avenir d'une offensive

Dossier Egypte 10

 

11-03-09 – Farce

11-03-07 - Libération -- Egypte Haro sur la police politique

Egypte Haro sur la police politique
Des bâtiments de la Sécurité d’Etat (Amn al-Dawla), la très redoutée police politique, ont été pris d’assaut samedi dans plusieurs villes d’Egypte. La dissolution de ces services est l’une des principales revendications des militants prodémocratie. Les locaux ont été attaqués au Caire, à Alexandrie, à Marsa Matrouh ou Chibine al-Kom (delta du Nil). Pendant le week-end, les manifestants ont cherché à récupérer les dossiers, de crainte que ces preuves ne soient détruites. Près de 100 000 personnes travaillent à la Sécurité d’Etat, sans compter les informateurs. photo m. Abd el-Ghany. Reuters

11-03-07 - Libération -- Nouveau gouvernement en Tunisie et en Egypte

Nouveau gouvernement en Tunisie et en Egypte
PAYS PAR PAYS
A Oman, le sultan remanie le conseil des ministres. Des tentatives de rassemblement ont de nouveau échoué à Gaza. Le point sur la contestation dans le monde arabe à la mi-journée.
Par LIBÉRATION.FR

En Tunisie, un nouveau gouvernement composé de technocrates
Le Premier ministre tunisien par intérim, Béji Caïd Essebsi, a annoncé lundi la liste de son gouvernement provisoire, composé de 22 ministres, dont cinq nouveaux.
Cette nouvelle équipe ne compte plus aucun ministre ayant servi dans le dernier gouvernement du président Ben Ali.
Depuis le 14 janvier, c'est le troisième gouvernement que connait la Tunisie. Les deux précédents ont fait l'objet d'une contestation permanente de la rue qui ont finalement abouti à la démission du Premier ministre Mohammed Ghannouchi le 27 février.
Le nouveau gouvernement annoncé lundi comprend 22 membres, y compris le Premier ministre: dix sept sont reconduits aux postes qu'ils occupaient dans le gouvernement constitué le 27 janvier. Tous les membres sont des technocrates, aucun n'appartient à un quelconque parti politique.
Par ailleurs, le ministère de l'Intérieur a annoncé la suppression de la direction de la sûreté de l'Etat et «toute forme d'organisation s'apparentant à la police politique».
En Egypte, le nouveau gouvernement prête serment
Le nouveau gouvernement égyptien a prêté serment lundi devant le chef du Conseil suprême des forces armées, le maréchal Hussein Tantaoui.
Six ministères ont été renouvelés, dont celui du Pétrole, la Culture, la Justice et la Main-d'oeuvre.
Le nouveau Premier ministre Essam Charaf, une personnalité populaire parmi les jeunes militants pro-démocratie qui avaient déclenché la révolution, a été nommé jeudi en remplacement d'Ahmad Chafic.
L'armée, qui a pris en charge le pays après la démission du président Moubarak, a suspendu la Constitution et dissous le Parlement. Elle a promis des réformes démocratiques, en particulier une révision de la Constitution soumise à référendum puis des élections législatives et présidentielle, en principe d'ici la fin du mois d'août, avant un retour à un pouvoir civil.
Grève massive d'éboueurs au Yémen
Des milliers d'éboueurs ont entamé ce lundi une grève ouverte à Sanaa, réclamant l'amélioration de leur paye, et trois d'entre eux ont été blessés lors de la dispersion de leur sit-in par la police, selon le correspondant de l'AFP.
Leur mouvement de grève intervient alors que des manifestations populaires se déroulent depuis fin janvier à travers le pays pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans au Yémen, l'un des pays arabes les plus pauvres.

A Oman, remaniement d'ampleur
Confronté de nouvelles manifestations ce lundi, le sultan Sabous a décidé de remanier le conseil des ministres. Le sultan, qui n'est pas directement visé par les contestataires, concentre les fonctions de chef d'Etat, Premier ministre, ministre de la Défense et de ministre des Finances.
Au moins trois ministres (Intérieur, Economie, Commerce et Industrie), dont les manifestants demandaient le limogeage ont été congédiés, selon des sources officielles.
Les centaines de manifestants rassemblés à Sohar, ville industrielle au nord du pays, s'apprêtent toutefois à passer une nouvelle nuit dans un camp de toile sur un rond-point de la ville. D'autres Omanais continuent de camper devant le siège du Conseil consultatif à Mascate, la capitale, pour demander de contenir la corruption.
Samedi, le sultan, au pouvoir depuis 1970, avait déjà limogé deux personnalités de son cabinet : le ministre de la Sécurité du palais (bien Sécurité du palais), et celui des Affaires du palais. Il a également annoncé la création de 50.000 emplois, des aides pour les chômeurs, ainsi que la mise en place d'une commission chargée de faire des propositions pour donner plus de pouvoir à l'assemblée consultative élue.
Nouvelles interpellations à Gaza
La police du Hamas a de nouveau interpellé des manifestants qui appelaient à l'unité entre le mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza et son rival du Fatah à la tête de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie.
Six personnes ont été brièvement interpellées lors d'une petite manifestation devant le siège du Comité international de la Croix Rouge dans la ville de Gaza, tandis qu'un autre rassemblement plus important à l'extérieur de l'Université locale Al-Azhar s'est dispersé dès l'arrivée de la police.
Dimanche, ainsi que le 28 février, des manifestations avaient déjà été empêchées par la police du Hamas. Plusieurs marches ont été organisées, avec plus ou moins de succès, dans les grandes villes de Cisjordanie, à Ramallah, Naplouse et Hébron.
Plusieurs groupes ont appelé à de grandes manifestations pour «l'unité» le 15 mars à Gaza, en Cisjordanie et dans les camps de réfugiés palestiniens à l'étranger.

A Bahrein

Des dizaines de Bahreïnis ont manifesté aujourd'hui devant l'ambassade américaine à Manama pour demander à Washington de faire pression sur leur gouvernement en vue de réformes politiques. Les manifestants se sont rassemblés près d'une barrière installée devant la chancellerie, scandant des slogans hostiles à la monarchie et affirmant que «le peuple veut la démocratie».
«Si les Américains disent "Ok stop" (...) je suis sûr que le régime ne dira pas non», a déclaré l'un des manifestants, Mounir Chihab, 39 ans. Un conseiller de l'ambassade Ludovic Hood est venu à la rencontre des manifestants auxquels il a offert des gâteaux. «C'est un bon geste mais nous espérons qu'il sera traduit dans des actes», a déclaré au diplomate, Mohammed Hassan, 35 ans, un religieux chiite.
Des manifestants campent en permanence sur la place de la Perle, devenue l'épicentre de la contestation du gouvernement dirigé depuis 1971 par l'oncle de l'émir, cheikh Khalifa ben Salman Al-Khalifa.

Treize militants en grève de la faim en Syrie
Treize militants des droits de l'Homme emprisonnés, dont les avocats Haytham Maleh et Anouar Bounni, ont entamé une grève de la faim pour réclamer la fin de l'«oppression» en Syrie, selon l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme (OSDH).
«Nous demandons la fin des détentions politiques et de l'injustice et de pouvoir retrouver les droits civiques et politiques», ont-ils affirmé dans un communiqué publié lundi par l'OSDH.
Les militants dénoncent «l'Etat d'urgence décrété en Syrie depuis 48 ans par une autorité militaire non élue» ainsi que «les services de sécurité omniprésents qui consacrent le despotisme politique et utilisent la justice pour étouffer la liberté d'opinion et d'expression et sanctionner les opposants en inventant des accusations et en prononçant des jugements arbitraires».
«Nous aussi avons payé chèrement la cause du droit et de la liberté, mais le temps est venu de mettre fin à cette situation d'oppression et de persécution au moment où un vent de changements balaie le monde arabe», ajoutent-ils.

