repris pour toucher toutes les localités de la wilaya de Boumerdès. En effet, à l’exception de la ville de Dellys qui est restée calme, nous signalaient des citoyens de cette agglomération située à 70 kilomètres à l’est de Boumerdès, des émeutes ont éclaté partout.
C’est à Bordj-Ménaïel, les Issers et le chef-lieu de la wilaya de Boumerdès que les manifestants ont été le plus virulents. Dans la ville de Bordj-Ménaïel, manifestants et forces de l’ordre se sont affrontés en plusieurs endroits de l’agglomération. Par contre, les manifestants de la ville de Boumerdès se sont fixés en un seul endroit : le quartier populaire des Coopératives, pour s’attaquer aux forces de l’ordre. Dans la ville de Thénia, les jeunes ont manifesté, pour la première fois, leur colère. Ce qui a eu pour effet une nuit agitée en ville et des échauffourées entre policiers et manifestants. De leur côté, les jeunes d’Aït Amrane ont fermé la RN5 (Alger-Constantine) en signe de ralliement aux manifestations populaires contre le pouvoir en place. Aux Issers, des délinquants se sont incrustés en l’absence momentanée des autorités pour commettre des pillages. Les jeunes de Laâziv ont, de leur côté, fermé la RN12 (Thénia/Tizi-Ouzou) et brûlé des pneus en ville. On nous signale l’arrestation d’un jeune manifestant.
SACCAGES
Les manifestations de jeudi et vendredi ont malheureusement occasionné beaucoup de dégâts matériels. A Boumerdès, l’école primaire a été la poste de la cité 800-logements ont été saccagées. Dans le même quartier, les émeutiers s’en sont pris au siège de la douane pour incendier deux véhicules. A Bordj-Ménaïel, le siège du nouveau tribunal et l’agence locale de la Cnep ont été attaqués. D’importants dégâts sont déplorés. L’ancien tribunal de Bordj- Ménaïel utilisé pour le dépôt d’archives a été aussi visité par les émeutiers qui ont éparpillé les documents des justiciables. Le même sort a été réservé au siège local des services des Impôts. De Boudouaou, on nous signale le saccage de la poste. D’autres dégâts sont déplorés par des citoyens mais nous n’avons pas encore la possibilité de vérifier la véracité de ces accusations. De leur côté, les autorités restent complètement muettes.
REPRISE DES AFFRONTEMENTS
Hier à la mi-journée, les manifestations ont repris à Bordj-Ménaïel. Les commerçants qui ont ouvert leurs magasins dans la matinée ont subitement baissé rideau. La journée risque d’être longue et violente. Dans la commune d’Ammal, localité à l’Ouest des gorges de Palestro, les jeunes ont fermé la RN5. Les gendarmes de Souk- El-Had demandaient aux automobilistes de faire demi-tour sinon d’emprunter, pour ceux qui voyagent vers l’Est du pays, la RN 68 pour rejoindre Kadiria dans la wilaya de Boumerdès. Une route qui n’est, néanmoins, pas sûre à 100%. Au niveau de la commune de Laâziv, des manifestants se sont scindés en deux avant d’affronter les policiers antiémeutes. La RN12 a été fermée par les manifestants.
Abachi L.

LAÂZIV
Le siège du FFS incendié

Les manifestants de la ville de Laâziv, à l’extrême Est de la wilaya de Boumerdès, ont déversé leur colère, ce vendredi, sur une bâtisse isolée qui sert de siège au Front des forces socialistes (FFS). Les manifestants ont éparpillé les documents du parti avant de mettre le feu au local. A noter que c’est une majorité issue de ce parti qui gère la commune en question.
A. L.

LES ISSERS
Le dépôt de Cevital pillé

Vendredi après-midi, les émeutiers de la ville des Issers, dans le centre de la wilaya de Boumerdès, se sont attaqués au dépôt de marchandises de Cevital, propriété de la famille Rebrab. Selon les témoignages de citoyens de cette localité, des individus habitant à la périphérie Est de la ville ont attaqué ce dépôt implanté sur le CW 151 reliant les Issers et Timezrit, à une cinquantaine de mètres d’une caserne militaire. Les pilleurs ont pris des marchandises stockées dans ce hangar. Il est question de micro-ordinateurs, de téléviseurs à écran plasma, de climatiseurs, de réfrigérateurs et autres articles d’électroménager. D’autres personnes ont, par la suite, pris le relais, pour s’emparer de ce que les premiers avaient laissé. «Durant toute la journée de vendredi, des pilleurs chargeaient par camions de pilleurs de sable des produits alimentaires, de ballots de vêtements de valeur notamment des chaussures et vestes en cuir», affirme un témoin, qui s’étonne de l’absence des forces de l’ordre. Notre interlocuteur pense que la valeur des marchandises volées dépasse les dix milliards de centimes.
A. L.

Les représentants du peuple désertent le terrain

A l’exception des P/APC, ils sont inconnus par leurs administrés. Les représentants du peuple auprès d’institutions délibérantes locales, régionales et nationales ont complètement déserté ces derniers jours le terrain. Ils ratent ainsi une occasion de se doter d’une légitimité et d’une crédibilité que donne leur présence sur le terrain auprès de ceux qui souffrent. Cette absence ne date, malheureusement, pas d’aujourd’hui. Normalement, c’est en ces moments difficiles pour les populations que les élus doivent être auprès des manifestants qui pourraient être victimes d’abus. Aux sénateurs et autres députés, la loi offre la sécurité (immunité parlementaire) et le pouvoir de suivre les événements et de visiter éventuellement dans les commissariats et les brigades de Gendarmerie nationale les manifestants appréhendés. De même que ce travail incombe également aux élus des APC et de l’APW. Par le passé, des élus de l’APW ont usé des prérogatives que leur offrait leur mandat pour intervenir auprès des autorités sécuritaires et faire libérer les manifestants et s’enquérir de leur situation. Les représentants du peuple ont, en effet, le droit et le devoir de suivre les manifestations pour prévenir tout dérapage, et notamment s’enquérir de la prise en charge des blessés dans les établissements hospitaliers aussi bien des manifestants que des agents de l’ordre. Ils sont indifféremment les représentants des uns et les autres. Trois jours après le début des affrontements, ces élus, dont certains sont grassement payés par le Trésor public, restent malheureusement invisibles, laissant leurs jeunes électeurs seuls face à la répression. Ils ratent ainsi l’occasion de se donner une légitimité qu’ils n’ont pas acquise par les urnes — les dernières élections étant suspectées de fraude et de distribution de quotas aux alliés du pouvoir. Fort heureusement, et jusqu’à présent, les forces de l’ordre requises se limitent, selon nos informations, à leur travail de maintien de l’ordre. Cependant, même si des jeunes pourraient bien formuler des accusations quant à des provocations et des arrestations abusives, cela reste tout de même limité. C’est le cas dans la ville des Issers, où un citoyen nous a certifié que des jeunes sont arrêtés sans distinction. Nous n’avons pu corroborer ses témoignages. D’autres sources nous ont, cependant, affirmé qu’aucune arrestation n’a été opérée dans la wilaya de Boumerdès. Ces mêmes sources déplorent, par ailleurs, que les jeunes surpris en flagrant délit de pillage aient été relâchés.
A. L.

11-01-09 - Le Soir – SKIKDA

SKIKDA
35 interpellations et 27 policiers blessés


Des jeunes, la vingtaine, ont investi, dans la nuit de vendredi, les artères de la ville de Skikda. La contestation s’est soldée par le saccage de quelques édifices : Algérie Télécom, le centre de paiement d’Algérie Poste et la Banque nationale d’Algérie, situées sur les allées du 20- Août-55, l’antenne postale de la cité 700 logements, le siège de la Direction du commerce, implanté à Aïssa-Boukerma, des abribus, quelques vieux dévidoirs, des bancs publics.
Côté éléments de sécurité, 27 parmi eux ont été blessés, dont le chef de sûreté, touché au pied, et le commissaire de Sûreté de wilaya de la sécurité publique blessé à la bouche par des jets de pierres. Le nombre d’émeutiers arrêtés s’élève, quant à lui, à 35 personnes. Le mot d’ordre aurait été donné après la prière du vendredi. Ce n’est qu’aux environs de 21h qu’une foule compacte a été vue aux allées du 20-Août. En furie sans précédent, les jeunes se sont attaqués aux sièges d’Algérie Télécom et d’Algérie Poste, où du matériel informatique et autres équipements ont été volés. Heureusement, les quelques liquidités disponibles ont été épargnées, le coffre-fort étant solide n’a pu être ouvert. En revanche, le receveur s’est vu subtiliser son argent personnel, les émeutiers s’étant introduits dans son logement de fonction au sein de l’agence. Plusieurs vitres ont été cassées, dont celles de la Banque nationale d’Algérie. Un cyberspace de la cité des Allées a été endommagé et tous les micro-ordinateurs subtilisés. Le concessionnaire Renault, mitoyen, a failli subir le même sort. Devant la difficulté d’ouvrir le rideau, les jeunes ont tenté d’y mettre le feu. La vitesse avec laquelle le propriétaire et son fils, selon des témoins oculaires, accompagnés du gardien du parking, ont fait sortir les véhicules a fait éviter le pire. Nombre de pneus ont été brûlés devant la clinique Abou- El-Kassim (Hamani), dans la localité de Zefzef et derrière le siège de Djezzy. N’était la présence accrue des forces de l’ordre, l’établissement de santé n’aurait pas échappé à la furie destructrice. A la cité Merdj- Eddib, le technicum Youras- Abbès, trois arrêts de bus et cinq poteaux électriques ont été endommagés. Une cinquantaine de personnes, à la cité Aïssa- Boukerma, ont fermé la route nationale 3. Les émeutiers s’en sont pris également au siège de la Direction du commerce, situé à l’intersection de la route menant aux cités 500, 700 et 641 logements. Les policiers ont pu, ensuite, disperser la foule. D’autres dégâts aussi regrettables ont été commis près de la rocade Houari-Boumediène, à l’extrémité jouxtant la cité 500 logements, où l’antenne postale a été saccagée, des bancs publics démolis et des espaces verts dégradés. A la cité des Frères Saker, quelques dévidoirs, dont deux du tri sélectif, ont été renversés. Deux arrêts de bus ont été, quant à eux, cassés. A Azzaba, les émeutes ont débuté aux environs de 20h. Près de 300 personnes ont paralysé la circulation sur la RN 44, au niveau de Diar- Ezzitoune. A 21h, la foule a été dispersée sans incident ni interpellation. Au chef-lieu de cette daïra, plusieurs attroupements pacifiques ont été observés devant le siège de l’APC ainsi que devant la BDL et la BADR. A Menzel-El-Abtal, un rassemblement de jeunes a été également dispersé suite à l’intervention du GIR (Groupement d’intervention rapide) de Mezedj- Edchiche. A Collo, un petit groupe de jeunes a brûlé des pneus sur la route menant vers Chrea.
Zaïd Zoheïr

11-01-09 - Le Soir -- TIZI-OUZOU

TIZI-OUZOU
L’émeute s’installe


 Comme s’ils s’étaient passé le mot, des centaines de jeunes des plus grands quartiers de Tizi-Ouzou ont mis le feu simultanément pour donner naissance à des foyers de tension presque partout à travers la ville, après que tout soit parti, en milieu d’après-midi vendredi, du quartier des Genêts, ce haut lieu de toutes les protestations qui se succèdent depuis de longues années dans une ville «rompue» aux émeutes.
Un soulèvement autrement plus impressionnant que celui ayant marqué la soirée de jeudi dernier. Selon des sources bien informées sur la situation prévalant depuis trois jours, les heurts, parfois très violents, se sont soldés par quinze blessés dans les rangs des policiers alors que l’on signale deux arrestations parmi les manifestants, ceci pour la journée et la soirée de vendredi à Tizi- Ouzou-Ville où, hier en matinée, l’atmosphère n’augurait rien de bon. Une lourde, une très lourde ambiance enveloppait, en effet, dès les premières heures de la journée, une ville qui, partout, portait encore les marques des violences ayant émaillé l’après-midi de vendredi et une bonne partie de la soirée. Il était évident que le climat délétère dans lequel était enveloppé le centre de Tizi allait donner naissance de nouveau à l’explosion. C’était la conviction de tout le monde au fil des heures, jusqu’à ce que des jeunes surgis de nulle part se mettent à balancer toutes sortes de projectiles en direction du commissariat du 1er arrondissement, sis entre le quartier des Genêts et le boulevard Abane-Ramdane. Pris de panique, les badauds, surtout les jeunes filles et les dames, se mirent à courir dans tous les sens au milieu des jeunes émeutiers qui prirent vite possession du boulevard traversant le centre de Tizi, obligeant les commerçants, qui avaient ouvert dans la matinée plus ou moins normalement, à baisser rideau. Moins d’une demi-heure plus tard, alors que la tension était redescendue, c’est un autre front qui s’ouvrait, du côté du rond point du centre-ville, à l’entrée de cet autre haut lieu habituel des mouvements de contestation, à côté des bâtiments de la CNEP. A peine deux cent mètres plus haut, des policiers anti-émeutes appuyés par des éléments de la police judiciaire en civil, s’étaient regroupés devant l’une des entrées de la résidence du premier magistrat de la wilaya. Les charges des manifestants et les répliques des policiers armés de matraques et de lance-grenades lacrymogènes se succédèrent plusieurs heures sur un boulevard Abane-Ramdane devenu méconnaissable. Une offensive des policiers peu avant 16 heures, à partir d’une des venelles en contrebas de la résidence du wali, surprendra des émeutiers dont plusieurs se feront chopper par les éléments des services de sécurité déchaînés, après avoir subi une attaque violente de la part de plusieurs dizaines de jeunes regroupés tout autour du rond-point. Peu avant que les échanges se gâtent au cœur de Tizi-Ville, des informations en provenance de la voisine Draâ-Ben-Khedda, à une dizaine de kilomètres à l’ouest, faisaient état de nouveaux affrontements déclenchés aux environs de 15 heures, ayant occasionnés de gros dégâts à des édifices, notamment le siège d’une banque. La même lourde atmosphère est, selon plusieurs sources locales, perceptible dans la plupart des chefs-lieux des 21 daïras que compte la wilaya de Tizi-Ouzou. D’autres sources, à Tizi-Ville, font, en revanche, état de troubles avec d’importants dégâts matériels, ayant émaillé l’après-midi à Aïn-El-Hammam, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Tizi-Ouzou.
M. Azedine

11-01-09 - Le Soir – TLEMCEN

TLEMCEN
Les émeutiers paralysent la ville


Le calme précaire qui régnait hier soir, un peu partout au niveau du grand Tlemcen n’annonçait rien de bon. C’étaient même les prémices d’un vent de révolte. Les premières émeutes furent signalées hier soir vers 20h dans la daïra de Chetouane, banlieue nord de la ville, des manifestants se sont dirigés vers les édifices publics (APC et daïra) et les services de sécurité ont dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser des jeunes qui n’attendaient, apparemment, que cette occasion pour exprimer leur colère.
Ce face-à-face avec les services de sécurité n’a pris fin qu'aux premières lueurs de l’aube. On ne signale aucune victime ni de dégâts importants. Toutefois, les membres d’une même famille ont failli être asphyxiés à l’intérieur de leur domicile. La matinée d’hier s’annonçait calme et à la surprise générale, c’est à partir du quartier populaire de Sidi-Saïd que les émeutes commencèrent. Aux environs de 14h, une centaine de personnes se dirigeaient vers le centre-ville en empruntant la grande avenue de Bab-El-Djiad. Arrivés devant la grande mosquée, les émeutiers ont commencé à jeter des pavés sur la façade du nouveau musée. Les renforts de police ont essayé de contenir ce mouvement et un dispositif sécuritaire a été mis vite en place pour sécuriser les édifices publics. On signale des dégâts au niveau du cinéma Colisée, la devanture du siège de l’ODEJ a volé en éclats. La tension reste vive dans les quartiers chauds, R’hiba, Bab-El-Djiad Sidi-Saïd, Boudghène, El-Kalaâ, Sidi Chaker des groupes de jeunes se forment et on ne sait pas ce qui va se passait à la tombée de la nuit. Tlemcen est une ville morte, tous les commerces ont baissé rideau, il n’y a plus aucun moyen de transport pour ceux qui veulent rentrer chez eux, c’est la panique générale pour ceux qui habitent loin, les transports en commun qui desservent les villes de Sebdou, Sabra, Ghazaouet, Béni-Saf ont disparu dès les premières escarmouches. Même climat de peur et d’insécurité dans la banlieue ouest de la ville, dans la commune de Mansourah où tout est fermé. Les mosquée, du centre-ville ont été désertées par les fidèles à la prière d’el-asr, il paraît que les jeunes sont très remontés contre les imams qui dans leur prêche du vendredi ont appelé au calme. Personne n’a été en mesure d'évaluer les dégâts, le centreville est soumis à un véritable état de siège et la nuit sera longue. «Une chose est sûre, rien ne sera comme avant», nous confie un jeune. Alors que l’appel de la prière du maghrib retentit dans le silence du crépuscule, on nous annonce que des émeutes ont éclaté à Maghnia.
M. Zenasni

11-01-09 - Le Soir -- UN JEUNE MORT À BOU-ISMAÏL

UN JEUNE MORT À BOU-ISMAÏL
Qui a tué Abdelfateh ?