11-03-09 - Le Monde -- des manifestants attaqués place Tahrir

Egypte : des manifestants attaqués place Tahrir
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 09.03.11 | 17h07  •  Mis à jour le 09.03.11 | 17h41
Selon la télévision d'Etat égyptienne, les manifestants pro-démocratie qui occupent la place Tahrir au Caire auraient été attaqués par des Egyptiens armés de couteaux et de machettes.
Les images de la télévision montrent des jets de pierres et des centaines de manifestants chassés de la place, théâtre des grandes manifestations qui ont délogé Hosni Moubarak du pouvoir.
Les heurts, dont on ne connaît pas l'origine, se sont déroulés dans un climat de tension grandissante, avec notamment des affrontements entre musulmans et chrétiens coptes dans la capitale, qui ont fait 10 morts et 110 blessés.
La période de transition est difficile en Egypte, où la police est désorganisée. Le mouvement islamiste des Frères musulmans, le plus important parti d'opposition en Egypte, a accusé des Egyptiens soutenant toujours l'ex-président Moubarak d'attiser la violence, un point de vue largement partagé dans la population.

11-03-09 - Le Monde -- Dix morts dans des violences entre coptes et musulmans au Caire

Dix morts dans des violences entre coptes et musulmans au Caire
Les affrontements ont eu lieu après que des chrétiens furent sortis manifester pour protester contre l'incendie d'une église, samedi, au sud de la capitale.
Le Monde avec AFP
Publié le 09 mars 2011 à 10h40, modifié le 09 mars 2011 à 15h04
Temps de Lecture 2 min.

Selon un nouveau bilan communiqué par le ministère de la santé égyptien, dix personnes ont été tuées et 110 blessées mardi 8 mars au soir dans les affrontements survenus entre chrétiens coptes et musulmans dans un quartier pauvre du Caire. Le ministère ne précise pas la confession des victimes mais un précédent bilan faisait état de six chrétiens coptes tués.
Ce chiffre avait été fourni par un prêtre du quartier du Moqattam, où se sont déroulées les violences. Le Père Semaane Ibrahim a indiqué que les corps se trouvaient dans le petit hôpital qui dépend de sa paroisse. "Tous ont été tués par balle, et les blessés ont aussi été touchés par des tirs", a-t-il déclaré. Selon lui, des cocktails Molotov ont été lancés contre des habitations, et les attaquants ont incendié des entrepôts et des ateliers de recyclage. Un autre prêtre, Boutros Rouchdi, a assuré avoir compté sept morts coptes, et un musulman tué alors qu'il tentait de défendre ses voisins chrétiens.
Les affrontements, à coups de pierres, ont éclaté après que des chrétiens, nombreux dans ce quartier déshérité peuplé d'éboueurs et de chiffonniers de l'est du Caire, sont sortis manifester pour protester contre l'incendie d'une église, samedi, au sud de la capitale. Selon le Père Ibrahim, ils ont été attaqués par "des voyous et des salafistes" armés, qui ont également mis le feu à des maisons et des ateliers. Des témoins ont indiqué que les militaires, présents sur les lieux, avaient tiré en l'air pour disperser la foule."Nous nous attendions à ce que l'armée nous défende. Mais maintenant nous savons qu'elle est contre nous, comme la police", affirme un menuisier du quartier, Saleh Ibrahim.
TENSIONS DEPUIS LA CHUTE DE MOUBARAK
Des milliers de coptes ont également manifesté ces derniers jours devant le bâtiment de la radio-télévision, dans le centre du Caire, pour protester contre les violences au cours desquelles l'église Al-Chahidaine dans le gouvernorat de Helwan au sud du Caire, a été en grande partie détruite par un incendie. Les autorités ont promis de faire reconstruire l'édifice pour tenter de faire baisser la tension.
Les Frères musulmans, le plus important mouvement d'opposition, ont accusé les anciens partisans de Hosni Moubarak d'attiser la violence. Ils ont appelé les Egyptiens "à s'épauler pour soutenir les forces armées et le gouvernement afin qu'ils puissent tenir les engagements de la révolution".
Les coptes représentent de 6 à 10 % de la population du pays. Dans la nuit du Nouvel An, la communauté avait été visée par un attentat devant une église d'Alexandrie, qui a fait 23 morts. Ces tensions surviennent alors que le pays traverse une période délicate après la chute du président Hosni Moubarak le 11 février à la suite de manifestations contre son régime. L'armée assure depuis la direction du pays, tandis que le gouvernement gère les affaires courantes. Les militaires ont promis de remettre le pouvoir à un gouvernement civil démocratiquement élu dans quelques mois.
Le Monde avec AFP

 