Au quartier El- Louz, la tension était perceptible. La mort dans des circonstances inconnues d’Akriche Abdelfateh a attisé la colère de la population. Agé de 32 ans, ce jeune exerçait en tant qu’agent de sécurité à Naftal.
Irane Belkhedim-Alger (Le Soir) - Cela s’est passé vendredi soir aux environs de 22h. Des affrontements ont éclaté dans la ville de Bou-Ismaïl, du côté du marché, rue des Arabes, entre jeunes et forces de l’ordre. «Nous avions entendu des coups de feu dehors, nous nous sommes inquiétés. Abdelfateh allait se coucher quand je lui ai demandé d’aller chercher son frère âgé de 20 ans», raconte sa sœur Ilham, les larmes aux yeux. Abdelfateh n’est plus revenu. Grièvement blessé, il a été évacué à l’hôpital. «Des voisins nous ont appelés pour nous annoncer la nouvelle. Je suis sortie voir, pieds nus», raconte son autre sœur, les yeux gonflés, pour avoir pleuré toute la nuit. «Abdelfateh est mort sur le coup et ils n’ont pas voulu nous informer. Les autorités ont voulu étouffer l’affaire. Il a été tué par balles, il a reçu une balle dans l’œil et des témoins l’ont vu», ajoute Ilham. D’autres jeunes rapportent une version différente. «Abdelfateh a reçu une balle dans la tête. J’ai vu le corps, il avait l’épaule entachée de sang. Il est resté plus d’une heure sur le sol, avant d’être évacué», confie un jeune. Pour l’heure, la famille n’a pas été autorisée à voir le corps et à le récupérer. «Un gendarme est venu ce matin accompagné d’un imam et du chef de daïra pour chercher mon père. Une enquête a été ouverte. Nous voulons récupérer le corps de Abdelfateh et l’enterrer. Nous voulons faire notre deuil», lâche la sœur aînée, venue à notre rencontre dès qu’elle a appris que nous étions sur place. La famille de la victime habite au quartier El-Louz. Ses amis, voisins et parents, sont venus assister aux funérailles, présenter leurs condoléances et en guise de solidarité. «Mon fils est sorti et n’est plus revenu mon Dieu ! Il me manque ! Ils mentent quand ils disent qu’il est parti piller les biens de l’Etat ! Ce n’est pas vrai ! Nous lui avons demandé d’aller ramener son frère, il était là, chez lui !», crie sa mère, une femme âgée d’une soixantaine d’années. Ses yeux paraissent épuisés car elle n’a pas fermé l’œil de la nuit. La douleur la ronge comme tout le reste de la famille. «Mon fils est mort et vous me demandez comment je me porte ! Je ne pardonnerai jamais à ceux qui l’ont tué ! Que les autorités viennent à notre rencontre, qu’elles nous disent la vérité. Mon fils est mort, ce n’est pas un chien qui est mort !», dit-elle, tout en hurlant sa douleur. Une jeune fille s’approche d’elle et la serre dans ses bras puis les deux femmes s’effondrent en larmes. «Ma mère est malade. Elle suit des séances d’hémodialyse en plus d’être diabétique et hypertendue. C’est trop pour elle. Nous souhaitons récupérer le corps de Abdelfateh pour l’enterrer. Que l’on ne nous dise pas que ce n’est pas possible !», ajoute Ilham. La tristesse s’est mêlée à la peur et à la colère. Des femmes en larmes viennent à notre rencontre. «Les jeunes n’ont rien fait et ils leur ont tiré dessus ! Ce n’est pas possible ! Mon fils a vu Abdelfateh mourir, le sang giclait de ses yeux, de sa bouche et de son nez. Le corps de mon fils était tâché de son sang. Ici, les policiers abusent de leur pouvoir», affirme sa tante. «Les jeunes n’ont rien cassé. Pourquoi les ont-ils attaqués ! Les policiers sont injustes», ajoute-t-elle.
I. B.

 

LES BRIGADES ASSIÈGENT LES QUARTIERS DE BOU-ISMAÏL
«Nous en avons ras-le-bol de survivre»

Hier en début d’après-midi, des véhicules antiémeutes ont encerclé les quartiers populaires de Bou- Ismaïl. Un semblant de calme après une nuit agitée.

Juste à l’entrée du quartier de «L’abattoir», les traces des affrontements sont encore visibles. Des pierres et des ordures jonchent le sol. Les gaz lacrymogènes a rendu l’atmosphère irrespirable. La tension reste vive. Ça risque «d’éclater» à tout moment. La nouvelle de la mort de Abdelfateh a fait le tour de la ville. Les brigades antiémeutes, prêtes à donner l’assaut, ont encerclé les quartiers à risque. A quelques mètres, des groupes de jeunes se sont constitués. Après une nuit agitée, le calme est revenu dans la matinée. Un semblant de calme après une nuit agitée. «Nous vivons entre un abattoir et un cimetière, c’est une tombe ! Le quartier porte bien son nom», lâche un jeune, avec ironie. La colère et la tristesse se lisent dans les yeux de tous ceux que nous abordons. Jeunes et moins jeunes sont blasés et ne cachent pas leur désespoir. «Il y a un mort et un blessé», dit-on. Les constructions du quartier sont collées les unes aux autres. La plupart sont inachevées, sans peinture, elles exhalent marginalisation et misère. «Ce n’est pas seulement l’augmentation des prix qui est derrière ces évènements. C’est le ras-le-bol général ! Nous en avons marre ! Nous survivons, ici !» «Ce sont les forces antiémeutes qui nous provoquent, notre réaction est une réponse à leurs provocations. » Ils parlent tous en même temps. Chômage, portes fermées de l’administration, exclusion, absence de l’Etat, silence des officiels, corruption. La liste est interminable. «Les jeunes sont découragés, ils en ont assez ! Ni travail, ni logement, aucun avenir en perspective », lâche un père de famille. «La semaine passée, j’ai été à la mairie pour retirer mon extrait de naissance. La préposée au guichet m’a dit de revenir dans trois jours ! Que je n’avais pas de chance, car mon extrait n’était pas prêt ! Je n’ai quand même pas demandé un visa !» raconte un autre écœuré. «Les Chinois ont été ramenés pour travailler ici et touchent des salaires plus importants que les nôtres !»
I. B.

11-01-09 - Le Soir -- Une centaine d’arrestations depuis le début des émeutes

ORAN
Une centaine d’arrestations depuis le début des émeutes


Après trois jours à jouer au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, les jeunes émeutiers des différents quartiers de la ville d’Oran semblaient s’être terrés ce samedi matin chez eux et un calme sournois régnait sur tous les lieux que nous avons visités.
En passant par Ras-El- Aïn, Taureau, Planteurs, Cheklaoua, Pitti, El-Hamri, Victor Hugo … hormis des fourgons de police, n’étaient présents que les éboueurs s’affairant à ramasser les ordures de la veille dans ces quartiers. En effet, la veille, nul n’a osé s’y aventurer tant la tension était grande et ce, jusqu’à plus de deux heures du matin. L’on saura de source sûre que depuis le début de ces manifestations ce sont plus d’une centaine d’arrestations, qui ont été effectuées. Dans ces quartiers, les rues étaient désertes et les jeunes s’y faisaient discrets. Aux Planteurs, nous nous rapprochons d’un groupe de jeunes qui nous ont vite demandé de les laisser tranquilles. «Nous avons passé une mauvaise nuit et nous en avons ras le bol que dans la presse, on nous traite de casseurs irresponsables. Nous sommes pour la plupart des chômeurs et certains même illettrés. Nous n’avons pas d’autres moyens d’exprimer notre désarroi autrement que par la colère. Personnellement, je me vois mal tenir une pancarte et manifester, comme ils disent, «pacifiquement. » C’est justement cet esprit pacifique qui nous a amenés à subir le diktat et la hogra toute notre vie. » Un autre jeune, à peine 16 ans, dira :«Partez, ne revenez qu’après le coucher du soleil. Nous ne sommes pas dupes pour manifester en plein jour. En plus, nous devons préparer nos munitions ». Ces mots lâchés, le jeune est vite bousculé par ses amis qui le traiteront d’idiot de nous avoir parlé de munitions. Nous avons préféré les laisser à leur colère qui commençait à resurgir. A Ras-El-Aïn, même méfiance, mais nous réussissons tout de même à entamer une discussion avec deux jeunes rencontrés dans une épicerie. Ils nous montrent l’une des dernières trouvailles qui leur sert pour riposter contre les forces de l’ordre : un pistolet à eau qu’ils remplissent d’essence ; ils transforment donc l’objet, en apparence anodin, en une arme redoutable. Nous nous garderons de décrire cette technique dans le détail, pour ne pas contribuer à en informer ceux qui auront l’idée de l’appliquer. Autres armes utilisées : des couteaux, des sabres, des barres de fer, mais aussi des sortes de crochets en fer, qui leur servent à soulever les rideaux des magasins sans grande difficulté. Pour sa part, l’épicier chez qui nous avons rencontré ces jeunes dira, au sujet de la casse : «Je suis pour ! Car ces jeunes n'ont pas à porter de pancartes, ils ont déjà du mal à porter leur mal-vie et leur misère. C'est à vous les intellos et autres partis politiques de faire ça à la manière pacifique comme vous dites ! ». Parmi les points sensibles qu’évoquent ces jeunes en colère, bien audelà de l’augmentation des prix, la hogra notamment à travers l’exclusion sociale, le chômage, la mal-vie et la misère galopante. Ils ne comprennent pas pourquoi l’Etat s’acharne sur les pauvres ? Par acharnement, ils désignent : l’éradication des bidonvilles, la résorption de l’habitat précaire, la lutte contre le commerce illicite, les poursuites judiciaires contre les harragas… Pour ces jeunes, il s’agit de moyens qui leur permettent de se débrouiller quelques misérables moyens pour survivre. Il ne voient en les autorités que les bulldozers ou matraques rasant tout sur leur passage les réduisant à néant, sans leur laisser une chance de s’en sortir. C’est pour toutes ces raisons que l’émeute est considérée par ces jeunes comme un moyen d’exprimer leur mécontentement contre plus hautes autorités de l’Etat. En début d’après-midi, la vie semblait reprendre son cours normal, même si la méfiance était toujours de mise. Chacun avait la certitude que l’émeute était loin d’être finie et tous appréhendaient les heures à venir. Vers 15h, une centaine de jeunes, visiblement des étudiants, ont investi la place d’Armes où ils se sont réunis sur les marches du théâtre régional d’Oran, brandissant le drapeau algérien et une pancarte où était inscrit : «Djazaïrouna» (Notre Algérie). Sans plus tarder, la police les encadrent, leur retirant la pancarte en question et les dispersant dans le calme. Apparemment, il s’agissait d’un appel à manifester pacifiquement lancé sur Internet par des réseaux sociaux auquel ces jeunes ont voulu répondre.
Amel B.

L’émeute reprend
Vers 15h50, un mouvement de panique indescriptible s’est emparé du boulevard Mata, de la rue Mostaganem, puis du centre-ville. Des automobilistes roulaient en sens inverse prenant même le risque de renverser des piétons qui, eux, courraient, affolés, dans tous les sens. Des femmes hurlaient de peur d’être coincées parmi les manifestants, notamment celles accompagnées de leurs enfants. Les policiers présents se sont vite mis en position de défense, relayés par les sirènes des voitures de police qui raisonnaient de partout, ce qui n’a pas du tout rassuré les passants, déjà paniqués par la rumeur. Tous les commerces ont vite baissé rideau et les rues furent en quelques minutes désertées. L’on saura que des émeutes ont éclaté à la ville-nouvelle et que les manifestants, apparemment très en colère, tentaient de regagner le centre-ville, ce qui explique le mouvement de panique des citoyens. Une fois parvenus à la ville-nouvelle, on saura que ce sont de fausses rumeurs d’émeutes qui ont créé la panique, relayées par des voleurs. Ces derniers profitent de ces événements pour voler vêtements et portables. Les bijoutiers, nous dit-on, ont pour la plupart fermé leurs magasins car étant les premières cibles. Vers 17 heures, l’émeute, la vraie cette fois-ci, a repris dans différents quartiers de la ville d’Oran.
A. B.

11-01-09 - Le Soir -- VALLÉE DE LA SOUMMAM

VALLÉE DE LA SOUMMAM
Plusieurs localités continuent de s’embraser


Le calme n’est pas revenu dans la wilaya de Béjaïa où les importants centres urbains continuent de s’embraser. Akbou, Ighzer Amokrane, Sidi-Aïch, El-Kseur, Amizour, dans la vallée de la Soummam ainsi que le chef-lieu de wilaya et plusieurs localités de l’est de Béjaïa, Aokas, Souk-El-Tenine et Kherrata ont renoué hier avec de violentes manifestations.
Toutes les importantes voies de communication à savoir les RN 9 et 75 menant vers Sétif et Jijel ainsi que les deux routes nationales de l’ouest de la wilaya desservant Tizi- Ouzou, Bouira et la capitale ont été fermées à la circulation automobile. La veille, des dizaines d’édifices publics ont été incendiés, saccagés et pillés par les manifestants. Au niveau du chef-lieu de wilaya où les affrontements ont repris au milieu de la journée de ce samedi à hauteur du centre-ville, les insurgés ont incendié un CFPA. Au début de l’après-midi, plusieurs centaines d’étudiants se sont joints au mouvement de protestation. De violents affrontements entre manifestations et forces de l’ordre sont observés du côté des quartiers du centre-ville. Les scènes d’émeutes qui se sont poursuivies tard dans la nuit de vendredi ont provoqué d’importants dégâts matériels. L’agence Cnep jouxtant le siège de la wilaya et les sièges de Djezzy et Mobilis, les deux agences bancaires de Société Générale, la BNP ont été entièrement brûlées. Le bloc administratif et plusieurs véhicules ont été saccagés. Kherrata, Souk-El- Tenine, Derguina ont connu le même vendredi noir. Le tribunal, la résidence et le siège de la daïra, la Sonelgaz, la SAA et l’Edimia ont été carbonisés. La poste, la Sonelgaz, l’administration des forêts ont aussi été brûlées par les manifestants de Derguina. A Taskriout, des manifestants ont fermé la RN 9 à l’aide de pneus brûlés. AAmizour, la révolte est partie vers les coups de midi, vendredi. Au début de la soirée, les émeutiers ont saccagé, pillé et incendié les sièges de la Sonelgaz, du tribunal, la Cnas et la daïra. La recette des Impôts et le nouveau siège vide de la police ont été détruits et incendiés aussi par des jeunes manifestants à El-Kseur. Dans cette localité, les troubles ont repris dans l’après-midi d’hier. Le foule en furie a entièrement brûlé le siège de la daïra, rapporte une source locale. Dans la ville de Sidi-Aïch, plusieurs édifices publics sont totalement carbonisés. Il s’agit des deux recettes des Impôts, l’agence Actel, la recette postale, l’Edimia. Les manifestants ont tenté vainement de s’en prendre à la poste située au centre-ville. Trois commerces de particuliers dans le centre-ville ont été étrangement et entièrement calcinés dans la nuit de vendredi et tous les distributeurs de billets de banques saccagés. Les affrontements entre jeunes insurgés et policiers qui répliquaient par des tirs de gaz lacrymogènes se sont poursuivis jusqu’à une heure tardive de la nuit de vendredi. Tazmalt, Akbou et Ighzer-Amokrane ont vécu les mêmes violences. A Ighzer- Amokrane, la police a procédé à l’interpellation de trois jeunes qui seront relâchés dans l’après-midi. Dans cette localité, un jeune homme de 38 ans a été retrouvé mortellement poignardé, selon une source locale. On ignore les circonstances de son assassinat. La violence a atteint son paroxysme à Akbou où presque tous les édifices publics ont été détruits ou incendiés. Les sièges de la Sonelgaz, l’Edimia, la Mutuelle agricole, les deux postes de la ville, la recette des Impôts ont été carbonisés et le tribunal saccagé. Les établissements scolaires n’ont pas été épargnés par les violences qui ont débuté au milieu de la journée de jeudi dernier. Un collège a été saccagé et des lycées pillés par les manifestants, selon une source locale. Plus loin à Tazmalt, c’est le même climat de chaos qui est observé. La Sonelgaz, le bureau de main-d’œuvre, le bureau d’hygiène communal, la recette et l’inspection des Impôts ont été incendiés. Des manifestants ont attaqué dans la soirée le siège de la brigade de gendarmerie à l’aide d’une bombonne de gaz qui a explosé. Les éléments de la gendarmerie ont riposté par des tirs de grenades lacrymogènes. Une tentative d’attaquer le bureau de poste et la SAA a été empêchée par des citoyens, témoigne une source locale. Un calme précaire est observé dans l’après-midi de ce samedi dans cette localité.
A. K.

La société civile appelle à la vigilance et à une grève générale aujourd’hui à Akbou
Une réunion regroupant le mouvement associatif, des sages, les élus communaux et plusieurs autres acteurs de la société civile s’est tenue à la salle des fêtes de la ville pour appeler les manifestants à «la vigilance ». Dans une déclaration sanctionnant les travaux de la réunion, tout en mettant l’Etat devant ses responsabilités pour assurer la sécurité des biens publics et privés, la société civile d’Akbou et les élus ont appelé la population à constituer des comités de vigilance pour la protection de «ce qui reste d’édifices publics» dans la ville. Dans la même déclaration, la société civile a appelé à une grève générale pour aujourd’hui.
A. K.


11-01-09 - El Watan -- 80 jeunes émeutiers présentés à la justice

Tlemcen : 80 jeunes émeutiers présentés à la justice

le 09.01.11 | 15h11

80 jeunes arrêtés avant-hier des suites des émeutes qui avaient éclaté dans différents quartiers de la ville, pendant toute la journée et jusqu’à une heure tardive de la nuit, ont été présentés aujourd’hui dans la matinée du dimanche 09 janvier au procureur de la république près le tribunal de la ville.

Leurs proches, près de 2 00 personnes, observent jusqu’à ces instants un sit in devant le parquet. Tandis que dans la ville, dopés par l’intox, les commerçants ont carrément fermé boutiques et les citoyens ont préféré se claquemurer chez eux.

Par ailleurs, l’inauguration du nouveau siège de l’APW, prévue demain, a été reportée à une date ultérieure, selon le secrétariat de cette instance. Et même si –hormis des attroupements disparates, aucune « reprise des hostilités » n’était réellement visible hier, la vie « normale » ne commençait à reprendre que vers 15 h.