11-03-09 - Libération -- En Egypte, la Sécurité d’Etat fouillée à nu

En Egypte, la Sécurité d’Etat fouillée à nu
Par Claude Guibal
La première fois, il avait 12 ans. Ahmed Salem s’en souvient encore, et ses épaules se creusent. Il participait à un camp de vacances, organisé sans l’autorisation préalable d’Amn el-Dawla, la Sécurité d’Etat. La redoutable antenne du ministère de l’Intérieur chargée de la surveillance des citoyens, incarnation, pour les Egyptiens, de la répression. Un matin, les policiers en civil les avaient tous cueillis, enfants, adultes, et les avaient interrogés deux jours durant, yeux bandés. Les adultes avaient été tabassés et certains, raconte Ahmed, torturés : «Ils voulaient nous faire dire qu’on était des Frères musulmans.» Dix ans plus tard, il y a eu droit à nouveau. Arrêté dans une manifestation anti-Moubarak, frappé, interrogé, trois jours au trou. Mais samedi soir, c’est en homme libre qu’Ahmed, 32 ans, est entré dans les locaux de la Sécurité d’Etat, à Medinet al-Nasr, en banlieue du Caire. Libre, et enragé.
Incendies. Avec des centaines de protestataires, il a suivi l’exemple de ceux qui, la veille, dans plusieurs villes du pays, des sables du Sinaï (est) jusqu’à ceux de Siwa (ouest), ont pris d’assaut les bâtiments pour empêcher la destruction de dossiers compromettants. Depuis le début de la révolution, des incendies «accidentels» n’ont cessé d’éclater dans les diverses antennes du ministère de l’Intérieur. Certains y voient une ultime tentative de l’appareil sécuritaire pour sauver les meubles, alors que la purge postrévolutionnaire le désigne comme principal responsable des abus et violences de l’ancien régime. «La chute de la Sécurité d’Etat est au moins aussi importante que le départ de Moubarak. Amn el-Dawla, c’est le système. Il faut tout récupérer, prouver ce qui s’est passé, montrer son visage», reprend Ahmed. A Alexandrie, la police a tiré, faisant deux blessés. Dimanche soir, les jeunes ont réussi à pénétrer en petite délégation dans le QG de Lazoghly, en plein cœur du Caire, malgré la présence des baltageyas, nervis qui tentaient d’en empêcher l’accès, et d’une armée visiblement plus tendue. Lundi, 67 policiers ont été inculpés pour destruction de documents, après l’incendie de locaux d’Amn el-Dawla.
L’immense centre de la Sécurité d’Etat de Medinet al-Nasr, barré de longs bâtiments aux courbes blanches, avait pour surnom «la capitale de l’enfer». Samedi, avec la foule, Jamal Himdan, webmaster du site islamiste Ikhwanweb, y est entré, sous les yeux de la police militaire, en béret rouge, «qui nous a laissé faire et semblait attendre qu’on fasse le boulot nous-mêmes», raconte un manifestant. Une plongée dans la matrice de trois décennies de répression. Heures hallucinées, pendant lesquelles ils ont parcouru les immenses couloirs de marbre immaculé, ouvrant incrédules les bureaux lambrissés. Filmant avec leurs portables des dossiers déjà réduits à l’état de longs fils de papier, laminés par les déchiqueteuses. Les matraques électriques. Les cellules d’un mètre sur un, percées d’un trou, où il est «impossible de tenir assis».
Néonds Blafards.«On a vu les dossiers de filatures, les comptes rendus d’interrogatoire, les écoutes, ils espionnaient tout le monde, ceux qui étaient avec eux, ceux qui étaient contre eux», raconte, effaré, Jamal Himdan. Des personnalités, des journalistes. Des opposants, des militants des droits de l’homme. Des islamistes par dizaines de milliers, cible traditionnelle de la sécurité d’Etat. Et de simples quidams, au mauvais endroit, au mauvais moment.
Assis à même le sol, sous les néons blafards, certains ont lu, sonnés, le verbatim de leurs appels téléphoniques ou de leurs mails. La mécanique glacée d’un système répressif dont tous dénoncent la brutalité, et l’impunité. Dans les rayonnages, les protestataires se sont même filmés avec un dossier, celui de la famille Moubarak, rempli de banalités. Découverte tellement opportune qu’elle laisse sceptique. Puis ils ont pénétré les sous-sols, de sinistre mémoire. Les couloirs où certains se sont souvenus avoir passé des jours, avec interdiction de s’asseoir ou de dormir, à entendre les cris. Un salafiste français étudiant au Caire avait ainsi longuement raconté à Libération avoir été menotté là, sur un lit de fer, torturé à l’électricité.
Trois heures durant, les révolutionnaires, pour beaucoup des militants des droits de l’homme et de jeunes islamistes, ont parcouru les locaux vidés de leurs employés. Jusqu’à l’arrivée du procureur général à qui ils ont confié les documents, à fin d’enquête. Mais si le mot d’ordre était de laisser les dossiers sur place, l’armée fouillant les jeunes à la porte du bâtiment, certains sont pourtant sortis, diffusés la nuit même tous azimuts sur Internet. Un WikiLeaks à l’égyptienne, alimenté d’heure en heure en documents à l’origine invérifiable, et au potentiel dévastateur, s’ils étaient confirmés. L’un d’eux mettrait en cause la Sécurité d’Etat dans l’attentat antichrétien d’Alexandrie, le 1er janvier, ranimant les rumeurs qui avaient couru après l’attaque. Depuis, d’importantes manifestations coptes ont éclaté au Caire.
«Manipulation». De nombreux Egyptiens réclament, à l’unisson des protestataires, la dissolution de cet organe sécuritaire dont les activités ont été gelées par l’armée. Difficile d’imaginer qu’il y a quelques semaines encore, ils baissaient la voix en prononçant le nom Amn el-Dawla. C’est elle que les chebab (jeunes) voyaient derrière le visage martyrisé de Khaled Saïd, battu à mort par deux policiers à Alexandrie en juin, ou les multiples disparitions, dénoncées par les organisations des droits de l’homme. Ce sont ses snipers qu’ils ont vu tirer sur la foule, pendant cette révolution où sont mortes au moins 384 personnes.
Mais tout à l’euphorie d’avoir percé les entrailles de la pieuvre sécuritaire, les protestataires s’interrogent à peine sur la facilité avec laquelle ils ont mis la main sur des dossiers si compromettants. La presse cairote se demande si cette opération n’a pas été orchestrée. Les attaques contre la Sécurité d’Etat ont débuté au moment où l’Egypte n’avait plus de ministre de l’Intérieur, entre le départ, jeudi, de Mahmoud Wagdy, héritier de l’ancien régime, et la nomination, dimanche, de Mansour el-Essawi, général de police réputé intègre. Au moment, aussi, où s’ouvrait le procès de leur prédécesseur Habib el-Adly, dont un cédérom retrouvé dans un local apporterait la preuve, selon le quotidien Al-Masry al-Youm, qu’il a donné l’ordre de tirer sur les manifestants. Le journal s’interroge en même temps sur la possibilité d’une «manipulation» menée par la Sécurité d’Etat elle-même pour discréditer des personnalités de l’opposition et des médias dont les dossiers ont été providentiellement retrouvés. Autre piste, avancée par le site web du journal Al-Ahram, celle d’un «complot» ourdi par Mahmoud Wagdy et l’ex-Premier ministre Ahmed Chafik, proche de Hosni Moubarak, pour mener à bien une contre-révolution, que les militaires auraient fait échouer. Un scénario au parfum de guerre des services. Des voix, déjà, insinuent que l’armée, épine dorsale de la nation, n’aurait peut-être pas goûté de voir son rôle, central depuis l’époque de Nasser, diminuer pendant les dernières années du règne de Moubarak au profit de la police.

11-03-09 - Trend News Agency -- Protest for women's equality in Egypt ends in violence
Protest for women's equality in Egypt ends in violence
Arab World Materials 9 March 2011 02:08 (UTC +04:00)
A protest in Cairo's Tahrir Square on Tuesday to mark International Women's Day turned violent when a few hundred women were drowned out by an equal number of men protesting angrily against demands for equality, dpa reported.
A protest in Cairo's Tahrir Square on Tuesday to mark International Women's Day turned violent when a few hundred women were drowned out by an equal number of men protesting angrily against demands for equality, dpa reported.

The so-called "Million Woman March to Tahrir Square", which has become the hub of Egypt's protests, was expected to draw out thousands of women.

However, the peaceful women-led demonstration to demand a greater role in politics and equality turned violent with the army firing warning shots into the air to disperse men who clashed with one another as a few hundred women were caught in the middle.

In a twist to the slogan "Down with the regime" - widely chanted throughout the anti-government protests that led to the ouster of Hosny Mubarak as president - several men chanted "Down with women."

"It's clear that the demonstration for women in Tahrir has turned into a demonstration for sexual harassment," said Wael Abbas, an activist, as reports of women being sexually harassed at the protest emerged.

Women in Egypt - the first in the Arab world to gain the right to vote in 1956 and to secure the right to higher education - played a prominent role in the Egyptian protests that led to Mubarak's resignation and a handful of women were killed during those protests.

"We are asking that women should participate in formulating the future, we are asking for a secular constitution, and that legislation should take into account that men and women are equal," Hoda Badran told the German Press Agency dpa.

Badran, who is the founder and head of a pan-Arab organization called the Alliance for Arab Women, expressed concern that women are being left out of the transition to democracy.

"Women should not just be represented with one person in cabinet, but by 30 per cent and then 50 per cent even," she said. "A qualified woman should even be allowed to be president."

It was here, on the issue of the presidency, where nerves were rocked on both sides.

Although a few men passed out flyers that supported women's calls for greater representation in politics, many said they did not believe that a woman was capable of being president.

"I support the women and am passing out flyers, but an Egyptian woman is more emotional that a European woman. The Egyptian woman can be a minister, but her emotions will overrun her if she is president," said Abdel-Fatah Arafa, a young lawyer.

Rabie Ahmed, a tailor, who was in Tahrir Square to watch the demonstration, said that now is not the time for women's demands.

"People can't find food to eat. Women's demands are legitimate, but these protests are just creating chaos," said Ahmed.

However, human rights activist and lawyer Dalia Zakhary said that she and thousands of other participated during the revolution and that now is the time for women's issue to be on the agenda.

"We will not have a revolution every time we want to amend the laws, so this is the time. Why is it never the time to put women as a priority?" she asked.

This year marks the 100th anniversary of International Women's Day, which was first celebrated in Austria, Denmark, Germany and Switzerland and is now commemorated in dozens of countries.