Même chose pour les grandes agglomérations de la wilaya, comme Maghnia qui s’est réveillée dans la paix et où la population vaque à ses occupations le plus normalement du monde.

Chahredine Berriah


11-01-09 - El Watan -- Reprises des affrontements après l’enterrement de Labza à Ain Hadjel

Reprises des affrontements après l’enterrement de Labza à Ain Hadjel(m’sila)

le 09.01.11 | 17h45

Plus de 6000 personnes ont assistés à l’enterrement de jeune Labza au cimetière de Ain Hadjel avant d’organiser une impressionnante marche empruntant l’avenue principale de la ville.

Les manifestants ont scandés des slogans réclament la libération des détenus et le congédiement du chef de sûreté de daïra, qui était, aux yeux de la population, à l’origine de la mort du jeune Labza et les 04 autres blessés par balles.

Par ailleurs, il y a lieu de signaler que les personnes blessées lors des émeutes du vendredi dernier, se trouvent présentement à l’hôpital de Sidi Aissa pour les nommés, Doucen, Achour et Thaaloub, et Kouidri Meftah, qui a été annoncé pour mort, est dans un état comateux au niveau de l’hôpital Mustapha d’Alger.

Ghellab Smail


11-01-09 - El Watan -- La chasse aux émeutiers à Mascara

La chasse aux émeutiers à Mascara

le 09.01.11 | 17h49

À Mascara, les services de sécurité ont lancé ce dimanche 09 janvier une vaste opération d’interpellation dans les quartiers qui ont été théâtre de graves émeutes.

Le même cas est signalé pour les régions de Sig et Tighennif où des dizaines de jeunes manifestants ont été interpellés par les agents de la police.

Selon des sources sécuritaires, le nombre de personnes arrêtées à Mascara, Sig et Tighennif avoisine la cinquantaine, chiffre que nous n’avons pas pu vérifier officiellement auprès de la Sureté de wilaya.

À l’heure où nous mettons sous presse en fin d’après midi, une dizaine de présumés émeutiers appréhendés fut présentée au parquet de Mascara. L’affaire a été confiée au magistrat instructeur près le tribunal de Mascara.

«Une quarantaine de jeunes est en instance de procédure judiciaires dans les locaux du commissariat. Ils seront présentés devant le juge d’instruction incessamment», nous dira un policier rencontré sur les lieux.

Cet événement, notons-le, a attiré beaucoup de monde tenu à distance autour du tribunal par un important service de sécurité où une vingtaine de familles des jeunes arrêtés réclament l’innocence de leurs enfants.

Abdelouahab Souag


11-01-09 - El Watan -- Bilan de la journée du Samedi 8 janvier

Ouargla: L’émeute s’intensifie

Les appels au calme de différentes personnalités locales dans les mosquées de Ouargla et sur les ondes de la radio locale n’ont pas eu l’effet escompté auprès des émeutiers qui, après un bref répit dans la matinée du samedi, ont repris le contrôle de la rue en début d’après-midi.

Les émeutes se sont poursuivies durant la journée et dans la nuit de samedi à dimanche à Ouargla, où des centaines de jeunes et d’adolescents s’en sont pris aux édifices publics et privés situés sur les axes Mekhadma-Chorfa, avenue de la Palestine, boulevard Che Guevara et Beni Thour-Sidi Belabess. Il s’agit des artères principales de la ville de Ouargla où les émeutiers ont donné le ton dès la mi-journée avec une multitude de routes coupées à la circulation, dont la RN49 qui traverse le centre-ville.

Même s’il n’y a pas eu de pertes humaines à déplorer, le bilan des dégâts matériels du week-end est très lourd, notamment pour le secteur des télécoms qui a enregistré la perte de 16 véhicules dans la nuit de vendredi à samedi et divers préjudices matériels suite au saccage du siège de la direction territoriale des télécoms (DTT), à Mekhadma.
Les jeunes de Beni Thour ont par ailleurs réédité l’épisode de la destruction ciblée de l’infrastructure du réseau téléphonique au niveau du boulevard Che Guevara, tandis que ceux de Mekhadma s’en sont pris à la direction régionale de Mobilis et au bureau de poste des 460 Logements, lourdement atteints.

Le nouveau siège de la cour de Ouargla a par ailleurs subi des attaques successives ; l’assaut a été avorté de justesse par les forces de l’ordre qui ont réussi à cantonner chaque groupe d’émeutiers dans son quartier d’origine afin d’éviter la généralisation du mouvement de foule. Malgré cela, de nombreux poteaux électriques, signaux lumineux, vitrines et établissements scolaires ont été mis à sac et des dizaines de jeunes, encagoulés ou tête nue, se rabattaient dans les ruelles et quartiers périphériques avec leur butin.
Houria Alioua

Skikda: 43 interpellations et 27 blessés

Hier, les premiers bilans des émeutes nocturnes qui avaient ébranlé, dans la soirée de vendredi, les villes de Skikda et de Azzaba ont été rendus publics.

L’on apprend auprès de la chargée de la communication de la sûreté de wilaya qu’il y a eu 35 interpellations de jeunes émeutiers et 27 blessés parmi les policiers. Les dégâts des émeutes qui ont concerné la périphérie sud de la ville avant-hier ont concerné des édifices publics et des biens privés au niveau des Allées du 20 Août 55.

L’impressionnant dispositif de sécurité mis en place a évité la propagation des émeutes vers le centre-ville, chose qui a poussé les insurgés à se diriger vers la périphérie sud de la ville (Merj Eddib) où ils se sont attaqués au lycée technique. A Azzaba, huit autres jeunes ont été interpellés par la gendarmerie suite aux affrontements qui s’étaient produits dans la même soirée à Zaouia et à Diar Ezzitoune, deux grands quartiers populaires de la ville. Dans ces deux régions, des barricades ont été dressées à partir de 20h, bloquant ainsi toute circulation sur la RN44 qui relie Annaba à Skikda et Constantine.

Khider Ouahab

 

Bouira: Des blessés et des arrestations

Le mouvement de protestation ne semble pas s’essouffler à Bouira, après trois jours consécutifs de heurts. Dans la matinée d’hier, émeutes et manifestations ont repris au chef-lieu de wilaya.

Des dizaines de jeunes ont brûlé des pneus et barricadé des ruelles. Pour tenter de disperser la foule, les forces de l’ordre sont intervenues. L’ancienne ville de Bouira s’est transformée, en l’espace d’un quart d’heure, en une véritable arène. Les gaz lacrymogènes et la fumée des pneus ont rendu l’atmosphère étouffante.

Parallèlement, des centaines de manifestants venus de la commune d’Ahl Lekseur ont fermé l’autoroute et la RN5 au niveau de Bechloul. Un renfort impressionnant de brigades antiémeute a été mobilisé pour empêcher la fermeture de l’axe autoroutier. Il est à noter aussi que les affrontements entre émeutiers et forces de l’ordre se sont poursuivis jusqu’en fin d’après-midi. Ainsi, plusieurs quartiers de la ville de Bouira ont vécu des scènes d’émeutes, jeudi et vendredi derniers. Aux cités des 140 Logements et Ecotec, dans l’ancienne ville et dans le quartier Château d’eau, les jeunes manifestants n’ont pas lâché prise. Ainsi, dans la nuit de vendredi à samedi, ils ont saccagé plusieurs édifices publics dans la ville de Bouira, notamment le bureau de poste de Farachati et celui des 140 Logements, ainsi qu’une antenne de l’OPGI. Le siège de l’OPGI situé au quartier 1100 Logements n’a pas été épargné par les jeunes émeutiers. Plusieurs vitres ont été cassées. Au cours de la même nuit, les manifestations ont éclaté dans plusieurs communes de l’est de Bouira, à savoir M’chedallah, El Asnam, Ahnif.

Pour la troisième journée consécutive de heurts, la situation demeure toujours tendue. Loin du chef-lieu, c’est à Aïn Bessem, Aïn Laloui, des communes situées à l’ouest de la wilaya, que les manifestations de rue ont eu lieu pendant plusieurs heures, vendredi dernier. En plus des routes fermées, les protestataires avaient pris pour cible l’antenne de l’OPGI et le siège de l’APC de Aïn Bessem, vendredi matin. Le vent de la protesta a atteint d’autres chefs-lieux communaux comme Raouraoua, Bir Ghbalou et Lakhdaria. Depuis le début des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, on signale au moins une trentaine de blessés du côté des éléments de la police. C’est en tout cas ce que révèlent les sources émanant des services hospitaliers de Bouira. D’autres informations font état d’un policier séquestré par des manifestants au niveau des 140 Logements, dans la nuit de vendredi à samedi.

Le policier a été relâché une vingtaine de minutes plus tard, indemne. En outre, les services de sécurité ont arrêté une dizaine de jeunes parmi les manifestants qui ont été libérés ensuite. Dans la commune de Bechloul, un enfant de 11 ans qui se trouvait parmi un groupe de manifestants a été grièvement tabassé, hier après-midi, par les forces de l’ordre qui tentaient d’empêcher la fermeture de l’autoroute. Le climat semble de plus en plus tendu.
Amar Fedjkhi, Ali Cherarak

Mila: Échauffourées et saccage

Des actes de pillage et de saccage sur plusieurs édifices publics se sont propagés, dans la nuit de vendredi, à plusieurs localités de la wilaya de Mila.

Au niveau du chef-lieu, dès la tombée de la nuit, des centaines de jeunes manifestants se sont attaqués au musée du Moudjahid, à l’agence CNEP et à l’ANEM, apprend-on de sources concordantes. Des actes de vandalisme d’une grande ampleur ont été commis au niveau de ces établissements. Il en a été tout autant pour la Cnas, la Casnos et du poste de police de la wilaya et bien d’autres structures. Quant au siège de l’inspection du travail, il a été carrément incendié.

Dans la commune de Oued Endja, des échauffourées ont éclaté entre les émeutiers et les forces sécuritaires. Pourchassant les manifestants qui ont pris d’assaut le lycée de la ville, ces dernières ont essuyé des jets de pierres. L’on déplore 4 blessés parmi les forces de l’ordre, un officier de police et trois agents. Nous apprenons de source sûre que 15 policiers au total ont été blessés dans les différents accrochages et une trentaine d’émeutiers arrêtés. A noter qu’au moment où nous rédigions cet article, la RN79 reliant Mila à Ferdjioua, et le CW152, entre Oued Endja et Ahmed Rachedi, sont fermés par la population.

Mahmoud Boumelih

Souk Ahras: Nuit mouvementée

La légère accalmie qui a duré toute la journée du vendredi, était, en réalité, un faux signe de retour au calme à Souk Ahras puisque des émeutes ont éclaté la nuit à la cité Berrel Salah, où des dizaines de jeunes ont pris d’assaut le 4ème arrondissement de la sûreté urbaine et tenté de s’attaquer au lycée Hadji Hocine.

A la cité Laâlaouia, fief de la contestation, plusieurs manifestants ont bloqué la route et incendié des pneus à partir de 22h. Ralliés par des jeunes de la cité Chaâbani et autres quartiers limitrophes, les émeutiers ont bloqué plusieurs routes.
Ce matin, un important dispositif de sécurité a été déployé au niveau de ces deux quartiers. Le bilan des trois jours d’émeutes s’est soldé, à Souk Ahras, par trois policiers blessés.
Abderrahmane Djafri

Constantine: Banlieues mises à sac

Plus personne ne sait à quoi s’en tenir. Colère légitime ? Grand banditisme ? Le bilan des émeutes d’hier et avant-hier, établi par la direction de la santé (DSP), fait état de 22 personnes blessées, entre policiers et civils.

Hier, si des jeunes ont encore essayé d’investir les quartiers périphériques de la ville de Constantine et des communes, avant d’être dispersés par la brigade antiémeute, dans celle de Aïn Smara et à la nouvelle ville Ali Mendjeli, les records de la violence ont été battus. Hier à midi, des émeutiers ont en envahi le centre-ville de Aïn Smara, où ils ont brûlé au moins trois bus, en dépit d’un important dispositif sécuritaire, selon des témoins oculaires.

La veille, déjà, c’était l’apocalypse dans ces lieux. Des adolescents avaient, dans cette même localité, mis le feu au siège de la mairie, à une banque, la polyclinique, la poste, l’Epeco, la Sonelgaz, dont ils ont forcé le coffre-fort. Le calme est factice, inquiétant. Les magasins des quartiers populaires ont préféré baisser rideau. Les terribles séquelles d’une soirée et d’une nuit houleuses sont visibles.
Farida Hamadou

 

Jijel: La situation toujours tendue

La situation était toujours tendue hier à Jijel, où des actes de violence ont été enregistrés dans quelques localités de la wilaya, surtout dans les régions à proximité des routes à grande circulation comme la RN43.

Cette dernière a été bloquée à plusieurs endroits, comme à Mencha (sortie Est de Jijel), Bazoul (commune de Taher), Sidi Abdelaziz et Belghimouz (El Ancer). D’autres actes ont été relevés à Tleta (Taher) près de l’aéroport Ferhat Abbas. Les jeunes se sont adonnés à des rackets sur les automobilistes ; les éléments de la gendarmerie et de la police sont intervenus pour rouvrir la route à la circulation. Par ailleurs, dans la nuit de vendredi à samedi, des émeutes s’étaient produites dans certains quartiers de Jijel, précisément à Village Moussa, Haddada et Ayouf. Durant cette nuit, un pompier a été blessé au ventre par un jet de pierres alors qu’il s’affairait à circonscrire l’incendie ayant pris au centre commercial.
Fodil S.

Bordj Bou Arréridj: D’énormes dégâts

Les villes de Bordj Bou Arréridj et de Ras El Oued ont retrouvé leur calme.

Les voitures circulent à nouveau, les boutiques ont rouvert, mais les visages restent fermés. Au lendemain des violents affrontements, qui ont fait au moins 37 blessés, dont 25 policiers, la brigade antiémeute patrouille discrètement et l’heure est au décompte des dégâts. Aucun bilan officiel n’a encore été annoncé, mais selon un constat de visu, à Bordj Bou Arréridj et Ras El Oued, plusieurs édifices publics ont été pillés, saccagés et/ou brûlés. On apprend qu’à Bordj Bou Arréridj, 28 émeutiers ont été arrêtés, avant-hier soir, et devraient être présentés hier à la justice.

A. B.

Oum El Bouaghi: Violences à Aïn Beïda

Hier, après la prière du Dohr, des centaines de jeunes émeutiers se sont rassemblés à la rue Farès Hanafi, à proximité de l’hôpital Boumali de Aïn Béïda.

Ils se sont attaqués au siège de la daïra en mettant le feu dans certains bureaux. S’en est suivi un affrontement avec les services de sécurité. Des bombes lacrymogènes ont provoqué un mouvement de panique parmi les émeutiers qui ont changé de cap pour caillasser l’antenne Mobilis. Toute l’avenue du 1er Novembre était noire de monde.

La rue Farès Hanafi a été fermée à la circulation automobile, laquelle a été bloquée avec des pneus brûlés et des branchages. Des jeunes déchaînés ont lancé des pierres en direction des agents de sécurité. Des cabines téléphoniques ont été démontées et un DAB saccagé. Par ailleurs, nous apprenons de sources sûres que des incidents similaires se sont produits hier, à Aïn Kercha.

Baâziz Lazhar

 

Sétif: Bouandas s’embrase

La ville de Bouandas, chef-lieu de daïra, située à plus de 70 km au nord de Sétif, était hier le théâtre d’un violent mouvement de protestation.

 

Des centaines de jeunes ont coupé la RN75 reliant leur localité à Sétif et Bejaïa, et ont incendié les sièges de l’ADE, la Sonelgaz et les finances. De nombreux poteaux et plaques de signalisation ont fait les frais de la furie des manifestants. Selon des témoins, ces derniers ont même tenté de s’introduire à l’intérieur de la sûreté de daïra. D’après les mêmes sources, ces heurts ont fait plus de 20 blessés, entre manifestants et policiers.

La commune de Beïda Bordj, à 50 km au sud du chef-lieu de wilaya, a connu la même violence. Ayant coupé le CW64 reliant la localité à Aïn Azel, les jeunes, qui ont tenté de dévaster le nouveau siège de la commune, ont détruit l’agence postale et saccagé son mobilier et distributeur automatique. L’on apprend par ailleurs que les forces de sécurité, qui ont récupéré trois des quatre fusils à pompe volés du siège de l’opérateur de téléphonie Nedjma, ont arrêté plus de 100 manifestants à Sétif ville, où règne un calme précaire. A El Eulma l’on apprend que ça commence à barder.
Kamel Beniaiche

 

Guelma: Tentatives d’émeutes

À Héliopolis, hier en début de matinée, des jeunes ont bloqué, pour la deuxième fois en l’espace de 24 heures, au moyen de pneus enflammés et de troncs d’arbres, la RN21 axe routier Guelma-Annaba, à hauteur du pôle universitaire de cette commune. Quelque temps après, l’intervention des forces de l’ordre a permis de rétablir la circulation. Des actes de pillage et de vandalisme ont été commis dans la soirée de vendredi dans les communes d’Héliopolis, Belkheir, et à Guelma-ville malgré les appels au calme lancés lors de la prière du vendredi par les imams.

Karim Dadci

 

Djelfa: Arrestation de 21 émeutiers

L’alerte est à son maximum à Djelfa, suite à de violentes émeutes ayant secoué la région en plusieurs endroits.

 

Néanmoins, les saccages d’immeubles et d’édifices publics semblent avoir pris fin, du moins pour l’heure. La situation reste tout de même tendue. Dans la nuit de vendredi à samedi vers 21h, la ville de Djelfa a connu des troubles marqués par des affrontements entre les émeutiers et les forces de l’ordre au carrefour de Bab Charef. La riposte des éléments antiémeute a permis, de justesse, de faire échouer la tentative de dizaines de jeunes de s’attaquer à une agence postale et à l’inspection des domaines.