11-03-09 - The New Yorker -- Death in Garbage City The New Yorker
Death in Garbage City
By Jenna Krajeski
March 9, 2011

Tuesday night, whatever unity helped Egyptians overthrow Mubarak was further compromised when eleven people were killed when a Christian-led protest about the burning of a church came under attack. Some reports of the victims tallied six Christian and five Muslim, but the facts remain uncertain. Neither interviews with residents nor examination of the list of names—only one of which, I was told by Egyptian friends, was distinctively Muslim—clarified that point. But the violence of the day was clear.
The protest took place in the Cairo suburb of Manshiyat Naser, also known as Garbage City, and it came a day after a women’s march in Tahrir Square was disrupted. (I wrote about Egyptian feminists’ unhappiness with some recent developments in this week’s magazine.) To get from downtown Cairo to Garbage City, you have to drive through The City of the Dead, a growing informal settlement built on top of graveyards. Neither place is pretty, but, on the whole, it’s better to live with the dead than with the trash of the living. Manshiyat Naser is a tough place—poor, isolated, populated by a discriminated-against Christian minority, many of whom work as trash collectors. The Cave Monastery—mega church, tourist attraction, scene of weekly exorcisms—tops the impoverished, trash-lined streets. Four-story brick apartment buildings sport brightly colored balconies or engraved crosses, but few have finished facades: most end at the top with columns out of which peek long metal rebar, as though the builder got tired one day and decided that, instead of continuing, he’d move people into what he’d already half made. From the sandy cliffs you can see the slender minarets of the nearby Citadel mosque and the dusty skeleton of an unfinished apartment building. Three kids stood atop a mound of multi-colored garbage bags that had been pierced; trash spilled out of them. As we passed, one said to the others, “Work, work,” and they started restuffing the bags.
Wednesday, the area was surrounded by the Army. At 1 P.M., at least thirty soldiers guarded the entrance to Manshiyat Naser, the cliffs surrounding it, and the roads leading up to it. I counted five tanks, six Army trucks, and two ambulances at the entrance—more tanks and many more soldiers were manning checkpoints inside. The long, winding driveway leading from the main road to the residential area was strewn with broken glass and rocks, the primary weapons of the residents, who said they spent from 3 P.M. until 3 A.M. fighting thugs and, more alarming, the Army.
Several residents I spoke to were adamant that, while thugs looted and burned their homes and cars, the Army had fired on them; they presented bullet casings as evidence, pointing to engraved numbers on the bottom. Their trust in the Army was eroding.
A green villa across the road was gutted by fire; its rooms revealed furniture stripped by flames, mounds of dark ash, and the paralyzed, blackened bodies of animals—chickens, a rat, and a disemboweled dog whose tongue was frozen mid-pant. Of the twenty residents of the villa, none had been hurt. One, a twenty-four-year-old man named Romani Sameer in a yellow and black track suit, was the first to show us a bullet. Tattooed on the pliable flat triangle between the thumb and index finger of Sameer’s hand was a small, blue cross, the standard identifying mark of the city’s Copts. “They hurt us because they hate this,” he said, pointing to the tattoo. The dead were being held in the Cave Monastery until they could be buried as martyrs. We watched from the sandy ground outside the villa as twenty men rushed an S.U.V., said to be carrying a thug; a skinny, curved cane was being heaved over and over onto the car’s heavy body. “Before yesterday, we trusted the Army,” a fellow spectator said. “This is terrorism.”
Piles of smoldering trash and the black skeletons of burned trucks surrounded a recycling station that had also been torched; the air was filled with the stench of burning plastic. The home of the owners of the recycling station was also charred, and had been thoroughly looted. A hysterical woman led me forcefully by the arm up the darkened staircase and through the rooms of the relatively lavish home, brandishing empty jewelry boxes and pointing emphatically at broken windows, turned-over mattresses, and open drawers. A cooking-gas canister, three feet tall, sat unattended in the hallway; the thugs (twenty-five of them, she told me, some armed) had tried to explode it. As we walked farther down the street, we could hear wailing coming from the dark, square entrance of a street-level home. Inside, at least twenty women dressed in dark colors were comforting the mother of one the dead. “My son, my son,” she cried, walking toward the entrance, where a small news crew was filming.
On the second floor of a concrete building, an eleven-year-old boy was lying in bed, recovering from gunshot wounds to the chest and arm. His family showed us the bullets, also convinced they came from the Army. The boy’s father sat in the living room, smoking cigarettes and picking at shards of a flatbread crumbled on the coffee table. On the wall behind him, a large picture of Jesus divided two colorful landscapes, one a panorama of Upper Egypt and the other a painting of a colonial-style American suburban house, surrounded by a white picket fence.
Outside a makeshift hospital, steps from the arched entrance to the real one, we were presented with a printed list of the eleven dead. The youngest, according to the list, was fourteen; the oldest twenty-eight. The last time there was violence in the neighborhood, our guide told us, was during the swine flu scare in 2009, when the government ordered the mass slaughter of all the city’s pigs, most of which were in Manshiyat Naser, where they ate perishable waste. Even following last New Year’s church bombings in Alexandria, when many predicted similar violence in Cairo’s churches during Christmas mass, the neighborhood had remained quiet. Nobody knew what would happen tonight. They had been surprised by the violence last night; they had assumed they had the right to protest as they did with so many Egyptians, both Muslim and Christian, in Tahrir Square. “I don’t know what I will do,” our guide said. He had a family at home, but the Army wouldn’t let anyone leave.

11-03-10 - L'Opinion -- Dix morts dans des affrontements inter confessionnels au Caire
Dix morts dans des affrontements inter confessionnels au Caire

Des affrontements entre chrétiens coptes et musulmans ont fait officiellement dix morts au Caire, relançant les tensions confessionnelles en Egypte au moment où le pays s'engage dans une difficile transition politique après la chute du président Hosni Moubarak.
Ces heurts mardi soir dans le quartier déshérité à forte population copte de Moqattam (est) ont également fait 110 blessés, a déclaré mercredi le ministère de la Santé, sans toutefois préciser la confession des morts et blessés.
La situation restait tendue dans ce quartier misérable d'éboueurs, en grande majorité chrétiens, où un prêtre a indiqué à l'AFP avoir dénombré dans le petit hôpital qui jouxte sa paroisse six Coptes tués et au moins 45 autres blessés.
"Tous les morts ont été tués par balles, et les blessés ont aussi été touchés par des tirs", a déclaré le père Samaane Ibrahim. Le religieux a mis en cause des "voyous" et des "salafistes", des islamistes fondamentalistes.
Selon lui, des cocktails Molotov ont été lancés contre des habitations, et les attaquants ont incendié des entrepôts et des ateliers de recyclage.
Un autre prêtre, Boutros Rouchdi, a assuré avoir compté sept morts coptes, et un musulman tué alors qu'il tentait de défendre ses voisins chrétiens.
Les affrontements ont éclaté après que des habitants de Moqattam soient sortis manifester pour protester contre l'incendie d'une église samedi au sud de la capitale.
Les services de sécurité ont fait état d'affrontements à coups de pierre entre chrétiens et musulmans, et des témoins ont indiqué que l'armée, présente sur les lieux, avait tiré en l'air pour disperser la foule.
Les autorités avaient assuré mardi soir que les forces armées "faisaient face avec succès aux émeutes" à Moqattam et dans des quartiers voisins.
Mais mercredi des habitants chrétiens ne cachaient pas leur ressentiment à l'égard l'armée, en charge du pays depuis le départ de M. Moubarak, contraint de quitter le pouvoir le 11 février par une vague de manifestations contre son régime.
"Nous nous attendions à ce que l'armée nous défende. Mais maintenant nous savons qu'elle est contre nous, comme la police", affirme un menuisier du quartier, Saleh Ibrahim.
Des milliers de Coptes ont également manifesté ces derniers jours devant le bâtiment de la radio-télévision, dans le centre du Caire, pour protester contre des violences contre leur communauté samedi au cours desquelles l'église Al-Chahidaine, à Soul, dans le gouvernorat de Helwan au sud du Caire, a été en grande partie détruite par un incendie.
Les autorités ont promis de faire reconstruire l'église pour tenter de faire baisser la tension.
Les Coptes représentent de 6 à 10% de la population du pays. Ils disent être victimes de discriminations et dénoncent les violences à caractère confessionnel qui les visent.
La communauté copte d'Egypte a été visée dans la nuit du Nouvel an par un attentat devant une église d'Alexandrie (nord), qui a fait 23 morts.
Ces tensions surviennent alors que le pays traverse une période délicate après la chute de M. Moubarak qui avait gouverné le pays d'une main de fer pendant trois décennies.
L'armée assure depuis la direction du pays, tandis que le gouvernement gère les affaires courantes. Les militaires ont promis le remettre le pouvoir à un gouvernement civil démocratiquement élu dans quelques mois.
10/3/2011