La police a usé de tous les moyens en sa possession (matraques, bombes lacrymogènes et même le corps à corps) sauf les tirs à balles réelles. L’agitation a pris fin deux heures plus tard. Vingt et un émeutiers ont été embarqués, apprend-on de sources sécuritaires ayant requis l’anonymat. Enfin, le fait marquant qui a provoqué un grand désarroi au sein de la population toute entière c’est certainement la dévastation de la salle de soins du village de Ouled Obeidallah, à 10 km du chef-lieu de wilaya. Une structure moderne équipée en moyens médicaux sophistiqués, qui a été réduite à néant !

Abdelkader Zighem

Médéa: Une longue nuit d’affrontements

Une accalmie a été constatée dans la journée d’hier à Médéa au sein des quartiers chauds à forte densité humaine, en particulier ceux de Beziouche et Theniet El Hadjar, qui ont été secoués dans la nuit de vendredi par de violentes émeutes menées par de jeunes adolescents.

 

Des traces de pneus brûlés, de troncs d’arbres calcinés, d’abribus détruits, de carreaux d’édifices brisés et des annexes des services des P et T et de l’APC saccagées, tel est le décor laissé par une nuit de violence au sein de ces cités-dortoirs. Il a fallu de gros efforts, à l’aide d’engins, aux services de sécurité pour rétablir tard dans la nuit la circulation sur les voies bloquées. Selon le responsable de la cellule de communication de la sûreté de wilaya, on ne déplore aucune victime, que ce soit parmi les émeutiers ou du côté des policiers après une longue nuit de violents affrontements.

A. Teta

Khemis Miliana: Neuf manifestants sous mandat de dépôt

A l’issue de leur audition par le procureur du tribunal de Khemis Miliana, 9 jeunes parmi les 15 arrêtés suite aux troubles qu’a connu cette ville dans la nuit de jeudi à vendredi ont été placés sous mandat de dépôt et les 6 autres ont été remis en liberté, a-t-on appris de source sécuritaire.

 

Les personnes emprisonnées sont accusées d’«attroupement avec armes blanches», «incitation à l’émeute», «destruction de biens publics et privés» et «violence à l’égard des forces de l’ordre», a encore ajouté la même source. Les inculpés sont âgés de 18 à 29 ans et parmi eux figurent des récidivistes et des étudiants, a-t-on encore appris. Des instructions fermes ont été données par les hautes autorités de sanctionner sévèrement les coupables, a indiqué la même source. Dans la ville règne un climat de suspicion en raison de la présence de nombreux policiers en civil, ce qui ajoute à la tension de ces dernières heures, bien que la situation semble maîtrisée, d’après le chef de sûreté de daïra de Khemis Miliana.

Aziza L.

La tension persiste à Chlef: 56 jeunes présentés à la justice

Après avoir été arrêtés ces derniers jours par les services de sécurité, 56 jeunes des communes voisines de Chlef et de Chettia ont été présentés hier au procureur de la République près le tribunal de Chlef.

Ils ont été ensuite répartis entre les trois chambres d’instruction où ils ont été auditionnés pendant toute la journée. Ces jeunes sont tous poursuivis pour des faits relevant des assises. Parmi eux, figurent beaucoup de mineurs, des lycéens, un étudiant en 4e année d’interprétariat et un émigré de 42 ans qui était venu rendre visite à sa sœur à Chlef. Les proches des jeunes arrêtés s’étaient rassemblés devant le tribunal de Chlef à l’affût de la moindre information concernant le sort de leurs enfants.

Un important dispositif de sécurité a été déployé autour de la juridiction concernée. Signalons que contrairement à Chettia, la ville de Chlef n’a pas connu de manifestation ni d’affrontements entre les services de sécurité et les jeunes. La tension reste tout de même très vive, surtout après l’arrestation et la présentation devant le juge des 56 jeunes. La région est quadrillée et tous les carrefours et édifices publics sont étroitement surveillés par les forces de l’ordre.
Ahmed Yechkour

11-01-09 - El Watan -- Violents affrontements à Tipasa Un décès et des blessés graves

Violents affrontements à Tipasa: Un décès et des blessés graves

El Watan, 9 janvier 2011

A Hadjout, les manifestants ont mis le feu au niveau du parc communal et tenté de saccager l’agence postale située en plein centre-ville.

La nuit de vendredi à samedi a été fortement marquée par une multitude de foyers de tension au niveau des localités de Koléa, Fouka, Bou Ismaïl, Bourkika, Hadjout et Cherchell. Le bilan des affrontements entre les jeunes manifestants et les forces de sécurité fait état d’un mort par balle du côté des manifestants au niveau de la localité côtière de Bou Ismaïl. Néanmoins, si la mort de ce citoyen, âgé de 33 ans, a été confirmée, il reste à en déterminer l’origine. Aucune source officielle ne voulait s’aventurer à dévoiler les circonstances précises de la mort de ce manifestant.

Cela explique l’évacuation de sa dépouille vers le CHU de Blida pour y subir une autopsie. Par ailleurs et toujours dans la même localité, une vingtaine de policiers ont été grièvement blessés. Un jeune policier a été atteint en plein visage, subissant un grave traumatisme facial. «C’était énorme, ce fut une guérilla urbaine indescriptible, les émeutiers avaient imposé leur loi dans les quartiers populaires et le centre-ville», affirment des citoyens.
Les affrontements qui s’étaient produits jusqu’à 2h entre les policiers et les manifestants ont par la suite dégénéré sur des actes d’une très rare violence. Des groupes constitués de très jeunes manifestants ont commencé à s’organiser dès la tombée de la nuit, pour dérouter les forces de l’ordre. Les éléments nouveaux qui sont apparus sont l’utilisation par les émeutiers de plusieurs armes blanches (barres de fer, épées, couteaux de boucher, cocktails Molotov). Cela explique le haut degré de violence et le nombre croissant des victimes.
Des émeutiers utilisent les cocktails Molotov pour s’attaquer aux forces de l’ordre et aux biens publics. Beaucoup de familles qui voulaient regagner leur domicile à Hadjout et Koléa nous ont fait part de contraintes rencontrées, les obligeant à faire des détours et galérer sur les routes en pleine nuit.

A Hadjout, les manifestants ont mis le feu au niveau du parc communal et tenté de saccager l’agence postale située en plein centre-ville. Des véhicules appartenant à l’APC ont été incendiés. Un cocktail Molotov a été lancé dans la résidence du chef de daïra de Hadjout, sans causer de dégâts. Bourkika, l’autre localité située à l’est de Hadjout a également connu des actes de violence. Une bande de jeunes émeutiers s’est attaquée à l’unité vinicole de l’ONCV. Dans leur élan de furie, et face à l’impuissance des gardiens, les manifestants ont accaparé plus de 500 bouteilles de vin avant de quitter les lieux, sans rien détruire ni incendier.
Les localités de la partie est de la wilaya de Tipasa ont été plongées dans des actes de violence en cette nuit de vendredi à samedi. Celle-ci a été extrêmement violente notamment à Bou Ismaïl, Hadjout, Koléa et Fouka. Du reste, de tels actes ont été signalés à Cherchell, Bourkika, Meurad. Les journées sont calmes. Hier, nous avons appris qu’une équipe de l’ENTV sillonnait quelques quartiers de Bou Ismaïl afin de permettre aux citoyens de s’exprimer.

En début d’après-midi, l’enterrement de la victime de la nuit précédente n’est toujours pas confirmé.
Les forces de sécurité sont mobilisées pour éviter les débordements. Les responsables de la police et de la Gendarmerie nationale ont noué des contacts avec les notables des villes marquées par la violence pour les sensibiliser sur les conséquences de tout dérapage.
M'hamed Houaoura

11-01-09 - Le Quotidien d'Oran -- Saccages, panique et marchés interdits à l'Ouest

Saccages, panique et marchés interdits à l'Ouest

par H.Barti, K.Assia, E-H. Dilmi & A.Bekkaï, Le Quotidien d'Oran, 9 janvier 2011

Une cinquantaine de jeunes, principalement des étudiants et des artistes, ont répondu hier à l'appel lancé sur le site communautaire «Facebook» pour l'organisation de manifestations pacifiques à Oran.

Les participants se sont donné rendez-vous à 14 h à la Place du 1er Novembre (ex-Place d'Armes), à côté du Théâtre régional d'Oran «Abdelkader-Alloula», où ils ont brandi une banderole sur laquelle ils avaient écrit: «Djazaïrouna» «Notre Algérie» en portant l'emblème national. Une démarche par laquelle on a voulu donner lieu à «une expression citoyenne revendicative mais non violente», tout en se démarquant des actes de troubles et de vandalisme enregistrés depuis mercredi denier. Cause perdue car, finalement, les manifestants ont été contraints par les forces de l'ordre à quitter les lieux et à se disperser. L'argument avancé : le «risque que le rassemblement ne soit récupéré par des casseurs». Loin d'être découragés, les participants à ce mouvement pacifique ont décidé de marcher ensemble en direction de la rue Larbi Ben M'hidi. Une initiative qui a été également interdite par les policiers en faction à l'entrée de cette artère principale du centre-ville. Après ce deuxième revers, les manifestants ont fini par se disperser dans le calme sans qu'aucune interpellation soit enregistrée. Par ailleurs, dans le quartier populaire d'El-Hamri, de nouveaux incidents ont été enregistrés hier au niveau de l'avenue principale où des policiers ont essuyé des jets de pierres de la part de dizaines de jeunes du quartier. Un mouvement qui a été très vite maîtrisé par les éléments de la brigade antiémeute qui a dispersé la foule. Dans le reste de la ville, la tension restait palpable, notamment au centre-ville et Medina Djedida où un vent de panique a contraint l'ensemble des commerçants à baisser leurs rideaux de crainte de nouveaux dérapages. Un calme précaire y régnait et les forces de l'ordre sont restées mobilisées au niveau des principaux points stratégiques de la ville. La veille, les émeutes se sont poursuivies jusque tard dans la nuit, notamment à El-Hamri, St Pierre et Delmonte.

Une centaine d'arrestations et 28 policiers blessés

Par ailleurs, le secrétaire général de l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA) de la commune de Sidi Chahmi ainsi qu'un membre de l'Union ont été arrêtés, avant-hier, par les services de la gendarmerie de cette localité pour incitation aux troubles à l'ordre public. Une enquête a été ouverte par les services compétents. Dans le même contexte, une centaine de manifestants ont été interpellés, vendredi, par les services de police après les émeutes qui ont ébranlé le centre-ville, les quartiers de Gambetta, Zraâ, Petit-Lac et El-Hamri. Les émeutiers seront présentés aujourd'hui ou au plus tard demain pour dégradation de biens et troubles à l'ordre public. Pour la journée de vendredi, les gendarmes ont, pour leur part, arrêté onze manifestants pour des motifs similaires dans les communes limitrophes d'Oran. D'autre part, le dispositif sécuritaire a été renforcé davantage avec la mobilisation de nouvelles brigades de policiers. Ces émeutes n'ont pas été sans causer des blessures aux forces d'intervention. Ainsi, 28 policiers ont été blessés et transférés aux urgences médicales où ils ont reçu les soins nécessaires.

Tiaret: plusieurs équipements publics saccagés

Pour la deuxième journée consécutive, des heurts violents entre jeunes émeutiers et forces de l'ordre continuaient de marquer hier samedi plusieurs quartiers populaires de la ville de Tiaret, à l'exemple de la cité «Bouhenni» sur les hauteurs nord de Tiaret où des scènes de saccage d'équipements publics ont été enregistrées. Et même si la protestation se limitait à quelques groupes de jeunes isolés dans chaque cité, la majorité des citoyens assistait estomaquée aux scènes de violence. Au centre, des commerces appartenant à des privés ont également été dégradés et des magasins pillés. De l'autre côté de la ville, à la cité «Volani», la plus importante concentration d'habitants du sud de la ville, des heurts ont repris hier après-midi entre policiers et jeunes manifestants. Vendredi après la grande prière, de nombreux équipements publics ont été détruits à Sougueur, à l'exemple du siège du tribunal, les locaux de l'APC, le parc communal dont des véhicules ont été saccagés ou encore le siège de la Sonelgaz détruit en partie. A Mahdia, à l'Est de la wilaya, plusieurs installations publiques et privées ont été mises à sac comme le nouveau siège de la Sonelgaz gravement dégradé et la voiture du chef de daïra qui a été incendiée à son domicile par de jeunes émeutiers surexcités. A Tiaret, un lycée entièrement rénové a été détruit et des ordinateurs volés. Les sièges d'une banque et d'un bureau de poste ont également été dégradés vendredi soir et la cité universitaire des filles a été protégée au dernier moment par des gendarmes contre un envahissement par de jeunes émeutiers venus du populeux quartier de Zaâroura. De source sécuritaire, l'on faisait état hier d'au moins quarante policiers blessés à Tiaret, Mahdia

et Sougueur. Hier, vers seize heures, la situation restait toujours tendue au moment où l'on parlait d'un renfort de policiers dépêché de Mostaganem et la visite de l'ambassadeur de France, prévue aujourd'hui dimanche à Tiaret, qui serait purement et simplement annulée.

Tlemcen gagnée par les émeutes

L'étincelle, qui avait éclaté la veille à Chetouane, a gagné hier en début d'après-midi la ville de Tlemcen et sa banlieue, en l'occurrence le faubourg populeux de Sidi Saïd, Bab Sidi Boumediene et Koudia. Déjà, dans la matinée, un mouvement inhabituel de véhicules des services de sécurité laissait présager des incidents. Un dispositif impressionnant était remarqué au cœur de la ville El Blass où des attroupements de jeunes sur l'expectative sont observés. Une tentative de caillassage du CCF sera avortée. A Bab Sidi Boumediene, c'est le poste de police implanté au lieudit «Joutia» qui sera la cible de jet de pierres. A la pluie de projectiles hétéroclites des jeunes répondait un déluge de bombes lacrymogènes des forces antiémeutes. Les artères commerçantes, telles la rue Kaldoun, Sidi Hamed, El Kissarya, se videront des passants et des chalands. Les commerces baisseront précipitamment rideau. El Medress, qui grouillait de monde la matinée, offrait l'image d'une place morte. Le trafic automobile deviendra rare et les bus disparaîtront de la circulation de peur des dégâts. La panique commençait à gagner les usagers qui se pressaient pour rentrer chez eux.

C'est dans la soirée du vendredi, vers les coups de 20 h, que l'étincelle de l'émeute éclatera à Chetouane. En colère, un groupe de jeunes, issus du bidonville appelé communément «brariques», s'en prendra aux lampadaires et aux panneaux de signalisation lumineux au niveau de la polyclinique. Alertées, les forces antiémeutes de la police ne se feront pas attendre et commenceront par disperser la foule des badauds. Les émeutiers étaient retranchés au niveau de Haï Zitoun, quartier d'habitat précaire surplombant la localité. Aussitôt, les forces antiémeutes chargeront les jeunes en furie en lançant à leur tour des bombes lacrymogènes.

A Sidi-Bel-Abbès, apprend-on de sources concordantes, le siège des impôt a été pillé avant d'être ncendié et et celui de l'APC était assiégé par de nombreux jeunes.


11-01-09 - Gulf News -- Algerian authorities vows to punish food rioters

Algerian authorities vows to punish food rioters

Out of the 826 people injured, the Interior Minister said 763 were police.


Algiers: Algerian authorities on Sunday vowed to punish those responsible for nationwide food riots in which at least four people were reported killed and more than 800 injured.

Warning that troublemakers "will not go unpunished," Interior Minister Dahou Ould Kablia was quoted as saying in press reports that around 1,000 protestors had been arrested, many of them minors, during the weekend disturbances.

He said they would appear before judges beginning on Sunday.

Out of the 826 people injured, the minister said 763 were police.

The latest victim was a young man shot dead late Saturday in the Tiaret area, located 340 kilometres (200 miles) west of Algiers as he tried, along with his father, to protect their bar from troublemakers, several sources said Sunday.

Kablia announced Saturday that three youths were killed in M'sila, Tipaza and Boumerdes, three towns where the unrest had broken out.

Some of those arrested face charges of arson and "injuries resulting in death", lawyer Rachid Menadi told AFP.

In a bid to curb the price rises, some as high as 30 per cent since January 1, the government on Saturday announced a temporary 41 per cent cut in customs duties and taxes on sugar and food oils.

On Sunday, calm appeared to return to all cities and towns which had been hit by rioting.

In Algiers, stores began to reopen, although the lower taxes on sugar and food oils announced by the government have yet to take effect.

"I paid 15 dinars (0.15 euros) for a croissant which I normally buy for 10 dinars and the baker explained that that this was because of the higher price of sugar," said an electrician who identified hismelf only as Murad.

The unrest in Algeria, which is still under a state of emergency following a civil war with Islamist extremists in the 1990s, comes as the UN Food and Agriculture Organisation (FAO) food price index hit its highest level since it began in 1990.

The rioting was carried out by youths born in the 1990s, when bloody clashes between security forces and Islamists left tens of thousands of people dead, said an executive in a public works firm located in a a restive city district.

"We are talking of a generation that has grown accustomed to violence and has no point of reference," he added.

In Borj el Bahri, a district east of Algiers, the rioters, mainly teenagers, attacked schools, the public library and the post office.

About 75 per cent of Algerians are under the age of 30, and 20 per cent of youths are unemployed, according to the International Monetary Fund. Many are well-qualified but cannot find work.

Most of the country's political parties have called for immediate measures to tackle the crisis.

The National Liberation Front (FLN), the leading member of the country's ruling coalition, called in a statement issued Saturday for "concrete measures to fight against the leap in prices and to protect the purchasing power" of Algerians.

"Controls must be imposed on prices. Speculation and monopoly must be fought against," the party said, while condemning "theft and pillaging" during the riots.

The General Union of Algerian Workers and Trade Minister Mustapha Benbada have accused producers and wholesalers of inflating prices ahead of new measures requiring them to systematically bill for their goods.