11-03-10 - Ms. Magazine -- Que s'est-il passé le 8 mars sur la place Tahrir
Que s'est-il passé le 8 mars sur la place Tahrir
10/03/2011 par Lauren E. Bohn
Plusieurs centaines de femmes se sont rassemblées mardi sur la place Tahrir au Caire pour la Journée internationale de la femme, exigeant l'égalité des droits dans une « nouvelle Égypte ». Mais l’événement – ​​en partie célébration, en partie manifestation – est rapidement devenu violent lorsque des foules d’hommes sont arrivées pour harceler les femmes. En tant que boursier américain Fulbright en Égypte, j'ai pu enregistrer numériquement ce qui s'est passé (vidéo ci-dessous).
Les reportages de cette journée se sont concentrés sur les affrontements qui ont suivi entre hommes chrétiens et musulmans. Mais ce que j'ai vu en premier, ce sont des hommes déterminés à disperser la protestation des femmes. «Rentrez chez vous», a dit un cheik, hissé sur les épaules d'un autre homme, aux femmes. D’autres ont crié des slogans tels que « Non valide ! » qui avait été utilisée contre Moubarak dans le même espace quelques semaines plus tôt. Un homme a brandi une pancarte indiquant « Pas maintenant », me faisant valoir que les manifestations étaient des « instruments de l’Occident ».
Amira Khalil, 22 ans, a été éloignée de son groupe d'amis lors de la marche, agressée verbalement et pelotée par plusieurs hommes. Un de ses amis masculins est venu à son aide, tremblant de colère.
Tous les hommes n’étaient pas là pour perturber la marche. Shereef Abbas, 32 ans, est venu manifester son soutien aux femmes. « Je suis toujours triste de la façon dont cela s'est passé – je n'ai pas encore compris, c'est choquant », a-t-il déclaré en regardant le matériel de démonstration qui avait été émietté et déchiré. « Cela entravera les progrès que nous essayons de créer en Égypte, une véritable démocratie. Ce segment de la population constituera un obstacle au détournement des gens qui courent.
Même si le mouvement qui a mis fin au règne de 30 ans d'un dictateur en seulement 18 jours époustouflants n'était pas motivé par des préoccupations féministes, les femmes étaient très présentes dans les manifestations de rue. Dans les semaines qui ont suivi, beaucoup ont déclaré que l’autonomisation qu’elles avaient ressentie lors des manifestations devrait être utilisée pour apporter des changements aux femmes elles-mêmes.
Le Dr Iman Bibars, activiste et directeur régional d' Ashoka Monde Arabe , m'a dit mardi :
Nous courons le risque d'être oubliés. Et aujourd’hui nous l’a montré plus que jamais, nous ne pouvons pas tomber dans ce piège. Nous devons lutter et nous battre.
Elle fait pression depuis des décennies pour que les femmes soient incluses dans d'importants comités gouvernementaux. Mais pas plus tard que la semaine dernière, les efforts étaient clairement à la traîne. Le Conseil suprême des forces armées a nommé une commission chargée de modifier la constitution du pays, mais aucune femme n'y a été incluse.
Bibars et d’autres militants affirment qu’ils envisagent de se réorganiser et de développer des stratégies cohérentes dans les prochains jours. Par exemple, Nehad Abu El Komsan, présidente du Centre égyptien pour les droits des femmes, a déclaré que l'organisation organisait ce week-end un séminaire sur les médias sociaux.
Mais Rana Korayem, 25 ans, étudiante diplômée de l'Université américaine du Caire, affirme que l'organisation ne parviendra pas à contrecarrer toutes les forces qui les ont poussés hors de la place mardi. «Quand j'ai informé certains de mes amis de mon départ, ils m'ont dit 'Rana, pourquoi ? Vous avez tous vos droits », a-t-elle déclaré, soulignant que les gens laissaient des commentaires désobligeants sur son mur Facebook. « De nombreuses femmes, dont beaucoup de mes amies, acceptent leur rôle », a-t-elle déclaré. "Ils ne pensent pas qu'ils devraient s'impliquer dans la société."
La militante Hind el-Hinnawy, devenue un symbole national du défi des femmes lorsqu'elle a intenté une action en justice contre un célèbre acteur égyptien, était sur la place avec son père. « En Égypte, tout est un combat pour les femmes », a déclaré le père de Hinnawy. « Nous espérons que cela changera, mais cela prendra du temps. »

11-03-13 - Ahram Online -- L'armée commence à reconstruire l'église d'Atfeeh
L'armée commence à reconstruire l'église d'Atfeeh
Ahram en ligne, dimanche 13 mars 2011
Le Conseil suprême des forces armées a commencé à reconstruire l'église incendiée à Atfeeh, Helwan
Les forces armées égyptiennes ont commencé à reconstruire l'église des Deux Martyrs à Atfeeh, Helwan, a déclaré Ramsès El Nagger, avocat de l'Église chrétienne orthodoxe égyptienne.
El Naggar a déclaré que des véhicules militaires sont arrivés tôt aujourd'hui sur le site de l'église, transportant des ingénieurs de construction, des soldats et du matériel de construction.

El Naggar a déclaré que les chrétiens égyptiens ont été satisfaits lorsque le Conseil suprême des forces armées a annoncé qu'ils utiliseraient leurs propres fonds pour reconstruire l'église. Il a ajouté que la promesse du conseil de traduire en justice les auteurs de l'attaque de l'église servirait d'avertissement à quiconque tenterait d'attaquer à nouveau un lieu de culte musulman ou chrétien.
El Naggar a ajouté qu'une délégation composée de chrétiens d'Atfeeh et de plusieurs prêtres se rendra à Maspero pour tenter de parler aux coptes en colère qui manifestent depuis neuf jours devant le siège de la radio et de la télévision de Maspero. Plus tôt dans la journée, les coptes ont insisté pour poursuivre leur protestation et ont organisé une messe dominicale à Maspero.
L'église a été incendiée le 4 mars, apparemment à la suite d'une histoire d'amour entre une jeune femme musulmane et un jeune copte. L'affaire a conduit une foule à attaquer l'église, ainsi que les maisons coptes du village. L'église a été pillée et incendiée.