In Tunisia, the opposition said at least 20 people were killed in weekend clashes which have also been sparked by high food prices and youth unemployment.

11-01-09 - Khaleej Times -- 3 dead, 800 injured, 1,000 arrests in Algeria

3 dead, 800 injured, 1,000 arrests in Algeria

(AFP)

9 January 2011

ALGIERS — Three people have been killed and over 800 injured in riots in Algeria linked to rising food costs and unemployment, Sunday’s press quoted the interior minister as saying.

Interior Minister Dahou Ould Kablia also said that around 1,000 protestors had been arrested, many of them minors, and were beginning to be taken before judges on Sunday.

He warned that troublemakers “will not go unpunished.”

Out of the 826 injured, the minister said 763 were police.

Some of those arrested face charges of arson and “injuries resulting in death”, lawyer Rachid Menadi told AFP.

In a bid to curb the price rises, some as high as 30 percent since January 1, the government on Saturday announced a temporary 41 percent cut in customs duties and taxes on sugar and food oils.

The unrest in Algeria, which is still under a state of emergency following a civil war with Islamist extremists in the 1990s, comes as the UN Food and Agriculture Organisation (FAO)’s food price index hit its highest level since it began in 1990.

About 75 percent of Algerians are under the age of 30, and 20 percent of the youth are unemployed, according to the International Monetary Fund. Many are well-qualified but cannot find work.

11-01-09 - La Croix -- Les jeunes Algériens s’enfoncent dans la violence


Les jeunes Algériens s’enfoncent dans la violence


Depuis quelques jours, les affrontements se sont multipliés, dans la plupart des villes du pays, entre les jeunes et la police. Les manifestants dénoncent le chômage, la vie chère et les difficultés de logement

Scènes de violence à Constantine, samedi 8 janvier (photo AP).

Un calme précaire régnait à Alger, dimanche 9 janvier après-midi, dans les nombreux quartiers qui se sont embrasés jeudi dernier 6 janvier. Mais plusieurs « villes mortes » à l’intérieur du pays témoignaient de la tension persistance entre jeunes émeutiers et forces de l’ordre. Les heurts, durant le week-end, dans plus de la moitié des 48 wilayas (départements) d’Algérie ont fait quatre morts et plus de 800 blessés parmi les manifestants, tandis que la police déplorait un mort et plusieurs dizaines d’agents blessés.

Le ministre de l’intérieur, Daho Ould Kablia, a affirmé que la police et la gendarmerie avaient arrêté plus de 1 000 personnes au soir du troisième jour des émeutes. Le gouvernement algérien pense avoir paré au plus urgent. Il a « estimé » que les jeunes émeutiers étaient en colère à cause de la hausse des prix des produits de base, le sucre et l’huile en particulier, et a donc pris des mesures spectaculaires sur le sujet.

Un conseil interministériel a décidé, samedi, de suspendre durant les huit premiers mois de 2011 les droits de douanes, la TVA et les impôts sur le bénéfice (IBS), pour les importateurs de sucre et d’huiles ou d’intrants pour fabriquer de l’huile. Le gouvernement en escompte une baisse des prix de 41 %, qu’il a intimé l’ordre aux acteurs de la filière de répercuter jusqu’au client final. Mais, dès hier, les critiques se sont multipliées sur l’efficacité de ces mesures.

Pas de claires revendications

Les jeunes émeutiers ne se sont presque jamais exprimés clairement sur leurs revendications, trop occupés à échanger les projectiles avec les policiers et à détruire bâtiments publics et magasins privés, le plus souvent en vue de les piller. « L’accélération de l’inflation depuis quelques mois a compliqué le tableau. Mais la tension en Algérie est vive depuis longtemps. Il y a eu 1 200 foyers d’émeutes depuis deux ans, avant cet embrasement. Relogement, accès à l’eau, infrastructures routières, abus des policiers contre les vendeurs ambulants… les motifs d’émeutes sont nombreux et récurrents », rappelle Said Medjkoun, sociologue.

À Oran, d’où les grandes émeutes sont parties dans la matinée de jeudi, les jeunes du quartier périphérique de Chteibo, où sont concentrés les nouveaux stands d’exposition des distributeurs de voitures, se sont acharnés sur les belles baies vitrées. « Nous sommes entourés de concessionnaires qui ne nous recrutent jamais », s’est plaint un manifestant qui affirme être diplômé universitaire. « J’ai juste besoin d’un petit boulot. À mon âge, je n’ai ni emploi, ni voiture, ni petite amie », a-t-il déclaré au correspondant d’un journal en ligne.

« L’exclusion du monde du travail » est considérée par Akli Saker, économiste, « comme une des sources principales du désespoir d’une partie de la jeunesse ». Pour Said Medjkoun, « une partie de la jeunesse algérienne est dans une forme de suicide. Il y a tous les ans des dizaines de jeunes qui meurent en mer en tentant de rejoindre les côtes espagnoles ou italiennes Il y a encore des jeunes qui rejoignent le maquis islamiste en Kabylie ou dans le Sud. »

Une presse impitoyable

Le gouvernement d’Ahmed Ouyahia, qui se vantait, il y a quelques jours encore, de l’excellence de la situation des finances publiques (120 milliards d’euros de réserves de change), n’a pas été pour autant totalement pris de court par l’ampleur de la révolte. Le général Hamel, directeur général de la sûreté nationale (DGSN), a annoncé la semaine dernière une augmentation de 50 % des salaires du corps de la police, une déclaration qui a sans doute aidé à mettre le feu aux poudres dans les milieux populaires en difficulté.

La sûreté nationale s’est, par ailleurs, équipée en 2010 de plusieurs dizaines de milliers de nouveaux boucliers, lance-grenades lacrymogènes et pistolets à balles en caoutchouc. Une anticipation qui a évité un bilan plus grave en morts, le recours aux armes à feu pour défendre les commissariats assiégés ayant été « très limité », selon le ministère de l’intérieur.

Une partie de la presse algérienne est devenue impitoyable avec la gouvernance économique du président Abdelaziz Bouteflika, qui a réussi « à générer émeutes et morts », alors que « le gouvernement a dépensé pour près de 230 milliards d’euros en programmes publics depuis cinq ans ». L’incompétence de la gestion des années Bouteflika n’est pas seule à être évoquée, l’aggravation de la corruption à tous les étages de la responsabilité publique est également citée comme une cause de la colère des exclus.

Scandales colossaux

En 2010, deux colossaux scandales, parmi une vingtaine d’autres affaires, ont particulièrement secoué le pays ; l’un touchant la direction de Sonatrach, le géant pétrolier et gazier algérien, et l’autre la réalisation de l’autoroute est-ouest de 960 km, le chantier le plus onéreux du conti nent africain. Des ministres proches du président Bouteflika ont dû quitter le gouvernement et le soutien au clan présidentiel du DRS, la sécurité militaire, qui est l’organe politique de l’armée, a tourné en hostilité à peine voilée.

« Rapporté à l’évolution de la protestation populaire en Tunisie, il n’y a personne en Algérie dans les élites politiques ou dans le tissu associatif et syndical capable de prendre la tête et d’organiser une telle révolte. La disparition de la politique, c’est le plus grand désastre des années Bouteflika », s’exclame Mourad Sayehi, un militant syndicaliste de l’enseignement. Même Ali Benhadj, le tribun islamiste devenu leader populaire lors de la révolte d’octobre 1988, à laquelle tout le monde fait référence depuis quatre jours, « s’est fait jeter » par les jeunes de Bab-El-Oued. « Une Algérie écervelée a déboulé dans la rue », déplore Sayehi. Elle ne combat que la police et ne reconnaît personne.

Amine KADI, à Alger

11-01-09 - Maghreb Emergent -- Révoltes sociales en Algérie et en Tunisie similitudes et différences

Révoltes sociales en Algérie et en Tunisie : similitudes et différences

Yassin Temlali. Maghreb Emergent, 09 Janvier 2011

Les révoltes sociales actuelles en Tunisie et en Algérie ont été provoquées par des malaises socio-économiques similaires, qui ont particulièrement affecté des couches juvéniles, peu intégrées dans le système économique. Elles prennent les mêmes formes, celles d’affrontements violents avec les forces de sécurité et d’attaques contre les symboles de l’Etat. Elles n’en présentent pas moins des différences qu’il est intéressant de relever.

La révolte de la jeunesse algérienne a commencé à Oran et Alger, avant d’embraser l’est et l’ouest, le Nord et le Sud, les régions montagneuses et les Hauts-Plateaux. En ébullition pendant de longues années si l'on en juge par la fréquence des protestations sociales depuis le « Printemps noir » (avril 2001), l’arrière-pays a passé le témoin aux quartiers traditionnellement contestataires des deux plus grandes villes algériennes, notamment ceux de la capitale, d’où, il y a plus de 22 ans, était partie l’intifada d’octobre 1988.

En Tunisie, en dépit de l’extension géographique des protestations, leurs foyers demeurent les régions déshéritées du Centre (Sidi Bouzid) et de l’Ouest (Kasrine, Gafsa, etc.), où le régime de Zine El Abidine Ben Ali est perçu comme une coterie régionaliste, qui favorise la capitale et le Sahel au détriment de l’intérieur. Il n’y a pas eu d’« émeutes » à proprement parler dans les quatre gouvernorats du Grand-Tunis (Tunis, Mennouba, Ariana, Ben Arous) ni dans le touristique Cap-Bon (Nabeul, etc.), et l’intensité de l’agitation sociale est réduite dans les gouvernorats du Sahel (Sousse, Sfax, etc.). Dans toutes ces régions, la contestation prend plutôt la forme de manifestations de lycéens et d’actions de soutien à la jeunesse insurgée à Sidi Bouzid, Gafsa etc. menées par les militants syndicaux et politiques.

Les protestations sociales dans l’arrière-pays, moins impliqué que Tunis dans les luttes démocratiques de ces dernières années (avec une exception notable pour une ville comme Gafsa), rappellent la gravité du déséquilibre régional entre deux Tunisie : l’une accaparant les investissements et les opportunités d’emploi et l’autre, principalement agraire, peu atteinte par les bienfaits du « miracle tunisien ».

En Algérie, les contrastes de développement ne sont pas négligeables entre les villes et les campagnes, le Nord et le Sud, etc., mais ils semblent avoir été éclipsés dans les consciences par des contrastes encore plus choquants, entre la richesse de l’Etat et la stagnation des revenus des salariés, entre les énormes besoins en termes d’emplois et la dilapidation des deniers publics par des responsables corrompus ou dans des grands projets confiés aux sociétés étrangères pour des raisons électoralistes (leur inauguration rapide par le président Bouteflika).

Cette prise de conscience de l’approfondissement des inégalités a été aiguisée par les forfanteries des ministres d’Ahmed Ouyahia, qui ne manquent pas une occasion d’aligner les chiffres mirobolants des réserves de change, des revenus des exportations d’hydrocarbures et des recettes du « Fonds de régulation », géré depuis une décennie comme une caisse noire échappant à tout contrôle parlementaire. Elle explique la violence du ressentiment envers les autorités (les attaques contre les administrations publiques, etc.) aussi bien que le caractère national du soulèvement.

L’Algérie : un contre-exemple pour les uns, un exemple pour les autres

L’intifada de Sidi Bouzid n’a pas été un coup de tonnerre dans un ciel serein. Elle a été précédée, en janvier 2008, par une autre, très longue (5 mois), dans les localités du Bassin minier de Gafsa et, en août 2010, par des violentes manifestations à Ben Guerdane (près de la frontière libyenne) contre des mesures gouvernementales restreignant le commerce transfrontalier. Cependant, avant janvier 2008, le régime de Ben Ali avait réussi à réduire les contestations sociales à leur dimension syndicale. Conjuguée aux satisfécits que lui adressaient le FMI et l’UE, si répétitifs qu’ils en devenaient ennuyeux, cette paix civile relative lui avait fait croire que son « modèle de développement » bénéficiait de l’adhésion de toute la population et que de tous leurs droits, les Tunisiens n’étaient plus intéressés que par le « premier » d’entre eux selon une déclaration de Jacques Chirac à Tunis (décembre 2003), le « droit de manger ».

Le pouvoir tunisien a consacré cette longue période plus ou moins « paisible » au niveau social (1987-2008) au démantèlement des organisations du courant islamiste (les années 1990) et à la lutte contre le mouvement démocratique (les années 2000), d’autant plus revigoré que le parti El Nahda s’était sensiblement affaibli sous les coups d’une répression d’une rare férocité. La presse officielle et semi-officielle n’hésitait pas à agiter l’épouvantail de l’insécurité pour justifier la chape de plomb imposée à la société. La baisse de l’intensité de la rébellion islamiste chez le voisin occidental a privé Ben Ali de son édifiant « contre-exemple ». Les soulèvements populaires qu’a vécus l’Algérie dès 2001 ont achevé de démontrer que si dans ce pays fortement agité, les « impératifs du combat anti-terroriste » ne servaient plus à étouffer le front social, il pourrait en aller de même dans un Etat aussi « stable » que la Tunisie.

Les batailles démocratiques menées en Tunisie (notamment depuis 2001, avec les actions de soutien au journaliste Tewfik Ben Brik) ont maintenu dans ce pays un niveau de mobilisation politique appréciable en des circonstances de répression aussi dures. Elles ont uni des centaines de militants dans un large front contre la « dictature policière » qui a accueilli de nouveaux acteurs (bloggers opposés à la censure, artistes, etc.). Un tel front n’existe pas en Algérie, où les « démocrates » restent profondément divisés par leurs anciennes divergences sur l’attitude à prendre envers l’islamisme armé et le régime qui le combattait au nom de la « sauvegarde de la République ».

La constance de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), des comités de défense des détenus d’opinion, etc. a maintenu en éveil l’intérêt international pour la situation des libertés en Tunisie. Connues grâce aux télévisions satellitaires et à l’Internet, les luttes de ces collectifs ont servi d’antidote au fatalisme que les autorités œuvraient à propager parmi la population. Ce sont des militants politiques, syndicaux et associatifs qui, aujourd’hui, organisent la solidarité avec les habitants de Sidi Bouzid, de Gafsa et de Kasrine. Ce sont eux également qui portent leur voix dans les médias internationaux.

Le relais efficace du syndicat en Tunisie

Si le régime de Ben Ali a éliminé d’importantes médiations possibles entre lui et la population (partis crédibles, associations...), il n’a pas réussi à concrétiser le rêve caressé par Habib Bourguiba de transformer l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) en un syndicat-maison. Contrepoids au pouvoir politique depuis l’indépendance et terrain d’action privilégié pour la gauche radicale, l’UGTT n’a pas soutenu la jeunesse de la Tunisie profonde seulement par des sit-in, dont deux devant son siège central, le 25 décembre 2010 et le 7 janvier 2011. Elle l’a aussi soutenue en portant sa voix dans la presse mondiale, qui continue à recueillir ses informations auprès de « sources syndicales ».

La direction de l’UGTT a certes appuyé la candidature de Ben Ali à la présidence en 2004 et 2009 (au prix d’une crise intérieure) et la majorité de ses membres, rassemblés autour du secrétaire général Abdesselam Jerad, sont loin d’être indépendants. Toutefois, cette organisation compte à ses échelons intermédiaires (directions des syndicats de la fonction publique : santé, éducation nationale, etc.), des dirigeants suffisamment radicaux pour saluer l’intifada de Sidi Bouzid en des mots plus francs que ceux du bureau exécutif. L’implication de dizaines de syndicalistes dans les luttes démocratiques de ces dernières années est également un fait notoire. Leur radicalisme explique que la direction de la centrale ne cède pas complètement aux pressions des autorités, qu’elle appuie les populations révoltées et appelle même à élargir le champ des libertés (déclaration du 4 janvier 2011).

Ce n’est pas le cas pour l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), de plus en plus inféodée au régime depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir, en 1999, et dont la majorité des secrétaires nationaux sont membres des deux « partis officiels », le FLN et le RND. Cette soumission au gouvernement a achevé de détacher d’elle des pans entiers de syndicalistes, qui l’ont quittée pour des syndicats autonomes plus combatifs. Elle explique sa quasi-indifférence aux contestations en cours dans le pays. Celles-ci n’ont fait l’objet que d’une seule déclaration (rendue publique le 7 janvier 2011) dans laquelle elle défend le point de vue du gouvernement qui accuse les « spéculateurs » d’être à l’origine de la crise actuelle.

Y. T.


11-01-09 - l'Expression -- Aucun édifice public n’est épargné

ÉMEUTES DU SUCRE ET DE L’HUILE
BÉJAÏA, AMIZOUR ET EL KSEUR
Aucun édifice public n’est épargné
Arezki SLIMANI  - Dimanche 09 Janvier 2011 - Page : 6




Institutions étatiques, banques étrangères et biens privés, rien n’a échappé à la force destructrice des manifestants.

La tension était encore hier assez vive en basse Kabylie pour parler d’un retour à la normale. Un retour qui n’est pas de mise si l’on considère l’évolution de la situation, notamment en début d’après-midi. Des milliers de jeunes manifestants ont tenté d’assiéger le seul édifice public qui reste encore en l’état, la colère étant encore, hier, au rendez-vous. Malgré les appels continus au calme, la situation est restée tendue. Et rien ne semble convaincre les jeunes, las d’être les dindons de la farce.
Même si l’ensemble des habitants de la région de Béjaïa ne semblent pas d’accord avec cette manière de faire, entendre par là, politique de la terre brûlée, il reste qu’indirectement, on est quelque peu content. Ce sentiment est très perceptible chez le simple citoyen, celui qui, au quotidien, subit les affres de la vie difficile.
Hier, Béjaïa a de nouveau vibré à l’appel de la colère. Toutes les localités frondeuses ont fait part de leur mécontentement. Mais le cas le plus spectaculaire était celui de Béjaïa, chef-lieu de la wilaya, d’Amizour et d’El Kseur. Ces trois points d’affrontement se sont montrés fidèles à leur réputation. Pas un édifice public n’est épargné. Des sièges des directions étatiques en passant par quelques banques privées étrangères en allant jusqu’aux biens privés locaux, tout était bon pour la saccage et le pillage. C’est devenu la règle.
Dans la nuit de vendredi à samedi, les services de sécurité sont restés bizarrement «laxistes», pour reprendre les termes d’un locataire de la banque BNP Paribas, mais depuis hier, la vigilance était renforcée. La présence policière était plus accrue sans pour autant dissuader les tentatives d’attaques des édifices publics et privés.
L’hôtel des Finances, le siège de la wilaya ont continué à être la cible des manifestants qui ne veulent rien entendre des appels au calme encore moins des promesses du ministère du Commerce. La réunion ministérielle ne représentait rien pour les manifestants qui n’en attendent pas grand-chose. «Ça ne sert à rien de se réunir, il faut partir», répondait à notre question un manifestant qui s’apprêtait à assiéger le siège des impôts de Béjaïa. Un siège imprenable eu égard à la présence policière. La détermination des manifestants était telle que rien ne semble pouvoir justifier cette volonté de destruction excepté la hogra ressentie par tout un chacun dans cette région qui ne diffère pas trop des autres.
Les manifestants s’orientent vers le siège de la commune. L’évolution la plus redoutée arrive. Béjaïa aura eu sa deuxième journée mouvementée et le pire est à venir car hier des rumeurs persistantes parlaient d’une marche grandiose pour aujourd’hui. Tout le monde redoute cette manifestation qui comptera sans doute tous les habitants des autres régions qui, jusque-là, se sont occupés de leurs localités respectives. Leur présence renforcera celle des locaux.
Au total 28 blessés ont été dénombrés depuis le début des manifestations. 13 personnes ont été arrêtées dans la nuit de vendredi à samedi Elles ont été interpellées alors qu’elles s’en prenaient au siège de la CCI (Chambre du commerce et de l’industrie), qu’elles avaient pris pour la direction du commerce. La situation peut virer au pire d’un moment à l’autre à Béjaïa. Une ville qui pourtant retrouvait ses marques chaque jour avant que la situation ne dégénère en quelques heures. N’est-ce pas le propre de la colère citoyenne?

11-01-09 - l'Expression -- Des arrestations et des dizaines de blessés

CONSTANTINE
Des arrestations et des dizaines de blessés
Ikram GHIOUA  - Dimanche 09 Janvier 2011 - Page : 6

La mort du jeune à M’sila, serait causée par un individu n’appartenant pas aux forces de sécurité.


Les émeutes ont de nouveau éclaté à Constantine dans la nuit de samedi à vendredi avant que la tension ne baisse de nouveau durant toute la journée d’hier. Des escarmouches ont eu lieu partout dans les quartiers populaires et les communes de la wilaya. Des centaines de jeunes déchaînés armés de pierres et de cocktails Molotov ont investi les rues et allumé le feu en usant de troncs d’arbres et pneus pour bloquer les routes.
De violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont été enregistrés à Oued El Had, Djenan Zitoun, rue de Roumani, Chaâb El Rassas et Boumerzoug pour ne citer que ces lieux, causant des blessures dans les deux camps.
Selon certaines sources, des éléments des services de l’ordre ont été grièvement atteints par des pierres et on avance plus d’une dizaine de blessés parmi les forces de l’ordre et une quarantaine parmi les manifestants. Plusieurs arrestations ont eu lieu notamment à Oued El Had, où pas moins de 10 personnes ont été interpellées. A Aïn Smar, la nouvelle ville Ali Mendjli, Hamma Bouziane, Zighoud Youcef, El Khroub et autres localités de la ville des Ponts c’est le même scénario.
Des édifices étatiques ont été saccagés, des bus brûlés et des supermarchés vandalisés. Au centre-ville où l’on est aussitôt atteint par une psychose, les autorités ont pris la précaution d’assurer la sécurité. Des policiers ont été mobilisés devant les édifices étatiques et privés. Il faut dire que la ville est sous haute tension et la moindre étincelle peut provoquer le pire. La plupart des magasins sont restés fermés, hier, après une nuit agitée. Les forces de l’ordre ont été sommées de ne pas user de leurs armes et sous aucun prétexte.
La mort par balle réelle de ce jeune de 18 ans à M’sila, semble selon des sources sécuritaires avoir été causée par un individu étranger aux forces de sécurité. Si le peuple sorti spontanément dans la rue exprimer son ras-le-bol, revendiquant des besoins sociaux, des cercles mafieux et les lobbies de la spéculation jettent de l’huile sur le feu en ravissant à la société une paix chèrement payée. En tout état de cause, le climat reste tendu malgré un calme précaire enregistré hier matin. Les forces de sécurité sont en alerte et sommées d’agir sans causer le moindre dégât dans un climat qui en dit beaucoup sur un malaise social qui dure depuis plusieurs années.

11-01-09 - l'Expression -- La rue livrée à de graves dépassements

TENTATIVE DE VIOL, AGRESSIONS, PILLAGES ET SACCAGES
La rue livrée à de graves dépassements
Salim BENALIA  - Dimanche 09 Janvier 2011 - Page : 2

Armés de couteaux, les assaillants ont dépouillé de leurs portables des jeunes filles et des dames sans défense.


Suite aux violentes émeutes qui ont ébranlé ces dernières quarante-huit heures quelques wilayas du nord du pays, la majorité des citoyens s’avoue exaspérée par ces pics de violence soudaine. Si d’aucuns estiment que les raisons de la colère sont bien là, notamment suite aux hausses inconsidérées des prix des produits de première nécessité comme l’huile ou le sucre, nombreux sont ceux qui estiment que ce ne sont point là des motifs suffisants pour des dérapages aussi graves. Ainsi, à l’est d’Alger, notamment dans les localités de Dergana, Kahwet Chergui ou le quartier Beni Mered, véritables carrefours où se sont donné rendez-vous les manifestants, des pères de famille ont dû, et alors que les émeutes et leurs corollaires de scènes de pillage battaient leur plein, sortir dans la rue, gourdins à la main pour «mâter» l’agitation.
Un habitant de la cité Dergana, N.B. raconte que dans la nuit de vendredi dernier, il s’est joint, au même titre que d’autres chefs de famille, à la foule en délire non pas pour lui prêter main forte mais pour tuer dans l’oeuf toute évolution susceptible de nuire à la quiétude du quartier. «En sortant dans la rue je criais: je tabasse le premier qui osera détruire les véhicules parqués en bas de l’immeuble, fût-il mon propre fils», confie-t-il en déplorant la manière dont s’y prennent les jeunes aujourd’hui pour manifester leur courroux. «Il y a bien d’autres méthodes pour se faire entendre» poursuit-il, en rappelant qu’en son temps, c’est-à-dire durant les années 1980, les affrontements avec les forces de l’ordre, même si elles avaient lieu proprement et pacifiquement car ne mettant pas en danger la vie ou les biens d’autrui.
Hassène est un autre citoyen qui fait également part de son dépit face à cette escalade d’actes de barbarie. Faisant le pied de grue devant un arrêt de bus dont l’on vient d’arracher l’abri, il raconte qu’il a été témoin de l’agression d’un automobiliste que l’on a délesté de quelques billets de banque sous la menace d’une arme blanche. Et d’ajouter: «Je m’étonne de voir des mineurs dresser des barricades embrasées sur la route alors que leur propre soeur pourrait être la prochaine victime de leur acte en tentant de rejoindre son domicile en fin de journée!»
La population algéroise salue également le comportement serein des éléments de sécurité qui n’ont à aucun moment répondu impulsivement à la provocation du «péril jeune».
Cette pondération des hommes en uniforme a d’ailleurs été remarquée dans la majorité des localités du pays touchées par cette vague de violences. «A quoi cela sert-il de mettre à sac des établissements scolaires ou des unités de soins et dont la vocation première est de servir les enfants et les familles algériens!» rappellent d’autres personnes tenaillées par l’émotion de voir un patrimoine scolaire ou médical partir en fumée à néant. A ce titre, un poignant témoignage nous est livré par M. une jeune dame qui fait partie du personnel de l’usine pharmaceutique et parapharmaceutique Medisina, à Dergana, établissement entièrement détruit par ce qu’elle désigne de «bandits de grands chemins»: «Dans la nuit de jeudi à vendredi derniers, des assaillants nous ont agressés vers quinze heures et nombreuses sont les employées qui ont fait l’objet de tentatives de viol; armés de couteaux, les assaillants nous ont dépouillés de nos téléphones portables, ce fut démentiel!», confie-t-elle avec une voix qui montre qu’elle n’est pas encore remise de son traumatisme. «Vers dix-neuf heures, poursuit-elle, les gangs, se sont divisés en clans sur les lieux de leur forfait et se sont livré bataille pour accaparer un butin constitué de climatiseurs et autres équipements. A quoi cela leur a-t-il servi de détruire ainsi notre seul outil de production et la matière première? Ils nous ont réduit au chômage!» déplore-t-elle, le coeur encore lourd! Un retour progressif vers le calme, a été remarqué hier, notamment aux endroits les plus touchés par les émeutes.

11-01-09 - l'Expression -- La violence est passée par là

La violence est passée par là
Abdenour MERZOUK  - Dimanche 09 Janvier 2011 - Page : 7







Des arrestations et des blessés sont enregistrés un peu partout à travers la wilaya...

Comme une tache d’huile, la violence a pris des proportions graves. Juste après la prière du vendredi, les informations qui parvenaient des différents coins de la wilaya faisaient état d’affrontements entre les émeutiers et les forces de l’ordre. Depuis Lakhdaria jusqu’à Chorfa et de Bouira jusqu’à la limite avec la wilaya de Médéa, la situation était identique. Blocage de routes, barricades, pneus en feu, échanges de jets de pierre...Au sud de la wilaya, un groupe de jeunes a fermé le CW 128 au niveau de la localité d’El Hachimia. Bir Ghbalou, à l’extrême ouest de la wilaya, les manifestants ont obstrué les différents accès vers la ville pour s’adonner à des actes de sabotage et de saccage. On dénombre des blessés des deux côtés et du responsable de la Sûreté de daïra. Le siège de l’APC est la première destination des émeutiers qui, en quelques minutes, ont mis à sac les locaux. A Aïn Bessem, les scènes sont identiques et c’est le siège de l’APC qui sera la première cible.
La subdivision des travaux publics et la poste sont attaquées. Dans leur riposte, les forces antiémeute bombardent la ville de grenades lacrymogènes dont les effets sont ressentis à l’intérieur des maisons. Depuis Lakhdaria, une information parle de l’incendie de deux bus et de la fermeture de la RN5. A l’est aussi, l’embrasement s’est généralisé. Au village Thameur, 10 km du chef-lieu de wilaya, des jeunes ont bloqué la route pour tenter de soutirer de l’argent aux usagers. Bouira-ville ne restera pas en marge de cette vague de violence.
Des barricades sont dressées dans la totalité des quartiers. C’est le quartier populaire des 140 Logts qui annoncera la couleur pour être suivi par les jeunes de Château d’eau, Draâ El Bordj, de Ouled Bouchia, Ras Bouira...les affrontements les plus violents seront signalés à la cité des 1100 Logts. Après avoir attaqué pour la seconde fois, en 24 heures, la direction de l’Opgi, les émeutiers se sont dirigés au centre payeur des chèques postaux pour le saccager et piller le matériel informatique. Un autre groupe tente d’accéder au siège de la daïra. Les CRS interviennent et bombardent les quartiers alentours de grenades lacrymogènes. Les fumées qui envahissent les domiciles sèment la panique chez les habitants qui sortent pour contester contre cette façon de faire. On signale aussi l’attaque du siège de la daïra, du siège de l’APC, du dépôt Cevital, de l’agence Djezzy, l’annexe Opgi, l’annexe de l’état civil et de l’agence postale de la cité 140 Logts, le siège APS...A 21h et après la prière d’El Icha, les affrontements doublent de violence et toute la ville est couverte d’un épais nuage de fumée qui était visible à des kilomètres à la ronde. Les détonations des tirs de lacrymogène s’entendaient à une heure tardive, signe que les affrontements continuaient. On a appris aussi que plusieurs jeunes auraient été arrêtés par les forces de police. Pour tenter de calmer les esprits et gérer la situation, une cellule de crise présidée par le wali était en réunion non-stop. La violence tend à se généraliser, gagne du terrain, puisqu’on parle d’affrontements dans des villages enclavés qui n’ont jamais connu de perturbations avant ces deux derniers jours. Même les appels au calme et à la raison lancés depuis les mosquées sont restés vains devant la détermination des émeutiers de tout casser sur leur passage. Au deuxième jour des émeutes, le bilan s’alourdit. Plusieurs édifices publics sont visés par des jeunes survoltés. Des arrestations et des blessés sont enregistrés un peu partout à travers la wilaya. Au moment où nous mettons sous presse, plusieurs tentatives pour fermer les routes sont signalées à l’est de la wilaya. Des informations à prendre avec des pincettes font état de tractations menées par le MAK et une organisation estudiantine proche de la mouvance islamique pour récupérer le mouvement dans les milieux universitaires. Le retour des élèves aujourd’hui en classe après le repos du week-end est appréhendé par les parents dont l’association de wilaya lance des appels au calme.


11-01-09 - l'Expression -- Trois morts et près de 400 blessés

ÉMEUTES DU SUCRE ET DE L’HUILE
SELON UN BILAN DU MINISTRE DE L’INTÉRIEUR
Trois morts et près de 400 blessés
Mohamed BOUFATAH  - Dimanche 09 Janvier 2011 - Page : 2


Daho Ould Kablia


R. BOUDINA


Le premier mort a été déploré à Aïn Lahdjel, dans la wilaya de M’sila, le second dans la ville de Bou Ismaïl, dans la wilaya de Tipasa et le troisième a été enregistré à Tidjelabine, wilaya de Boumerdès.

Après un black-out total, qui a caractérisé les scènes d’émeutes nocturnes, ressemblant à un film dramatique à huis clos, le bilan est tombé hier, éclairant quelque peu ce qui s’est passé lors de ces trois derniers jours. «Trois personnes ont été tuées et environ 400 (dont 300 agents des forces de sécurité) ont été blessées depuis jeudi dans les actes de violence ayant touché plusieurs villes du pays», a déclaré hier, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia. «Le premier mort a été déploré à Aïn Lahdjel, dans la wilaya de M’sila. Il s’agit d’un jeune qui a été tué par balle, au moment où il tentait de faire intrusion dans un commissariat de police», a précisé M.Ould Kablia dans une déclaration à la Chaîne III de la Radio nationale. «Le deuxième mort a été enregistré dans la ville de Bou Ismaïl, dans la wilaya de Tipasa. Il est mort à l’hôpital des suites de blessures», a-t-il ajouté, précisant que «les conditions de cette mort restent à élucider. La troisième personne, décédée à Tidjelabine (Boumerdès), a été retrouvée calcinée dans un hôtel incendié par les émeutiers» a-t-il précisé. «Les actes de violence ont également fait 320 blessés parmi les forces de sécurité, y compris la police et la Gendarmerie nationale, et moins d’une centaine parmi les jeunes», a encore indiqué le ministre. Ainsi, 2 morts et près de 400 blessés ont été enregistrés, suite aux émeutes qui ont marqué le week-end. Cette situation chaotique, qui a vu les manifestants s’approcher même du Palais du gouvernement, touche actuellement plus de 20 wilayas à travers le territoire national. Toutes nos tentatives pour obtenir des informations des services de sécurité sont restées vaines. Selon les échos parvenant des différentes régions du pays, les affrontements d’une rare violence entre les manifestants et le CNS ont repris depuis la nuit d’hier à Alger, Annaba, Oran, M’Sila, Laghouat, Mostaganem, Sétif, Mascara, ainsi qu’à Tizi Ouzou, Boumerdès, Bouira ainsi qu’au sud du pays. Pendant tout ce temps-là, l’information «officieuse» a suppléé le vide sidéral laissé par l’information officielle. Selon certaines sources, il y aurait eu entre 3 et quatre morts. Informations que nous n’avons pu recouper faute de répondant des services de sécurité avec lesquels il nous a été impossible de prendre attache. La contestation a gagné le chef-lieu de la wilaya de M’sila se soldant par la destruction des institution publiques dont la direction de l’éducation, totalement saccagée. Une autre victime aurait succombé à ses blessures à Boumerdès. Nous n’avons pu confirmer cette information qui est donnée sous toute réserve. La gestion, purement sécuritaire des évènements, alimente davantage la psychose et l’inquiétude de la rue et donne libre cours aux rumeurs les plus folles. Selon une source sécuritaire, «la conjoncture actuelle, se trouve être une aubaine pour quelques firmes internationales des équipements paramilitaires». Ainsi, «une quantité importantes de près de 15.000 pistolets à impulsions électriques Taser made in Italia, sera importée ces jours-ci pour équiper les policiers», précise notre source.
«Les conséquences de ces émeutes risquent tout bonnement d’amplifier le cercle de mécontentement», estiment des observateurs. «Ces émeutiers fustigés par ceux qui observent, avec angoisse et impuissance, ces scènes de destruction, identifiés comme voyous, habitant des baraquements, et autres localités chaudes seront à terme, rejoints par d’autres catégories par la grâce des pénuries et des tensions grandissantes», mettent en garde ces observateurs. Sur un autre plan, partiellement bloquée le premier port commercial du pays, déjà en bute aux multiples difficultés, se trouve totalement paralysé. Cette situation est exacerbée par les émeutes avec le risque de pénuries et des surcoûts très graves.