11-03-15 - L'Humanité -- le référendum constitutionnel ne fait pas recette
Égypte : le référendum constitutionnel ne fait pas recette
Humanité Quotidien
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15 Mars, 2011
En bref
À quelques jours du référendum prévu samedi en Égypte sur les amendements à la Constitution, de plus en plus de voix s’élèvent pour appeler à voter non, voire à annuler la consultation, jugeant que les changements proposés ne vont pas assez loin. Hier, la « coalition des jeunes 
de la révolution », à l’origine du soulèvement contre 
le régime de Moubarak, a appelé à voter non, en exigeant une nouvelle Constitution. Les deux candidats déclarés 
à la présidence Amr Moussa, le secrétaire général 
de la Ligue arabe, et Mohamed El Baradei, l’ancien patron de l’AIEA, ont aussi annoncé qu’ils voteraient contre, en estimant que « rapiécer » la loi fondamentale n’est pas suffisant. Seule la confrérie islamiste 
des Frères musulmans a appelé à voter oui.
Des soldats saoudiens pour mater les manifestants à Bahreïn
Des véhicules militaires saoudiens ont pénétré hier à Bahreïn en empruntant le pont de 25 km de long séparant les deux pays. Des centaines de manifestants bahreïniens se sont rassemblés derrière des barrages de fortune aux abords de la place de la Perle, 
haut lieu de la contestation dans la capitale, Manama. 
Le gouvernement bahreïnien a demandé l’aide militaire du voisin saoudien et des autres pays arabes 
du Golfe faisant partie de la force commune du CCG (Conseil de coopération du Golfe) pour réprimer 
la contestation dont il fait l’objet depuis la mi-février. Un millier de soldats saoudiens sont entrés à Bahreïn dès dimanche soir. L’opposition bahreïnienne 
a affirmé que « toute présence militaire étrangère » serait considérée comme « une occupation. »
Violents combats en Côte d’Ivoire
Des tirs à l’arme lourde ont retenti hier matin à Abidjan près de la résidence privée du général Philippe Mangou, chef d’état-major des forces armées fidèles à Laurent Gbagbo. Ces tirs ont eu lieu dans le quartier de Yopougon (ouest d’Abidjan), bastion de Gbagbo. Samedi, les forces pro-Gbago avaient lancé une offensive pour déloger 
les partisans de Ouattara du quartier d’Abobo (nord 
de la capitale), faisant au moins une dizaine de morts. 
Sur le front de l’Ouest, les éléments des Forces nouvelles (FN), ex-rébellion alliée à Ouattara, ont pris dimanche 
la ville de Doké. En un mois, les FN, qui tiennent le nord du pays depuis 2002, ont ainsi pris quatre localités 
de cette région frontalière du Liberia.

11-03-15 - Libération -- La Sécurité d'Etat égyptienne dissoute
La Sécurité d'Etat égyptienne dissoute
Dans le monde arabe
Au Yémen, un manifestant est mort lors d'affrontements avec les partisans du président. A Bahreïn, le roi proclame l'état d'urgence pour trois mois.

Des manifestants devant le siège de la Sécurité d'Etat au Caire, le 5 mars 2011. (AFP Wissam Nassar)
En Egypte
Le ministère égyptien de l'Intérieur a décidé de supprimer les services de la sécurité d'Etat, épine dorsale du système répressif sous Hosni Moubarak.
«Le ministre de l'Intérieur Mansour al-Issawi a décidé aujourd'hui de supprimer toutes les sections administratives et les bureaux de la sécurité d'Etat dans toutes les provinces», a rapporté l'agence officielle Mena
Le ministre a également décidé de créer une nouvelle institution en matière de sécurité, appelée la «Sécurité nationale», dont le rôle sera de «préserver la sécurité du pays et lutter contre le terrorisme».
La très impopulaire sécurité d'Etat était notamment accusée d'espionner la vie privée et les activités politiques de la population, de pratiquer la torture et de participer à la fraude électorale.

Par ailleurs, en cas de rejet des modifications constitutionnelles lors du référendum de samedi, l'armée, dépositaire du pouvoir depuis la chute de Moubarak, agira par décret pour organiser la transition politique.
Le référendum prévoit d'amender la Constitution pour, notamment, limiter toute présidence à deux mandats de quatre ans -contre un nombre illimité de mandats de six ans actuellement- et assouplir les conditions de candidature. De nombreux partis et mouvements politiques ont jugé que ces amendements n'allaient pas assez loin, et que le référendum était organisé trop rapidement.
A Bahreïn
Un manifestant et un policier ont été tués et plus de 200 personnes ont été blessées par balle lors d'affrontements opposant des manifestants à des «bandes armées» soutenues par la police dans le village chiite bahreïni de Sitra, selon des sources médicales locales.
Le roi a proclamé l'état d'urgence pour trois mois, alors que des manifestants prévoyaient de marcher sur l'ambassade d'Arabie saoudite, au lendemain de l'entrée de plus d'un millier de soldats saoudiens venues aider la dynastie sunnite des Al-Khalifa à contenir la contestation chiite.
Les accès au centre de Manama étaient coupés par les manifestants et peu de voitures circulaient sur les routes, tandis que peu de commerces étaient ouverts dans le centre de la ville.
Quelques rares patrouilles de la police de la circulation étaient visibles mais les forces anti-émeutes étaient absentes de la ville.
Des sources syndicales ont indiqué que la grève générale décrétée lundi était toujours bien suivie, tandis que les protestataires continuaient d'occuper la place de la Perle, épicentre de la contestation.

Au Yémen
Un opposant yéménite a été tué au nord de Sanaa alors que la mouvement de contestation contre le président yéménite Ali Abdallah Saleh continuait de s'étendre et que les tribus, l'un des piliers de son régime, commençaient à basculer dans l'opposition.
A Sanaa, le sit-in en cours depuis le 21 février place de l'Université s'est transformé en un immense camp de toile qui déborde sur les rues environnantes.
Les forces de sécurité ont bloqué tous les accès menant à la place à l'exception d'une entrée, pour tenter de limiter l'afflux des manifestants.
Des centaines de membres de tribus se sont joints ces deux derniers jours aux manifestants, installant des tentes marquées au nom de leurs provinces.
Les contestations et violences se sont poursuivies dans le reste du pays avec notamment la mort d'un opposant dans un affrontement armé avec des partisans du président Saleh dans la ville de Jouf, au nord-est de Sanaa.
Il s'agit de la première victime confirmée des violences politiques dans Jouf, chef-lieu de la province du même nom, frontalière de l'Arabie saoudite.

En Syrie
Des dizaines de Syriens ont manifesté à Damas appelant à la liberté, à des réformes et à la lutte contre la corruption, selon des sites Internet de l'opposition.
Une page Facebook intitulée «la révolution syrienne contre Bachar al-Assad 2011» qui compte près de 40.000 fans appelle depuis plusieurs jours à des manifestations «dans toutes les villes syriennes» le 15 mars.
«Appelons ensemble à une Syrie sans tyrannie, sans loi d'urgence ni tribunaux d'exception, une Syrie sans corruption ni vols ni monopole des richesses. Appelons à une Syrie exempte de pauvres, d'analphabètes et pour un Etat civil», indique également un communiqué publié par les organisateurs.
En Libye
Les forces pro-Kadhafi reprennent l'avantage et progressent vers l'Est à coups de bombardements. Sur le front diplomatique, la France ne parvient pas à convaincre ses partenaires du G8 de l'urgence d'un feu vert de l'ONU à une action militaire en Libye.

A Gaza
Des milliers de Palestiniens manifestent pour réclamer la «fin des divisions» interpalestiniennes.

En Tunisie
Une centaine de Tunisiens ont manifesté mardi à Tunis pour dénoncer la prochaine visite de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. «Clinton dégage», «non à la présence américaine en Tunisie», scandaient les manifestants près du ministère de l'Intérieur.

11-03-16 - Ahram Online -- Hillary Clinton visits Tahrir Square
Hillary Clinton visits Tahrir Square
Ahram Portal, Wednesday 16 Mar 2011
After talks with leading interim-government ministers, Clinton visited Tahrir Square, hoping to glimpse what was the focal point of the 25 January uprising
This morning US Secretary of State Hillary Clinton toured Tahrir Square, the focal point of the Egyptian uprising which led to the ouster of president Hosni Mubarak. Walking with several security officials, Clinton managed to shake hands with people in the street.
Clinton visited Tahrir Square after her meeting with Egyptian Prime Minister Essam Sharaf and Egyptian Foreign Minister Nabil El-Arabi. During their meeting, Clinton announced the US’s willingness to support Egypt through $90 million worth of aid and discussed cooperation between the two countries, emphasising the crucial role of Egypt in the region.
Clinton then met with the Head of the Supreme Military Council Field Marchal Mohamed Hussein Tantawi.
Clinton has expressed her appreciation of the January 25 revolution which has astonished the whole world.
A day earlier, the 25 January youth coalition refused to meet with the American top diplomat.

11-03-17 - Slate -- L'armée égyptienne recommence à torturer des manifestants
L'armée égyptienne recommence à torturer des manifestants
Slate.fr - 17 mars 2011 à 1h00
Alors que l'armée a été acclamée tout au long de la révolution égyptienne comme  une force de sécurité qui n'agressait pas les manifestants, des témoignages commencent à ternir cette image. Le 9 mars, après une marche pacifique, des centaines de manifestants pro-démocratie ont été molestés par des bandits sur la place Tahrir, sans que les soldats réagissent, rapportent CNN et Human Rights Watch. Aida El-Keshef, une militante qui était sur place, raconte sa colère:
«Quand nous avons vu l'armée arriver, nous nous sommes calmés parce qu'on pensait qu'il venaient pour nous protéger. Au lieu de ça, ils ont commencé à détruire les tentes pendant que les voyous nous frappaient et nous chassaient.»
Ils ont été emmenés au musée de l'Egypte pour être torturés par des soldats en uniforme. Ramy Essam, un musicien de 23 ans, était parmi eux. Les soldats l'ont torturé pendant quatre heures:
«Ils m'ont déshabillé. Ils ont utilisé des bâtons, des barres de métal, des câbles, des fouets. J'ai aussi été électrocuté. Un soldat me sautait dessus et écrasait mon visage avec sa jambe.»
Salwa Gouda faisait également partie des personnes arrêtées. Cette femme a expliqué publiquement qu'elle s'est fait électrocuter les jambes, et qu'elle a vu d'autres femmes se faire électrocuter aussi la poitrine. Les femmes qui ont été arrêtées ont été forcées à se déshabiller entièrement et à se faire fouiller alors qu'une caméra filmait (ce qui peut servir, selon elle, à fabriquer des preuves de prostitution), raconte-t-elle dans cette vidéo:

Samira Ibrahim, elle aussi détenue, a tenté de réveiller les soldats qui la torturaient, explique-t-elle au Washington Post:
«Je les ai suppliés. J'ai dit: "Vous êtes mes frères. L'armée et le peuple ne font qu'un." (Mon) agresseur a répondu: "Non, les militaires sont au-dessus de la nation. Et vous méritez ça".»
Après avoir été menottée au mur du musée de l'Egypte et électrocutée pendant sept heures, elle a été emmenée dans une prison, où elle est restée trois jours, comme d'autres manifestants. Là-bas, les violences ont continué: elle s'est fait cracher dessus et nourrir au pain trempé dans du kérosène. D'après des groupes de défense des droits de l'homme, 190 d'entre eux seraient toujours détenus par l'armée. Dans un communiqué, neuf organisations de militants ont exprimé la dénonciation suivante:
«Le crime a toujours cours et les responsables méritent une punition plus lourde. La junte doit des excuses aux Egyptiens puisque ce sont eux qui gouvernent maintenant.»
Selon les avocats des ces organisations de droits de l'homme, ceux qui arrêtent les manifestants et les torturent seraient des groupes dissidents dans l'armée qui soutiennent toujours le régime de Hosni Moubarak. 

11-03-18 - CNN -- Pro-democracy activists allege torture by Egyptian soldiers
Pro-democracy activists allege torture by Egyptian soldiers
By Reza Sayah, CNN
March 18, 2011 -- Updated 1716 GMT (0116 HKT)

Cairo, Egypt (CNN) -- ­A patchwork of blood-red welts and purple bruises cover Ramy Essam's back, from his neck down to his thighs. His scars are evidence, he said, that violent groups linked to ousted Egyptian President Hosni Mubarak's regime are trying to subvert the revolution.
"There are still some people from the corrupt old regime trying to crush the revolution," Essam said, lying face down on his bed, where he has spent days waiting for his wounds to heal. "With God's will, the revolution will continue."
The 23-year-old student and musician said thugs attacked him and hundreds of others at a peaceful sit-in at Tahrir Square on March 9. Egyptian soldiers were on guard but they didn't come to his rescue. Instead, Essam said, they detained him and scores of others and hauled him to the nearby Egyptian museum where uniformed soldiers tortured him for four hours and cut off his shoulder-length hair.
"It was pain I never imagined I would feel in my life," Essam said.
"They took off my clothes. They used sticks, metal rods, wires, whips." He received electric shocks, he said.
"There was a soldier who would jump in the air and land on my face with his legs."
Essam is convinced he and others were marked men and women at Tahrir Square that day. For weeks, Essam had sung and played his guitar for large crowds celebrating the end of the Mubarak regime. Moments before he was detained, several men pointed him out to soldiers, he said.
Essam was released, but human rights groups have said more than 100 innocent activists -- ­ all detained on March 9 -- are still in custody awaiting military trials without access to lawyers. Their stories are almost identical to ­those of protesters who claim they did nothing wrong, but were illegally detained and often beaten by thugs and soldiers.
"It's disgusting. It's inhumane," said Cairo based human rights lawyer Ragia Omran. "Basically, there were plainclothes thugs or informers who were pointing out to the military the people who come to Tahrir Square, and that's how people got picked up."
In a joint statement released this week, nine Egyptian human rights groups said, "The crime is still going on and the perpetrators deserve a harsher punishment. The junta owes the Egyptian people an apology as they are ruling for the moment."
It's impossible to verify who is behind the violence on March 9. Many suspect remnants from the Mubarak regime with links to rogue factions within the Egyptian military.
The events of that day, and other accounts of violence involving soldiers, are fueling doubts about the Egyptian armed forces, the same institution promising a peaceful changeover to democracy.
Presidential candidate Amr Moussa has said shadowy elements have also fueled recent violence between Egyptian Christians and Muslims. The army has denied the allegations of torture and abuse, and it said anyone in custody is either suspected or accused of breaking the law.
Despite the torture he claimed he suffered at the hands of soldiers, Essam said he still has faith in the army's promise of democracy, but his scars are a reminder that the fight for lasting change in Egypt is not over.
Journalists Dina Amer and Mohamed Fadel Fahmy contributed to this report.

11-03-21 - Libération -- Une Egypte toute oui
Une Egypte toute oui
Pour leur premier vote démocratique, les Egyptiens ont approuvé les réformes constitutionnelles à 77,2%, ouvrant la voie à des élections d’ici six mois. Un délai favorable aux forces de l’ancien régime.
Par CLAUDE GUIBAL Le Caire, de notre correspondante