11-01-09 - Liberté -- De l’émeute comme forme d’expression politique et sociale

De l’émeute comme forme d’expression politique et sociale

Par : Mustapha Hammouche
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Cela fait bien une décennie que le pays vit au rythme des émeutes, quartier après quartier, village après village, région après région. Ce qui a changé, depuis quelques jours, c’est que, pour la première fois, l’on assiste à une révolte nationale simultanée.
Alors que les signes de malaise et de désespérance s’accumulaient depuis son avènement, le régime, verrouillant l’une après l’autre toutes les voies d’expression contestataire structurée, il concevait ses propres formules de légitimité : taux record de participation électorale, plébiscites brejnéviens…
La technique des “quotas” et l’arme de l’agrément réduisaient l’opposition politique à un rôle de figuration choisie. La vie sociale était contrainte au monopole de l’UGTA, syndicat officiel et la vie associative réduite à un réseau de comités de soutien. La société civile, choisie elle aussi, et faite de syndicats et d’associations maison, répondait, comme la classe politique, à une logique d’arrangement “rente contre soutien”. Toutes les expressions structurées et autonomes sont vouées à la répression. De l’article 144 bis du code pénal dont la presse a fait les frais à l’interdiction de fait des syndicats autonomes et au matraquage des médecins, des instituteurs et des professeurs, jusqu’à la révision de la Constitution qui réduisait le gouvernement à une collection de ministères, le régime n’a fait que traquer l’initiative, y compris dans les institutions.
L’état d’urgence est, depuis bientôt deux décennies, résolument maintenu comme ultime recours contre l’expression politique ou sociale. Pendant qu’il cultivait l’intolérance contre les formes des revendications démocratiques, le pouvoir s’employait à éteindre dans la précipitation, les foyers de protestation spontanée qui s’allumaient chaque jour quelque part, cédant, ici, le goudronnage d’une route, consentant, là, à livrer un quota de logements sociaux, ou arrêtant et jugeant, là-bas, les émeutiers. Le gouvernement avait bien conscience de n’écouter plus que les violences quand, après avoir répondu aux émeutes de Diar Echems par des relogements, il avertissait, après coup, que ce n’est pas par la violence qu’on obtiendrait des avantages ! La politique de réconciliation nationale, vécue pour ce qu’elle est, une concession à la capacité de nuisance islamiste, avait entre-temps, produit son effet pédagogique. Alors que les “repentis” jouissaient du blanchiment de l’argent du terrorisme, les autorités promettaient la prison aux harragas.
La corruption rentière des opinions et l’étouffement de celle qui n’adhère pas au modèle rentier ont eu raison de la contestation organisée. Il n’y a plus de place que pour la forme la plus incivique des contestations : l’émeute anarchique.
Dans le discours lu par son conseiller devant la conférence nationale sur “la politique sectorielle de prise en charge de la jeunesse”, en 2007, le président de la République appelait “nos jeunes à prendre en charge leur destin en jouant un rôle actif dans le développement de leur pays et de s’organiser de manière à devenir de véritables acteurs du changement”. Depuis, quelque chose a-t-elle été faite en ce sens ?
N’est-ce plutôt la pratique du pouvoir qui a homologué l’émeute comme ultime et unique voie de dialogue politique et social ?

M. H.

11-01-09 - Algerian Focus -- Algérie un 5e mort dans les émeutes, au moins 800 blessés

Algérie : un 5e mort dans les émeutes, au moins 800 blessés

Algerie Focus, 9 janvier 2011

Le bilan des violences en Algérie s’est alourdi ce dimanche à cinq morts. Un chauffeur de taxi de 65 ans est décédé après avoir inhalé des gaz lacrymogènes lors de heurts entre forces de l’ordre et manifestants à Annaba, selon une source hospitalière. La veille au soir, un jeune homme a été tué par balle dans la région de Tiaret, à 340 km à l’ouest d’Alger, alors que trois personnes étaient déjà décédées depuis le début des émeutes, le 5 janvier.

Plus tôt dans la journée de dimanche, le ministère de l’Intérieur avait considéré que la page des violences était «tournée», tout en reconnaissant des «incidents» «à Boumerdès, Béjaïa et Tlemcen».

Un millier de personnes interpellées

Selon le gouvernement, quelque 800 personnes ont été blessées, dont 763 policiers, dans les émeutes contre la cherté de la vie qui secouent le pays depuis une semaine. Par ailleurs, un millier de manifestants ont été arrêtés. Selon le site d’informations Dernières nouvelles d’Algérie, ils risquent de lourdes peines de prison pour vol, destruction des biens de l’Etat ou encore pour attroupement illégal.

Samedi, le gouvernement a par ailleurs répondu dans l’urgence à la contestation par des mesures destinées à juguler la hausse des prix. Mais dimanche, les émeutes ont repris dans certaines villes d’après le site d’information Tout sur l’Algérie, qui évoquait des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre à Bejaïa, dans les villes balnéaires de Tichy, Aokas et Souk-El-Tenine, et dans la ville d’El-Kseur.

Reprise des affrontements à Tizi Ouzou

Le site Dernières nouvelles d’Algérie affirmait, pour sa part, que les affrontements avaient repris dimanche à Tizi Ouzou, en Kabylie. «C’est vers 13h30 que de jeunes manifestants ont installé des barricades de fortune au milieu de la chaussée sur l’avenue principale de la ville des Genêts, écrit un journaliste. Les brigades anti-émeutes, installées dans l’ancien siège de la gendarmerie, ont réagi énergiquement pour dissuader les manifestants d’enclencher les hostilités. Une première grenade de gaz lacrymogènes est le prélude aux affrontements. En un temps record, la Grand-Rue est transformée en un véritable champ de bataille. Les commerces ont baissé rideau tandis que les établissements publics n’ont pas du tout ouvert de la journée, pourtant jour ouvrable.»

A Alger en revanche, les habitants tentaient dimanche de reprendre une vie normale. Les commerces avaient rouvert et le trafic ferroviaire, interrompu depuis jeudi, avait repris au départ de la capitale et dans le reste du pays. Mais la ville gardait encore les stigmates des violences. «Les dégâts sont immenses», a estimé le ministre de l’Intérieur, citant des dégradations visant des banques, des boutiques de téléphonie, d’informatique, de montres, de vêtements, des concessionnaires automobiles et des bâtiments publics.

(Leparisien.fr)


11-01-09 - Mediapart -- des islamistes hués par les émeutiers

Algérie : des islamistes hués par les émeutiers !

09 Janvier 2011 Par Apatridem

Un point de détail, dans la révolte de la jeunesse algérienne, cette dernière semaine. Un détail d’importance, qui aura été occulté dans les comptes-rendus de la presse, me semble-t-il : c’est que les islamistes (ex-FIS) ont fait profil bas, et pour cause ! Des "barbus" ont été hués, lorsqu'ils ont tenté de se joindre au mouvement ! Voire… Selon le journal L’Expression (8-01-11), le héros de l’ex-Front islamique du Salut, le redoutable tribun Ali Benhadj, qui s’est aventuré à « aller offrir ses bons services aux émeutiers de Bab El-Oued, a failli être lynché » : « les années 90, c’est fini ! », lui ont lancé les jeunes, et « il n’a dû son salut qu’à l’intervention des forces de sécurité » !...

Toute la différence est là, quand on pense au « chahut de gamins », pour reprendre la désopilante formule de ce cacique du régime qui avait qualifié ainsi la révolte de 1988 qui coûta la vie à des centaines de jeunes et d’adolescents…

Mais les émeutes de cette semaine ont-il vraiment pour cause l’inflation des prix ? Voici ce qu’on peut lire dans le quotidien Liberté du 8 janvier :

« Les raisons de ce soulèvement sont à chercher ailleurs. Ces jeunes n’ont connu, depuis leur naissance, que le terrorisme et Bouteflika. Ils ont été les éternels laissés-pour-compte dans un pays où les nouveaux nababs affichent leurs fortunes mal acquises et où les scandales de corruption défrayent la chronique quotidienne. Ces jeunes ne sont pas, en principe, concernés par la cherté de la vie, étant donné qu’ils sont, pour la plupart, chômeurs et célibataires (sic). Mais leur cri se veut, surtout, un message fort au pouvoir, quant à l’urgence d’opérer des changements radicaux, comme en Octobre 88, que ce soit en matière de gouvernance et de gestion des dossiers économiques qui posent problème, ou que ce soit en matière politique, où le peuple doit avoir droit de cité, en lieu et place de cette foultitude de “représentants” du peuple dont l’insolent enrichissement constitue, à lui seul, une raison pour que personne ne leur fasse confiance. »

11-01-10 - Algérie Politique -- Amizour Trois jours d’émeutes, une ville en ruine

Amizour: Trois jours d’émeutes, une ville en ruine

“Algérie Politique”, 10 janvier, 2011

Après trois jours d'émeutes, Amizour donne l'aspect d'une ville fantôme. La quasi totalité des édifices publics est saccagée, pillé et incendiée. Le spectacle de façades calcinées et des rues jonchées de divers objets brûlés et documents des administrations ciblées, rappelle à la population celui du printemps « noir ». Un air de déjà-vu. Devant le siège de la Daïra des citoyens s'affairent à chercher des papiers d'identité leur appartenant.

Dans la journée d'hier samedi, les émeutiers ont mis le feu au parc communal. Le centre culturel Malek Bouguermouh qui fait face au siège de l'APC, n'a pas échappé au pillage. Le cybercafé lui attenant mis à sac. Les bureaux de l'administration des forêts n'a pas fait exception et où des émeutiers ont défoncé le logement d'un particulier, situé dans la même enceinte.

Dans même secteur, un cybercafé appartenant à un privé a failli aussi y passer, n'était la présence des habitants du quartier qui se sont interposés, pour dissuader la foule déchaînée. L'agence SAA a été également mise à sac et vidée de ses micro-ordinateurs. Même si ses portes rouvriront à partir de demain, les prestations de remboursement des ordonnances ne reprendront pas de sitôt, selon un employé de l'agence.

Les forces de l'ordre concentrés et stationnés au seuil et aux alentours du commissariat depuis l'embrasement, ont du riposter à coups de bombes lacrymogènes et de quelques tirs en l'air de balles blanches, pour repousser les émeutiers. L'unité d'extrusion d'aluminium « Alexo », située à la sortie de la ville a été également pillée. Des véhicules de la commune sont réduits à néant. Même le camion de ramassage d'ordures, un tracteur, l'ambulance et un bus de la commune n'y ont pas échappé. Le CPA qu'abrite une ancienne et imposante bâtisse et, malgré ses portes blindées, pillé; les caméras de surveillance et le distributeur automatique de billets détruits.

Des dégradations qui ont suscité l'indignation de la population qui ne comprend pas pourquoi s'en prendre à des biens de la collectivité et d'utilité publique. « On a voulu exprimer notre ras-le-bol sans commettre de dépassements », explique un jeune manifestant, « mais des éléments avec d'autres intentions, pour tout simplement voler se sont joints aux manifestants, c'est devenu incontrôlable !» regrette-t-il. Dans le même sillage, d'autres affirment que, parmi les émeutiers, beaucoup sont venus d'autres communes
limitrophes, pour passer incognito. Dans la matinée d'aujourd'hui, des groupes d'émeutiers ont tenté de s'en prendre au lycée atma N'Soumeur, au centre ville. Le directeur de l'établissement, informé de la situation, a rappliqué pour mettre à l'abri, notamment les documents des dossiers du personnel.
Aujourd'hui dimanche, c'est « l'éclipse scolaire ». Toutes les écoles et les deux lycées ont, par précaution, préféré fermer les portes. Le calme semble revenir.


11-01-10 - Le Figaro -- Les émeutiers ciblent les symboles de l'État algérien

Les émeutiers ciblent les symboles de l'État algérien

Mis à jour le 10/01/2011 à 07:43

La contestation qui agite le pays depuis mercredi continue de se propager, détruisant tout sur son passage. Avec un bilan de 800 blessés et plus de 1 100 arrestations, le ministre de l'Intérieur a déploré, samedi, la mort de trois personnes. A Bou Ismaïl (50 km à l'ouest d'Alger), Abdelfetah Akriche, 32 ans, a été tué par une grenade lacrymogène qui l'a touché au visage. À M'Sila (300 km au sud d'Alger), le jeune Azeddine Lebza, 18 ans, a succombé aux balles d'un policier. À Tidjelabine (45 km à l'est d'Alger), on a retrouvé, sous les décombres d'un hôtel incendié, le corps calciné d'un homme non identifié. Une quatrième victime a été signalée, samedi soir, par des témoins à Ighzer Amokrane, près de Béjaïa en Kabylie ; il s'agit d'un émigré subsaharien de 38 ans, Ibérakène Moussa, tué d'un coup de poignard par des inconnus. Dimanche, à Tiaret, un jeune a été tué par balle, dans des circonstances non élucidées.

Malgré le risque d'une évolution plus tragique, les autorités s'efforcent de minimiser la portée politique des émeutes, en évoquant des «lobbies mafieux». Pour juguler la hausse des prix des produits de base, un Conseil interministériel a annoncé samedi la suspension des droits de douane et des taxes jusqu'en août 2011, pour le sucre, l'huile et les céréales. Dès cette semaine, les prix devraient donc baisser d'au moins 40 %. Est-ce suffisant pour désamorcer la crise ? Si Alger a connu, dimanche, une relative accalmie, la fureur a redoublé en province. Dans plusieurs villes, les émeutiers ont encore ciblé des symboles de l'État. Des mairies, des tribunaux, des perceptions, des banques, des sièges de sous-préfectures et même des lycées ont été incendiés ; des entreprises mises à sac ; des dépôts de marchandises pillés.

Redoutée par nombre d'analystes, cette fuite en avant dans la destruction et l'émeute est d'abord le résultat du populisme clientéliste du régime. À défaut de créer des emplois pour résorber le chômage (10 % officiellement, 25 % selon la Banque mondiale) qui touche particulièrement les moins de 30 ans (75 % de la population), le gouvernement a encouragé des pratiques illicites. Des importateurs et autres grossistes proches du régime ont fait fortune dans la spéculation de produits bas de gamme, souvent contrefaits. Agissant à la barbe du fisc, ils alimentent les circuits de l'économie parallèle qui emploient des milliers de jeunes.

«En annonçant la révision des critères pour l'octroi du registre de commerce, l'obligation de vente avec factures et le paiement par chèque à partir de 500.000 dinars (environ 5.000 euros), le gouvernement a secoué l'équilibre des bénéficiaires de la rente dans le sérail, et a déclenché la colère des barons du marché informel», analyse un économiste proche du RND du premier ministre, Ahmed Ouyahia.

La justesse du constat ne peut pourtant expliquer, seule, l'ampleur de la révolte. Tout en reconnaissant la «légitimité» de la contestation, les officiels s'interrogent à l'unisson : «Pourquoi les jeunes ne manifestent-ils pas pacifiquement ?» Comme s'ils n'étaient pas les artisans du verrouillage politique qui a plombé les libertés. En retrouvant le pouvoir en 1999, le président Bouteflika a imposé un retour au pas de charge vers l'autoritarisme des années de plomb : l'opposition est marginalisée, la presse mise au pas et la contestation pacifique réprimée. Même les convertis au christianisme ou les musulmans qui n'observent pas le jeûne rituel du Ramadan se voient pourchassés. À défaut d'une redistribution plus juste de la rente pétrolière, mais aussi de réformes audacieuses qui rétabliraient les libertés et les canaux classiques de médiation sociale, la contestation désordonnée et violente risque de s'installer dans la durée.

11-01-10 - Le Soir -- Situation en Kabylie le dimanche 9 janvier

Le calme n’est pas revenu à Tizi-Ouzou

Le Soir d'Algérie, 10 janvier 2011

Le calme n’est pas tout à fait revenu au niveau du chef-lieu de la wilaya de Tizi- Ouzou, qui connaît toujours une tension perceptible.
Les commerçants, ceux qui ont osé ouvrir leurs échoppes, sont restés extrêmement vigilants, prêts à baisser rideau à la moindre alerte. Les trabendistes qui occupaient la rue Lamali d’un bout à l’autre ont ramassé leurs étals et déserté les lieux et les transporteurs ont disparu au moindre petit signe d’émeutes. Les groupes de jeunes prêts à se lancer dans la bataille avec les forces de l’ordre était visibles au niveau des grands carrefours du centre-ville, dans les quartiers chauds tels que les Genêts et la Cnep et ils se sont passés le mot hier vers 15h pour bloquer la voie publique à l’aide de barricades de fortune. Comme chaque jour depuis vendredi dernier, l’après-midi d’hier dimanche a connu quelques heurts au centre-ville, qui n’ont pas eu la même ampleur de ces deux derniers jours où les affrontements ont été assez violents. Au troisième jour de ces affrontements peu violents, les policiers, sur les nerfs, commencent à perdre patience et confondent alors les émeutiers avec les spectateurs. D’importants dégâts, il est vrai, dont le bilan reste à établir, ont tout de même été enregistrés par des établissements publics et des magasins privés. Les mesures arrêtées par le Conseil interministériel, démontrant si besoin est que les gouvernants connaissent parfaitement les causes qui ont fait déborder le vase, sont peut-être en passe de dégarnir les rangs des protestataires mais tous les problèmes à l’origine de ce mécontentement national ne sont pas résolus pour autant. Les besoins de cette jeunesse en furie dépassent de très loin la reculade et les mesures annoncées par le communiqué du gouvernement. Il faudra beaucoup plus pour calmer le mécontentement quasi général, il faudra une lutte sans répit contre la corruption, le chômage, les injustices, l’exclusion... Le pays a besoin de liberté, de démocratie, de transparence, d’alternance au pouvoir pour retrouver espoir et cohésion.
Y. B.