«Qu’on garde l’ancien empire au pays des antiquités, ça vous étonne ?» Le ton est grinçant, et Amr el-Meliguy est furieux. Son index est encore rose de l’encre fluorescente où il l’a plongé samedi au bureau de vote où il s’est rendu. Du rose pour un geste neuf : «a voté». Cela fait dix jours que cet homme, présent place Tahrir pendant toute la révolution, faisait campagne, plaquant partout des autocollants barrés d’un grand La’a (non). Tout cela pour voir, hier, les premières estimations donner un raz-de-marée pour le oui aux réformes constitutionnelles.
«nouveau masque». Les provinces, une à une ont parlé : 79% de oui à Sohag, 91% à Menoufia, terre natale d’Hosni Moubarak. En fin d’après-midi, seule Alexandrie votait majoritairement non. A l’échelle nationale, 77, 2% pour le oui, selon la télévision publique, avec 41% de participation.
Les réformes font, entre autres, sauter le verrou qui pesait sur les candidatures à l’élection présidentielle ou introduisent une limitation à deux mandats consécutifs. Des mesures certes bien perçues par les opposants, mais qui exigeaient une refonte totale de la Constitution, seul moyen selon eux de rebâtir le pays sur des bases saines. A l’unisson du populaire Amr Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, dont l’appel à voter non n’a manifestement pas été entendu par le peuple. Ou du Prix Nobel de la paix Mohamed el-Baradei, qui n’a eu de cesse de dénoncer la précipitation dans laquelle s’est tenu ce scrutin, qui permettra à «l’ancien régime de se perpétuer sous un nouveau masque». Samedi, l’opposant a été victime de jets de pierres à la sortie d’un bureau de vote situé dans un quartier populaire. Seul incident notable dans une journée marquée au contraire par l’allégresse d’une démocratie naissante, bien que brouillonne. Des irrégularités ont été constatées par des observateurs indépendants. «Incidents mineurs», reconnaît-on cependant dans le camp du non.
Samedi, l’Egypte a vécu des heures inédites. Des files d’attentes interminables et ordonnées. «J’ai 60 ans, je n’ai jamais voté, confessait Mariam Boutros, une enseignante. Qui aurait pu seulement rêver il y a quelques semaines que nous nous retrouverions ici, à mettre un bulletin dans l’urne et à savoir que notre voix sera prise en compte ?» Comme elle, ils sont des millions, vierges de toute expérience démocratique. Sous l’ancien régime, 10% à peine de la population se déplaçait, des employés et des fonctionnaires, acheminés par autocars. La plupart payés à coup de kilos de viande ou de billets de 50 livres (6 euros) par les potentats locaux, pour glisser le bulletin qu’on leur avait collé dans la main. C’est bien là le problème, estiment les partisans du non, pour qui «ces gens, pauvres, pas éduqués, votent comme on leur dit de le faire». La démocratie en marche a déjà des hoquets. Et même si toute l’Egypte s’est laissé gagner par la fièvre des débats politiques, vendredi, dans les mosquées, les imams avaient repris leurs habitudes, enjoignant aux fidèles de voter oui, afin de permettre au pays de se remettre en état de marche.
«Imparfait». La victoire du oui valide un mécanisme dans lequel l’armée s’engage à tenir des élections dans un délai rapide afin de passer la main à un pouvoir civil. Mais en bloquant la réforme, les partisans du non ne voulaient surtout pas lui laisser la totale maîtrise du calendrier électoral. Les généraux souhaitent en effet organiser les élections d’ici six mois, en commençant par des législatives, puis une présidentielle. Ce qui ne laisse que peu de temps à l’opposition pour s’organiser et bâtir un paysage politique. Celle-ci craint donc que les seules forces organisées de l’ancien système, le Parti national démocratique de Moubarak et les Frères musulmans - les deux seules forces politiques qui appelaient à voter oui - soient, par défaut, les grands vainqueurs du prochain scrutin.
Chez les révolutionnaires, certains pourtant voient dans ce résultat une tactique qui pourrait s’avérer efficace. «Même si c’est un processus imparfait, marqué par le manque de dialogue national, et le oui est le moyen le plus rapide de renvoyer l’armée à ses baraquements, estime le militant des droits de l’homme Hossam Bahgat. On aurait une vraie nouvelle constitution. C’était soit maintenant, soit plus tard, mais on y arrivera d’une façon comme de l’autre.» Et si l’ancien régime réapparaissait sous de nouveaux habits ? Dans la foule des votants samedi, les partisans du non le promettaient : «Désormais, on connaît le chemin de Tahrir.»

11-03-21 - Rue89 -- La torture, l'autre visage d'une armée égyptienne glorifiée
La torture, l'autre visage d'une armée égyptienne glorifiée

Elle a la voix brisée, les mains moites et les lèvres tremblantes d’angoisse. Pourtant, Oum Walid est une maman égyptienne comme les autres. Mais voilà, depuis le mercredi 9 mars, cette maîtresse d’école à Zamalek, un quartier chic du Caire, est sans nouvelle de son fils, Walid. Envolé. Disparu.
Plus précisément : arrêté ce jour-là à Tahrir par les militaires qui, lors d’une attaque extrêmement confuse menée par des civils armés de bâtons et de couteaux, ont nettoyé la fameuse place de ses derniers manifestants :
« Nous sommes des gens bien ! Nous ne sommes pas des baltagi [des hommes payés par le régime d’Hosni Moubarak pour semer la terreur, ndlr] ! Je veux mon fils ! Je veux Walid ! » (Voir la vidéo)
Fauteur de troubles présumé, Walid a été emmené à la prison 28, un lieu de détention militaire tristement célèbre, à Nasser City, dans le nord du Caire. Il a été ou sera jugé par un tribunal militaire. Sans témoins. Avec pour seule défense un avocat de pacotille.
Selon un comité d’organisation de défense des droits de l’homme, environ 170 personnes ont été arrêtées et torturées mercredi 9 mars, avant d’être conduites dans différents camps militaires. Certaines ont été relâchées. Depuis, elles témoignent. Devant les ONG et les journalistes. Mais aussi, bien sûr, sur Facebook et YouTube.
C’est le cas de Ramy Assam. Artiste, chanteur sur la scène des activistes pendant la révolution du 25 Janvier, il a été attrapé par la police militaire. En images, il raconte son calvaire. Comment les soldats l’ont battu au sang. Comment ils lui ont asséné des décharges électriques à lui brûler la peau. Comment ils lui ont coupé les cheveux, lui qui les portait aux épaules. En images, il montre son corps mutilé. (Voir la vidéo)
Ces atrocités lui ont inspiré une chanson. Après avoir entonné à pleins poumons, comme des milliers d’Egyptiens, le slogan « lève la tête haut, tu es Egyptien ! », il chante, désillusionné, « baisse la tête, tu vis dans un pays démocratique ! ».
Ali Sohby aussi revient de loin. Comme Ramy Assam, il a connu la torture. Arrêté ce mercredi 9 mars, il a passé trois jours entre les murs de la prison 28, avant d’être libéré le samedi suivant. Battu à de nombreuses reprises, insulté, humilié, ce jeune comédien a été traduit devant un tribunal militaire. Les joues creusées et le regard fébrile, il raconte :
« Je n’arrivais pas à croire ce que je voyais. C’était un cauchemar. Nous passions 30 par 30 devant les juges. Nous avons raconté ce qu’il s’était passé, mais ils ne nous écoutaient pas. Une déposition écrite était déjà prête. Ils nous ont obligés à la signer. » (Voir la vidéo)
Il n’y a pas que les garçons qui ont été victimes de sévices. Salwa El Hosseiny était sur la place Tahrir le 9 mars. La jeune femme raconte les mauvais traitements que les militaires lui ont infligés. Scabreux à souhait. (Voir la vidéo)
Salwa El Hosseiny a été relâchée trois jours plus tard, le samedi 12 mars. Trois jours d’horreur. D’autres s’apprêtent à vivre bien pis expérience, comme l’activiste Amr Beheiri, condamné à cinq ans de prison par un tribunal militaire, pour avoir semé la pagaille sur la place Tahrir le 25 février dernier. Gamal Aïd, le directeur de l’association Arabic Network for Human Rights Information, s’insurge :
« L’armée arrête et condamne les gens sous prétexte qu’ils sont des baltagi. Mais la plupart des personnes arrêtées ne portaient pas d’armes sur elles ! Et quand bien même elles seraient malveillantes, elles n’ont pas à être jugées devant un tribunal militaire. C’est un tribunal d’exception où il n’est pas possible de faire appel. »
L’expérience a été d’autant plus traumatisante que ces révolutionnaires, comme la majorité des Egyptiens, nourrissaient à l’égard de l’armée une grande estime. Ali Sohbi s’emporte :
« Pendant la révolution, on leur disait bonjour, on leur donnait à manger... Mais finalement, ils nous font subir les mêmes choses qu’Amn el Dawla, la sécurité d’Etat. Si tu lèves les yeux, ils te frappent ! »
Symboles de la violence du régime, haïs par les Egyptiens, les services de la sécurité d’Etat ont été dissous mardi. Plus d’un mois après la chute d’Hosni Moubarak, les institutions de l’ancien système tombent peu à peu. Les habitudes, elles, sont tenaces.

Également consulté :
https://setrouver.wordpress.com/category/egypte/
« Une autre jeunesse « copte » de la révolution en Égypte », Politisation et trajectoires d’engagement dans l’Union des jeunes de Maspero (Caroline Barbary)