 

Les scènes de pillages, saccages et d’incendies s’accentuent et se multiplient dans la vallée de la Soummam

Les violences s’accentuent et se multiplient à travers la Soummam, principalement à l’est de Béjaïa. Ces violences, qui se sont traduites par des actes de pillage, des saccages et des incendies de dizaines d’édifices publics, des agences bancaires, ont aussi touché des établissements scolaires dans certaines communes de la wilaya, à l’image de la ville d’Akbou, où un collège a été détruit et deux lycées pillés par des manifestants.
Des manifestants qui ont vandalisé l’écrasante majorité des centres urbains. Une situation de chaos a été observée, hier dimanche, pour la troisième journée consécutive à Akbou, Sidi-Aïch, El-Kseur, Amizour et toutes les localités du littoral-est jusqu’à Kherrata. Plusieurs arrestations ont été opérées par la police. On signale également de nombreux blessés parmi les policiers et les protestataires. Tazmalt et Ighzer-Amokrane ont été les deux centres urbains de la wilaya à retrouver un semblant de sérénité. La situation n’est pas, néanmoins, tout à fait revenue à la normale dans ces deux communes où, même si les commerces ont ouvert, leurs propriétaires sont aux aguêts, prêts à fermer à la moindre alerte. La fièvre, qui a quelque peu baissé dans la matinée d’hier à Akbou, est rapidement remontée vers les coups de 13h, donnant lieu à de violents affrontements entre des groupes de jeunes et les éléments de la CNS. Si la consigne de grève générale a été massivement respectée dans la commune, l’appel à la sagesse et au calme lancé la veille par les notables, les élus et le mouvement associatif local n’a visiblement pas trouvé écho auprès de quelques groupes de manifestants. A Sidi-Aïch, c’est le même décor d’émeutes qui a été signalé. Les jeunes manifestants, qui ont entièrement incendié, en fin d’après-midi de samedi, le bâtiment du tribunal de la ville, ont repris tôt le lendemain le chemin de la révolte. Les échauffourées se sont concentrées au centre-ville entre des groupes de jeunes et les policiers, qui ont fait usage de tirs de gaz lacrymogènes pour les disperser. Dans cette localité, on parle de plusieurs arrestations. A El-Kseur, les événements ont pris une autre tournure, dramatique. Des manifestants ont tenté de s’attaquer à la résidence universitaire de Berchiche, a-t-on appris d’une source locale, et des entreprises ont été aussi la cible des émeutiers. Le vent de la colère contre la cherté de la vie, le chômage, la crise du logement et la corruption, a gagné les localités de Chemini et Seddouk. A Amizour, la ville est carrément entre les mains des manifestants. Les siièges de la Sonelgaz, du tribunal, de la daïra et la résidence du chef de la daïra et Alexo ont été saccagés et pillés la veille. Et c’était, dans la matinée d’hier, au tour du centre culturel Abderrahmane-Bouguermouh et du CPA de connaître le même sort. Une dizaine de voitures se trouvant dans la fourrière communale et appartenant à des particuliers, et des véhicules communaux ont été incendiés par les insurgés. Toutes les localités du littoral allant de Tichy jusqu’à Kherrata ont vécu le même embrasement hier. Le chef-lieu de wilaya et les autres localités de l’intérieur sont restés isolés, pour cause de fermeture des principaux axes routiers à la circulation automobile par les émeutiers.
A. K.

DERNIÈRE MINUTE

Deux manifestants grièvement blessés à Sidi-Aïch

Deux jeunes manifestants ont été grièvement blessés à Sidi-Aïch, hier, en fin d’après-midi, à l’issue des révoltes sociales ayant secoué la ville, selon une source hospitalière. Les deux manifestants auraient été percutés par un véhicule de la police, précise notre source. Souffrant de traumatisme crânien pour l’un et de grave fracture à la jambe pour l’autre, les deux blessés ont été évacués vers l’hôpital de Sidi-Aïch.
A. K.

 

Béjaïa ne décolère pas

La journée d’hier a été caractérisée par un redoublement de violences dans la majorité des quartiers de Béjaïa. Les édifices publics et certains des biens privés encore intacts ont été à leur tour visités par les insurgés en furie.
En effet, comme lors des événements du printemps noir de 2001, aucun établissement scolaire, ni administration n’a fonctionné normalement hier à travers les 52 communes que compte la wilaya de Béjaïa. Tous les commerces ont baissé rideau à l’appel à la grève générale, lancé «timidement» par des associations locales, quelques heures auparavant. Béjaïa donnait l’image d’une ville qui s’apprêtait à une évacuation suite à une catastrophe. Dès lors, et comme il fallait s’y attendre, avec les regroupements sporadiques de jeunes écoliers, de nouveaux incidents ont vite éclaté, peu avant 10h dans le centre-ville de Béjaïa, notamment devant le lycée d’Ihaddaden où des pneus ont été brûlés et la circulation quasiment interrompue dans les deux sens. Malgré l’important déploiement des forces de l'ordre, aux alentours des établissements scolaires, tout le matériel informatique du lycée des Frères-Chouhada- Annani a été saccagé et pillé par de jeunes émeutiers. Vers 10h30, des dizaines de groupes de jeunes couraient dans les rues et dans tous les sens, et certains étaient bloqués par des cordons de policie équipés de boucliers et de matraques. Aucune interpellation n’aurait été enregistrée dans les rangs des lycéens malgré les violents heurts ayant opposé les deux «camps». Les policiers semblaient avoir reçu des consignes de leur hiérarchie. Dans la nuit de samedi, les stocks de cigarettes de la succursale de la SNTA, sis à Ihaddaden, ont été complètement pillés avant d’être détruits par des bandes de jeunes insurgés, avons-nous appris des autorités locales. La seconde banque française, Société Générale, située au quartier Seghir, a été incendiée dans la même soirée. A El-Kseur, le même scénario de vandalisme s’est produit durant toute l’après-midi de cette journée. Le gérant de l’usine de bière Albrau aurait même carrément ouvert les portes de ses entrepôts aux centaines de jeunes casseurs, de peur de représailles. Ces derniers n’ont laissé aucune palette au brasseur et certains émeutiers sont repartis saouls, nous ont rapporté des témoins. Même climat d’insurrection dans la ville de Tichy, située à 15 km à l’est du chef-lieu, à laquelle nous avons difficilement accédé hier matin, en raison des centaines de barricades installées par les jeunes émeutiers. Les affrontements dans cette ville balnéaire ont duré toute la nuit de samedi, avons-nous appris, et ce devant le commissariat de daïra. Quelque 200 jeunes ont provoqué de nouveaux incidents, hier matin dès l’aube, à proximité de l’institution policière. Plusieurs commerces ont été saccagés et des bâtiments publics dégradés. Toutes les rues ont été fermées à la circulation, soit par des barricades de fortune, poubelles et autres poteaux arrachés, soit par des pneus brûlés. Il était très difficile de recueillir la moindre information sur ce qui se passait dans la ville. L’air étant irrespirable suite aux gaz lacrymogènes des forces de sécurité, les citoyens se sont enfermés chez eux. A l’hôpital Khellil-Amrane, nous avons appris qu’aucun décès suite à ces tragiques événements n’a été enregistré à ce jour. Il est à noter, par ailleurs, qu’une trentaine de policiers blessés ont été admis aux urgences pour soins, depuis le début des affrontements. Seuls deux d’entre eux ont été gardés en observation, leur état de santé ne suscitant pas trop d’inquiétude.

Kamel Gaci


11-01-10 - El Watan -- Alger Affrontements violents lundi matin à Bachdjerrah

Alger : Affrontements violents lundi matin à Bachdjerrah

El Watan, 10 janvier 2011

Bachdjerrah a connu lundi matin de nouveaux affrontements entre les forces de la police et des jeunes en colère.

De violents affrontements ont éclaté lundi matin à partir de 9 H à Bachdjerrah entre des jeunes vendeurs à la sauvette et les forces de sécurité. Selon des sources locales, un policier aurait été poignardé au cours de ces échauffourées qui ont replongé dans le désarroi cette commune populaire fortement touchée par les émeutes déclenchées mercredi dernier.

Tout a commencé, selon les dires des jeunes émeutiers, lorsque des policiers ont exigé, d'une manière irrespectueuse, le départ immédiat des jeunes vendeurs à la sauveur de la rue principale de Bachdjerrah qu'ils ont squattée une nouvelle fois pour y écouler leurs marchandises.

"Ils ont lynché un jeune vendeur dont le seul tort est de venir en aide à sa pauvre famille en vendant quelques articles dans la rue. Ils nous disent que le commerce informel est interdit. Mais y a-t-il du boulot dans ce pays pour qu'on puisse travailler sans crever de faim ?", tancent les jeunes de Bachdjerrah qui ont fini par revenir à l'émeute pour faire éclater leur colère.

Il s'en est suivi des lors de violentes confrontations avec la police. Le projectiles et les pierres se sont abattus brutalement sur les policiers. La rue principale de Bachdjerrah a été ensuite coupée à la circulation à l'aide des pneus brûlés. Furieux, des centaines de jeunes ont promis, une nouvelle fois, de faire la guerre à ce qu'ils considèrent comme une "hogra".

En effet, remontés contre la mal-vie et le chômage qui créent la misère à Bachdjerrah, ces jeunes ne veulent plus subir les comportements indélicats et les provocations de la police. Et les policiers semblent de plus en plus dépassés par l'ampleur de cette colère de la jeunesse qui dégénère à chaque fois en violentes émeutes.
Abderrahmane Semmar

11-01-13 - Le Monde diplomatique -- Algérie les raisons d’un soulèvement

Algérie : les raisons d’un soulèvement

Le Monde diplomatique, 13 janvier 2011

En 2010, l’Algérie a connu entre 9 000 à 10 000 émeutes. Et l’année 2011 a commencé par une semaine de violentes manifestations d’ampleur nationale : des jeunes en colère ont pris pour cibles les édifices publics et les commerces privés des « protégés de l’Etat », comme les présente Kamel (1), un jeune de Bab el-Oued. Le 5 janvier, c’est justement de ce quartier de la banlieue d’Alger qu’est partie la révolte, à la suite, toujours d’après notre interlocuteur, de l’agression d’un marchand ambulant dont l’étalage a été renversé par des policiers en civil. Les jeunes de Bab el-Oued ont refusé cette énième provocation, eux qui ont cru vainement que leur sort allait s’améliorer quand les autorités locales leur avaient promis l’octroi d’emplacements légaux sur le marché de la ville. La répression a fait quatre morts et des centaines de blessés.

Loi financière catastrophique

La rapide propagation de ces manifestations à tout le pays a été interprétée comme la conséquence de la flambée des prix de l’huile et du sucre (2). En réalité, le coût de ces deux produits de première nécessité n’est pas le seul à avoir connu une hausse vertigineuse (plus de 20 % entre le 31 décembre 2010 et le 1er janvier 2011). Depuis le vote parlementaire de la Loi de finance complémentaire (LFC), le 21 juillet 2009, le portefeuille du citoyen algérien est soumis à un régime drastique (3). A cela s’ajoutent les multiples pénuries comme, ce dernier mois, celles du lait et de la farine.

La LFC 2009 prône le « patriotisme économique » et compte donner la chasse aux « fraudeurs ». L’Etat algérien entend ainsi occuper le terrain qu’il a abandonné depuis plus de vingt ans, ce qui a permis l’explosion du marché informel – qui représente, selon El Watan, 40 % de l’économie du pays. Mais il est passé en force, sans consulter aucun des acteurs économiques et sociaux, et n’a proposé aucune amélioration structurelle pour faciliter la réalisation de son projet. Rappelant qu’en Algérie « le monde du travail n’accapare pas plus de 20 % du PIB [alors que] le pouvoir et ses clientèles s’en attribuent 80 % sans créer de richesses », M. Athmane Mazouz, chef du groupe parlementaire du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), a voté contre cette loi, car, selon lui, elle ne repose « sur aucune vision à même d’offrir une perspective de développement national ».

Les dirigeants algériens ont oublié que l’Etat avait encouragé le marché informel dans les années 1990 pour résister aux pressions du Fond monétaire international (FMI), ou, dans le cas du marché de l’alcool, pour résister aux islamistes. Le président Abdelaziz Bouteflika et son premier ministre Ahmed Ouyahia ont donc mis en place une batterie de lois pour assurer la traçabilité des transactions financières des importateurs et des commerçants algériens, afin de les imposer. Interrogé sur les effets de cette loi, un « négociant de café vert travaillant avec l’Algérie depuis 1996 » dénonce une « gestion des importations archaïque » assortie d’une « manne pour les banques » ; pour lui, trop de documents et de garanties sont exigés, avec un coût supplémentaire allant de 500 à 1 000 dollars par dossier… A ses yeux, l’augmentation des prix que connaît actuellement l’Algérie n’est qu’un début, car de moins en moins d’exportateurs veulent travailler avec le pays, ce qui va provoquer une raréfaction des produits. « Il y a trop de risques financiers, le CREDOC (4) n’est plus utilisé nulle part ailleurs dans le monde, et la marchandise peut vous être renvoyée pour un simple problème d’étiquetage en arabe. »

Un petit pansement et on recommence

Face à la colère des Algériens, MM. Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Ouyahia ne se sont pas encore exprimés publiquement. Cependant, une réunion interministérielle s’est tenue trois jours après le début des manifestations pour décider de l’annulation des taxes et des droits de douane sur les huiles et le sucre roux jusqu’au 31 août prochain (5). L’exécutif pose donc un pansement sur le front d’un corps social enfiévré… « On avait espéré que la rue soit écoutée, au lieu de cela 1200 jeunes ont déjà été arrêtés, déplore Mustapha Bouchachi. Beaucoup d’entre eux ont subi des violences policières et sont incarcérés. » Le président de la Ligue algérienne des droits humains (LADDH) craint que les manifestations de ce début d’année ne se reproduisent ; selon lui, le pouvoir doit lever l’état d’urgence instauré en 1992, dont le maintien « ne vise plus les intégristes mais la société civile ».

Au moment où les étudiants, les syndicats et les partis d’opposition s’organisent pour poursuivre le mouvement de manière pacifique, les autorités publiques sont accusées d’empêcher l’accès au réseau social Facebook. A une société assoiffée de liberté, l’Etat n’a que des verrous à offrir…
Ali Chibani

(1) Le prénom a été changé.

(2) Certains politiques, le ministre de l’intérieur Daho Ould Kablia en tête, ont accusé les « lobbies » industriels mécontentés par la Loi de finance complémentaire de 2009. D’autres sources politiques et syndicales nous ont aussi parlé de probables règlements de comptes entre les clans militaires composés de pro et d’anti-Bouteflika.

(3) Ainsi, la hausse des prix à la consommation entre octobre et novembre 2010 a atteint 0,8 % à Alger.

(4) Le Crédit documentaire est l’une des contraintes mises en place par la LFC 2009.

(5) Avec une réserve de change estimée à 155 milliards de dollars, l’Etat algérien estime pouvoir résoudre tous les conflits sociaux par de petites augmentations de salaire sectorielles ou par des décisions « exceptionnelles et limitées » comme les détaxations.

11-01-10 - Liberté -- Plus de 52 émeutiers écroués dans la capitale

Une vaste enquête est déclenchée sur les tendances des émeutiers

Plus de 52 émeutiers écroués dans la capitale

Par : Neila B, Liberté, 10 janvier 2011

Les services de sécurité ont ouvert une vaste enquête sur “l’identité” des émeutiers impliqués dans les derniers évènements. Selon une source sécuritaire, “les investigations porteront sur le passé des émeutiers impliqués et aussi sur leur tendance et leur fréquentation, soit une enquête sociale approfondie” afin de situer les responsabilités dans les dernières émeutes et identifier les meneurs et les manipulateurs. Les services de sécurité ont procédé aussi, depuis samedi, à la présentation des émeutiers arrêtés aux différents tribunaux de la capitale. L’audition des inculpés a duré plusieurs heures avant que le magistrat ne rende sa décision tard dans la nuit. 12 émeutiers impliqués, arrêtés par les services de la gendarmerie, ont été présentés samedi devant le tribunal de Chéraga. 8 d’entre eux ont été écroués pour attroupement et trouble à l’ordre public. Les mêmes services ont présenté le même jour 10 émeutiers devant le tribunal d’El-Harrach où 8 ont été écroués. Selon une source sûre, plus de 70 personnes impliquées dans les émeutes ayant secoué la capitale ont été arrêtées par les services de la GN dont 2 mineurs à Tessala El-Merdja qui tentaient de saccager et piller un dépôt de boissons alcoolisées. Les personnes arrêtées seront incessamment présentées devant la justice alors que les services de sécurité ont reçu des instructions pour libérer les mineurs après leur audition.
Le plus grand nombre des émeutiers a été enregistré au niveau du tribunal d’El-Harrach où près de 35 émeutiers impliqués dans les pillages de l’opérateur Nedjma à Dar El-Beïda et des magasins ainsi que de l’usine Continental et Agenor à Baraki ont été écroués alors qu’au niveau du tribunal de Hussein-Dey, 46 émeutiers ont été présentés depuis samedi devant le magistrat instructeur de la 3e chambre.
La présentation se déroule toujours. On apprend que les inculpés dans ces émeutes ont été traduits devant le juge d’instruction au niveau de ces tribunaux. Selon un avocat, “on n’écarte pas que l’affaire sera qualifiée comme crime et pas de délit comme c’était le cas, vu la gravité des faits”. Les inculpés sont poursuivis d’atteinte à l’ordre public, attroupements armés, vol des biens d’autrui dont l’attroupement armé, destruction de biens publics et agression sur policiers dans l’exercice de leur fonction. Ils sont plus de 52 émeutiers écroués depuis samedi et les présentations sont toujours en cours. Le ministre de l’intérieur Daho Ould Kablia a déclaré avant-hier que “des interpellations ont été effectuées et les tribunaux seront saisis à cet effet”.
Un dispositif de sécurité draconien a été mis en place aux alentours des tribunaux. Ce qui reflète la crainte des services de sécurité quant à de probables troubles pouvant survenir au terme des poursuites judiciaires. Les parents et familles des inculpés n’ont pas été autorisés à y accéder et l’atmosphère est toujours électrique.
Des affrontements ont repris dans la soirée d’avant-hier à l’est de la capitale, selon une source sûre, deux émeutiers ont été touchés par balles en caoutchouc alors qu’ils tentaient d’investir la zone industrielle, malgré les tirs de sommation des policiers antiémeutes. Ils ont été transférés à l’hôpital de Rouiba.